lundi 12 mars 2012

Longue vie au conformisme.

Aux alentours de 1960, Monsieur Walt W. Rostow publia un livre qui fit sensation dans les milieux économiques et politiques de l'époque. Dans "Les étapes de la croissance économique" il fait passer, en cinq points, la société traditionnelle de la "révolution industrielle", qui saigne les populations, à une société de "loisirs" qui soigne ses membres par l'entremise du développement des industries de biens de consommation, des activités de services, de l'entrée dans une ère de consommation de masse (le cinquième point)... Sans omettre la création des organismes de prévoyance, et de sécurité sociale.
Je pense que cette société là nous a accompagné les 20 ou 30 dernières années du siècle passé et, que depuis son déclin a commencé.

Pourtant nous continuons à partir en vacances chaque année et de consommer à outrance…. En fait, nous partons moins loin qu'avant, souvent pour une durée plus courte et nos vacances sont budgétisées.
Nous profitons également de la multiplication des offres/forfaits qui surfent sur les dettes extérieures des Etats Club-Med, dans lesquels un taux de change favorable nous transforme en Nabab…
Les caristes sont toujours extrêmement bon marchés, "Easy Jet" répercute un max de frais sur le dos du voyageur pour encaisser un max de cash, tandis les paquebots se surchargent de passagers pour limiter les frais de "gestion". Faisant, au passage, courir un risque évident aux vacanciers (l'évacuation d'un paquebot de mille personnes, entrain de sombrer en pleine mer, est un risque réel qui n'est pas forcément maîtrisé et maîtrisable).
La baisse des prix chez les voyagistes permet à plus de personnes de s'offrir des vacances de "rêves", et d'offrir à ces mêmes fournisseurs de vacances une augmentation de leur chiffre d'affaire. Cependant, cette hausse du C.A. n'est due qu'à l'adaptation des tarifs au porte-monnaie des clients potentiels, ainsi que par une diminution des frais "d'exploitation".
Du côté du consommateur, "budgétiser" des vacances va certainement nécessiter des restrictions dans d'autres "postes" de dépenses; des économies que l'éplucheur de frites électrique, reçu grâce aux "Superpoints" Coop, gagné en montrant votre "Supercard" chez votre voyagiste, ne compenseront pas.


Au XVIIIè siècle en Angleterre, vers les débuts de la révolution industrielle, la science libérale applique une loi sur les pauvres selon la réflexion qui dit que "La faim apprivoisera les animaux les plus féroces, elle apprendra la décence et la civilité, l'obéissance et la sujétion aux plus pervers". [D'ailleurs ne dit-on pas de nos jours: "On ne mord pas la main qui nous nourrit"?]
Quelques famines et crises plus tard, cette pensée pouvait se confirmer par l'écoute de la principale réclamation des pauvres et des miséreux, ceux qui furent les premiers touchés par les années de récession et de vaches maigres. Ils ne réclamaient pas de l'argent, mais bel et bien de la nourriture.

Le Libéraliste, qui a tout autant besoin de l'argent de l'Etat-nation que les pauvres pour pouvoir mener à bien, et à moindres frais, ses petites combines, a réussi à modifier la donne.
Si le Peuple veut manger, qu'il travaille!
Bon la chose fut certainement présentée de manière plus douce et plus encourageante, mais le but, en plus de recruter de la main-d'œuvre soumise et bon marché, était quand même d'obtenir que le "pauvre" déresponsabilise l'Etat de sa misère.
Mettre les membres d'un même quartier, d'une même ville en compétition "interne", fut une trouvaille géniale qui a grandement simplifié la vie des élites dirigeantes. Depuis, elle s'applique sans scrupules, et à tour de bras.
Le Libéralisme qui a marqué la fin de bien des régimes d'apartheid, de racisme, de discriminations de toutes sortes, n'a jamais réellement régler les problèmes socioculturels. Il n'a fait que le déplacer…
Ce qui compte c'est que la population, trop contente de pouvoir accéder aux "outils" qui lui permettent d'acheter de sa nourriture, soit reconnaissante et dévouée à son gouvernement.
L'Empereur est heureux quand le Peuple l'est aussi, disait, en substance, Confucius.

En une petite trentaine d'années, l'humanité est confrontée à une grande dépression et deux guerres mondiales. L'occasion idéale pour virer les anciens pôles économico-financiers de la planète et repenser la géopolitique dans sa globalité.
"Il faut éviter de recourir aux méthodes pernicieuses du passé telles que la courses aux dévaluations, l'élévation des barrières douanières, les accords de troc, le contrôle des changes par lesquelles les gouvernements ont essayé vainement de maintenir l'activité économique à  l'intérieur de leurs frontières.
En définitive, ces procédés ont été des facteurs de dépression économique, sinon de guerre."
Ces paroles prononcées en 1944 à Bretton Woods par M. Henry Morgenthau (Secrétaire au Trésor sous la présidence de Franklin D. Roosevelt) annonce la venue d'une société de libre-échange en remplacement d'" accords de troc" devenu caduques…

Les années 1950 à 1980 ont certainement consolidé la mainmise des Etats-Unis sur le reste du Monde: Les accords de Bretton Woods (dont la réflexion a débuté en 1941), les bombes "A", le Plan Marschall, le dollar érigé en monnaie de référence, le controversé premier homme sur la Lune, plus toutes les autres magouilles qui s'en suivirent n'ont fait qu'asseoir la suprématie de la patrie de l'Oncle Sam.
L'argent a commencé à couler par flots presque continus, la croissance démographique était jusque là "raisonnable", et les connaissances du monde de l'époque permettaient de croire que nos ressources seraient inépuisables…

Au fil des siècles et des événements qui ont contribués au développement de l'Humanité, nous avons constaté que les grands changements ne sont pas le fait d'un seul homme. Les récentes "actualités" nous le prouvent. Certes il y aura toujours UN élément déclencheur, mais ce seront toujours les Peuples qui renverseront les gouvernements. Qu'ils soient totalitaires, ou pas. Cela sera toujours sous l'impulsion populaire que les sociétés s'humaniseront; que les efforts de guerres pourront se réaliser, ou qu'une course aux étoiles pourra être gagnée.
"(…) Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour votre pays(…)." Une simple phrase, prononcée lors du discours d'investiture de John F. Kennedy, réveillera les passions patriotiques, et mettra toute une nation au "travail" pour la seule gloire de la bannière étoilées. L'élément déclencheur.

Témoin de cet engouement collectif, de cette abnégation populaire, le défi qui se présente dès lors aux cartels économico-financiers qui succèderont à cette époque sera de parvenir à reproduire et entretenir ce "communisme" volontaire, et de faire accepter aux élites politiques les "moyens" d'y parvenir, ainsi que de créer et faire voter les lois nécessaires à sa pérennisation.
Le financement de certaines campagnes électorales, les généreuses donations à quelques Fondations particulièrement bien ciblées, et d'autres faveurs accordées aux élus sortants achèveront de sceller une sorte de "Pacte de Prospérité".

Dès lors, et toujours dans l'idée que le Peuple doit foutre la paix à son gouvernement, ce dernier se doit 1°: De faire profiter tout l'électorat de la prospérité nationale en exacerbant la cupidité de l'homme; 2°: Faire naître et entretenir un climat d'insécurité, de méfiance pour diviser les populations, voire les familles; 3°: Encourager la compétitivité entre les individus et la valorisation de l'excellence.
Armstrong laissera une douteuse empreinte sur la lune, l'invincible Chuck Norris exorcisera la conscience américaine, les Golden Boys et l'argent facile feront leur apparition…
Les crises de la fin du XXè siècle feront plus que fissurer l'édifice du libéralisme. Elles rappelleront aux grands de ce monde qu'aucune ressource n'est inépuisable, donc qu'une croissance infinie est matériellement impossible.   

Si nous pouvions accorder le bénéfice du doute sur les intentions des gouvernements il y a deux siècles en croyant que leur marche en avant était motivée par la prospérité des Nations et des Peuples la constituant, que la Révolution industrielle mènerait l'Humanité vers la prospérité, aujourd'hui, les gouvernements font ce qu'ils peuvent pour maintenir un "Statut quo" destructeurs tant pour l'Humanité que pour l'environnement. (D'un point de vue "Humain" et de notre biosphère) La qualité de vie, le bien-être, la solidarité et l'environnement ne font toujours pas le consensus, l'unanimité.

"On ne mord pas la main qui nous nourrit", ai-je mentionné plus haut. Les Partis politiques, et leurs membres les plus "visibles", n'ont donc pas intérêt à décevoir les puissants lobbies qui remplissent les caisses. Et pour que ce joli petit monde puisse continuer à dormir sur leurs rentes, la population doit continuer de se satisfaire de sa connexion "internet", de la télécommande "Bluewin machin-truc" et du numéro du livreur de pizza.

Les élus peuvent s'en défendre en arguant qu'ils accomplissent la volonté du Peuple. Soit.
Mais qu'il soit de Droite ou de Gauche, Républicain ou Démocrate, multicolore ou monochromatique, la composition de ces gouvernements, soi-disant antagonistes, ne changent pas grand-chose à la vie d'Areva, d'EDF, de l'UBS ou du C.S., de Vale, Novartis, Monsanto, Glencore, Goldman Sachs, Nestlé, Veolia, Roche, Rhône Poulenc, la liste est longue…
Le seul souci d'un Collège, est de maintenir la "collégialité" en évitant d'étaler au grand jour les sujets qui fâchent; le souci des candidats Français est de ne pas trop froisser les costumes des corrupteurs dirigeants les Cartels de la République. Et les différents qui opposent les candidats et Partis rivaux ne sont que de la distraction de galerie; les "attaques politiciennes" n'existent que pour aiguiser l'esprit des partisans et justifier les chèques encaissés.
Les différents candidats qui se présentent actuellement, ou se présenteront bientôt, ne font que défendre des valeurs qui nous mènent vers la ruine planétaire. A quoi servira à une nation d'être forte dans un univers irradié? Comment défendre le sacro-saint "Pouvoir" d'achat dans un monde où tout vient à manquer? Comment parler d'Avenir alors que les solutions nouvelles reposent sur un sol stérile, une terre contaminée?

Mais seront élus, les candidats les plus "conformes" aux petites boîtes gouvernementales; L'homme qui connaîtra la gloire sera celui dont l'individualité se conformera le mieux aux exigences des véritables dirigeants de la Nation.

En fait, les Peuples n'ont plus grand-chose à attendre de leur gouvernement, d'ailleurs en attendait-il quelque chose ensardiné au "Salon de l'Auto", enqueuté devant le remonte pente, entassé dans la tribune d'un stade, scotché devant son écran plat ou amassé au bord du lac…?
Il y a cent ans, des femmes et des hommes réclamaient de la nourriture pour leurs enfants. Aujourd'hui, ébloui par le "strass" de sa quincaillerie, les reflets métallisés d'une carrosserie, l'homme, et la femme moderne réclament plus de fric pour leur personnelle satisfaction.

L'Humanité est morte il y a 44 ans et nous attendons nos funérailles.

NEMo

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire