Sumer, qui enfante la civilisation
mésopotamienne, fait passer l’humanité de la préhistoire à l’histoire. Il y a
six millénaires.
Au nord du désert de Syrie,
l’Euphrate et le Tigre permettent aux Akkadiens et aux Sumériens de développer
leur royaume. Plus tard, ces mêmes fleuves nourrissent le Croissant fertile de la Mésopotamie, qui relie
le golfe Persique à la mer Méditerranée.
Les royaumes de Sumer et d’Akkad disparaissent, la dynastie
de Babylone s’installe.
Plus à l’Est, sur les rives de la Méditerranée que se
partagent l’Empire Egyptien et l’Empire Hittite, il y a Byblos, Sidon, Tyr et
Ougarit… La première, par sa position géographique à la jonction des deux
empires, aurait pu être une cité frontière. Si des frontières avaient existé à cette
époque.
La civilisation Egyptienne rejoint le peuple d’Anatolie et
sous l’impulsion des Cananéens naît une
civilisation qui contemple cet horizon Méditerranéen: Les Phéniciens.
La colonisation phénicienne touchera, au VIIIe – Ve siècle
avant JC, la Méditerranée
occidentale, l’Espagne, les Baléares, la Sardaigne, une partie de la Sicile. Les incursions
phénicienne en terre Grecque permettra, entre autres, aux Hellènes de mettre
des représentations littérales des voyelles dans l’alphabet des Cananéens.
La Perse achéménide rencontre une Grèce, qui sera le
berceau de l’Occident avant de laisser la place à Rome pour les origines de
l’Europe. Sans oublier Carthage, les Turcs, l’universel Gengis Khan ou encore
le Califat abasside qui, à son apogée vers la fin du VIIIe siècle, reflétait
l’expansion arabe musulmane. Un Califat dont les limites d’influences d’antan sont
presque les mêmes que celles de la
Ligue arabe d’aujourd’hui.
Sumer nous a laissé une heure qui se divise en 60 minutes,
la minute en 60 secondes et un degré d’angle divisé en 60 minutes d’arc.
L’épopée de Gilgamesh, le plus ancien mythe écrit de la littérature akkadienne,
servira de base pour le Déluge biblique, de même que de nombreux mythes
mésopotamiens seront repris dans la
Genèse ; Hérodote écrit une œuvre intitulée "Enquête"
(Historiè) pour que nous puissions garder la mémoire d’un événement ;
l’aboutissement des réformes de Clisthène donnera le pouvoir (kratos) au peuple
(démos) ; et la transmission de connaissances anciennes en sciences, en mathématiques,
en astronomie, en médecine, sans cesse améliorées nous ont permis, ont permis à
l’Humanité de repousser les limites du possible et de la Vie…
Si les siècles s’enchaînent dans
nos livres d’histoire, pour nous offrir une lecture linéaire dans la succession
des multiples civilisations qui jalonnent notre passé, les heures sombres des
décennies qui s’intercalent entre les empires demeurent parfois plus
chaotiques.
Un exemple parmi tant d’autres. Quand la Pax romana n’est plus qu’un
songe creux pour des colonies devenues trop lointaines pour être soutenues,
entretenues ou défendues, ou que le pouvoir central est trop occupé par sa propre
jouissance, les enfants adoptés aux frontières de l’empire n’ont plus d’autres
choix que celui de se débrouiller seuls pour garantir leur propre survie, de
retrouver leur propre manière de vivre, de se reforger leur propre identité. En
attendant le nouveau roi, le nouvel empereur, un nouveau leader qui portera ces
enfants oubliés de la terre vers une prospérité nouvelle.
Gaza n’est plus dans l’empire
égyptien et Pharaon n’influence plus Jérusalem ; Cadix ou Tanger ne sont
plus des comptoirs phéniciens ; Mainake, Massalia, Cyrène, Olbia ou Tanais
n’implore plus Zeus ou Poséidon ; Alex, d’Arachosie est devenue Kandahar ;
Rome a fini par lâcher tous ses diocèses lointains et par rendre Carthage,
Alexandrie, Tyr, Antioche, Smyrne, Byzance, Budapest, Cologne, Bordeaux,
Séville ou encore Tanger à leurs autochtones.
Après l’Empire ? Un autre
Empire.
Il y a une mer entre Belfast et
Londres qui est trop éloignée d’Edimbourg ; malgré le trait d’union
métallique qui relie la
Grande-Bretagne au vieux continent, Bruxelles sera toujours
une étrangère. Rome abandonne officieusement les rênes de l’économie locale à
la maffia sicilienne, mieux a même de comprendre les problèmes des villageois,
et Paris peine à répondre aux attentes des Corses. L’eau perturbe les
communications.
Mais que penser alors quand des
femmes et des hommes, ceint par une même frontière, sont incapables de se
comprendre, de s’entraider ? A chaque extrémité de la Rose des vents il y a, en
Suisse, une ville qui est incapable de communiquer oralement avec les trois
autres sans recourir à… l’Anglais.
Il y a en Espagne, au Portugal, en
Italie, en France certainement, en Allemagne aussi, au sein de chaque Etat
constitué sur la surface du globe une région, une partie de la population que
chaque gouvernement respectif oublie. Cela se traduit par des mouvements de
grève, des manifestations, de l’Indignation, ou plus.
Aux alentours de 800 de notre ère,
l’émirat de Cordoue occupait la quasi-totalité de ce qui est aujourd’hui
l’Espagne et le Portugal. Un grand foyer philosophique et scientifique musulman
était centré entre les villes de Tolède, Cordoue, Séville et Cadix au sein d’une
région nommée "Al-Andalus".
Les Pyrénées seront certainement une frontière naturelle qui
empêchera la magie des milles et une nuits de se répandre dans le nord de
l’Europe
1'204 années plus tard, des chômeurs espagnols, devenus
paysan par la force des choses, occupent illégalement des fermes appartenant à
l’Etat Andalou laissées à l’abandon. Des femmes et des hommes se sont
réappropriés une terre pour vivre dignement de leur travail, recevant même des agriculteurs
voisins quelques bêtes. Par solidarité locale et humaine parce que la
communauté de Lola, qui occupe la ferme de Somonte est trop loin de Madrid.
A Séville, ce sont des familles
expropriées qui ont réinvesti des appartements laissés vides par des agents
immobiliers et des banquiers qui attendent patiemment le retour des pigeons, ou
l’arrivée de riches propriétaires. Des logements vides en Espagne… ? Il y
en a 3 millions. (Emission Mise au point du 24 février 2013, RTS.)
Le squat ne se fait plus par idéologie ou anarchisme, mais
pour survivre et offrir un abri aux enfants. L’ancien agent immobilier devenu
squatteur-chômeur, s’installe illégalement sur un bout de trottoir pour
revendre ses livres. Tandis que la
Catalogne rêve d’indépendance pour préserver sa puissance
économique.
Selon une étude Intermon Oxfam publiée en 2012, il faudra 20
ans aux Espagnols pour retrouver leur niveau de vie d’avant-crise. Une
génération perdue, une jeunesse sacrifiée pour le sauvetage des banques !
Raison de plus pour résister aux grands organismes
financiers qui gouvernent ce monde avec toute l’opacité légale requise ;
raison de plus pour se détourner des grandes banques inter-nationales qui
volent en toute impunité l’argent des petits épargnants. Raison de plus pour
mettre un terme définitif à la grande braderie mondiale de l’être humain et au
saccage de notre planète. Le modèle néolibéral qu’a engendré le capitalisme ne
vaut plus rien, et son Empire virtuel est sur le point de s’écrouler.
Durant la crise « en France, 150 entreprises ont été sauvées
par ses travailleurs et transformées en coopératives. En Italie, 36'000
nouveaux emplois ont été créés en 2012 dans les coopératives. Les revenus
totaux des 300 plus grandes coopératives du monde [Global 300] se sont élevés à 1'926 milliards de
dollars, ce qui en fait, si elles formaient un pays, la 9e économie
mondiale, derrière l’Italie.
Le Global 300
employait 3,9 millions de personnes en 2012 » (selon les indications
de la Confédération
européenne des coopératives).
C’est donc que le modèle marche et qu’il est viable même de
ce côté-ci de l’Atlantique. Alors debout les utopistes, et au boulot : L’Empire
vacille. Il appartient au Peuple de se serrer les coudes et de s’organiser pour
la suite sans rien attendre du pouvoir central.
Howard Zinn, historien américain cité par Znet le 26
novembre 2012 :
« Les changements
sociaux les plus importants de l’Histoire des Etats-Unis- l’indépendance par
rapport à l’Angleterre, l’émancipation des Noirs, le combat syndical, les conquêtes
en matière d’égalité sexuelle, le retrait des Etats-Unis du Vietnam- n’ont pas
été produits par le bulletin de vote, mais par l’intervention directe de
mouvements populaires ayant recours à des tactiques légales et illégales. »
M. François Hollande, le 22 janvier 2012 :
« Mon adversaire,
mon véritable adversaire, n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti mais il
gouverne, cet adversaire c’est le monde de la finance. » Monsieur
Hollande est président de la
République depuis Mai 2012, et la finance gouverne toujours.
NEMo.