dimanche 26 avril 2015

L'affront aux migrants.

Il a eu lieu le 20 avril dernier, quand les 28 membres dirigeants des pays formant la belle Union Européenne se sont réunis, dans l’urgence, pour trouver une solution au drame des migrants de la Méditerranée, dont le nombre qui s’y noient grossit de plusieurs centaines chaque semaine. De plusieurs milliers chaque année.

L’an passé, il avait fallu qu’un bateau délabré coule, entraînant la noyade de 356 miséreux, au large de côtes Italiennes pour que Rome s’attaque au problème.
32 bâtiments militaires ; jusqu’à 900 soldats italiens engagés et un budget mensuel de 9 millions d’euros (ce qui annuellement équivaut au budget de Frontex) pour mettre à l’eau l’opération Mare Nostrum.
Opération abandonnée en novembre 2014 et remplacée par l’opération Triton, financée et organisée dans le cadre de Frontex : 22 bateaux ; 900 soldats remplacés par 65 officiers détachés par les pays participants, pour un budget mensuel de 2,9 millions d’euros. Soit trois fois moins que ce que les Italiens ont financés.

La dernière tragédie qui s'est produite, sur les eaux claires de la Méditerranée, a envoyé par le fond pas loin de 800 personnes, qui ont sombré avec leur bateau en carton. D’où la réunion de ‘’crise’’ des 28 Sinistres de l’UE, pour prendre des mesures urgentes face à ce drame hebdomadaire, récurant, devenu tristement et honteusement banal.

Pour venir en aide à ces personnes, ces êtres vivants, ces parents et leurs enfants, qui veulent simplement vivre dans des conditions de vies décentes et humaines, qui veulent fuir les violences dans leur pays, qui veulent échapper aux nettoyages ethnico-religieux orchestré par un Etat islamique de M… que ce dernier inscrit dans une pseudo volonté d’Allah, la fière Union Européenne, qui fait propagande de sa démocratie et de ses libertés individuelles, qui prend soin des plus démunis, a décidé de trancher le mal à sa racine et de s’en prendre directement aux ‘’passeurs’’.

Ces ‘’maffieux’’ seront pourchassés pour les empêcher de poursuivre leur ignoble commerce. Pour les migrants qui auraient réussis à quitter les côtes Libyennes, leur embarcation sera détruite, après qu’elles aient été vidées de leurs passagers clandestins et ceux-ci certainement ramené à leur point de départ.
A moins que l’oncle Barack ‘’n’égare’’ maladroitement quelques drones au- dessus de la Méditerranée…
Et pour être bien sûr que l’Européen moyen, qui devient gentiment aussi crétin que le Ricain haut de gamme, comprenne bien tous les enjeux sécuritaires liés au rejet massif de ces migrants, pour qu’ils crèvent chez-eux, loin de nos caméras, l’on n’hésite pas à comparer ces ‘’maffieux’’ à des terroristes (dixit Hollande). Un terme qui pourrait permettre une réponse militaire à un problème de conscience humaine, un problème de respect des droits de l’homme.

Pour mener à bien sa mission, l’UE annonce qu’elle va tripler le budget de Triton. Bel effort qui ramène la mensualité du lézard au niveau de Mare Nostrum. A 28, l’UE va faire aussi bien en 2015 que l’Italie seule en 2014. Saluons l’effort.
Saluons l’effort militaire qui refoulera la misère du monde, que nous avons engendrée, loin de nos plages. Ce qui rendra plus facile l’explication que nous donnerons à nos enfants quand, accidentellement, ils verront les images d’un charnier découvert non loin des côtes Libyennes : "C’est le méchant monsieur avec la barbe noire qui a fait ça."
Plus facile que de trouver les mots qui disent ‘’pourquoi’’ un cadavre est venu s’échouer vers le château de sable.
C’est plus facile de renvoyer la faute sur l’étranger qui ne nous ressemble pas et d’attiser toutes les xénophobies en les décrivant comme : Terroristes.

Il y a bien longtemps, le ‘’Bien’’ luttait contre le ‘’Mal’’. Cette version trop manichéenne et surtout trop ‘’biblique’’ a été remplacée par le ‘’gentil’’ contre le ‘’méchant’’. Avec toutes les nuances possibles. Le ‘’Bon’’ est ensuite venu à bout de la ‘’Brute’’, tandis que le ‘’Truand’’ surfait sur les nuances en fonction du nom de son employeur.
Aujourd’hui, dans ce monde dénaturé, virtualisé, j’ai l’impression que le ‘’manichéisme’’ se résume gentiment en deux catégories : La première englobe ce qui est ‘’bon’’ pour la croissance, tandis que l’autre parle de ‘’terrorisme’’ pour tout ce qui pourrait s’y opposer.

Si l’on s’égare à l’extrême dans cette pensée, la vision que nous pourrions avoir du migrant risque de devenir vide de toute compassion, de toute empathie. Le rythme de notre dé-solidarisation, vis-à-vis de la misère Africaine (ou asiatique), s’étant déjà accéléré.
D’abord par notre manière de présenter les passagers des flux migratoires et la classification des ‘’permis de séjour’’. Une catégorisation qui suit les règles de l’économie mondiale imposée par une caste minoritaire.
Nous ne parlons plus vraiment d’’’émigrés’’ ou d’’’immigrés’’.
Il y a les ‘’expatriés’’ : Ceux que nos sociétés industrielles et commerciales ‘’invitent’’, avec la bénédiction des gouvernements, à venir s’installer chez nous. Tous conforts garantis.
Il y a les ‘’réfugiés’’ : Ceux qui fuient leur pays pour de bonnes raisons, mais qui s’entassent dans des camps de misères dans l’attente de pouvoir rentrer chez eux, ou qu’une ambassade quelconque délivre, à quelques heureux élus qui rentreraient dans les ‘’quotas’’ d’une aide humanitaire étatique, la possibilité de récupérer les quelques miettes du pain que nous leur avons retirer de la bouche.
Et il y a le migrant : Celui que tout le monde (ou presque) ne veut plus voir au coin de sa rue.

Entre 2008 et 2010, un petit deux-tiers de la population Française était favorable à une aide pour les ‘’migrants’’. L’Europe s’émouvait encore à l’image des femmes et des enfants, entassés sur des embarcations qui prenaient l’eau. Sept ans plus tard, après avoir subi les effets de la crise, c’est un bon 60% de Gaulois qui réclame que ces mêmes miséreux restent chez eux. Et au vu de la montée des mouvements nationalistes, partout sur le Vieux-continent, la France n’est pas une exception.
Ensuite viennent nos politiciens qui, trop occupés à pousser le ‘’léchage de cul’’ jusqu’au décrassage de la colonne à pets, des dirigeants de sociétés prétendues trop grosses pour faire faillite, ont laissé pourrir la situation.
Laissant ainsi le champ libre à ces mêmes mouvements nationalistes qui décrivent les migrants comme vecteurs de chômage, de brigandages, de rackets, de trafics de stupéfiants ; laissant le sentiment d’insécurité installer son règne.
La montée récente du ‘’djihadisme’’ individuel n’a pas arrangé les choses et a permis, à quelques observateurs diplômés, de faire remarquer que parmi toutes les personnes entassées dans ces embarcations de fortunes, « il pouvait y avoir des djihadistes.»
Monsieur Encel referme la parabole vicieuse ouverte par F. Hollande. Le migrant devient l’arme que l’Etat islamique, ou un autre groupe terroriste reconnu, nous envoie pour déstabiliser la belle UE.

J’espère que cette pensée ne restera que l’affabulation exagérée d’un mec qui s’encrasse un début de dimanche après-midi et qu’elle ne s’installera jamais dans notre esprit. Parce que si c’est le cas, nous ne vaudrons pas mieux que ces ‘’passeurs’’.

Nemo.