jeudi 29 janvier 2015

Merci Vegan.

Quand une minorité souhaite faire passer un message ou crier à la face du monde son existence et sa différence, elle manifeste.
Elle manifeste parce qu’elle se sent discriminée, que personne ne l’écoute et que le législateur ne fait pas attention à elle ; parce qu’elle n’a pas les même droits que les ‘’autres’’ ou qu’elle ne trouve pas suffisamment de lieux publics qui acceptent sa différence ou de magasins pour entretenir cette différence.
Alors dans ses manifestations de revendications elle (la minorité) exhibe aux yeux du monde entier ses pensées, son idéologie, ses amours ou son mode de vie en souhaitant que la planète entière la rejoigne. Elle fait aussi des interviews, écrit des livres, toujours pour valoriser sa différence, tout en préparant sa riposte aux opposants qui ne pensent pas comme elle.
Le truc d’opposition est simple : une série d’arguments difficilement réfutables parce que dans la mouvance collective du moment et, pour les moins malléables, le néologisme qui clos toutes conversations. C’est-à-dire que vous prenez la spécificité du groupe qui manifeste, vous ajoutez le terme phobie et vous contractez le tout.
Après les défendeurs de l’homosexualité, qui ont défini le moindre désaccord avec ce mode de vie particulier, comme étant de l’homophobie, ce sont les Vegan qui sont montés sur leurs grands chevaux à coup de Vegipride et de végiphobie.

Actuellement les vegans annoncent fièrement qu’ils seraient 50 millions, répartis sur la surface du globe, à prendre leur repas dans la cage du lapin, soit 0,6 % de la population mondiale.
Le vegan est une personne qui théoriquement ne consomme ou n’utilise aucun produit issu de l’exploitation animale. Noble choix qui trouve sa justification dans les expérimentations menées sur de pauvres petits animaux de laboratoires, dans les conditions de vies de certaines espèces dans les exploitations agricoles industrielles ou les méthodes fortement controversées utilisées dans les usines d’abattages à la chaîne.
Avec des vidéos de plus en plus choquantes, filmées en ‘’caméra cachée’’, à nous montrer.
 
Le vegan nous parlera également de l’impact négatif qu’exerce l’élevage industriel sur l’environnement, des 15'000 litres d’eau nécessaires à la production d’un steak de bœuf (de l’arrosage du champ dans lequel paît le bœuf à l’eau nécessaire pour rincer votre assiette des restes de sauce), et je ne sais quels autres arguments vus, lus et repris un nombre incalculables de fois pour nous encourager à changer notre mode de vie.
Le vegan ne mange donc pas de viandes, d’œufs, de yaourts ou de fromages et ne boira pas de lait. Plus fort, il fera même une impasse sur le miel. Et le vegan passe des heures dans les rayons cosmétiques à lire les étiquettes de ses produits de soins corporels.
Le vegan, qui veut que tout les animaux du monde puissent vivre libre et en paix, n’ira donc pas au zoo, ni au cirque, si celui-ci propose une ménagerie ou un spectacle incluant des numéros de dressages.
 
La réflexion qui se cache derrière ce comportement a donné naissance à un néologisme que j’ai découvert en parcourant le livre Vegan de Marie Laforêt.
Ce nouveau terme est : Antispéciste/ antispécisme.
L’explication, liée à ce mot nouveau, compare l’antispécisme à l’antiracisme et l’antisexisme qui sont, d’après l’auteure, « des concepts aujourd’hui tout à fait intégrés. »
Toujours selon Madame Laforêt, « L’antispécisme fonctionne d’après le même raisonnement logique implacable : l’espèce à laquelle nous appartenons ne nous donne aucun droit, aucune supériorité sur les autres espèces tout comme notre sexe ou notre origine ethnique ne nous rend pas supérieur aux autres. »
Si je partage, en partie, cette pensée en n’ayant pas d’animal de compagnie domestiqué, en détestant la corrida et tout autre démonstration égocentrique de suprématie de l’homme sur l’animal, ce n’est que par respect pour le vivant et pour toutes formes de vies qui recouvrent la surface de notre globe, et, de mon point de vue, ce même respect me convainc de ne prélever, dans le monde qui nous entoure, que ce qui nous est strictement nécessaire à notre (sur)vie.
Si cela doit inclure deux ou trois morceaux de viandes de temps à autre pour nous proposer des protéines animales à mon ti bonhomme et moi-même, et bien soit.
Et je crois que nous sommes liés au monde animal depuis des millénaires et que sans certaines espèces, l’homme ne serait pas arrivé jusque là aujourd’hui. Ou différemment.
Ce qui ne m’empêche pas de penser que nous pourrions très bien nous en sortir en tant que végétarien.
 
Alors c’est bien joli, en tant que petite bourgeoise urbaine qui se glande dans le salon à papa, de vouloir mettre au pilori les carni-carnivores que nous sommes devenus depuis presque la nuit des temps, ou de dénoncer louablement l’instrumentalisation que nous faisons des animaux ; c’est un beau sentiment que de vouloir, dans le confort de la modernité, que tous les animaux de la terre puissent vivre et mourir libres.
Mais n’est-ce pas oublier que la surface de notre belle planète n’est pas recouverte que de routes, de voies ferrées ou d’aéroports, qu’une grande partie de l’humanité ne peut pas se faire livrer un repas à domicile ou même accéder à une quelconque épicerie et que des populations entières dépendent de cette ‘’exploitation’’ de l’animal ?
 
Bien sûr qu’il faut combattre la cruauté et la maltraitance envers les animaux pour de la bouffe ou de la fourrure. Je suis d’accord pour faire cesser les coutumes régionales qui assassinent des animaux pour combler les frustrations d’une masse populaire et les rites religieux qui en massacrent d’autres pour un dieu absent. Mais avant de partir dans un djihadisme veganien, je pense qu’il faut faire la part des choses.
 
Préserver notre biosphère ainsi que toutes les créatures y vivant est une chose. Se foutre en l’air la santé pour y arriver en est une autre. Aucune créature vivante sur terre, excepté l’homme, ne modifie volontairement son régime alimentaire pour sauvegarder son environnement proche.
Comprenez par là que le prédateur n’a pas à penser à sa ‘’biosphère’’, il en fait partie intégrante.
Il sait, sans avoir recourt n’importe quelle science environnementale ou à de quelconques connaissances diététiques, que ce qu’il prélève dans sa ‘’biosphère’’ comblera ses besoins alimentaires de bases.
Il devine, peut-être sans le ‘’savoir’’, qu’il fait partie d’un Tout, et que dans ce grand ‘’Tout’’ le manque d’herbe agit sur la population des lions.
Ainsi, le zèbre peut dormir (presque) tranquille aux côtés du lion qui vient de manger. Aussi parce que le lion n’a pas de congélateur.
Qu’est-ce qui nous empêche, dès lors, de faire de même, c-à-d d’utiliser ce dont nous avons réellement besoin ?
Rien. Et je pense que c’est ce que fait une bonne majorité d’entre nous. Nous combattons déjà les excès par ce que notre ‘’instinct’’ nous dit et par la connaissance ‘’scientifique’’ de l’impact que nous avons sur notre environnement, ou encore par la conscience retrouvée que nous faisons partie de cette biosphère.
 
Comme je viens de le suggérer, je pense qu’une bonne majorité de la population mondiale se comporte ‘’correctement’’ et que tout ce qui pourrait être fortement critiquable dans le comportement humain ne concerne que des minorités de cette même humanité.
Malheureusement, il arrive souvent qu’une minorité qui souhaite revendiquer son existence le fasse en exhibant les horreurs d’une autre minorité. Comme il arrive souvent que nous combattions nos excès en nous imposant d’autres excès. Si nous n’abusions pas de certains aliments, les régimes n’existeraient pas. Du coup, le veganisme trouverait une certaine légitimité dans les excès alimentaires et de cruautés animales d’une minorité.
Légitimité renforcée par les diffusions en ligne des vidéos trash et à laquelle on saupoudre une dose de conscience environnementale.
Ce qui fait que le message passe hyper bien auprès des âmes ‘’sensibles’’ qui sont parfois des adolescentes.
 
Ce qui me fait dire que devenir vegan représente un risque pour la santé de l’humain en cours de maturation physiologique, voire psychologique.
Prenez un ou une ado qui, grâce à son parcours scolaire, commence à en savoir plus, en théorie, que ses parents.
Cet-te ado décide, pour des raisons qui lui sont évidentes, d’abord de ne plus manger de viandes, puis de bannir tous les produits provenant de l’exploitation animale.
Les parents suivent le parcours végétarien en se disant : « Pourquoi pas... ». Déjà par la ‘’noblesse’’ de la pensée et ensuite parce que c’est culinairement gérable lors de la préparations des repas familiaux.
Par contre, les parents voient d’un oeil plutôt critique le passage au végétalisme. Sans oublier que dès que tu sors des circuits d’approvisionnements imposés, se nourrir coûte cher.
 
A partir de là les choix se restreignent : Soit l’ado exprime clairement sa volonté et ‘’propose’’, avec le soutien d’un vrai nutritionniste confirmé, un régime alimentaire qui serait adapté à ses besoins alimentaires (pour ma part j’ai vraiment de la peine à croire que l’on puisse changer son ‘’carburant’’ tout en gardant son même rythme de vie sans que cela ne nuise à l’organisme) ; soit l’ado se braque, s’en prend à l’archaïsme de ses parents qui ne comprennent jamais rien et plonge dans le veganisme.
Maintenant, petite cerise sur le gâteau. Vous additionnez le souci du bien-être de tous les animaux de la planète à l’image qu’a cette personne d’elle-même (c-à-d trop gros-se) et vous obtenez une ado fatiguée, qui n’a plus de ‘’règles’’ depuis des mois et aux portes de l’anorexie.
Tout ça en prétextant vouloir sauver notre planète ainsi que toutes les bestioles à poils longs, courts ou ras ou qui font ‘’ bzz-bzz’’ dans les champs.
Et je ne vous parle pas de l’état de la mère, qui a peur que son enfant ne s’envole au premier coup de vent violent.
 
Pour ma part, si je suis contre tout ce qui est ultralibérlisme et hyper mondialisation ; que je suis prêt à voter pour le départ des Nescafards, pour un effacement des dettes personnelles tous les sept ans et pour remettre les vrais agriculteurs aux centres de nos agglomérations, je suis aussi contre toutes ces minorités, ces 6% ou 0,6%, qui veulent nous imposer leur mode de vie à coup de propagandes bruyantes.
 
Jeff.

dimanche 18 janvier 2015

Pas facile d'être musulman...

...et de l’afficher, en ce début d’année.

Pas besoin de se perdre en explications, tout le monde sait pourquoi.
Pourtant, nombreuses sont les voix musulmanes et non musulmanes, qui s’élèvent pour expliquer et revendiquer l’Islam comme étant une religion de paix.
Le mot « Islam »* serait l’infinitif du verbe aslama qui exprime la soumission, lui-même dérivé de salama : (Il est) en paix, sain, libre et en sécurité.
Le pratiquant s’abandonnerait donc dans un état de soumission capable de rétablir le croyant dans un état de plénitude et de paix (salam).

Cette paix est sans cesse remise en question par quelques âmes totalement égarées, par une faible minorité qui, malheureusement, fait plus de bruit que la majorité qui se ‘’soumet’’ presque silencieusement.
Et cette minorité contraint la majorité à sortir des mosquées pour venir défendre leur religion contre les amalgames faciles et proclamer que les actes de violences gratuits, commis au nom de cette même religion, ne sont pas prescrits, écrits et ordonnés par le Coran. Ce qui est vrai.
Sans pour autant que cela fasse du Livre sacré des musulmans un livre de paix.

Je me dis, en voyant l’ampleur des mouvements qui s’opposent, que l’Islam est en période de transformation ; que le musulman ‘’moderne’’ souhaiterait pouvoir se remettre en question, s’émanciper des Lois dures et contraignantes écrites dans le Coran, sans pour autant devoir renier Allah, et qu’IL lui donne un peu de mou dans les chaînes qui l’entravent, afin qu’il puisse profiter, modérément, de tout ce que le Seigneur a mis sur cette terre en sa faveur.
A cela s’oppose bien sûr une autre frange de croyants qui veulent appliquer les paroles de Mahomet à la virgule près en rappelant aux infidèles, aux impies, aux mécréants et j’en passe, qu’ils connaîtront la Géhenne et seront livrés au feu éternel. Ils n’auront point de défenseurs.

Ce conflit de ‘’générations’’ qui s’exprime au travers d’attentats et de manifestations pour la paix peut aussi avoir comme ‘’terrain de jeu’’ l’esprit du croyant.
D’un point de vue social, le Français musulman se retrouve aujourd’hui à devoir défendre deux identités que la minorité bruyante veut rendre incompatible et que les gouvernements européens veulent ‘’simplifier’’: Sa citoyenneté et son ‘’Islamisme’’.
Les premiers veulent créer des tensions pour exacerber les tensions ‘’raciales’’ existantes et tenter de radicaliser les plus ‘’faibles’’, alors que les seconds ont tendance, selon le reproche du sociologue Samir Amghar, à réduire « les musulmans à leur religion, les privant d’une vraie citoyenneté. »
Les premiers ont semble-t-il raté leur coup et Mr Amghar semble mettre le doigt à la fois sur un problème d’intégration de notre part et un problème identitaire.

Dans un article publié dans le 24 Heures du 9 janvier 2015, dénonçant l’amalgame musulman= terroriste, Monsieur S. Amghar donne une juste traduction du terme « Djihad » (1).
Où je le perd c’est quand il dénonce la ‘’réduction’’ du musulman à sa religion, et quand il insiste, dans le même article, sur le fait qu’il faut « surtout considérer les Français musulmans pour ce qu’ils sont, à savoir des citoyens qui doivent se prononcer en tant que tel et non pas comme pratiquants d’une religion. »
Parce qu’en tenant compte des connaissances étymologiques de Monsieur Amghar, il doit savoir que le musulman est, par définition, un religieux.
La traduction de « musulman »*  résulte de l’arabe muslim, qui définissait le véritable ‘’soumis’’ (à un Dieu unique), auquel s’est ajouté l’élément –an du persan.
« Musulman » désigne donc en persan, au pluriel, les croyants en Allah.
Alors, personnellement, je pense que dans une horrible tragédie comme l’a connue la France dernièrement, le Français musulman est doublement concerné. D’abord par le deuil qui frappe le pays qui l’accueil et surtout par l’origine de ce deuil. Parce que ça, ce n’est pas ce que sa religion lui enseigne ; parce que ça, ce n’est pas le respect que lui ont inculqué ses parents.

Malheureusement pour lui, le musulman n'est pas un prosélyte dans l'âme, malgré ce que nous pourrions en penser en voyant tous les sites "djihadistes" sur le net. Alors n'étant pas vraiment encouragé à communiquer avec les "infidèles", le musulman ne se montre que très rarement sous son meilleur aspect.
Il n'est donc pas très étonnant qu'aujourd’hui, en plus de tous les méfaits commis par une bande d'illuminés fanatiques mal embouchés, que le terme "musulman" soit devenu discriminatoire et qu’il définit tous les basanés qui vivent entre la façade atlantique du Maroc et les confins de l’Iran.
En prenant grand soin d’enjamber Israël.
Pourtant, comme le rappelle Alain Rey : « Les Arabes ne sont pas tous musulmans ; des millions de musulmans ne sont pas arabes ; les Arabes peuvent être athées, agnostiques, chrétiens, musulmans ; les Arabes musulmans peuvent être libéraux, démocrates, modernistes (…) »*

Nous savons où trouver les Juifs, les bouddhistes, et la chrétienté a ses ouailles disséminées partout sur la planète. Chaque représentant de chaque religion ou philosophie peut s’exprimer librement sur le sujet qui l’intéresse sans qu’il ait à taire la part de son identité religieuse ou sa nationalité. Certain étant même plus écouté que d’autres.
Ce serait peut-être à nous de finir par accepter les musulmans pour ce qu’ils sont : Des croyants qui aiment Dieu plus que tout, mais qui ont peur qu’Allah ne les accueille pas dans son paradis.
Dès que l’on comprend cela, on voit d’un autre œil le conflit générationnel des ‘’traditionnalistes’’ et des ‘’modérés’’.
Et on arriverait même à percevoir un appel au secours dans les propos du plus mal aimé des humoristes Français, Dieudonné, quand il demande : « Rendez-nous Jésus. »

Nemo.

 (1) : « Djihad » se traduit par « effort ». Il y a le grand djihad et le petit djihad. Distinction utilisée par Mahomet lui-même après une bataille. En précisant que le grand Djihad consistait à retrouver la paix du cœur et de l’esprit.
* Pour les traductions : Alain Rey. Le voyage des mots, De l’Orient arabe et persan vers la langue française.

mardi 13 janvier 2015

Les "faux" taxis Uber.


Pourquoi "faux"?

D’abord parce qu’Uber n’est pas une compagnie de taxi. Ce n’est qu’une société financière qui propose une simple application téléchargeable servant d’intermédiaire entre de potentiels clients et des chauffeurs qui n’ont rien compris à la ‘’rentabilité’’ d’un véhicule.
Des chauffeurs qui, pour la plupart du temps, n’ont pas trouvé d’employeurs voulant se plier à leurs exigeances ou des employés désavoués, parce que rebelles aux règles communales, quand ce ne sont carrément pas des ‘’Aigles de la route’’.
Donc Uber est fait pour eux ; parce qu’Uber n’est pas un patron consciencieux qui pense au bien-être de ses clients.

Uber se décline en quatre variantes : UberBlack, pour un service de limousine ; uberX, avec chauffeur professionnel (la seule différence entre ces deux applications est la grosseur de la voiture, vu qu’un service limousine requiert également l’obtention d’un permis de conduire professionnel, donc taxi) ; uberVan (des gros véhicules) et enfin uberPop.
Cette dernière déclinaison est purement et simplement illégale en Suisse.
N’ayant aucunes infos sur le service Black & Van, je vais m’arrêter sur uberX. L’appli qui fait le plus parler d’elle en ce moment.

Une connaissance de la profession, qui rentre parfaitement dans le descriptif des ‘’chauffeurs’’ fait plus haut, fanfaronnait fièrement son ‘inféodation’’ à la société californienne.
Il avouait crânement faire ses courses Uber 50% meilleur marché, et que la société se prélevait encore 20% de comm’ ! Faits que confirme, à peu près, le 24 Heures du 8 janvier ’15 : Le tableau comparatif entre les tarifs Uber et ceux des taxis genevois, imprimé dans les colonnes du quotidien, révèle une différence de prix de 42% en faveur de Google,
Et mon gaillard de brailler fièrement qu’Uber lui a payé 360 francs pour une trentaine de courses dans la ville de Genève.

Quand on lui demande combien de kilomètres il a parcouru pour faire cette misère, il hausse les épaules et dit : « La voiture est payée depuis longtemps. » Et on ne sait pas combien de jours ont été nécessaire pour atteindre ce chiffre.
Ce que nous savons par contre, c’est que le bonhomme en question habite à Romont, dans le canton de Fribourg, à bien 100 kilomètres de Genève et qu’il dort chez lui tous les soirs.
Quand je parlais de ‘’rentabilité’’…

Tous les chauffeurs Uber n’habitent pas Fribourg, certes. Mais ils enrichissent tous Goldmann Sachs et Google à coups de 20% par courses effectuées.
20% de remise pour l’utilisation d’une technologie de localisation déjà testée et éprouvée, qui se sert de réseaux déjà existants via des antennes déjà payées et amorties depuis longtemps. C’est franchement bien payé. Ce que j’ignore, c’est si Uber fourni le smartphone et l’abo qui va avec…

Pour en connaître suffisamment sur la profession, je peux dire qu’Uber se comporte tout juste comme le concierge, d’un hôtel de luxe, qui prend sa commission après avoir commandé la lim’ pour ses clients. Et encore… La différence entre Uber et le concierge : le concierge surfacture au client pété de fric le prix d’un trajet hôtel – aéroport, pour avoir sa comm’. Alors qu’Uber n’a aucun lien, si ce n’est électronique avec ses utilisateurs, et se paie sur le dos du chauffeur après lui avoir demandé de sacrifier sa part de revenu qui aurait normalement dû lui servir à payer les charges liées à son véhicule.
Dans article précédent, qui parlait des vrais taxis, je faisais remarqué qu’aucun patron d’entreprise de taxis, indépendant ou non, ne pouvait externaliser le moindre centime lié à ses frais d’exploitation.
Et bien uber l’a fait.

Uber, qui propose un service de taxi avec son uberX, ne possède aucune voiture vu que « le véhicule est toujours celui du conducteur. » Uber peut donc se vanter de « casser les prix ».
Déjà là, les clients potentiels devraient s’interroger sur le fait qu’une société, gérée par Google et financée par Goldmann Sachs, qui n’a absolument rien à voir avec le monde spécifique du taxi, qui n’est qu’un simple intermédiaire,  impose ses tarifs de transports à des personnes qu’ils n’emploient pas.
Quant aux nouveaux indépendants en mal de reconnaissance professionnelle, il faut qu’ils comprennent que, quand ils accordent un prix, ou qu’ils laissent un organisme alien leur imposer des tarifs, c’est leur propre rémunération, leur salaire, qui est revu à la baisse.
Au risque de me répéter, les professionnels du taxis (ou de la limousine) ne peuvent pas externaliser le moindre centime. Donc quand ils acceptent de baisser un prix, c’est la rémunération du travail fourni par l’homme qui conduit qui est sacrifiée.

Autre approche à laquelle les professionnels amateurs devraient réfléchir : C’est que la chance d’obtenir une ‘’bonne main’’ diminue avec le paiement par carte.
Ce qui me permet d’affirmer que le bon, le vrai chauffeur de taxi ne se trouvera pas chez Uber car il exerce déjà la profession et qu’il a déjà une clientèle qu’il a su fidéliser, non pas à coup de smartphone et de prix cassés, mais par un service qui va au-delà de la simple conduite d’un véhicule. Un service qui, malheureusement, a fortement décliné ces dernières années, et que même les nouveaux d’uber ne connaissent pas. Et je ne vous livrerais pas les secrets du bon chauffeur!

Malgré tout il est des ’’personnalités’’ pleines de sous, qui commandent des limousines là où c’est moins cher quand elles sont en déplacement à l’étranger et qui justifient leur pingrerie en affirmant que le service Uber est de meilleure qualité alors que leur ‘’credo’’ helvétique est : Plus c’est cher, de meilleure qualité c’est.
D’ailleurs je me demande comment réagirait Monsieur Delarive, par exemple, si un uberHome proposait des villas clé en main à 50% du prix de vente actuel ?

Bref, vous l’aurez compris, Uber est l’ennemi à ne pas laisser s’installer dans nos contrées. Et comme malheureusement les pouvoirs publics en places sont impuissant et incapables de s’opposer à l’expansion de Google. C’est aux consommateurs, au peuple Suisse, et aussi ceux des pays voisins, à dire « NON ! » à Uber.
Je tire cette ‘’déduction’’ de l’affirmation faite par Mr Vuilleumier, municipal et fervent opposant à Uber, dans le journal 24 Heures : « Si Uber vient exercer à Lausanne sans autorisation, nous considérerons ses voitures comme des taxis sauvages et nous les amenderons. Cela peut aller jusqu’à 1'000 francs. » 1'000 francs qu’Uber n’aura pas à payer. Bien entendu.

Quand un chauffeur d’une entreprise de taxi, ou employé par un indépendant, se fait pincer et dénoncer à l’autorité compétente pour une infraction relevant de l’OTR 2 et 1 (Ordonnace sur le temps de travail et de repos) ou le règlement communal du service des taxis, le conducteur ET SON BOSS doivent payer une amende. Généralement l’amende de l’employeur est plus élevée que celle de l’employé.
La question qui se pose maintenant est donc : L’indépendant qui utilise l’application Uber est-il employé par cette société ? La réponse est non. Vous vous inscrivez sur le site ; vous acceptez les conditions d’utilisation. C’est tout. Il n’y a aucun contrat de travail entre Uber et les chauffeurs occasionnels.
Ensuite, quand M Vuilleumier dit : « (…) nous considérerons ses voitures comme (…) », il ne cherche pas à sanctionner la société en elle-même pour un acte illégal, parce qu’Uber ne possède pas de voiture, mais veut intimider les potentiels chauffeurs à recourir à l’utilisation du service proposé.
L’intention du municipal lausannois est louable mais si un chauffeur indépendant amendé fait recours au Tribunal fédéral, il aura gain de cause.

Je reprends ma connaissance fribourgeoise. Son véhicule est équipé conformément à la législation en vigueur concernant les taxis. J’ai vérifié. Il est inscrit dans sa commune de résidence en tant que chauffeur de taxi indépendant. Il est donc parfaitement en règle.
Maintenant si il décide de se prostituer pour des actionnaires californiens, c’est triste mais c’est son choix. Et M. Vuilleumier ne peut pas, objectivement, amender ce chauffeur qui vient chercher un client qui a commandé un taxi. Même via Uber.

En Suisse nous sommes bourrés de lois, parfois contradictoires, et les règlements communaux des taxis se retrouvent souvent en opposition avec les règles de libre-concurrences édictées par la Confédération. D’où l’affirmation du dessus que le Tribunal fédéral suivra un recourant qui ne fait que son job. Parce qu’en Suisse, contrée du labeur roi, « On ne peut empêcher quelqu’un de travailler. »

Si des élus municipaux veulent empêcher Uber de s’installer dans leur ville, ce n’est pas en infligeant des amendes arbitraires qu’ils vont y parvenir. Cela victimiserait les utilisateurs Uber et créerait de la sympathie pour eux, parce qu’en Suisse on n’aime pas les injustices.
Je ne vais pas donner des pistes à nos élus pour soutenir la profession des chauffeurs de taxis, ils ont été plébiscité et sont rémunérés pour y réfléchir avec toute l’intelligence de leur C.V.
Quant aux éventuels utilisateurs (clients) bien de chez nous ils doivent absolument s’informer sur ce qu’est la société Uber, réellement.
Et à partir de là, décider s’ils vont participer à ce dumping salarial, annoncé chez les professionnels de la route, et orchestré par un organisme financier qui a sa part de responsabilité dans le récent désastre économique, ou soutenir une branche de l’économie helvétique abandonnée par les politiciens et mise à mal par les dommages collatéraux d’une crise qui n’a jamais existé en Suisse.

Nemo.

mercredi 7 janvier 2015

Les taxis, les vrais...

Histoire de poser le décor, de petites précisions s’imposent.
Actuellement, les taxis Suisses se distinguent en deux catégories. Des catégories que, pour l’instant, l’utilisateur de base de taxi ne peut différencier.
1° : les « A », qui ont l’autorisation de stationner sur le domaine public ; c-à-d que les villes et communes définissent des emplacements de stationnement pour ces taxis – en général près des lieux de fortes affluences.
2° : les « B » qui eux doivent stationner dans des emplacements privés (domicile, garage, centrale de taxis).
On trouve encore quelques autorisations de type « C » qui concernent les services de limousines, des véhicules qui, normalement, sont ‘’réservés’’ à la clientèle huppée des hôtels ou palaces pour les transferts vers les aéroports, ou mis à disposition de ceux-ci pendant leurs luxueux achats touristiques.

Les « A » attendent leurs clientèles devant les aéroports, les gares, les hôpitaux, les boîtes de nuits, etc. ; les « B » ne sortent que sur appel. Normalement.
Ce qui fait que dans des petites villes comme Montreux, Vevey, Villeneuve, Aigle et j’en passe, la principale source de clientèle est fournie par les voyageurs des CFF.
Certaines de ces communes n’hésitant pas à rappeler, à leurs différents concessionnaires, qu’ils doivent ‘’assurer’’ le service devant la gare tant qu’il y a des trains.
Accessoirement, les emplacements publics pour le stationnement de ces taxis permettent aussi au promeneur fatigué, surpris par le pluie ou cherchant la ‘’climatisation’’, de se faire ramener à son domicile sans avoir à sortir son téléphone.
En théorie, le concessionnaire « A » n’a pas à faire de publicité pour subsister. Sauf qu’il est le premier à subir les mesures d’économies budgétaires des ménages ou des sociétés recensées sur le territoire communal.
Le concessionnaire « B », quant à lui, est libre de gérer son business comme il l’entend, puisqu’il n’a pas de ‘’deal’’ avec l’autorité qui lui a délivré son autorisation d’exploiter. Une autorisation qui est, bien entendu, payante.

Le concessionnaire « B » paye son renouvellement annuel 40 francs sur Vevey et environs, alors que le concessionnaire « A » voit sa taxe annuelle varier en fonction de la ‘’renommée’’ de la ville dans laquelle il pratique.
Une concession « A » vaut 140 francs sur Vevey*, 400 à Montreux* et peut dépasser les 2'000 francs du coté de Zurich ou Genève.
Et je ne parle pas du prix des licences qui se vendent en France. Suivant la ‘’ville, c’est carrément le prix d’un appartement en Espagne.
[* les choses risquent de prochainement changer suite à l’adoption d’un nouveau règlement de taxi commun.]

Jusqu’au début de ce siècle, tout allait bien. La libéralisation à outrance n’avait pas encore touché la profession. Du moins pas sur le bassin (haut) lémanique.
Les concessionnaires « A » remplissaient leur part du ‘’marché’’ communal, et les « B », regroupées dans des sociétés de taxis dignes de ce nom, faisaient leur taf loyalement sans créer trop d’interférences. Depuis, les choses ont changé…
Les crises, qui n’ont pas touché la Suisse, ont modifié le comportement de pas mal de gens et un grand nombre de personnes, qui attendaient les taxis devant la gare, ont préféré se faire véhiculer par leur conjoint ou sans remettre aux transports en commun routiers (les bus…).
Le schéma a été identique quand la grande société financière de Vevey a décidé de ne plus rembourser les frais de taxis à tous ses employés. Le cadre sup’ est défrayé, l’autre utilise les abos de bus mis gratuitement à sa disposition.
D’un autre côté, l’émancipation féminine made Arabie Saoudite a permis aux femmes musulmanes de se retrouver derrière un volant de voiture. Ce qui fait le bonheur des loueurs de voitures de luxes et rire jaune les compagnies de taxis, spécialisées en limo’, de Genève, Lausanne ou Montreux (pour ne citer qu’eux).
Quand on doit faire des économies, on commence par supprimer les frais excessifs et inutiles.
C’est que le taxi en Suisse est cher, comme tous ce que l’on peut monnayer en Helvétie. J’y reviendrai plus loin.

Avec la crise, qui n’existe pas en Suisse, l’ultralibéralisation a fini par arriver.
Le nombre des concessionnaires « A » est limité par le nombre de places de stationnement louées par les communes, aux indépendants essentiellement ; tandis que le nombre de concessions « B » ne connaît aucune restriction quantitative. Si une entreprise de taxi décide d’immatriculer 250 véhicules dans une même ville, rien ne s’y oppose.
Si l’on fait remarquer au joyeux distributeur automatique de concessions « B » que ces derniers sont trop nombreux, les édiles se justifient en parlant de ‘’libre concurrence’’ qui fera baisser les prix ; et que l’on ne peut pas « empêcher les gens de travailler ».
En cinq mots : Démerdez-vous, pas notre problème.

Les chauffeurs de taxis, indépendants ou travaillant pour une société existante, se retrouvent avec un volume de travail à la baisse et un nombre de concurrents à la hausse.
Et comme le permis de taxi n’est pas si compliqué que cela, le nombre d’individus, encouragés par les offices de placements régionaux, qui se lancent dans l’indépendance routière est en constante croissance. Une concession « B » de plus = un chômeur de moins.
Et comme chaque indépendant qui se lance n’apporte pas avec lui sa clientèle propre, au mieux quelques potes qui paient en demi-tarif, il va forcément puiser dans celle des autres. Essentiellement du côté des emplacements publics, réservés aux « A », avant d’aller piocher dans les plus grandes villes voisines.

Les problèmes de trafic liés à la densification des centres villes rendent les trajets en taxis plus longs, donc plus cher. Malgré la possibilité pour les chauffeurs de taxi d’emprunter les voies de bus.
Il suffit donc aux « B » d’attendre gentiment que tous les concessionnaires « A » aient quitté leur emplacement, pour ensuite passer et ramasser celles et ceux qui attendent.
Le reste est une question de relation publique, de bonne pub et de prix plus bas pour réussir à convaincre le client d’appeler directement, une dizaine de minutes avant que le train n’arrive à destination, la voiture dans laquelle il se déplace.
Que l'on se comprenne bien quand je parle de "bonne pub": Le chauffeur "fautif" se charge de bien encourager le client à dire qu'il n'y a jamais de taxis. Ce qui lui permet de rajouter que les rares qui sont là sont feignants pas dignes de confiance et trop chers.

Le tarif des taxis « A » est défini par la Commune. Les concessionnaires « A » peuvent proposer toutes les augmentations tarifaires qu’ils souhaitent, c’est la police du commerce qui avalise dans un premier temps et le Conseil d’état qui entérine. Celui qui surfait le tarif officiel peut être sanctionné. Celui qui travaille en dessous ne risque rien.
Pour l’entreprise qui emploie des concessions « B », le processus est quasiment identique, mais n’ayant aucun lien direct avec la commune, la marge de manœuvre du patron est plus grande.
Les tarifs en vigueurs permettent tout juste aux patrons de s’en sortir et aux employés d’avoir des salaires qu’aucunes conventions collectives n’accepteraient. Excepté chez Denner, peut-être, ou dans une usine Mattel perdue quelque part dans le Sud-Est asiatique.

Ce qui n’empêche pas que le taxi en Suisse, c’est cher. C’est vrai. Les raisons de cette cherté sont à chercher dans les ‘’charges’’ qu’aucun patron d’entreprise de taxis ne peut externaliser. Donc encore moins les indépendants.
L’essence se paie au prix du marché et les concessionnaires automobiles ne sont pas très solidaires; l’expertise du véhicule est annuelle et les certificats tachygraphe/ taximètre sont à renouveler tous les deux ans.
Quant aux assurances autos, elles profitent, pour la grande majorité, du fait que le chauffeur gagne de l’argent avec son véhicule et justifient leurs tarifs plutoniques en disant qu’un véhicule qui est utilisé comme taxi, est plus sujet aux risques d’accidents qu’un autre. Raisonnement qui ne s’applique pas aux véhicules de livraisons ou de représentations.
Ce qui fait qu’une prime de base pour une assurance voiture en transport prof. de personnes avec responsabilité civile, casco partielle et un petit quelque chose pour les occupants et leurs affaires, se situe au-delà de 5'000 francs annuels. Ne reste qu’au chauffeur à faire hyper gaffe pour baisser son bonus à 30%.
Maintenant, en assurant cinq véhicules à la même assurance, vous pouvez bénéficier d’un rabais ‘’flotte’’. Autant dire que le nombre d’indépendants qui assurent deux véhicules pros, plus celui de son épouse et de ces deux enfants à la MMA Romande se comptent sur les doigts de la main d’un manchot lépreux.
Il devient donc de plus en plus fréquent, aujourd’hui, que les nouveaux indépendants se lancent avec une assurance auto toute simple. Soit une responsabilité civile.
A l’heure actuelle, le mot d’ordre pour chaque patron de taxi, d’une entreprise individuelle ou non, est de rogner sur les frais d’assurances et d’entretiens.
Tout ça parce que le business a chuté à cause d’une crise qui n’a pas existé.

Un ancien taximan de Vevey disait qu’il était nécessaire de mettre 50% de la caisse de côté pour les frais liés au véhicule et pour prévoir les ‘’imprévus’’. A son époque, chaque exploitant ou voiture ‘’tournait’’ facilement à 50, voire 70 francs de l’heure brut de caisse.
Aujourd’hui, si une voiture fait 350 francs de caisse pour 11 heures de taf, le patron peut s’estimer chanceux.
Maintenant vous prélevez 45% brut pour payer le chauffeur et je vous laisse calculer, au plus large, combien peut se faire un chauffeur employé qui bosse 53 h/semaine devant la gare de Vevey.
Montreux pratique le salaire fixe (environs 3'600 francs et 18 francs de l’heure pour les auxiliaires) pour le même nombre d’heures travaillées.
Alors si vous prenez la baisse des revenus et que vous la confrontez aux augmentations incessantes du ’’coût’’ de la vie, vous obtenez des situations personnelles tendues.
C’est dans ce terreau de paupérisation libérale, qui s’applique également aux concessionnaires « B », que les conflits de territoires plantent leurs racines.

Jusqu’à présent nous pouvions lire dans les quotidiens du coin que les entreprises de taxis avaient des ‘’soucis’’ avec les taxis ‘’pirates’’, ou ‘’sauvages’’, qui viennent régulièrement piquer leur clientèles, soit en maraudant, soit en se faisant passer pour le taxi ‘’commandé’’.
Par ‘’pirates’’, comprenez tous les taxis qui ne sont pas de la ville ou des concessionnaires « B ».
Les « B » de tous le cantons maraudent, c’est vrai. Mais une grande partie des « A » fait de même, loin de leur lieu de stationnement, quand ils déposent un client dans une ville voisine.
Et tout le monde insulte tout le monde. La bonne ambiance, quoi.
Ajoutez là-dessus les professionnels en congé qui utilisent leur voiture privée pour conduire les clients de leur patron à des prix défiants toutes concurrences et les particuliers qui, s’emmerdant comme des rats morts sur une place de la gare, proposent des trajets à moitié prix aux ‘’jeunes’’ clients qui veulent garder du fric pour leurs futures boissons alcoolisées.

Ces dix dernières années, les places de stationnements publics de taxis sont devenues, en exagérant la moindre, des zones de non-droits sur lesquels régnait le plus couillus, le plus menaçant ou celui qui parle le plus fort. Pas besoin de préciser que le brave helvète, respectueux des hiérarchies, s’est vite fait bouffer par la volée de nouveaux chauffeurs pas du coin et étant d’accord de bosser pour des cacahuètes.
Auparavant, quand tout le monde se respectaient un peu plus, les ‘’erreurs’’ de clients étaient rares, et se réglaient poliment. Au pire, le chauffeur ‘’distrait’’ se faisait remonter les bretelles pour la forme, et on en parlait plus.
Aujourd’hui, grâce à la technologie qui permet d’avoir le numéro de celui, ou celle, qui a commandé le taxi, le chauffeur planté se permet de rappeler le client pour, huit fois sur dix, l’insulter. Chose impensable à l’époque d’un Russi, Mabillard ou Bassot père. Pour ne parler que des pharaons de la région.

Si l’on se met deux secondes à la place d’un client on se rend vite compte que cette situation n’est pas vraiment confortable. J’attends un taxi, je monte dans le premier qui vient sur l’emplacement réservé et je me retrouve embringué dans une querelle de mauvais voisinage.
Je commande un taxi, je monte dans celui qui se présente (après qu’il m’ait assuré être de la bonne compagnie) et je me fais insulter au téléphone par le bon chauffeur.
Pas étonnant dès lors que des sociétés comme Uber trouve des adeptes un peu partout en Suisse: On me propose de m’envoyer, sur mon iTruc la photo du chauffeur qui me conduira ; on me propose plus ou moins de pouvoir choisir le genre de véhicule qui me transportera et en plus c’est moins cher que le taxi normal.
De plus, trouver un taxi qui accepte la carte de crédit pour un court trajet est devenu impossible. Tous prennent la carte, mais pour un minimum de 50 francs. Et je ne parle pas de toutes les techniques pratiquées par les chauffeurs pour éviter de me prendre en charge si je ne vais pas assez loin pour lui. C’est énervant à la longue.

Le début d’explication qui semble s’appliquer à ce comportement désagréable, qui fait que 7 chauffeurs sur 10 demandent la destination avant de laisser le client s’installer, se résume par ce constat peu encourageant de: Une heure d’attente pour une course à 10 balles, va chier.
Pourtant, tous les nouveaux venus dans la profession ont, sans exceptions, distribué leurs cartes de visite à tour de bras. Avec la promesse, au final non tenue, d’être ‘’meilleur’’ que les autres.
Quand je dis ‘’meilleur’’, il faut comprendre que pratiquement tous les nouveaux concessionnaires ne sont pas des AOC du coin, qu’ils travaillent au GPS le temps de connaître la ville et que le monde entier veut les empêcher de travailler parce que les ‘’autres’’ sont racistes, menteurs, malhonnêtes, jaloux et j’en passe.
Faire la connaissance d’un nouvel indépendant, c’est comme participer à une campagne présidentielle Made in USA, tant l’autre ‘’candidat’’ est un tocard. C’est la merde qui se fout du balai, mais ça marche.
Ce qui fait que les petites grands-mamans sont toutes contentes de retrouver un taxi disponible pour leurs petits déplacements urbains. Disponible jusqu’au moment où le nouveau venu fini par ‘’toucher’’ un client plus ‘’intéressant’’. A moins que Mammy soit large en ‘’bonne main’’.
La conscience professionnelle a fui le métier il y a 14 ans.

Et c’est Uber, avec ses concepts adaptés, personnalisés, qui veut rendre ses lettres de noblesse à la profession ? J’en doute.
Malheureusement les débordements de fin d’année du côté de Genève (les taxis officiels s’en prenant physiquement aux chauffeurs Uber) ne va pas améliorer la réputation des taximen de chez nous, ni d’ailleurs non plus, et Uber passera pour une pauvre victime innocente alors que ce sont bien les vrais professionnels, abandonnés par les politiques en place, qui sont menacés.

Alors entre concessionnaires locaux qui ont suivi la filière officielle de la profession pour nous servir et les amateurs googelisés qui remplissent les poches de Goldmann Sachs, il n’y a pas à hésiter !

Nemo.

dimanche 4 janvier 2015

Previews, tendance et à éviter

Bien. Maintenant que tout le monde s'est souhaité que du meilleur pour l’an neuf ; que les médias du monde presque entier nous ont gratifié des vœux de tout ce que la planète pipol peut contenir comme stars, voilà qu’ils (les médias) nous dévoilent ce que 2015 nous réserve.
Crott’alors, plus de « Surprise ! »

On dit que les stars à suivre seront des personnes du genre Kate Perry, qui poussera la chansonnette pendant la mi-temps du Superbowl. Tant mieux pour elle ; Rihanna, qui sortira un nouvel album ou encore Cyril Announah. Il est écrit que les Français devraient pister Camille Cerf, 85ème Miss France, jusqu’à la période de la chasse, après avoir passé l’été à suivre le procès de Nabilla (normalement). On parle déjà de l’événement d’Outre-Manche, Ze truc que tout le monde semble  attendre: La seconde sortie de maternité de Kate Middleton.... Trop fort. Y a 15 millions de mômes déplacés de par le monde et confrontés à des conditions de vies désastreuses à cause de parfaits crétins qui se font la guerre et le monde civilisé se demande quel sera le sexe du petit bébé que la Middleton va expulser.

On sait que « Danse avec les stars » partira en tournée, que les castings sont clos pour « La nouvelle Star 2015 », « The Voice adult »  et certainement d’autres machines à faire voter les groupies.
Côté séries télévisions on nous promet des stars hollywoodiennes : Collin Farrell, Anthony Hopkins, Halle Berry, Lee Daniels, M. Night Shamalayan, Matthew McConaughey, Woody fils de Harrel, Clive Owen, Viola Davis, Evan Rachel Wood ou encore Thandie Newton.
TF1 nous propose même les 20 dates qui marqueront 2015, dont la marée du siècle qui précédera d’un jour le premier tour des élections départementales en France ou la sortie de Star Wars 7 quelques mois plus tard. J’arrête là.
Bref chaque quotidien, chaque chaîne de télé y va de son calendrier du meilleur-qui-nous-attend-en-2015 ; comme chaque région du globe semble y aller de ses événements ou chantiers qui marqueront cette même année.
Du coup, pourquoi ne pas passer directement à 2016 ?

Ben non, parce que je tiens à voir à quoi vont ressembler les mecs en 2015.
Après nous avoir annoncé la tendance ‘’archaïque’’ pour l’année passée, voilà que les faiseurs de modes reviennent avec la même ‘’idée’’ pour la saison ‘’2’’ des aventures de Captain Caverne.
Mais cette fois, messieurs, va falloir faire la nique à Gillette et laisser pousser les poils du menton. Faire genre Chabal urbain, et batailler dur pour obtenir un indice de masse graisseuse équivalent au modèle. Parce que cette année, vous troquerez votre style ‘’archaïque’’ contre le style ‘’sauvage’’, en chemise de bûcheron et bottes d’hivers. Vous serez les Djihadistes fashion de la mode masculine, vous serez « Lumbersexual ». Et quand on sait que « Lumber » veut dire « bois de construction »… Fini de jouer les midinettes, les tis câlins et les cunnis du matin. Sauf si vous avez la barbe soyeuse, autrement ça risque de faire ‘’Velcro’’. En gros : Va falloir assurer les mecs!

J’allais oublier. Il y a un truc à éviter cette année, à part faire les bars avec une hache sur l’épaule, c’est d’aller voir « Exodus. Gods and kings. » D’un ennui mortel. Moshe ? Pas convaincant. Pharaon ? Inexistant. Même la sauterelle en gros plan avait plus de présence que Ramsès. Dieu ? Un gamin. Les Hébreux ? Des figurants.
Il n’y a eu que les crocos du Nil qui ont mis du cœur à l’ouvrage, qui ont joué leur rôle avec conviction.
L’histoire vous intéresse quand même ? Louez-vous « Le Prince d’Egypte » de Walt Disney ou visionnez la bande annonce, en boucle, pendant plus de deux heures.
Ok, je ne suis pas critique de cinéma. Mais quand je trouve les silences de "12 years, A slave" plus intéressant que les tracas de Moïse, c'est que y a un blème. Pour bibi en tous cas.

Nemo.

jeudi 1 janvier 2015

L'aube d'un nouveau jour

L’heure des bilans et des tables rases est revenue. Tout comme celle des projets, voire des promesses et des bonnes résolutions. Peut-être sommes-nous fiers de ce que nous avons accomplis et nous nous souhaiterons mutuellement la même réussite, avec un peu de croissance en plus. Le tout en bonne santé, bien entendu.

Ce que je souhaite à cette portion d’Humanité qui vit dans un monde civilisé sous haute surveillance et qui a fêté son nouvel-an occidental il y a quelques heures, c’est de retrouver tout le sérieux qu’elle mettait dans ses jeux d’enfants ; ce que je souhaite à cette même partie de l’Humanité, c’est de redécouvrir qu’elle fait partie d’un tout, que sa maison ne se limite pas aux quatre murs de son habitat de béton et qu’elle finisse par renoncer, sans forcément la rejeter, cette société qui, selon Rousseau, la déprave et la rend misérable.

Paul Lafargue, parlait en son temps d’une « étrange folie » qui « possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. » Une folie qu’il décrivait comme une « passion furibonde du travail, poussée jusqu’à l’épuisement des forces vitales de l’individu et de sa progéniture.»
Bien qu’au XXIème siècle les conditions de travail aient changé, l’acharnement au boulot demeure parce qu’en plus des obligations alimentaires et de logement qu’un salaire nous permet d’acquitter, notre confort quotidien s’est retrouvé encombré d’accessoires inutiles dont leurs nécessités furent insidieusement induites dans nos esprits. En plus des impôts de toutes sortes.

Il n’y a ni mélancolie du passé ni regrets de la vie du temps de notre jeunesse ou des actes manqués. « La déférence pour le passé n’oblige pas à ignorer l’avenir, ou le présent. Il n’y a que le fou qui ne saurait tirer avantage des moyens modernes. A condition que ces moyens ne le privent pas de quelque chose de plus important. »
Alors je souhaite que nous retrouvions le goût du contact humain, non pas dans des moments de délires festifs intenses qui ne sont que les contre balanciers de cette « passion furibonde du travail », mais dans des instants de réels partages sur lesquels le temps chronométré n’a pas d’emprise ; que nous retrouvions le plaisir d’écrire, avec nos ratures, à celles et à ceux qui sont nos potes ou nos ami-e-s.

Je souhaite à tous les parents de prendre le temps d’être avec leurs enfants, de jouer avec, de les écouter et de les comprendre dans leurs innocentes souffrances ; que ces parents puissent ouvrir ces livres pleins d’histoires à conter à leurs enfants et de cessez de les offrir en pâture à la ‘’science’’ des distractions technologiques et virtuelles. Et pour toutes ces familles monoparentales, qu’enfin l’on cesse de les ‘’culpabiliser’’ ; que le parent absent cherche le courage de se responsabiliser et vienne trouver le ‘’pardon’’ de ces enfants qui n’ont pu profiter de la promesse faite sur leur berceau.

« La Nature a [voulu] l’homme heureux et bon », constatait Rousseau. La Nature a certes autorisé que nous découvrions l’art du feu et que dès cet instant nous prenions l’ascendant sur notre environnement (sans toutefois parvenir à la maîtriser) et que cette science nouvelle a ouvert la voie aux nombreuses découvertes qui n’ont cessé d’améliorer le quotidien de nos ancêtres. Avant nous-même.
Mais cette intelligence nouvelle, ce cadeau que Prométhée déroba à Héphaïstos puis Athéna, n’aurait-il pas dû nous permettre de découvrir que le fondement de notre existence est l’Amour ?
Au lieu de cela, nous nous complaisons dans d'égotiques conflits territoriaux, dans l’inexistence technologique d’une science qui cherche encore son paroxysme. Nous sommes reliés les uns aux autres, en contact permanent, sans pour autant que nous nous tendions la main.

Le cadeau de Prométhée est devenu un legs empoisonné que nous transmettons à nos enfants, une destruction programmée de notre habitat terrestre, une silencieuse menace nucléaire qui pourraient nous faire disparaître de la surface du globe.
Quand elles ne nous avilissent pas dans la dépendance, les technologies modernes, sensées nous aider, finissent par remplacer les humains sans autres contreparties que la misère et le recyclage.
Pourtant, il suffirait de ralentir un peu, de mettre de la modération et du bon sens dans nos comportements pour que tout aille mieux et que nous réapprenions à vivre ensemble sans nous entretuer. Et cela aussi, nous savons le faire.

Martin Luther King Jr aurait dit : « Pour résoudre les conflits, l’homme doit élaborer une méthode qui exclut les représailles, l’agression et la vengeance. Le fondement d’une telle méthode est l’amour. »
Je peux concevoir que parler d’Amour est un peu ringard de nos jours, alors je le remplacerai par l’« Amitié ». Non pas les « amitiés » internationales qui font la couche sociale des gouvernements Etatiques en mal de reconnaissance, mais de cet élan qui nous encourage, sans y réfléchir, à offrir notre aide à un humain en détresse.

Je nous souhaite donc de pouvoir enseigner à nos enfants le message que nous porta Hermès il y a de nombreux siècles, et qu’ils puissent le transmettre à leur tour à leurs héritiers.
Après que l’homme eut fait du cadeau prométhéen sa science, « (…)  Zeus, craignant que notre race fut anéantie, envoya Hermès porter aux hommes la pudeur et la justice, pour servir de règles aux cités et unir les hommes par les liens de l’amitié. » [Platon, Protagoras.]

Nemo.

[inspiration : Fr. Flahaut, Le crépuscule de Prométhée.]