vendredi 26 avril 2013

Machine Man

Vous avez peut-être vu ces reportages montrant, il y a quelques années, une petite dizaine de voitures (américaines) qui se suivaient, l’une derrière l’autre sur un circuit, à moins d’un mètre de distance, et guidée par un système électromagnétique assurant vitesse et l’écart entre les véhicules ; ou peut-être ce rallye Californien des Hummers rempli ras-bord de matériels électroniques destinés à l’auto-guidage, via satellite, de ces massifs 4X4 ; ou encore, et pour finir, cet aveugle au volant d’une Toyota Prius qui se promenait dans les rues d’un bled américain en grignotant son sandwich pendant que sa voiture le ramenait à son domicile. Grâce au résultat de la miniaturisation de ce lourd et sophistiqué matériel qui équipait les Hummers ci-dessus et au programme Google Street.
Si le but premier dans tout cela était de pouvoir mettre encore plus de voitures sur les routes et autoroutes en ramenant à presque rien la distance de sécurité que doivent garder entres elles les voitures lorsqu’elles circulent sur des tronçons ‘’rapides’’, aujourd’hui on met en avant la « sécurité routière » pour justifier la substitution de l’homme par la machine aux commandes de la voiture.
Le bon côté de la chose ? Madame pourra se refaire une beauté et envoyer des textos en toute tranquillité, et Môsieur pourra mater les girafes sur les trottoirs tout en faisant mumuse avec les gadgets électroluminescents de SA voiture.

Virtuellement, une bonne partie de la population, soit disant évoluée, confie sa vie à son smartphone et la stocke dans un nuage. Il devient donc logique, dans une évolution technologique débridée, de confier sa vie physique à sa voiture, de laisser à la technologie le soin de nous transporter en toute sécurité parce que l’humain est faillible, l’humain se fatigue, l’humain se distrait facilement et que l’humain ne sait plus se responsabiliser. Ou alors : Il devient tellement compliqué de régler la luminosité du tableau de bord, via ses interfaces informatisées, qu’il est préférable que la voiture se conduise elle-même pendant que le chauffeur se dépatouille avec le manuel du conducteur.

De plus, la voiture étant devenue l’extension mécanique indispensable de notre ego que Peugeot ne se trompe pas de beaucoup en nous suggérant :
« Let your body drive ».
Pourquoi pas ! Ne serait-ce pas une belle idée de transformer ces hideuses bandes de bitumes gris, ces allées de goudron noir en un joyeux espace d’expression corporelle ?
Se laisser rouler sur le sol au gré de nos pulsions, de nos humeurs ; lâcher les inhibitions ; sniffer l’essence ; laisser le cerveau reptilien au commande quelques instants quand la Mini qui se trémousse susurre :
« Maverick, bête de sexe, fais moi l’amour ou je réponds plus de mon châssis »
Le message de la nouvelle Nissan Juke n-tec avec Google Send-to-Car technologie va à fond dans ce sens :
« Laissez la technologie guider vos sensation ».
Les Spiders grimperaient les murs, Doris relèverait la capote, la Quattro vocifèrerait dans les rues « La Loi, c’est moi ! » d’une voix rauque.

Plus loin, dans la folie humaine, l’orgasme se libère en 2.0 ; le partenaire qui rote, qui pète et sent la bière est remplacé par un robot d’un blanc ‘’i-mma-culé’’, monté avec Cook eco-boost, dans lequel l’imagination féminine pourra enfermer Robert Downey Jr.
Vexé, le macho demandera à Bit-z’hibit : « Pimp my dolly » (Rihanna touchera des royalties sur chaque poupées gonflables à son effigie), puis MTV présentera son nouveau reality –show : le sexting de « How I’ll fuck your sister ».

Après ça, nous zapperons pour suivre le 1’784e ‘’prime’’ de la lente agonie suicidaire des nouveaux héros terrien sur mars…
« Ce matin Kerwin a succombé à la folie. Il a quitté le module de survie pour se rendre sur le sol de la planète rouge, puis il a tenté de retirer sa combinaison spatiale pressurisée. Heureusement nos caméras étaient là… Les images qui vont suivre peuvent choquer, c’est pourquoi nous ne les avons pas diffusées à notre pointage de 13 heures, et que nous avons attendu que vous soyez tous présent devant votre téléviseur à 21 heures.
Téléchargez dès maintenant l’application mobile: kerwinexplose, sur M666.fr et répondez à la question scientifique du jour : ‘’ De quoi Kerwin est-il mort en premier ? a : de l’irradiation lunaire ; b : de la dépressurisation rapide ; c : de noyade .’’
Un gagnant sera tiré au sort parmi les bonnes réponses et partira, avec une personne de son choix pour un week-end de rêve à Nouméa, enfin sur ce qu’il en reste. »

Humanité, c’est quoi déjà… ?

NEMo.

mercredi 10 avril 2013

Il n'est désormais plus possible...

... qu’un enpire en fasse renaître un autre. Notre unique empire est la Terrre, solidarisée envers, contre et par nous dans son salissement et dans son agonie. Les barbares qui l’assiègent portent des noms chimiques, ne veulent rien, ne négocient rien, n’attendent pas, ne tergiversent pas et ne font que refléter passivement, comme des choses qu’ils sont, une seule barbarie : la notre. Une décadence, désormais sans rémission, ne peut plus être que globale, car nous habitons un globe fermé sur lui-même, une boucle bouclée. L’Orient ne peut plus remplacer l’Occident, ni l’inverse. Ce Levant et ce Couchant, comme d’ailleurs le Collectif et l’Individuel, qu’ils symbolisent, ne peuvent plus que s’unir pour la clarté sans fin ou se dissocier dans les ténèbres sans nom. On a pu dire que l’Humanité de demain serait métaphysique ; en réalité elle devra aller, rien que pour sa survie, bien plus loin que cela, et il faudra d’abord que sa métaphysique de base soit une évidence, ce que ne furent jamais ni la foi des religions ni les philosophies traditionnelles.

L’ère des Poissons se termine en pêche miraculeuse, ou, si l’on préfère, la graine-Individu a donné toutes ses fleurs. Notre tort est de vouloir à tout prix y ajouter les nôtres, n’eussions-nous plus que le choix entre le postiche et le pastiche – alors que déjà ce sont des fruits qui se préparent à mûrir ou à mourir – parce que nous croyons indispensable qu’un navire chante son naufrage au lieu de l’éviter.
Les vigies de l’art ou de l’Utopie crient : « Terre ». Mais nous avons un accostage à réussir.

A peine émergée de sa nuit, la société offre toutes les incohérences de toutes les passions. Ses intérêts brident sa raison, qui peu à peu s’affaiblit et se perd. Ses contradictions, quelles qu’elles soient, demandent à être dissoutes dans une lumière qu’il leur soit impossible, une fois pour toutes, de détourner. Jusqu’ici l’esthétique et la philosophie ont été des ornements. L’idéal était extraterrestre, la morale plaisantait, le rêve visait à distraire, et puis, à bout de ressources, la philosophie et l’art basculaient eux-mêmes dans la gratuité et le charlatanisme. En attendant, nous pouvions nous occuper de nos affaires. Mais voici que la plaisanterie, le rêve, l’idéal deviennent aussi sérieux que peut l’être une question de vie ou de mort, et c’est justement au bout de nos affaires que nous entrevoyons une morale si peu désincarnée qu’elle ne nous laisse plus le choix qu’entre elle et le néant.

IL fallait que vers la fin du siècle dernier les portes de la Matière, avec le développement des techniques, s’ouvrissent à deux battants, que tout le vieux monde des oppresseurs, des sergents-majors et des usuriers se ruât vers cette Terre promise, et qu’elle se refermât sur eux, c’est-à-dire sur nous. Il fallait que la chimie rendît le vol toxique et que l’atome lui donnât le visage du meurtre. Il fallait que tout s’aggravât, de tous les côtés à la fois, physiquement, moralement intellectuellement. La Vie ne s’épargne pas elle-même ; le voudrait-elle qu’elle ne le pourrait pas. Les peuples s’étaient crus bon parce qu’ils étaient anonymes, leurs rêves s’étaient crus grandioses quand ils n’étaient qu’intéressés : tous devait apparaître dans sa réalité réalisée, ignoble, vulgaire, assassine et menteuse. Le conquérant n’était qu’un comptable, l’aventurier de l’idéal n’était qu’un escroc de l’ambition, l’apprenti-sorcier n’était qu’un gérant de fortune, le grand n’était que gros, le céleste n’était qu’à ras de terre.
La futilité prise au mot n’avait plus qu’à accuser le mot– et le piège qui l’y prenait. Le premier christianisme avait attendu ce qui nous arrive comme l’arrivée du Christ-Roi et savait le rôle du mal : Felix culpa (heureux péché) proclamait sa liturgie à propos d’Adam, tandis que saint Augustin enchaînait Lucifer à la meule divine : Omnia cooperant in bonum, etiam peccata (« Tout concourt au bien, même les fautes »).

La radio, qui ne donnait à entendre ce qu’elle ne laissait qu’imaginer, parlait ainsi dans le noir et créait l’hallucination auditive commune avec ses délires bachiques : les hurlements d’Hitler furent la voix du monde multipliée par elle-même dans cette nuit en plein jour. L’idéal-flatterie, l’enthousiasme pour tous, le paradis à bon compte ne réclamaient qu’un instrument à leur taille pour déchaîner tous les fascismes. Culte de la puissance, Ego indéfiniment grossi par répercussion et réverbération, démissions aveugles dans la haine sourde, triomphe à vide dans la course à rien : ces principes qui avaient toujours créé, dans toutes les arènes et dans tous les stades, la même fête sinistre, faisaient des camps de la mort une festivité lugubre. Il ne fallait que l’instrument technique impeccable et le transfert de cette bassesse sacrée que l’on appelait religiosité. Le Paléolithique voulait ses tanks ; il les avait ; et c’était la faute aux tanks. Pierre le Grand nimbé de technique devenait Staline, et c’était la faute de la technique. On s’obstinait à la guerre aux frontières, à l’ordre social immobile du travail et de la famille, on avait l’Erèbe nucléaire, et c’était la faute de la science. Les célébrités des siècles passés avaient été des princes, certes, mais aussi des créateurs ; celles de ce siècle étaient des princes, toujours, mais aussi des millionnaires, des escrocs, des bateleurs, des boxeurs, des joueurs de foot – et ce n’était pas la faute des masses mais celle des médias. La télévision rapprochait les hommes et les peuples, mais nous étions plus beaux à voir de loin, et c’était la faute de la télévision. Ainsi de suite, et la suite ne fait que commencer.

Que l’optimisme et le pessimisme aillent don se rejoindre, à présent, dans l’inaction préparatrice de la mort. Nous savons désormais que l’axiome « tout est possible » est inséparable et complémentaire de l’axiome « rien n’est certain ». Les moyens d’un monde unifié sont là ; c’est le but qui manque et c’est lui qui ment. Les moyens d’une société dont l’un des objectifs premiers serait le passage progressif de tout travail humain asservi aux machines ; d’une collectivité terrestre qui viserait l’abolition de toutes les différences de gain et de pouvoir, la levée définitive de toutes les frontières ; d’une nation humaine solidaire où les enfants grandiraient ensemble, où les hommes pourraient s’enrichir de leurs singularités, surmonter un jour toutes les jalousies, communier la même calme et sereine ferveur, rebaptiser amour, enfin, cela seul par quoi deux, trois, mille esprits se ressemblent, s’attachent, se libèrent par cet attachement même, affronter la mort avec une certitude et non plus avec ne foi – tous les moyens qui nous permettraient cela, nous les avons.

Les armes dans le monde entier, pourraient être ridiculisées, toute violence pourrait devenir inutile, la plupart des paysages pourraient redevenir beaux ; notre vie pourrait faire converger en elle l’action et la contemplation, la Nature pourrait devenir ce qu’elle ne fut jamais : notre identité ; nous pourrions nous émerveiller de notre œuvre comme de la sienne ; chaque homme, demain, pourrait devenir libre de sa rêverie, de sa méditation, de son étude ; la compétition pourrait disparaître dans le seul jeu amical, nous pourrions concourir au même but au lieu de concourir tout court, nous pourrions faire qu’il n’y ait plus d’argent à gagner ni dans les moyens d’expressions ni dans les sciences, et qu’il n’y ait plus d’intérêt, pour personne, à fausser quelque information que ce soit.

Nous pourrions accomplir le premier pas conscient de Dieu sur Terre.

Jérôme Deshusses « Délivrez Prométhée / Mort ou transfiguration »

N.

mardi 9 avril 2013

Pov' con-sommateur.

Il paraît que nous, les Suisses, aurions dépensé près de 9 milliards de francs dans diverses emplettes effectuées à l’étranger, dont 4,5 milliards dans les supermarchés frontaliers, le fameux tourisme d’achat. Le solde étant le montant dépensé par les Helvètes en mode vacances (souvenirs de vacances, bibelots inutiles, habits d’été pour madame, les enfants et monsieur, tongues, etc…)
Donc, quelques 8,3 milliards de francs forts (8,9 en y incluant les achats par internet) qui, par rapport au chiffre global de la vente de détail en Suisse représente 10% de capital, sont allés gonfler les chiffres d’affaires d’enseignes de la grandes distribution étrangères. Un sérieux manque à gagner que ne se partagent pas les actionnaires et autres directoires helvétiques. Sniff…. pour eux.

Ce sont les chiffres qui ont été présentés au grand public par l’institut GfK, et Darius Rochebin dans le 19:30 de ce 5 avril. Des chiffres qui correspondent à quelques décimales près, à ceux que le même institut évoquait en août 2012, et que les douaniers helvétiques confirmaient sans peine, parlant même d’une croissance  à deux chiffres (en pourcent, bien sûr) du tourisme d’achat.
A cette époque (fin été 2012), la Communauté d’intérêt du commerce de détail Suisse, dont fait entre autre partie Migros, Coop et Manor, avait mis au placard l’idée d’une campagne de pub conjointe pour tenter de ramener les consommateurs fugueurs dans leurs saintes échoppes, avant de commanditer, en insistant un peu plus dans les détails, cette fameuse étude dans l’espoir d’infléchir les politiques suisses pour obtenir une prolongation des heures d’ouverture des magasins et/ou une baisse de la TVA sur certains produits.
Pas besoin d’onéreux affichages en septembre (2012), les médias audiovisuels seront présents (presque) gratuitement au printemps prochain. « Presque », parce qu’il faut bien prévoir le petit apéritif et l’after-work, pour faire bonne présentation…

Ces 8,3 milliards de francs représenteraient, en moyenne journalière par habitant, quelque chose de l’ordre de fr : 2,75 francs par tête de pipe ; vu qu’un Suisse sur quatre pratique le tourisme d’achat, on peut dire que ces braves traîtres au PIB Suisse donneraient 11 francs quotidiennement aux européens parce que les prix pratiqués en Suisse sont trop élevés pour de plus en plus de consommateurs.
Mais ne culpabilisez pas modestes consommateurs helvétiques, le tourisme d’achat existe aussi entre la France et l’Allemagne.
En août 2012, dans l’édition du 18 du 24 Heures, Kaspar Engeli, directeur de Commerce suisse, et opposant à la révision de la loi sur les cartels, disait :
« Les différences de prix qui subsistent entre la Suisse et l’étranger peuvent être saines et normales».
Saines peut-être parce qu’elles permettent encore de la concurrence entre les grands distributeurs (lol) ; et normales : parce que le niveau de vie en Suisse est élevé, et qu’il faut le maintenir. D’accord, mais pour qui ?
Cette année un membre PLR, et pas n’importe lequel, son président M. Philipp Müller défend les migrants de la superette : « Il faut considérer le tourisme d’achat dans le cadre des échanges globaux avec l’UE ». Alors, bon ou mauvais, le tourisme d’achat ?
Parce que si c’est bien de soigner le chiffre d’affaire des supermarchés frontaliers, pourquoi montrer du doigt les ambassadeurs de la dépense pour réclamer des ouvertures prolongées des magasins Suisses et une baisse de la TVA sur certains produits ?
Une baisse de la TVA rendra-t-elle les produits vendus en Suisse concurrentiels avec la France ou l’Allemagne ? Bien sûr que non.
Est-ce que des magasins ouverts plus longtemps vont empêcher ceux qui doivent compter, avant de dépenser, de franchir la frontière ? J’en doute.
De l’autre côté de la longue chaîne de distribution, par contre, il n’est pas questions d’envisager la moindre baisse de la marge bénéficiaire que réalise, par exemple, la Migroche.

Des enseignes comme Aldi ou Lidl sont gentiment entrain de grignoter des consommateurs au discounter national (Denner), pour le plus grand malheur des gérantes qui doivent expliquer et justifier leurs baisses de C.A. ; mais là aussi c’est un leurre, parce que les économies que font les deux groupes allemands sont réalisés, en très grande partie, sur le dos du personnel.

Les stat’ prétendent que la Suisse compterait 10 % de pauvres. Mais nous sommes 25% de la population à courir après les bonnes affaires. Pour survivre.
Le groupe de distribution valaisan Magro qui n’a pas bénéficié d’un sursis concordataire, fermera ses onze supermarchés exploités en Suisse romande (Hyper Casino, Super Casino et Distrigros), mettant ainsi 300 personnes au chômage. Je n’ai jamais vu autant de monde sur le parking du Casino de Roche depuis cette annonce. Peut-être pour profiter des bonnes affaires, et multiples actions qui accompagnent les fermetures définitives. Les « fin de bail » ont autant d’attrait sur les clients que le miel en a sur les abeilles. Autant que la ruée sauvage sur les « Sales » ! Sorry, les soldes.

Et si tout ce remue ménage autour de nos magasins Swissmade n’avait pas pour but d’obtenir des ouvertures prolongées généralisées pour encourager et satisfaire le besoin de claquer du fric des riches touristes, et/ou des expatriés économiques des grandes sociétés multinationales qui sont incapables, comme leur personnel de maison, d’anticiper le moindre vide dans leur frigo, ou de repousser la partie de squash pour aller acheter le lait du petit dernier parce que madame ne pouvait pas déplacer son massage épilatoire aux pierres chaudes baignées dans l’huile de Jojoba ?

La Suisse est cher, le niveau de vie est cher, et cette cherté se justifie parfois aussi par une qualité supérieure, par la croyance que : plus c’est cher, meilleur c’est. Vous pouvez proposer deux produits identiques, vendus par deux vendeurs différents, mettre une cravate à l’un des deux en gonflant le prix de son produit de quelques francs. Si le client a les moyens, il achètera le plus cher des deux. Logique, non ?
De plus en plus de consommateurs se plaignent des différences de prix, suivant que vous payez en euro (à l’étranger) ou en francs suisses (ici). Les journaux sont régulièrement montrés du doigt.
Tous les deux mois, j’achète le « Manière de voir ». 8,50 euros en France, soit 10,30 francs et le bimensuel est vendu 13,80 francs. Trois francs cinquante pour traverser la frontière franco-suisse, alors que le voyage, entre la France et la Réunion, renchérira la même revue de 40 centimes d’euros. C’est cher le camion !

Chers Suisses, tous vos quotidiens romands que vous adorez tant, et qui sont menacés par Tamedia, coûtent moins chers en euro sur territoire helvétique. 15 centimes moins cher, si je calcule bien !
La presse écrite suisse doit être le seul et unique média au monde qui baisse ses prix à l’exportation !
Le parking à Clarens-Montreux coûte 1,20 francs par heure. Chers Suisses, si vous glissez une pièce de 1 euro dans l’horodateur, la machine vous l’encaissera à 1,40 francs et vous remerciera en vous accordant un boni de dix minutes de parking pour… 1,21 francs.

La Suisse est-elle gérée par des propriétaires d'exploitations agricoles qui ne pensent qu'à traire leurs concitoyens?

NEMo.

mercredi 3 avril 2013

Et s'ils étaient restés chez eux...

…comme le dirait une fribourgeoise.

Il y a un mois de cela le défenseur du Hockey Club d’Olten, Ronny Keller, se faisait violemment projeter contre la bande, tête en avant, par Stefan Schnyder. Ronny restera allongé sur la glace. Souffrant de fractures des deuxième et cinquième vertèbres cervicales, il fut héliporté à l’hôpital de Nottwil. Il en ressortira sur un fauteuil roulant et paraplégique.
Quelques jours plus tard c’est Reto von Arx, victime d’une agression lors d’un match des play-off, qui sera évacué avec une minerve. Souffrant d’une distorsion de la colonne cervicale qui le tiendra loin des patinoires quelques temps.
Le nombre de commotions, de luxations, de genoux maltraités ne se comptent plus dans les effectifs des équipes de hockey sur glace, sans oublier de remarquer qu’une lame de patin qui quitte la glace pour tracer une belle parabole cela peut être mortel. Gorge entaillée et nuque (presque) sectionnée ne sont pas des images de cinéma.
Emmanuel Favre, chef de la rubrique sportive du Le Matin, écrira :
« Le hockey sur glace est et restera un sport de contacts. Il y a toujours des charges et des blessures. Mais avec un peu de bonnes volonté et une bonne dose de respect – une notion en voie de disparition dans le milieu -, il serait possible d’éviter des drames comme celui d’Olten. »

L’agression de Ronny Keller occupait une double-page dans la rubrique sportive du quotidien orange, précédent une autre double-page consacrée au méa-culpa de Ryan MacMurchy.
Ryan MacMurchy est un transfuge canadien, connu dans la ligue nationale suisse pour son sang chaud et sa tendance aux charges violentes. Suspendu pour deux matches après une charge violente aux conséquences moins dramatiques, le joueur canadien fait profil bas, tente d’expliquer la séquence de jeu pour laquelle il a été sanctionné et, précise également, que « jouer physique faisait partie de notre plan de match. Donner de grosses charges d’emblées pour fatiguer l’adversaire et amener de l’énergie dans l’équipe, c’était l’objectif ».
A mon humble avis, quand un entraîneur fait venir un joueur qui a terminé au 3e rang des joueurs les plus pénalisés en Norvège, je doute que cela soit uniquement pour son habileté technique.
Le hockey c’est viril, brutal et ça semble marcher à l’intimidation. Alors autant avoir le plus de killers possible dans son équipe, c’est bon pour le spectacle.
Serais pas étonné si jour ce sport devenait interdit aux spectateurs de moins de 18 ans.

Pour en revenir à l’agression de R. Keller, le juge unique de la ligue nationale de hockey a voulu une expertise avant de prononcer son verdict sur Stefan Schnyder. Pour cela, il «a requis une expertise auprès du groupe de travail pour la mécanique d’accident à Zurich, afin de pouvoir analyser les circonstances de l’accident du point de vue de la biomécanique ». Une expertise qui amènera aux conclusions suivantes : la faute de Stefan Schnyder n’est pas établie, et que Ronny Keller est responsable de l’accident qui l’a rendu paraplégique. Un comble.
Ronny Keller, voyant la limite de la patinoire se rapprocher dangereusement et sentant la présence de son adversaire dans son dos, n’aurait pas dû interrompre sa course pour faire face à S. Schnyder et se préparer à la charge.
A 33 ans, Ronny Keller a encore du temps pour y réfléchir…

Voir le Cambodge et… mourir.
Il n’y aura pas de Koh-Lanta cette année, il est même possible que cette décision devienne définitive après le tragique événement survenu le 22 mars dernier.
Koh-Lanta, on aime ou on n’aime pas. Comme pour beaucoup de chose d’ailleurs. Perso ? Je zappais sans soucis les exploits de ces aventuriers. Par contre, il y a un certain commentaire qui m’a quand même fait grimper les tours, c’est celui d’une ex-candidate fribourgeoise qui, après avoir détaillé la rigueur, la pénibilité qu’elle a ressenti lors de la première épreuve, conclut, dans son interview au Matin du 23 mars : « Il s’est mis seul en danger en décidant de participer à ce jeu (soit), il aurait mieux fait de rester chez lui ».
C’est vrai ça ! On pourrait exiger de chaque personne qui va, de quelque manière que ce soit, s’exposer stupidement, ou non, au danger et de rester chez elle. Comme ça, tout le monde vivrait plus longtemps. Et pour celles et ceux qui sentent qu’ils/elles vont mourir pendant leur sommeil, faites une nuit blanche, une nouba d’enfer ! J’aurais bien envie de dire des choses pas polies à Mlle Matteuci, mais ça cadre pas avec la suite.

Il y a deux jours, mon pote Rachid m’a raconté une histoire qui s’est passée au Maroc, et qu’il prétend authentique.
Un jeune adulte avait organisé, avec ses potes, une sortie pour le samedi soir qui s’approchait.
La mère du jeune homme fit, deux nuits avant le rendez-vous de son fils, un cauchemar dans lequel elle vit son enfant périr dans un accident de voiture.
Au réveil, la maman encore sous le choc, demanda à son fils de renoncer à sa virée avec ses amis. Ce qu’il fit devant l’insistance, limite angoissante, de sa mère.
Le jeune homme s’expliqua avec ses amis. Ceux-ci ne voulant pas annuler leur soirée, le jeune homme leur confia les clés de sa voiture (c’était lui qui devait les emmener), et son permis de conduire, au cas où…
Le dimanche matin, la maman fut réveillée par un agent de police qui frappait à sa porte.
Sa surprise devant l’uniforme se transforma en incompréhension quand l’agent de police lui demanda si elle était bien Madame M., la mère du jeune homme de l’histoire. La maman acquiesça.
Le ton de l’officier de police devint grave en annonçant, à cette femme qui venait de se réveiller, que son fils était mort dans un accident de voiture. La mère répondit que ce n’était pas possible, parce que son fils n’était pas sorti de la nuit.
L’agent de police sorti alors un permis de conduire et demanda si la photo sur le document était bien le visage de son fils. La femme répondit par l’affirmative tout en maintenant que son fils dormait dans son lit.
L’agent de police demanda si elle était d’accord qu’il l’accompagne pour aller réveiller le jeune homme.
Ils montèrent à l’étage, et trouvèrent le jeune homme couché sur son lit. La maman ne parvint jamais à le réveiller…

Certaines pensées avancent que nous quittons ce monde dès que nous avons accompli notre mission, et qu’on n’échappe pas à notre Destin.
Combien d’entre nous meurent dans des conditions inhumaines, agonisent en étant branché à des machines qui régulent leur respirations, finissent en viandes hachées sous des bombes, des gravas, ou dans le cercueil de leur voiture, ou encore seul dans leur lit en rêvant peut-être…

L’homme qui est décédé à l’autre bout du la Terre a touché un rêve en se rendant au Cambodge.
Il a traversé la moitié du globe avant de se jeter à l’eau pour nager comme un fou vers le rivage. Il aurait pu abandonner et se laisser couler, mais il a rejoint cette plage paradisiaque sur laquelle la Mort l’a accueilli.
Cela n’apaisera pas la souffrance de ses proches ; cela n’enlèvera rien au sentiment d’injustice que l’on peut ressentir en tant que parents qui survivent à leurs enfants, mais je pense, quitte à choquer certaines personnes, que Gérald a eu une belle mort.

Maintenant, à toutes celles et tous ceux qui défendent Koh Lanta et qui sont contre l’interruption de cette version hard d’Ushuaïa, en argumentant que des drames se produisent dans le monde de la Formule 1, et ailleurs, sans que la compétition en elle-même ne soit remise en question, je propose un petit voyage dans le temps : Dès son apparition en compétition, Mercedes-Benz (les fameuses Flèches d’argent) remporte toutes les épreuves du championnat d’Europe des pilotes jusqu’au début du second conflit mondial.
Dès son retour à la compétition en 1952, M-B remporte les 24 Heures du Mans et Juan Manuel Fangio gagnera deux championnats du monde des pilotes (1954 et 1955).
1955 sera aussi l’année qui verra Mercedes-Benz se retirera, pour trois décennies, de toute compétition suite à l’accident de Pierre Levegh au 24 heures du Mans où 84 spectateurs trouvèrent la mort.

Imola, 1994, est le parfait exemple d’une course que les organisateurs auraient dû annuler :
Vendredi premier jour d’essais : Rubens Barichello est blessé lors d’une violente cabriole avec sa F1 ;
Samedi, essais qualificatifs : le pilote autrichien Roland Ratzenberger est victime d’un accident mortel juste après avoir perdu son aileron. Le pilote autrichien sera déclaré officiellement mort lors de son transfert hors du circuit. S’il avait été reconnu mort sur le circuit, le circuit aurait été placé sous scellés pour les besoins de l’enquête, et la course annulée.
Ayrton Senna se rendra à bord d’une voiture officielle sur les lieux de l’accident pour discuter avec les commissaires. Il sera rappelé à l’ordre le dimanche matin par une lettre de la FIA : les officiels considérant qu’il n’avait rien à faire sur place.

La course a bien eu lieu. Un accident se produisit dès le départ, et des spectateurs, ainsi qu’un policier, furent blessés par des débris s’envolant par-dessus les grillages de sécurité. Six tours plus tard, dans la courbe de Tamburello, la monoplace d’Ayrton Senna file tout droit dans le mur en béton, à 210 km/h. La suite est connue. Mais la course doit aller à son terme. Ce qui sera fait, non sans que la Minardi de Michele Alboreto ne perde une roue dans les stands, blessant plusieurs mécaniciens, à onze tours de la fin.
Fric, business et audimat.
Ayrton Senna répondit au professeur Sid Watkins, à l’époque à la tête de l’équipe médicale sur les circuits de formule 1, et lui conseillant de ne pas prendre le départ de la course, qu’il n’avait pas le contrôle sur certaines choses et qu’il devait continuer,
« Sid, there are certain things over which we have no control. I cannot quit, I have to go on. »

NEMo.