jeudi 1 janvier 2015

L'aube d'un nouveau jour

L’heure des bilans et des tables rases est revenue. Tout comme celle des projets, voire des promesses et des bonnes résolutions. Peut-être sommes-nous fiers de ce que nous avons accomplis et nous nous souhaiterons mutuellement la même réussite, avec un peu de croissance en plus. Le tout en bonne santé, bien entendu.

Ce que je souhaite à cette portion d’Humanité qui vit dans un monde civilisé sous haute surveillance et qui a fêté son nouvel-an occidental il y a quelques heures, c’est de retrouver tout le sérieux qu’elle mettait dans ses jeux d’enfants ; ce que je souhaite à cette même partie de l’Humanité, c’est de redécouvrir qu’elle fait partie d’un tout, que sa maison ne se limite pas aux quatre murs de son habitat de béton et qu’elle finisse par renoncer, sans forcément la rejeter, cette société qui, selon Rousseau, la déprave et la rend misérable.

Paul Lafargue, parlait en son temps d’une « étrange folie » qui « possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. » Une folie qu’il décrivait comme une « passion furibonde du travail, poussée jusqu’à l’épuisement des forces vitales de l’individu et de sa progéniture.»
Bien qu’au XXIème siècle les conditions de travail aient changé, l’acharnement au boulot demeure parce qu’en plus des obligations alimentaires et de logement qu’un salaire nous permet d’acquitter, notre confort quotidien s’est retrouvé encombré d’accessoires inutiles dont leurs nécessités furent insidieusement induites dans nos esprits. En plus des impôts de toutes sortes.

Il n’y a ni mélancolie du passé ni regrets de la vie du temps de notre jeunesse ou des actes manqués. « La déférence pour le passé n’oblige pas à ignorer l’avenir, ou le présent. Il n’y a que le fou qui ne saurait tirer avantage des moyens modernes. A condition que ces moyens ne le privent pas de quelque chose de plus important. »
Alors je souhaite que nous retrouvions le goût du contact humain, non pas dans des moments de délires festifs intenses qui ne sont que les contre balanciers de cette « passion furibonde du travail », mais dans des instants de réels partages sur lesquels le temps chronométré n’a pas d’emprise ; que nous retrouvions le plaisir d’écrire, avec nos ratures, à celles et à ceux qui sont nos potes ou nos ami-e-s.

Je souhaite à tous les parents de prendre le temps d’être avec leurs enfants, de jouer avec, de les écouter et de les comprendre dans leurs innocentes souffrances ; que ces parents puissent ouvrir ces livres pleins d’histoires à conter à leurs enfants et de cessez de les offrir en pâture à la ‘’science’’ des distractions technologiques et virtuelles. Et pour toutes ces familles monoparentales, qu’enfin l’on cesse de les ‘’culpabiliser’’ ; que le parent absent cherche le courage de se responsabiliser et vienne trouver le ‘’pardon’’ de ces enfants qui n’ont pu profiter de la promesse faite sur leur berceau.

« La Nature a [voulu] l’homme heureux et bon », constatait Rousseau. La Nature a certes autorisé que nous découvrions l’art du feu et que dès cet instant nous prenions l’ascendant sur notre environnement (sans toutefois parvenir à la maîtriser) et que cette science nouvelle a ouvert la voie aux nombreuses découvertes qui n’ont cessé d’améliorer le quotidien de nos ancêtres. Avant nous-même.
Mais cette intelligence nouvelle, ce cadeau que Prométhée déroba à Héphaïstos puis Athéna, n’aurait-il pas dû nous permettre de découvrir que le fondement de notre existence est l’Amour ?
Au lieu de cela, nous nous complaisons dans d'égotiques conflits territoriaux, dans l’inexistence technologique d’une science qui cherche encore son paroxysme. Nous sommes reliés les uns aux autres, en contact permanent, sans pour autant que nous nous tendions la main.

Le cadeau de Prométhée est devenu un legs empoisonné que nous transmettons à nos enfants, une destruction programmée de notre habitat terrestre, une silencieuse menace nucléaire qui pourraient nous faire disparaître de la surface du globe.
Quand elles ne nous avilissent pas dans la dépendance, les technologies modernes, sensées nous aider, finissent par remplacer les humains sans autres contreparties que la misère et le recyclage.
Pourtant, il suffirait de ralentir un peu, de mettre de la modération et du bon sens dans nos comportements pour que tout aille mieux et que nous réapprenions à vivre ensemble sans nous entretuer. Et cela aussi, nous savons le faire.

Martin Luther King Jr aurait dit : « Pour résoudre les conflits, l’homme doit élaborer une méthode qui exclut les représailles, l’agression et la vengeance. Le fondement d’une telle méthode est l’amour. »
Je peux concevoir que parler d’Amour est un peu ringard de nos jours, alors je le remplacerai par l’« Amitié ». Non pas les « amitiés » internationales qui font la couche sociale des gouvernements Etatiques en mal de reconnaissance, mais de cet élan qui nous encourage, sans y réfléchir, à offrir notre aide à un humain en détresse.

Je nous souhaite donc de pouvoir enseigner à nos enfants le message que nous porta Hermès il y a de nombreux siècles, et qu’ils puissent le transmettre à leur tour à leurs héritiers.
Après que l’homme eut fait du cadeau prométhéen sa science, « (…)  Zeus, craignant que notre race fut anéantie, envoya Hermès porter aux hommes la pudeur et la justice, pour servir de règles aux cités et unir les hommes par les liens de l’amitié. » [Platon, Protagoras.]

Nemo.

[inspiration : Fr. Flahaut, Le crépuscule de Prométhée.]

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