mardi 16 juin 2015

Le beau discours, et le vrai à l'envers...

En début d’année les habitants d’un quartier veveysan, quartier longtemps ignoré par en gros tous les services communaux, ont été approché par le secteur ‘’écolo’’ de la ville pour leur proposer de louer des petites parcelles (cinq mètres carrés) dans le futur potager urbain.
Un potager qui à vu le jour il y a deux ou trois mois.

L’emplacement dédié provisoirement à cette initiative se trouve sur une parcelle qui accueillait, il y a fort longtemps, un pavillon scolaire réservé aux élèves ‘’difficiles’’. Ensuite, se sont les Scouts de Vevey qui se sont emparés des lieux avant d’être re-localisés dans d’autres locaux moins vétustes. C’est que la villa, qui leur servait de Q.G. n’a jamais été rénovée, ni entretenue.
Laissée à l’abandon, la villa a vu se dessiner, sur la surface voisine qui servait de place de sport, des places de parc réservées à une certaine frange de travailleurs.
Au passage, laisser pourrir une ‘’situation’’ avant de revenir en sauveur avec un projet immobilier moderne qui inclus toujours des garderies, qui seront contestées par les nouveaux propriétaires, semble être une spécialité de nos élus locaux.

Vous l’aurez donc deviné, il y a un projet immobilier, là où se dressait la fameuse villa. Villa qui fut détruite dans le courant de l’année passée. Mais le projet en question, qui oscille entre parking ou immeuble résidentiel, ne verra pas le jour avant dix ans. D’où l’idée de créer un potager urbain en attendant que les futurs nouveaux nouveaux politiciens du coin se décident sur le sort de la parcelle.

En attendant, toute la diversité humaine qui se cachait dans le quartier se retrouve au Potaclos (contraction de Potager et Petit-Clos – nom de la rue adjacente). Du clair, du foncé, du jaune, du barbu ou du chauve se retrouve au potager urbain ; qu’il, ou elle, vienne d’Afrique, des Balkans, du Moyen-Orient ou plus loin, tous et toutes se retrouvent à cultiver la même terre, avec les enfants qui jouent autour, ou se chamaillent pour savoir lequel portera l’arrosoir. C’est pas beau ça ?!?
Belle image d’une Humanité capable de se côtoyer sans forcément chercher à se nuire. Mais comme rien ne dure vraiment, les laquais des princes des villes nous rappellent à la raison économique de ceux qui se croient les plus forts.
Ce qui m’amène au fameux discours.

Discours qui fut prononcé par l’élue verte de la ville à l’occasion de l’inauguration officielle du Potaclos. Une élue dont je tairais le nom par souci de ‘’bon voisinage’’.
Pris dans sa chronologie, et en omettant les phrases de garnitures, le monologue parlait du futur projet qui s’installera dans une décennie ; Puis soulignait la ‘’valorisation’’ du terrain que permettait le potager urbain et s’achevait sur cette pensée qui dit que la Terre nous est prêtée et « que nous devons la rendre à nos enfants comme nous l’avons trouvée. »
On aurait presque envie de verser une larme. Non ?

Mais tout ceci ne sont que vaines paroles. Et le plus fort, c’est que si vous prenez ce beau discours qui pourrait défendre une ‘’écologie sociale’’ (ce n’est pas de moi, mais j’aime bien !), et que vous reprenez les point fort à l’envers, la vérité politique devient toute autre :
Parce que « nous devons rendre [la Terre] à nos enfants comme nous l’avons trouvée » et qu’il faut valoriser ce potager urbain, nous allons construire, et cultiver, dans dix ans, du béton.
Quand on dit que nos politiciens nous le font ‘’à l’envers’’….

Mais il reste quand même un espoir. Celui de voir les petits jardiniers se regrouper, s'associer et développer une micro économie locale, autour du Potaclos, qui s'opposerait au envie de bétonnage massif d'une Municipalité qui ne voit la Vie qu'en gris ou en bâtiments vitrés.

Affaire à suivre...?

Nemo.

samedi 13 juin 2015

Ce n'est pas grave.

On parle beaucoup d’Uber ces derniers temps [le dernier article sur le sujet est paru dans les quotidien romands le 11 juin 2015, titré: Uber lâche du lest pour rester, dans Le Matin.]
Uber: Une big société californienne qui veut imposer un modèle économique dans le marché des taxis, quitte à mettre sur le carreau une partie des exploitants indépendants de la profession.
De ces pauvres diables on n’en parle pas du tout. Peut-être parce que quelques personnalités, bien pensantes et imbues de leur personne, affirment que la profession des transporteurs professionnels de personnes est tenue par des corporations archaïques, rétrogrades et allergiques à toutes formes de progrès.

Sur la Riviera Vaudoise, le monde du taxi regroupe une trentaine d’entreprises de taxis.
Sur ces 30 compagnies, seulement trois peuvent être considérées comme entreprises collectives. C-à-d qu’elles possèdent au minimum 5 véhicules et les chauffeurs qui vont avec.
Rajoutez deux entreprises qui bossent en mode familial + 3 employé-e-s et il nous reste 25 micro entreprises gérées par des indépendants qui galèrent. On est loin de la corporation.
Et ce sont justement ces micros entreprises qui sont menacées par Uber et ses amateurs. Mais, comme le dit si bien Monsieur Comtesse, ex-directeur d’Avenir Suisse : « Si l’innovation détruit des secteurs, ce n’est pas grave. »
Envoyer des pères de familles dans le caniveau, s’inscrire au chômage ou dépendre de l’aide sociale, « ce n’est pas grave. » Au pire ils pourront toujours s’inscrire chez Uber vu que le même personnage qui ne sait pas, ou ne sait plus, ce que c’est de devoir se serrer la ceinture toutes les fins de mois, invite tous les chauffeurs de taxis « à devenir des Uber. »

Le job de chauffeur de taxi est déjà la profession la plus mal encadrée, protégée et rémunérée dans le tissu économique Suisse.
Sur la Riviera Vaudoise un chauffeur peut gagner maximum 18 francs de l’heure brut, si son boss lui fait un contrat. Autrement il est rémunéré au pourcentage de la caisse mensuelle. Un pourcentage qui varie entre 35% et 50%. 35% si il est auxiliaire ; 50% s’il travaille avec un indépendant.
Dans l’ex compagnie de taxis veveysanne, le pourcentage est de 40%.
Le tout pour un temps de travail max de 53 heures par semaine.

Malgré le fait qu’un patron indépendants lâche 50% de la caisse en salaire pour son employé (par exemple les chauffeurs devant la gare de Vevey), le salaire horaire de ce dernier excède rarement les 15 francs de l’heure brut, et tourne trop souvent autour des 12 francs de l’heure.
En gros, Roro doit bosser deux heures pour payer une heure à sa femme de ménage.
Alors, et en reprenant l’idée géniale de Monsieur Comtesse, quitte à être mal payé, autant aller bosser pour Uber qui, en plus d’extorquer 20% sur le ‘’chiffre d’affaire’’ des chauffeurs, veut imposer des prix plus bas.

Mais cet esprit nauséabond qui veut favoriser le grand en éliminant le petit ne se manifeste pas seulement dans les paroles ou les pensées d’un X. Comtesse ou d’un F. Derder.
Selon les dires de quelques petits indépendants, qui gèrent tant bien que mal leur micro entreprise sur la Riviera Vaudoise, Uber, et sa déloyale concurrence, n’est pas leur unique souci.
L’indépendant veveysan, par exemple, doit se battre contre la tentative de colonisation qu’a initié une entreprise montreusienne qui peut, grâce à un nouveau règlement sur le service des taxis, certainement et partiellement dicté par une autre compagnie de Montreux, faire travailler ses voitures dans la ville voisine.
Un règlement qui, après une lecture approfondie, favorise clairement trois entreprises sur les 30 dont il est fait allusion plus haut.

Le chauffeur de taxi est l’élément le plus faible dans le milieu économique Suisse mais on ne cesse de lui taper dessus. La Police avec ses amendes arbitraires de plusieurs centaines de francs ; l’ASR et ses lobbies ; les parvenus qui défendent Uber.
Pourtant, quand les trains sont en panne, que les transports publics ne roulent pas à cause du mauvais temps, c’est bien le chauffeur de taxi qui prend la relève. C’est bien lui qui fait les sorties de discothèques, qui supporte les crétins alcoolisés et balaie sa place de travail quand la voirie dort encore ; c’est bien lui qui intervient quand une demoiselle demande de l’aide au milieu de la nuit sur la Place de la Gare ; c’est bien lui qui indique le bon chemin aux touristes égarés ; c’est encore à lui que font appel les automobilistes en panne de batterie.
Des prestations gratuites qui rendent beaucoup plus services aux ‘’consommateurs’’ que le beau verbiage d’un Fathi Derder qui ose affirmer que le « grand oublié » dans le débat sur la réglementation des ‘’taxis’’ Uber est… le consommateur.

Sauf que c’est justement pour protéger le consommateur que des exigences techniques sur les véhicules qui servent au transport professionnel de personnes existent ; qu’un OTR 2 inadapté est appliqué pour réguler le temps de travail et de repos ; que l’on demande à tous les professionnels de se soumettre à un examen médical et d’obtenir un carnet conducteur après un examen qui porte, entre autre, sur les connaissances topographique de la région dans laquelle le chauffeur exerce.
C’est justement pour rassurer le consommateur que toutes les données nécessaires à l’identification du véhicule ainsi que du chauffeur sont disposées, de manière visible, dans le taxi. Même si bien souvent les différentes Police du commerce exagère, c’est bien l’intérêt du consommateur qui est, en premier lieu, défendu.

Quant à l’aspect innovateur de l’application Uber, laissez-moi rire… Cela fait des années que tout le monde se localise parmi. Que les boutiques ‘’savent’’ par satellite quand un de leur client passe à proximité pour lui envoyer une offre promotionnel irrésistible ; que les potes et potesses savent se géolocaliser et se retrouver, Cela fait des années que nous savons que le simple quidam peut être suivi, à chaque instant, à la trace. Le caractère novateur dans tout cela ? C’est que l’on nous l’avoue. L’innovation ? C’est qu’une société rackette 20% d’un chiffre d’affaire pour le faire.
Et que des voix se dressent pour s’opposer à cette société, eh bien ça c’est considéré comme grave.

Alors moi je propose que tous les chauffeurs de taxis laissent Monsieur Comtesse se démerder avec Uber un soir de pluie ou à la prochaine panne des CFF. Idem pour Monsieur Derder.

Nemo