mercredi 3 avril 2013

Et s'ils étaient restés chez eux...

…comme le dirait une fribourgeoise.

Il y a un mois de cela le défenseur du Hockey Club d’Olten, Ronny Keller, se faisait violemment projeter contre la bande, tête en avant, par Stefan Schnyder. Ronny restera allongé sur la glace. Souffrant de fractures des deuxième et cinquième vertèbres cervicales, il fut héliporté à l’hôpital de Nottwil. Il en ressortira sur un fauteuil roulant et paraplégique.
Quelques jours plus tard c’est Reto von Arx, victime d’une agression lors d’un match des play-off, qui sera évacué avec une minerve. Souffrant d’une distorsion de la colonne cervicale qui le tiendra loin des patinoires quelques temps.
Le nombre de commotions, de luxations, de genoux maltraités ne se comptent plus dans les effectifs des équipes de hockey sur glace, sans oublier de remarquer qu’une lame de patin qui quitte la glace pour tracer une belle parabole cela peut être mortel. Gorge entaillée et nuque (presque) sectionnée ne sont pas des images de cinéma.
Emmanuel Favre, chef de la rubrique sportive du Le Matin, écrira :
« Le hockey sur glace est et restera un sport de contacts. Il y a toujours des charges et des blessures. Mais avec un peu de bonnes volonté et une bonne dose de respect – une notion en voie de disparition dans le milieu -, il serait possible d’éviter des drames comme celui d’Olten. »

L’agression de Ronny Keller occupait une double-page dans la rubrique sportive du quotidien orange, précédent une autre double-page consacrée au méa-culpa de Ryan MacMurchy.
Ryan MacMurchy est un transfuge canadien, connu dans la ligue nationale suisse pour son sang chaud et sa tendance aux charges violentes. Suspendu pour deux matches après une charge violente aux conséquences moins dramatiques, le joueur canadien fait profil bas, tente d’expliquer la séquence de jeu pour laquelle il a été sanctionné et, précise également, que « jouer physique faisait partie de notre plan de match. Donner de grosses charges d’emblées pour fatiguer l’adversaire et amener de l’énergie dans l’équipe, c’était l’objectif ».
A mon humble avis, quand un entraîneur fait venir un joueur qui a terminé au 3e rang des joueurs les plus pénalisés en Norvège, je doute que cela soit uniquement pour son habileté technique.
Le hockey c’est viril, brutal et ça semble marcher à l’intimidation. Alors autant avoir le plus de killers possible dans son équipe, c’est bon pour le spectacle.
Serais pas étonné si jour ce sport devenait interdit aux spectateurs de moins de 18 ans.

Pour en revenir à l’agression de R. Keller, le juge unique de la ligue nationale de hockey a voulu une expertise avant de prononcer son verdict sur Stefan Schnyder. Pour cela, il «a requis une expertise auprès du groupe de travail pour la mécanique d’accident à Zurich, afin de pouvoir analyser les circonstances de l’accident du point de vue de la biomécanique ». Une expertise qui amènera aux conclusions suivantes : la faute de Stefan Schnyder n’est pas établie, et que Ronny Keller est responsable de l’accident qui l’a rendu paraplégique. Un comble.
Ronny Keller, voyant la limite de la patinoire se rapprocher dangereusement et sentant la présence de son adversaire dans son dos, n’aurait pas dû interrompre sa course pour faire face à S. Schnyder et se préparer à la charge.
A 33 ans, Ronny Keller a encore du temps pour y réfléchir…

Voir le Cambodge et… mourir.
Il n’y aura pas de Koh-Lanta cette année, il est même possible que cette décision devienne définitive après le tragique événement survenu le 22 mars dernier.
Koh-Lanta, on aime ou on n’aime pas. Comme pour beaucoup de chose d’ailleurs. Perso ? Je zappais sans soucis les exploits de ces aventuriers. Par contre, il y a un certain commentaire qui m’a quand même fait grimper les tours, c’est celui d’une ex-candidate fribourgeoise qui, après avoir détaillé la rigueur, la pénibilité qu’elle a ressenti lors de la première épreuve, conclut, dans son interview au Matin du 23 mars : « Il s’est mis seul en danger en décidant de participer à ce jeu (soit), il aurait mieux fait de rester chez lui ».
C’est vrai ça ! On pourrait exiger de chaque personne qui va, de quelque manière que ce soit, s’exposer stupidement, ou non, au danger et de rester chez elle. Comme ça, tout le monde vivrait plus longtemps. Et pour celles et ceux qui sentent qu’ils/elles vont mourir pendant leur sommeil, faites une nuit blanche, une nouba d’enfer ! J’aurais bien envie de dire des choses pas polies à Mlle Matteuci, mais ça cadre pas avec la suite.

Il y a deux jours, mon pote Rachid m’a raconté une histoire qui s’est passée au Maroc, et qu’il prétend authentique.
Un jeune adulte avait organisé, avec ses potes, une sortie pour le samedi soir qui s’approchait.
La mère du jeune homme fit, deux nuits avant le rendez-vous de son fils, un cauchemar dans lequel elle vit son enfant périr dans un accident de voiture.
Au réveil, la maman encore sous le choc, demanda à son fils de renoncer à sa virée avec ses amis. Ce qu’il fit devant l’insistance, limite angoissante, de sa mère.
Le jeune homme s’expliqua avec ses amis. Ceux-ci ne voulant pas annuler leur soirée, le jeune homme leur confia les clés de sa voiture (c’était lui qui devait les emmener), et son permis de conduire, au cas où…
Le dimanche matin, la maman fut réveillée par un agent de police qui frappait à sa porte.
Sa surprise devant l’uniforme se transforma en incompréhension quand l’agent de police lui demanda si elle était bien Madame M., la mère du jeune homme de l’histoire. La maman acquiesça.
Le ton de l’officier de police devint grave en annonçant, à cette femme qui venait de se réveiller, que son fils était mort dans un accident de voiture. La mère répondit que ce n’était pas possible, parce que son fils n’était pas sorti de la nuit.
L’agent de police sorti alors un permis de conduire et demanda si la photo sur le document était bien le visage de son fils. La femme répondit par l’affirmative tout en maintenant que son fils dormait dans son lit.
L’agent de police demanda si elle était d’accord qu’il l’accompagne pour aller réveiller le jeune homme.
Ils montèrent à l’étage, et trouvèrent le jeune homme couché sur son lit. La maman ne parvint jamais à le réveiller…

Certaines pensées avancent que nous quittons ce monde dès que nous avons accompli notre mission, et qu’on n’échappe pas à notre Destin.
Combien d’entre nous meurent dans des conditions inhumaines, agonisent en étant branché à des machines qui régulent leur respirations, finissent en viandes hachées sous des bombes, des gravas, ou dans le cercueil de leur voiture, ou encore seul dans leur lit en rêvant peut-être…

L’homme qui est décédé à l’autre bout du la Terre a touché un rêve en se rendant au Cambodge.
Il a traversé la moitié du globe avant de se jeter à l’eau pour nager comme un fou vers le rivage. Il aurait pu abandonner et se laisser couler, mais il a rejoint cette plage paradisiaque sur laquelle la Mort l’a accueilli.
Cela n’apaisera pas la souffrance de ses proches ; cela n’enlèvera rien au sentiment d’injustice que l’on peut ressentir en tant que parents qui survivent à leurs enfants, mais je pense, quitte à choquer certaines personnes, que Gérald a eu une belle mort.

Maintenant, à toutes celles et tous ceux qui défendent Koh Lanta et qui sont contre l’interruption de cette version hard d’Ushuaïa, en argumentant que des drames se produisent dans le monde de la Formule 1, et ailleurs, sans que la compétition en elle-même ne soit remise en question, je propose un petit voyage dans le temps : Dès son apparition en compétition, Mercedes-Benz (les fameuses Flèches d’argent) remporte toutes les épreuves du championnat d’Europe des pilotes jusqu’au début du second conflit mondial.
Dès son retour à la compétition en 1952, M-B remporte les 24 Heures du Mans et Juan Manuel Fangio gagnera deux championnats du monde des pilotes (1954 et 1955).
1955 sera aussi l’année qui verra Mercedes-Benz se retirera, pour trois décennies, de toute compétition suite à l’accident de Pierre Levegh au 24 heures du Mans où 84 spectateurs trouvèrent la mort.

Imola, 1994, est le parfait exemple d’une course que les organisateurs auraient dû annuler :
Vendredi premier jour d’essais : Rubens Barichello est blessé lors d’une violente cabriole avec sa F1 ;
Samedi, essais qualificatifs : le pilote autrichien Roland Ratzenberger est victime d’un accident mortel juste après avoir perdu son aileron. Le pilote autrichien sera déclaré officiellement mort lors de son transfert hors du circuit. S’il avait été reconnu mort sur le circuit, le circuit aurait été placé sous scellés pour les besoins de l’enquête, et la course annulée.
Ayrton Senna se rendra à bord d’une voiture officielle sur les lieux de l’accident pour discuter avec les commissaires. Il sera rappelé à l’ordre le dimanche matin par une lettre de la FIA : les officiels considérant qu’il n’avait rien à faire sur place.

La course a bien eu lieu. Un accident se produisit dès le départ, et des spectateurs, ainsi qu’un policier, furent blessés par des débris s’envolant par-dessus les grillages de sécurité. Six tours plus tard, dans la courbe de Tamburello, la monoplace d’Ayrton Senna file tout droit dans le mur en béton, à 210 km/h. La suite est connue. Mais la course doit aller à son terme. Ce qui sera fait, non sans que la Minardi de Michele Alboreto ne perde une roue dans les stands, blessant plusieurs mécaniciens, à onze tours de la fin.
Fric, business et audimat.
Ayrton Senna répondit au professeur Sid Watkins, à l’époque à la tête de l’équipe médicale sur les circuits de formule 1, et lui conseillant de ne pas prendre le départ de la course, qu’il n’avait pas le contrôle sur certaines choses et qu’il devait continuer,
« Sid, there are certain things over which we have no control. I cannot quit, I have to go on. »

NEMo.

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