mardi 16 février 2016

L'enrichissement par la vie...

... ou par la mort.

[L’once d’or vaut à peu près 1'253,2 dollars. Ce qui met le kilo du précieux métal jaune à 38'849,2 dollars.]

Eléphants et rhinos sont traqués par des braconniers. Juste pour leurs cornes. Une fois réduit en poudre, l’ivoire se vend 50'000 euros le kilo. Plus cher que l’or.
Plus je tue, plus mes proies deviennent rares ou difficiles d’accès : plus je gagne de l’argent. Je spécule sur la vie.
Pour le plaisir de tuer ceux qui nous sont supérieurs, des fauves sont élevés en captivité avant d’être relâchés, sans aucuns repères, dans la savane.
Ils vivront en liberté juste le temps de se faire abattre par les ‘’clients’’ d’un ‘’Tour operator’’ qui propose et organise des safaris qui n’ont, comme seul et unique but, de faire croire à une bande d’humains sans couilles qu’ils sont le prédateur ultime.

Pour le plaisir de tuer dans les montagnes de la région afghanes de la Suisse – le Valais, il faut patienter trois ans et débourser 20'000 francs suisses, pour obtenir le précieux permis qui permettra de flinguer un bouquetin.
Pour les étrangers, c’est 20'000 francs. Pour les autochtones des tribus locales, ce privilège ne vaut guère plus de 400 francs.
Maintenant le tireur débutant, moyennant une rallonge, a le droit de s’y reprendre à plusieurs fois, si l'animal ne meurt pas tout de suite.
Si, si...: "S'il se révèle incapable de bien tirer et qu'il faut revenir trois ou quatre fois, on facture un montant complémentaire." [Peter Scheibler, chef du service de la chasse...]
Ca rapporte, le contrôle démographique des populations animales sauvages…

Dans un registre plus alimentaire la vie animale se vend aux enchères.
Le thon rouge, le poisson le plus surexploité : 1,38 million d’euros un le cadavre pesant 222 kilos en 2013.
1,31 million en 2014. Soit 5'695 euros le kilo.
Baleines, requins, dauphins et tant d’autres, vivent sous la menace constante de l’humain.
Le prix de la mort fluctue au gré de l’offre et de la demande. 1 dollar la livre de poulet ; plus de 300 francs la carcasse d’une vache suisse; 100 francs le kilo de steak de bœuf parce qu’il vient d’argentine et 60 milliards d’animaux assassinés annuellement pour notre consommation.

Plus je tue, plus je gagne de l’argent. Cette vérité ne s’applique pas, ou plus, aux paysans, aux agriculteurs.
Nos paysans, et quand je dis : Nos paysans, je parle des 1'350'000'000 d’exploitations qui travaillent avec la Terre, avec la vie – et dont les ¾ pratiquent toujours une agriculture manuelle de petites parcelles.
Tous ceux là sont incomparablement plus utiles à notre survie que les sociétés de négoces et leurs spéculateurs ; ils sont incontestablement plus honorables qu’une bande de nescafards qui se voient, emmanchés sur leur arrogance prétentieuse, faire vivre et nourrir le monde.
Pourtant ce sont eux, les paysans, leurs animaux et leur labeur, qui sont honteusement sacrifiés sur l’autel de la rentabilité.
« Heureux pays où les gens n’ont pas faim et où l’agriculture est presque de trop ! »
Disait André Bugnon, conseiller national UDC/ Vaud, dans un article du 24 Heures, le 20 septembre 2012.
Je sais, ça date. Mais celle-là, je ne suis pas prêt de l’effacer. Et à l’heure où les accords du GMT (Grand Marché Transatlantique) se font de plus en plus pressant, cette phrase prend de plus en plus de sens. Elle veut nous préparer aux poulets au chlore – KFC fait déjà sa pub, à la viande de porc aux antibiotiques, aux OGMs et autres saloperies Made in USA.
Mais ne croyez pas que les Américains sont à l’origine du GMT, du TAFTA ou autres.
Ils n’ont fait que saisir la perche que leur tendait l’Union européenne. Eh oui ! Cette belle Union européenne qui rêve de libéralisation à tout va.
Par contre quand celui qui a la face en ‘’peau de cul’’, le candidat Donald Trump, dit qu’il faut retirer les politiciens des affaires économiques du pays, pour laisser la places à « des hommes d’affaires expérimentés », il y a de quoi s’inquiéter.
Parce qu’en plus de vouloir faire tomber toutes les barrières sanitaires et d’hygiènes alimentaire, faire disparaître l’étiquetage obligatoire des aliments et leur ‘’traçabilité’’ le futur GMT vise une libéralisation absolue des règles de concurrences.
C’est bien la dérégularisation massive des conditions de travail, qui bouleversera la vie professionnelle et économique de plus d’un milliard de travailleurs autour de l’Atlantique, qui est en jeu. Et que valent nos vies, dans ce grand marchandage ?

Le paysan a conscience du lien terre-animal-homme qui nous permet, qui nous a permis d’arriver jusqu’en 2016 après JC. Pour quel enrichissement, pour quelle gratitude de notre part ?
Le chasseur lui s’enrichit à mesure que ses proies disparaissent. Tout comme le braconnier. Et j’aurais envie de rajouter : Tout comme les spéculateurs qui garnissent les rangs de ces sociétés de négoces.
Sauf que pour ces derniers, leur terrain de chasse est planétaire. Ils ne se contentent pas de monnayer les vies qu’ils prennent – par leur vénale complicité. Ils participent activement au plus honteux des rackets que l’homme ait mis en œuvre : Payer pour sa survie, payer pour de la nourriture, payer pour de l’eau. Donc, que valent nos vies, là-dedans !?

Je me permet ce sophisme : Le temps c’est de la Vie, le temps c’est de l’argent ; notre vie c’est de l’argent.
Alors, et parce qu’il est communément accepter que nous ne pouvons pas vivre sans argent, qu’il faut « gagner sa vie » - après l’avoir perdue je ne sais comment, parce qu’il faut bien « payer ses factures » - et remplir le frigo ; parce que nous devons être ‘’honorables’’ face à nos pairs pour être assimilé dans l’échelle sociale, nous travaillons pour des sociétés, pour des entreprises, qui, par soucis de rentabilité, doivent économiser sur les coûts du travail et alléger leurs ‘’charges’’ sociales.

Une rentabilité qui se calcule au détriment de notre salaire et des cotisations qui nous permettent de subsister quand nous avons un accident, quand nous sommes malades, quand nous sommes victimes des restructurations motivées par l’avarice des actionnaires ou que nous profitons enfin de journées entières de repos après des décennies de travail.
Que des situations que le PLR, pour rester local, n’aime pas, parce que payer des gens à rien foutre ce n’est pas rentable. Ca coûte des sous, sans générer de richesses.

Les vrais patrons, soucieux de leurs employés, sont eux aussi en voie de disparition, laissant leur place aux ‘’hommes d’affaires.’’ Des businessmen qui ne rencontrent plus les chercheurs d’emplois, qui ne participent plus aux discussions d’embauche, mais qui délèguent ces tâches au responsable des ‘’ressources humaines.’’
L’embauche faisant trop prolétaire ; le recruteur, trop militaire ; et le ‘’chasseur de têtes’’ trop pygmée, le patronat a décidé de comparer son personnel aux autres produits, marchandises, objets… lui permettant de s’enrichir. L’homme devient ainsi une ressource.
Si « ressources humaines » renvoie bien dans sa définition, pour des raisons de politiquement correct, à « l’ensemble du personnel d’une entreprise » c’est quand même la première définition de ‘’ressource’’ sur laquelle il faut retenir :
« Ce qu’on emploie dans une situation fâcheuse pour se tirer d’embarras. »

Les engagements pour une durée indéterminée se font de plus en plus rares. Prenez le Valais-nistan : champion de Suisse du travail saisonnier. Quand il y a du taf : je t’engage ; pendant les périodes creuses : j’te fous au chômage. Privatisation des bénéfices, démocratisation des pertes.
La travailleuse saisonnière dort dans une caravane ? Parce qu’elle le veut bien. Et elle devrait nous remercier de lui fournir du travail quelques mois par année.

Alors dans un monde civilisé où l’argent est devenu plus important que la vie elle-même, nous faisons dépendre notre bonheur de notre ‘’pouvoir d’achat.’’
Pour y arriver nous usons notre santé pour un boss que nous ne verrons peut-être jamais. Nous nous privons égocentriquement de notre vie de famille pour enrichir une personne qui ne nous connaît pas. Et enfin, nous mettons notre vie en location pour un mec qui n’hésitera pas à se débarrasser de nous pour maintenir sa marge bénéficiaire.

Du chasseur au consommateur, en passant par le spéculateur et l’employeur, la vie, dans la définition moderne et civilisée que nous en avons, se négocie, s’achète et se vend. Et avec fierté nous appelons cela le progrès.
L’homme vend avec arrogance son savoir, la prétentieuse ‘’valeur ajoutée’’ qu’il apporte aux matières premières qu’il transforme. Mais dans l’absolu, il n’a rien inventé. Il a juste trouvé le moyen de reproduire ce que la Nature avait déjà créé, ce que la Nature lui a permis de découvrir.

Ni la terre, ni l’eau, ni le soleil, nous a adressé sa facture pour leur primordiale contribution au développement du monde végétal. Ni aucune graine, ni aucun pollen d’ailleurs.
Quelle colonie d’abeilles s’est syndiquée pour défendre ses conditions de travail ?
Quel mouton, lama ou alpaga nous a vendu sa laine ?
Quelle gratitude avons-nous pour ces vaches, ces chèvres, ces bufflonnes, qui transforment gratuitement de l’herbe en lait ? En promettant 17'000 vaches à l’abattoir parce qu’il y aurait « trop de lait. »
Quelle femelle, quelle espèce animale nous a traîné en justice pour infanticide ?
La Nature donne, offre généreusement – pour le moment, et nous monnayons ses cadeaux !?!

Cela me fait penser au ‘’don d’organe.’’
C’est un don, anonyme, librement consenti et offert généreusement par un être vivant à un autre être vivant.
Je n’ai pas le droit de vendre un de mes organes, même au profit de ma descendance.
Par contre, il n’est pas interdit au corps médical de rentabiliser mes organes, de faire du profit sur mon altruisme, de faire du bénéfice sur ma générosité.

La vie était un merveilleux don qui n’avait pas de valeur, mais qui coûte cher depuis que l’argent domine le monde. Alors pour parvenir à boucler nos fins de mois, pour remplir notre frigo, rester en bonne santé, nourrir nos enfants et, s’il nous reste quelques sous, nous offrir des vacances, nous nous prostituons.
Choquant ? Pas plus que le fait de savoir et surtout d’accepter que dans ce monde moderne, civilisé, à la pointe de la technologie, fier de ses libertés individuelles et de sa démocratie, si tu n’as pas d’argent : Tu meurs.

J.-F.

lundi 8 février 2016

L'échelle trophique et nous.

Le réseau trophique est un ensemble de chaînes alimentaire reliées entre elles au sein d’un écosystème et par lesquelles l’énergie et la biomasse circulent par l’échange d’éléments, tel que le flux de carbone et d’azote, entre les différents niveaux de la chaîne.
Le terme trophique rapporte à tout ce qui est relatif à la nutrition d’un tissu vivant ou d’un organe.
L’échelle trophique est graduée de 1 à 5.
‘’1’’ étant les producteurs primaires, les plantes.
‘’5’’ désignant les prédateurs purs ne consommant que de la viande et n’ayant pas, ou peu, de prédateurs. Comme le boa constrictor, le crocodile, le requin, le tigre…

L’homme scientifique s’amusant à tout calculer, à tout classifier, a fini par définir son propre niveau trophique : le HTL.
Le résultat est assez consternant, à première vue, mais tout à fait logique en fin de compte.
L’humain, dans toute sa splendeur, dans toute sa magnificence, dans sa certitude d’être la créature parfaite, siège au niveau 2.21. Comme l’anchois ou le cochon.
Le HTL peut varier en fonction de la place de la viande dans la consommation quotidienne.
Ainsi au Burundi, un pays dont presque  97%  du régime alimentaire est composé de plante - et future terre d'accueil des Vegan, le niveau trophique de la population oscille vers 2,04.
En revanche en Islande, où le ratio plante/viande penche en faveur des carnivores, le HTL est à 2,54.
Voilà pour la réalité sur notre place dans le règne animal.

Le réel, lui, est un peu différent.
Depuis que tonton Prométhée a montré, à nos lointains ancêtres, comment taper sur des cailloux pour obtenir du feu - et comment le contenir, l’humain n’a cessé de progresser, de se développer.
Finissant même par se trouver une intelligence et des émotions.
Il est devenu créatif – si l’on peut dire, voire inventif. Petit à petit, il a pris la mesure de son environnement avant de le soumettre, puis de le détruire.
Boas et crocodiles sont devenus des chaussures ou des sacs à mains ; les requins agonisent dans les océans après s’être faits découper les ailerons ; les tigres, et autres prédateurs, garnissent de leurs carcasses empaillées les salons de quelques humains frustrés. Des humains qui ont, en grande partie, réalisé l’un de leur plus grand souhait. Le souhait des faibles et des dominés, des hommes qui ont à faire à des créatures plus puissantes qu’eux : Les tuer à distance.

Le fait même que nous existions et que l’homme ait évolué à partir de simple larve dans l’océan, selon bien sûr à qui on s’adresse, est considéré comme un miracle, ou un accident.
En retenant le miracle, donc l’intervention divine, notre Créateur doit bien se mordre les doigts d’avoir fait de l’homme, l’espèce dominante sur cette planète. Peut-être voudrait-Il nous effacer pour tout recommencer, mais il y a quand même parmi nous des gens bons.
Des âmes qui ont conscience de la chance que la Nature leur a offerte ; conscience que le prélèvement de près de 60 milliards de créatures vivantes par années pour le plaisir de nos estomacs ou la satisfaction d’un rituel à la con est une aberration majeure.

D’un autre côté, quand nous observons à quel point nous sommes irrespectueux de notre environnement, que nous pouvons constater, comparé aux autres espèces vivantes sur cette planète, que nous sommes en total désaccord avec la Nature. L’autre hypothèse, qui nous voit comme un ‘’accident’’, pourrait devenir plausible. Nous serions une erreur que Mère Nature devrait chercher à corriger.
Ou alors, et c’est là une troisième hypothèse, nous servons de véhicule à une saloperie de gène égoïste et cancérigène qui a trouvé, en nous, le réceptacle parfait pour traverser les siècles sans trop de problèmes. Un gène que la Nature a quelques peines à combattre.
Actuellement nous devons être la créature vivante sur terre la plus inutile à son environnement.
Ce qui me fait penser au dernier film programmé par la Lanterne magique – le ciné-club pour les enfants. Un film intitulé : La ferme des animaux, tiré d’un ouvrage de Monsieur Orwell, et dans lequel Les cochons finissent par prendre le pouvoir.
Assez cocasse… non ?

L’anchois n’a plus de prédateurs et depuis la révolution industrielle il se comporte pire qu’un cochon et se reproduit comme un lapin – ou presque.

400 millions de naissances par années dans le monde pour 160 millions de décès. Approximativement.
En gardant le rythme, cela fera presque 2.5 milliards d’individus en plus sur cette planète en une décennie.
Aujourd’hui nous sommes plus de sept milliards d’êtres vivants à sillonner la surface de notre Terre dans toutes les directions possibles et imaginables. Sept milliards de cerveaux, aux capacités fabuleuses, utilisés dans les seuls et uniques buts de manger le plus possible, de baiser, de faire du fric et d’être à l’heure à son travail.
Et presque autant d’intelligences qui ont oublié que nous sommes soumis, que nous le voulions ou non, à cette simple règle posée par la Nature qui veut que : La quantité d’herbe disponible agisse sur la population des prédateurs.
Une loi qui explique, à qui veut bien écouter, qu’il y a une interdépendance entre TOUTES les manifestations de la vie sur terre – espèces végétales et animales, et que ces vies dépendent de l’eau qui tombe du ciel.

Pour revenir à mon réseau trophique, chaque espèce à son prédateur. Et si vous observez le prédateur ultime, celui qu’aucune créature vivante n’attaque – excepté l’homme, vous remarquerez que ces maîtres de la chasse ne prélèvent dans leur environnement que ce qui leur est nécessaire à leur survie. Rien de plus, rien de moins. Une belle leçon de pouvoir, de responsabilité et d’humilité venant des créatures les plus dangereuses sur la surface de notre planète, mais moins ‘’intelligentes’’ que nous.

L’humanité a connu des périodes de guerres sanguinaires ; elle a traversé de graves famines et résisté à de nombreuses épidémies. Mais en un peu plus d’un siècle, nous avons multiplié notre présence par sept.
Certains organismes internationaux avancent, soutenus par des personnalités connues, que notre planète peut nourrir, sous certaines conditions, jusqu’à 12 milliards d’êtres humains.
Une affirmation qui me surprend alors que nous atteignons l’Overshoot Day de plus en plus tôt dans l’année ; qu’actuellement nous avons consommés, à la première quinzaine d’août et à plus de 7 milliards, l’équivalent de ce que la terre peut produire en une année.

Alors, et dans un délire Sci-fi, j’aurais envie de penser que Gaïa commence à en avoir marre de nettoyer derrière nous, que le Nature cherche le moyen de nous neutraliser.
Dans ma pensée, certes loufoque, je retiens trois virus parmi tant d’autres: le VIH, Ebola et Zika.

Ebola, c’est le tueur de masse. Le fantôme que l’homme ramène de ses expéditions quand il se rend dans des coins sombres de la forêt, qu’il mène des expéditions dans des endroits où il ne devrait pas aller.
Ebola devrait bientôt pouvoir être combattu. Une victoire pour l’homme. Jusqu’à ce qu’Ebola mute vers quelque chose de moins ‘’rapide,’’ de plus efficace.
Donc nous continuons à explorer des sites de plus en plus ‘’éloignés’’ en les présentant comme « Sources de vies » en oubliant, hypnotisé par la majestueuse beauté de cette nature vierge et sauvage, que la source de la vie contient également la source de la mort.

Le VIH. Le virus qui nous punit là par où nous avons péché, diraient les plus puritains.
Si il tue de moins en moins, il n’en reste pas moins dangereux et demande, pour l’instant, un traitement médicamenteux assez contraignant pour que le patient contaminé puisse mourir de vieillesse avec son hôte indésirable. Mais la force de ce virus réside dans sa potentialité à exercer un contrôle démographique dans les contrées où sa présence est avérée.
Pour l’instant, on ne peut pas tuer le VIH, on ne peut que s’en protéger. Et je vois mal des parents enfanter volontairement un bébé Sida en se disant que « demain il y aura un vaccin.»
Ca, c’est une pensée de dirigeant de pharma.

Et puis Zika. Le virus qui envoie l’armée dans les rues pour éradiquer des moustiques parce que la médecine ne sait pas comment le combattre.
Un virus qui peut se retrouver dans notre urine, dans notre salive et qui pourrait peut-être, en soulignant le peut-être, se transmettre lors de relations sexuelles.
Un virus cruel parce qu’il nous touche dans ce que nous avons de plus cher : Nos enfants, notre descendance.
Et ce avec la même froideur que nous avons lorsque nous mangeons de la viande de veau ou d’agneau, un cochon de lait, ou que nous laissons des dizaines de milliers de poussins, vivants, passer à la broyeuse.
Le rôle de Zika est de nous laisser mourir de vieillesse sans que nous nous reproduisions : parce que nous ne voulons pas d’un enfant touché par une microcéphalie, atteint par de graves lésions au cerveau.
Et c’est là que je trouve que Zika fait fort : Il nous touche dans ce qui nous permettait d’être ‘’au-dessus’’ des autres espèces animales. Zika, en ‘’neutralisant’’ notre capacité à produire de l’intelligence, nous renvoie au niveau 2.21 de ce fameux réseau trophique.

En sachant bien que toutes productions de vaccins doivent répondre à des critères d’enrichissement de l’actionnariat et de rentabilité maximale, je souhaite que nous puissions rapidement trouver la parade à tous ces virus qui nous menace dans la pérennité de notre espèce. Et que ces douloureuses et cruelles expériences nous permettent enfin de comprendre que le niveau 5.1 se mérite.
 
Nemo.

mardi 2 février 2016

La Nature est résiliente. Paraît-il.

Dans un ouvrage édité en 1978, intitulé Délivrez Prométhée, Jérôme Deshusses posait un diagnostic peu encourageant sur l’état de notre biosphère.
Paru vers la fin d’une période qui a vu l’interdiction de baignade dans certaines parties du lac Léman, pour cause de pollution aux phosphates, Jérôme Deshusses s’interrogeait sur la quantité de gaz à effet de serre, au pluriel, que notre biosphère pouvait encore absorber et ‘’traiter’’ avant que notre atmosphère ne devienne une chambre à gaz mortelle pour nous autres et les créatures qui recouvrent la surface de notre globe. Mais pas que…

Déforestation, pollutions des sols et des nappes phréatiques, agriculture, nucléaire, nous… Tout y passe au long des 392 pages de l’ouvrage.
Concernant, nos cours d’eau ainsi que le monde halieutique, il écrivait :
"Plus de cinquante sortes de poissons ont disparu de la Seine.
La Moselle, l'Allier, l'Orne, la Marne, le Rhône sont pollués et se polluent à une vitesse croissante. Les eaux de la Lys, de la Deule, de l'Alzette (Luxembourg) et du Doniezt (URSS) ne peuvent servir ni à l'irrigation ni aux lavages grossiers des usines métallurgiques. Impossible d'arroser un jardin avec l'eau de la Sorgue, issue de la fontaine de Vaucluse que les légendes disaient rajeunissante. La rivière Maine faillit naguère être empoisonnée d'un bout à l'autre par un bocal de sang qui contenait le sérum de l'hépatite virale.

L'ensemble des matières toxiques déposées dans les eaux douces françaises remplirait 10'000 trains de 600 tonnes chacun. Tous les affluents du Pô sont en voie de putréfaction. Les environs de Ferrare, où sont installées des sucreries, n'ont plus un ruisseau qui ne soit un canal microbien et dont l'eau ne ressemble à la fange d'un collecteur. L'Escaut, la Meuse, la Sambre sont proches de la "mort biologique". Le Potomac reçoit chaque jour un million de mètres cubes de déchets qu'il serait incapable de dégrader même s'il était encore vivant. La ville de Saint-Louis n'utilise plus les eaux du Mississippi pour les travaux agricoles.

Mais le Rhin fait mieux: il est vrai que trois pays au moins y contribuent. En 1970 déjà, le fleuve a charrié 85'000 kilos de mercure et un million de kilos d'arsenic. Il reçoit des mines alsaciennes 20'000 kilos de potasse par jour, et des usines allemandes, françaises et hollandaises une tonne d'insecticides divers par mois, sans compter les apports de l'industrie chimique suisse. Il arrive en mer du Nord chargé de 60 millions de tonnes de déchets par jour…!
Les fleuves qui se jettent dans l'Adriatique près de Ravenne et d'Ancône ont presque le degré de toxicité du lac Erié (interdit de baignade). La Bidassoa disperse en mer 15 tonnes de déchets organiques et industriels par jour (…)

Aux environs des centrales nucléaires et de nombreux complexes industriels, l'eau se réchauffe et absorbe moins d'oxygène encore: les matières organiques se décomposent mal ou plus du tout, la flore change, les poissons meurent et l'égout fait le reste. (…) les eaux de surface reçoivent, en Allemagne 50'000 tonnes d'hydrocarbures par an.
Les pluies ne renouvellent plus l'eau: elles sont presque toujours polluantes, et parfois gravement. Tandis qu'on trouve fréquemment des hormones de pilules contraceptives dans l'eau potable, et cela dans tous les pays industriels, l'eau courante de New-York renferme des substances radioactives (…)
Dans la baie de Tokyo, la survie d'un poisson ne dépasse pas 4 heures. Il suffit d'une aspersion de détergent pour faire crever les albatros en masse.

Quelques décharges radioactives désorientent à jamais les tortues de mer. L'odeur du pétrole égare les poisons les plus évolués, et elle est, dans le milieu océanique, aussi omniprésente que le pétrole lui-même, qui tue la faune marine sans distinction; deux tiers des oiseaux de Hawaii sont éteints, les tortues des Galapagos dépérissent, le pygargue suédois, qui vivait de la mer, y a succombé au mercure. A quoi servaient macareux, guillemots, pétrels, (…), tortues, et de quels équilibres subtils ces maillons de l'immense chaîne étaient-ils la garantie? On l'ignore (…)

Le mercure seul suffit à rendre toxiques, après les avoir décimés, tous les poissons de mer. Un thon sur quatre est interdit de vente aux Etats-Unis. L'espadon l'est entièrement, la morue le sera sous peu, et on ne fait que commencer. Un poisson pêché en Suède peut contenir cent fois la dose "permise" (permise par complaisance commerciale, bien entendu) et deux fois la dose mortelle. Et pourtant, aux normes suédoises, les pêcheries du Danemark seraient presque toutes fermées. La Science change curieusement d'opinion en passant les frontières." C’était il y a 38 ans.

Monsieur Deshusses n’a pas été le précurseur d’un mouvement ‘’écologique.’’ D’autres l’ont précédé dans cette pensée qu’il fallait absolument préserver notre terre qui pourrait nous fournir, si nous lui laissions le temps de vivre à son rythme, tout ce dont nous aurions besoin pour subsister quelques siècles encore. Mais ce n'est pas le cas.
Avons-nous pris conscience qu’il fallait cesser de détruire notre environnement ? J’en doute.
Nous avons entendu certaines personnalités nous parler de l’environnement ;
Nous avons écouté les scientifiques – parce que la preuve, même absurde, est plus importante que le ‘’bon sens’’, nous nommer les agents chimiques polluants et leurs effets possible sur notre organisme ;
Nous avons compris que nous devions changer nos habitudes.
Mais avons-nous pris conscience du danger qui nous guette ?
Je n’en suis pas si sûr.
Parce qu’un jour un personnage fictif a prononcé dans son dialogue : « Life finds a way. »
Parce que l’on dit que la nature est résiliente.

Des observations qui, traduites dans une arrogante pensée anthropomorphique, sont d’une vérité riche en encouragements, rassurantes. Sans chercher à comprendre la menace qui se cache derrière ces belles paroles.
Alors l’homme continue de se croire plus fort que son environnement ; il continue de croire qu’il est l’aboutissement du développement de la Vie.
Nous sommes devenus une force à la créatrice, mais surtout destructrice. Une force géologique et meurtrière. Et parce que nous avons tout oublié de nos origines, nous continuons à creuser, à forer, à détruire, à consommer… avec encore plus d’énergie. Celle du désespoir.

Aujourd’hui nous pouvons nous baigner dans le Léman. Il n’y a plus de phosphate.
Mais il arrive ‘’parfois’’ que le service de l’environnement émette une interdiction de baignade provisoire « suite à une rupture de conduite des eaux usées. » Comme dans d’autres lacs de Suisse.
Il arrive parfois que l’on nous informe que des bactéries résistantes aux antibiotiques ont été découvertes, à quelques dizaines de mètres de la plage de Vidy, dans le Léman. Où est rejetée l’eau venant des centrales d’épurations…
Une dégradation du milieu lacustre de plus qui s’ajoute aux concentrations étonnamment élevées de microplastiques présents dans le Léman. Une pollution qui ‘’inquiète.’’ Sans plus.
On apprend, au détour des médias, qu’un mélange d’hydrocarbures et de solvants s’est déversé dans un cours d’eau vaudois pendant trois jours, créant une pollution qui a tué la faune et la flore sur des centaines de mètres, que l’origine de cette pollution est un mystère.
Et le garde faune de nous rassurer : "Le cours d’eau s’en remettra…" Bien sûr, la nature est résiliente.

Des reportages parlent de l’état de santé déplorable des cours d’eau Helvétique, de la lente agonie du Doubs. Rien ne change dans nos engagements.
On apprend, sans être stupéfait, que l’eau potable lausannoise est la plus polluée de Suisse. Qu’elle contiendrait « une multitude de produits chimiques » pouvant causer « la malformation de certaines espèces animales. » Ouf ! Homo Sapiens n’est pas un animal et il boit de l’eau en bouteille…

Quatorze produits chimiques différents, dans l’eau de Lausanne !
Si j’étais nostalgique je dirais que l’époque pendant laquelle il n’y avait ‘’que’’ du phosphate dans l’eau, me manque.
Je sais. Ce n’est pas drôle.

J’aurais envie de dire que les choses n’ont pas changé. Ce qui en soit est faux.
Monsieur Deshusses parlait, il y a quarante ans, de la pollution du Rhône…
Dans un rapport fait en 2013, l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse constatait que les cours d’eau de l’Hexagone sont malades. Le Dauphiné Libéré écrivait à l’époque que Le Rhône « concentre tous les micropolluants imaginables », et qu’une partie de ces produits venait de la Confédération.
Selon le rapport, « 40% des cours d’eau et 20% des nappes souterraines sont contaminées par une ou plusieurs substances pesticides (…) Parmi elles figurent de très nombreuses molécules interdites en France ». Mais 49 substances prohibées retrouvées dans les rivières « sont libres à la vente en Suisse et en Espagne. »
Les propos furent confirmés par Beat Schmitter un des scientifique de l’Office fédérale de l’agriculture : « La terbuthylazine et le Diuron sont des herbicides qui restent autorisés dans notre pays, contrairement à la France », et aucune loi n’interdit de les vendre à l’étranger.
Il parle également de l’Atrazine, le produit le plus dangereux de la liste. Un produit qui était utilisé par les vignerons Suisses. S’il est prohibé en France depuis 2003, il n’ a été retiré du marché helvétique qu’en 2011 seulement.
L’Atrazine. Retiré des marchés il y a cinq ans, mais qui continue d’être présent aux robinets lausannois en 2016…

En 2003, 150 zones "mortes" recensées dans nos mers et océans - c.-à-d. une zone suffisamment appauvrie en oxygène pour asphyxier toute la faune marine (du moins ceux qui nagent pas assez vite pour fuir, ou ne nagent pas du tout.)
En 2008, un autre rapport sur le même sujet, en dénombrait 450! La plus grande atteignant une surface de 70'000 kilomètres carrés.
En mer Baltique, toutes les formes de vies supérieures ont disparues en quelques dizaines d'années, laissant la place à des bactéries primitives assez proches de celles qui vivaient il y a des milliards d'années, bien avant "Nous".
« Life finds a way. » Même sans oxygène. Le pourrions-nous ?

L'Atlantique Nord n'est pas en reste non plus: il est devenu la zone où les déserts aquatiques progressent le plus vite (+ 8,3% par année).
Toute la façade atlantique des Etats-Unis, du golfe du Mexique, plus une partie de la mer des caraïbes, au golfe du Saint-Laurent est morte, ou à l'agonie.
Du Portugal au Danemark, la mer Baltique, toutes les côtes de la scandinavie et de la Grande Bretagne : idem.
La mer de Chine étouffe et L'archipel qui constitue le Japon est cerné par un désert aquatique.
Fukushima est là pour nous assurer que ce qui a été ‘’tué’’ ne reviendra pas avant des centaines d’années. Comme à Tchernobyl.

Nous avons perdu 86% des gros poissons de mer en 50 ans. Mais il en reste encore.
Alors Baleines et cachalots viennent crever sur les plages des pays dits civilisés dans une indifférence quasi générale. Et l’homme de science cherche encore une explication, veut faire une ‘’autopsie’’ pour comprendre. Pauvres cons !

En 2012 une estimation avançait le chiffre de 11 milliards... pour le nombre d'objets, de toutes tailles, de toutes formes et de consistances différentes qui sont "oubliés" par inadvertance volontaire, et qui finissent, chaque jour, dans le monde marin.
11 milliards d'objets, dont 80% provenant des terres émergées et majoritairement constitués de produits en plastique. Des produits à usage unique, donc jetables.
Il était estimé qu'il y aurait 13'000 morceaux de plastique au kilomètre carré dans l'océan; pour un poids supposé de plus de 100 millions de tonnes.
De l'Arctique à l'Antarctique, en passant par les grands fonds du Pacifique, les déchets en plastique sont omniprésents. L’indignation ne dure qu’un temps, celui du reportage. Et nous continuons notre littering.

J’ose une parenthèse. Aujourd’hui, pour des raisons ultra-sécuritaires, Europol définit de terrorismes des actes divers et variés : Les néo-nazis et antifa peuvent être des terroristes, comme le djihadiste et l’activiste écologique. Mais pas Monsieur A. Brievik !
Environnementalement parlant, la généralisation de la pollution n’existe pas vraiment. Nous avons certes les gros pollueurs : ceux qui produisent ce que nous consommons. Et en face il y a les consommateurs.
Le premier pollue mais pas le second. Le consommateur fait, dans le pire des cas, du littering, du rejet sauvage de déchets et, dans le meilleur des cas, le consommateur produit des déchets valorisables. Une valorisation des ses merdes dont il ne retirera que très, très peu de bénéfices.
Définir le consommateur de ‘’pollueur’’ serait faire courir un risque économique aux premiers. Alors nous parlons d’incivilité, d’irrespect, dans l’espace public ‘’renaturé’’ de nos villes… Fin de la )

Revenons à nos moutons.
Nous ne sommes pas les rois de la Terre. Que ce soit sur terre, dans les airs ou au fond des océans, nous ne sommes pas les créatures les plus puissantes sur la surface de ce globe. Nous ne sommes pas le prédateur ultime !
Nous sommes peut-être, je dis bien ‘’peut-être’’ la créature la plus intelligente sur terre, mais à quoi nous sert ce formidable pouvoir de l’intellect ? A rien d’autre que de nous comporter comme des porcs.
Nous, nous ne sommes que des passagers sur une planète en mouvement dans le vide de l’espace.
Nous n’avons pas été les premiers organismes vivants sur cette planète.
Même dans la Genèse, l’environnement a été conçu et préparé avant l’arrivée du bipède nu et de sa compagne. Et nous vivons, nous survivons, (in)justement grâce à cet environnement. L’oublier est suicidaire.

La Nature n’est résiliente que parce que cela nous arrange. « La Vie trouve un chemin. » Oui, mais c’est son chemin qu’elle trouve. Pas le notre. Nous, nous la suivons.
La Nature ne fait aucune distinction entre le ‘’Bien’’ et le ‘’Mal’’. Elle ne se soucie que d’équilibre ou de déséquilibre. La Nature a une intelligence qui nous échappe totalement et elle possède les outils qui lui sont, ou seront, utiles quand elle devra ramener l’harmonie sur cette Terre.
Combien de temps pourrons-nous vivre encore en sympathie avec notre environnement ?
Je veux dire par là, quand arrivera le moment où nous serons les dernières victimes de nos pollutions, pour laisser la place à une autre forme de vie ?
Nous pratiquons la déforestation intensive et nous polluons nos océans avec la même détermination alors que ce sont les poumons de notre existence ; que les deux captent nos gaz pollués pour nous rendre de l’oxygène.
Quand l’océan nous rendra du CO2 et qu’il n’y aura pas assez de surface végétale pour absorber le surplus, que se passera-t-il ?
La question se pose aussi dans l’autre sens… Parce que si nous foutons en l’air notre végétation, le volume de gaz qu’elle transformait se reporte sur la capacité qu’ont les océans à faire le boulot à leur place. Mais voilà, les océans sont déjà malades.

Nous n’en sommes pas encore là. Du moins je l’espère. Mais la Nature nous envoie des signaux. Non pas des signaux sur son état de santé – nous les avons déjà reçu mais nous n’y avons pas répondu avec sincérité. Elle commence à nous signifier son ras le bol de nous supporter et de nettoyer derrière nous.
Alors, quitte à me répéter, nous avons besoin de notre biosphère pour vivre, et de le respecter.
La Nature, elle, peut très bien se passer de nous.

Nemo.