mercredi 26 février 2014

"L'Option Samson"

Il aura fallu moins de vingt ans, après la proclamation de son indépendance, pour que le jeune Etat israélien devienne une puissance militaire nucléaire et impose sa volonté au reste du monde.
Un dictat qui sera entériné en 1969, par le président américain Richard Nixon, reconnaissant à l’Etat d’Israël le droit à devenir une puissance nucléaire.
Se sont les Français qui ont, en grande partie, contribué à la construction du premier réacteur nucléaire israélien à Beersheba : Dimona, une centrale capable de produire la matière nécessaire à la création d’un arsenal tout aussi nucléaire. Dès lors commence une succession de mensonges et de manipulations, de la part du gouvernement israélien, envers les gouvernements ‘’alliés’’ qui ont vaincu la menace du nazisme et soutenu la création de l’Etat Hébreu. Des alliés qui ‘’laisseront faire’’.

JFK sera quasiment le seul, à l’exception de l’URSS, à s’opposer ouvertement au programme nucléaire israélien. JFK, qui avait dans l’idée de faire signer un traité de non-prolifération nucléaire, obtint, non sans peine, un inspection de l’installation de Dimona visant à rassurer le monde sur l’utilisation de la production de ladite centrale à des fins ‘’civiles’’. Jérusalem transforma cette inspection en une vaste mascarade. Le premier ministre israélien finit par demander à JFK, qui n’était pas dupe, des armes conventionnelles en échange de l’arrêt du programme nucléaire.
L’armée israélienne reçut des missiles de défenses anti-aériens, qu’elle s’empressa d’installer autour de la centrale atomique.
En 1963, alors que le peuple américain n’avait pas fini de pleurer son président, prétendument abattu par le meilleur sniper amateur de l’Univers, Lyndon Johnson s’empressa de re-fermer les yeux sur les activités de Dimona. Israël pouvait poursuivre sa quête de revanche en toute quiétude, ou presque.
Parce que ni l’URSS, ni le monde Arabe ne l’entendait de cette oreille.

Selon diverses personnalités s’exprimant dans le film « Israël et le tabou de la bombe », l’Humanité serait passée, pendant la guerre de six jours de 1967, à trois minutes de l’hiver nucléaire.
Alors que tous les bâtiments de la Navy reçurent l’ordre de s’éloigner à 120 miles de la zone de conflit, le Liberty pu continuer sa route à 60 miles des côtes. Le navire espion fut survolé plusieurs fois par l’armée israélienne et identifié grâce au drapeau US que ses membres d’équipage laissaient flotter au vent au passage des avions.
Quelques heures plus tard, le bateau fut détruit avec acharnement par des avions non identifiables et des vedettes rapides. Le navire ne coula pas ; les canots de sauvetages furent torpillés et les avions de l’US Air Force, ayant décollé suite à l’appel de détresse du Liberty, reçurent l’ordre express, de faire demi-tour.
Par contre des avions américains, armés de bombes « A » décollèrent d’un porte-avion en direction de l’Egypte.
Washington, qui après avoir sacrifié le Liberty et une partie de son équipage, semblait décidé à aider Israël à respecter l’engagement du premier ministre de l’Etat Hébreu qui avait assuré « qu’Israël n’introduirait pas l’arme nucléaire au Moyen-Orient ». Pourtant la bombe, qui portait la promesse que plus jamais on s’en prendrait aux juifs impunément, fut prête juste avant le début du conflit et son utilisation envisagée sous le nom de code « l’Option Samson ».
A trois minutes de leurs objectifs, alors que les deux blocs ennemis étaient sur le pied de guerre, les chasseurs-bombardiers américains firent demi-tour.

La communauté Juive a longtemps reproché aux ‘’alliés’’ du second conflit mondial leur lenteur dans leurs actions contre les camps de concentration. Sauf erreur, le premier camp libéré par ces mêmes forces militaires le fut en 1944. Le bombardement sur la région d’Auschwitz, quelques temps auparavant, visait essentiellement les fabriques et les usines du troisième Reich.
Alors quand les gouvernements du monde ‘’libre’’ furent confrontés aux témoignages et aux preuves des horreurs commises par le régime Nazi, les représentant du peuple juifs surent parfaitement induire le sentiment de culpabilité dans l’esprit de leurs homologues européens et américains : Comment avons-nous pu laisser se commettre de telles atrocités sans réagir?
On peut imaginer que le racisme, et toutes sortes de ségrégations, devinrent le comportement humain à combattre absolument, et que le peuple Juif serait le témoin vivant des horreurs que peuvent commettre des hommes ou des gouvernements envers des minorités, des ethnies, des ‘’races’’ ‘’différentes’’.

En 1979, le gouvernement israélien était à la recherche d’un nouveau site pour ses essais nucléaires. Son choix se tourna vers un pays qui possédait déjà une bombe « A »… et des mines d’uraniums : L’Afrique du Sud. Une Afrique du Sud qui voulait une bombe à hydrogène ; une Afrique du Sud qui échangea ses ressources contre l’expertise technique des savants israéliens. L’Afrique du Sud signera un traité secret avec l’Etat Hébreu qui fermera les yeux sur l’Apartheid !

En 1991, la guerre du Golf éclate. Saddam envoie ses Scuds sur Israël et un ministre allemand se retrouve coincé dans un bunker avec ses homologues du coin. Ceux-ci ne manqueront pas l’occasion d’accuser l’Europe d’avoir soutenu politiquement, économiquement et surtout militairement le régime de Baghdad.
50 ans plus tard, l’Europe était toujours responsable des malheurs du peuple Juif et pour se faire ‘’pardonner’’, l’Allemagne livra trois sous-marin, au prix d’un seul, à l’armée de Tsahal. Des sous-marins capables d’embarquer des missiles balistiques munis de charges nucléaires…
Un jour victime et tyran le jour suivant Tel-Aviv poursuit son ambition de domination mondiale et dispose aujourd’hui d’armes atomiques capables de frapper n’importe quel endroit de la planète, mais n’en fera pas usage, comme l’a concédé Mr Avi Primor, ambassadeur d’Israël en Allemagne de 1993 à 1999, qui ajoute que : « l’objectif est d’entretenir la crainte par une certaine ambiguïté. C’est le propre de la dissuasion ».

Aujourd’hui le monde semble avoir compris que Jérusalem est promise à la gouvernance de la planète. Pour nous rappeler les erreurs de nos arrières grands-parents il y a trois mots qui reviennent souvent, qui se prononcent chaque année lors des cérémonies de commémoration autour de la seconde guerre mondiale : « Plus jamais ça ! »
Ces trois mots sont à la fois une douloureuse piqûre de rappel sur les atrocités que les hommes peuvent commettre, et une menace invisible qui pèse sur nos têtes.
Quelques jours avant le début de la guerre de six jours, un militaire israélien entre dans un hangar secret et appose sur le corps de la première bombe atomique du peuple Juif ces quelques mots : « Plus jamais ça ».
Depuis, Samson dort tranquillement à l’abri des regards indiscrets, attendant l’heure de son réveil, l’heure de la revanche.

Nemo.

mardi 25 février 2014

Au coeur du renseignement américain (suite).

Un article de Nicky Hager, écrivain et chercheur néo-zélandais.
[James Bamford : journaliste américain / Ukusa : alliance entre les services américains, britanniques, canadiens, australiens et néo-zélandais.]

En Nouvelle-Zélande, comme dans d’autres pays, la guerre du Vietnam retourna l’opinion publique contre la politique étrangère de Washington. Dans la région, elle ajouta au désenchantement général provoqué par le soutien américain aux régimes Suharto en Indonésie et Marcos aux Philippines, et leur soutien occulte de l’invasion indonésienne du Timor-Oriental en 1975. Le recours à la guerre et un respect à géométrie variable des droits des autres pays heurtèrent ceux qui portaient sur le monde le regard d’un « petit pays ». Mais, si l’opinion publique néo-zélandaise souhaitait une politique étrangère plus indépendante, ses services de renseignement continuèrent de servir d’avant-poste au système américain. Ainsi, alors que la majorité des Néo-Zélandais soutenaient l’indépendance du Timor-Oriental, les services de renseignement de leur pays participèrent avec l’Australie à la surveillance de la population de l’île, pour le compte des gouvernements américain et britannique – à une époque où ceux-ci collaboraient avec les services secrets indonésiens.

L’inégalité des rapports au sein de l’alliance Ukusa n’est plus à démontrer. Les services secrets néo-zélandais fournissent les renseignements que la NSA leur demande, sans trop insister sur ce qu’ils veulent en échange – et même si cela va à l’encontre de l’intérêt national ou de la politique de leur propre pays. Par ailleurs, ils considèrent que le fait d’espionner leurs amis, voisins et partenaires commerciaux équivaut à payer un bien petit prix pour préserver une relation privilégiée – une déférence qui traduit un profond sentiment d’insécurité. Sans doute les services secrets britanniques voient-ils les choses de la même manière.

Au cours d’une enquête sur le réseau Echelon, j’ai interrogé des membres des services de renseignement néo-zélandais qui traitent les milliers de rapports arrivant chaque semaine de la NSA. Les cibles indiquées reflètent les priorités et les préoccupations du gouvernement américain. Durant les années 1980, les téléscripteurs déversèrent ainsi une avalanche de communications interceptées en Afghanistan, collectées afin d’aider les « combattants de la liberté » - dont Ben Laden – dans leur lutte contre les soviétiques.

Certains de ces officiers collectaient des renseignements dans la zone Pacifique en fonction des requêtes de la NSA. Non, ils ne traquaient pas des terroristes. Ils ciblaient en revanche tous les aspects de la vie politique, économique et militaire de la région – cabinets ministériels, police, armée, partis d’opposition et organisations non gouvernementales -, dans chaque pays, de façon méthodique et permanente. Toutes les organisations régionales, toutes les conférences commerciales et toutes les agences des Nations unies de la zone sont également placées sous étroite surveillance.

L’un de ces analystes mentionna le cas d’une opération de surveillance contre l’Etat insulaire de Kiribati (un archipel du Pacifique sud). La pêche constitue la principale ressource de cette nation à l’économie fragile. Après avoir subi de longues années durant le braconnage des bateaux américains de pêche au thon, le gouvernement de Kiribati avait trouvé une entreprise soviétique disposée à verser des droits pour avoir accès aux pêcheries. Bien que la guerre froide approchât alors du dégel, l’alarme anticommuniste retentit au sein des agences de renseignement. Les officiels néo-zélandais surveillèrent chaque communication reçue par ou émanant de Kiribati, qu’ils transmirent ensuite aux Etats-Unis, lesquels s’en servirent dans le cadre d’une campagne diplomatique qui fit avorter le projet. L’événement ne changea pas le cours de l’histoire mondiale, mais eut un impact très néfaste sur le micro-Etat.

Ces officiers néo-zélandais font état d’un autre déluge de communications lors des négociations de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), à propos duquel responsables américains et européens se livrèrent bataille au cours des années 1980 et 1990. Bamford, de son côté, indique qu’une équipe de la NSA fut dépêchée à Genève en 1995 afin d’espionner les cadres japonais de Toyota et de Nissan lors des négociations nippo-américaines sur les droits de douane appliqués à l’automobile. Ancien agent du renseignement, Mme Jane Shorten a en outre révélé la mise sur écoute des délégués mexicains lors des négociations de l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena) en 1992.

L’espionnage d’après-guerre aurait pu être mis au service des espoirs nourris par les fondateurs des Nations unies : garantir l’égalité des droits des nations, et épargner au monde le fléau de la guerre. L’histoire montre surtout le contraire. Ces opérations servent à accentuer les inégalités de pouvoir. La NSA et ses alliés se complaisent dans leur image de héros combattant les despotes et les terroristes. Parfois, cette image est juste. La plupart de leurs cibles, toutefois, ne représentent aucune menace. Certaines opérations de renseignement sont de fait destinées à soutenir des despotes, d’autres créent un climat propice au développement du terrorisme. Les gouvernements ayant misé massivement sur l’espionnage des signaux en retirent un sentiment de sécurité trompeur. Il est peu probable que le problème puisse être résolu en injectant des ressources supplémentaires à la NSA.

N.

lundi 24 février 2014

Au coeur du renseignement américain.

Première partie de l' article éponyme de Nicky Hager, écrivain et chercheur néo-zélandais.

Réunis à l’Opéra de San Francisco en avril 1945, les délégués de plus de cinquante pays s’engageaient à épargner aux générations futures le fléau de la guerre. Les Nations Unies allaient reposer sur le principe de « l’égalité des droits des nations, grandes et petites (…), cohabitant dans la paix et le bon voisinage ». Le président américain Franklin D. Roosevelt avait insisté pour que les Etats-Unis accueillent la conférence. Générosité ?
Il s’agissait aussi de permettre à ses agents d’espionner les délégués et de surveiller les messages qu’ils échangeaient avec leurs capitales. Recueillis par les compagnies télégraphiques, leurs télégrammes, cryptés, furent décodés par des officiers opérant 24h/24, puis transmis aux négociateurs américains. Ce fut un succès total.

Elaborées contre les puissances de l’Axe, puis contre l’Union soviétique, les capacités américaines de renseignement électronique allaient être regroupées au sein de la National Security Agency (NSA). De cette agence, on ignora tout jusqu’à la publication, en 1982, de The Puzzle Palace, dans lequel le journaliste américain James Bamford décrivait son fonctionnement. Dans son ouvrage rédigé presque vingt ans plus tard, Body of Secrets, il dévoile de nouveaux pans de cette histoire secrète. La NSA, révèle-t-il, dispose d’un budget annuel de plus de 7 milliards de dollars, sans compter les sommes affectées aux satellites espions (1). Elle emploie alors plus de soixante mille personnes – davantage que la CIA et le FBI réunis.

Les affaires du monde se faisant de plus en plus par la voie des communications électroniques, la surveillance de ces échanges est primordiale. La NSA est chargée de ce « renseignement de signaux », en étroite collaboration avec ses homologues – et subordonnées – britannique, canadienne, australienne et néo-zélandaise, qui forment l’alliance « Ukusa ». (…) Bien que sophistiqués et puissants, les systèmes de surveillance de la NSA ont montré leurs limites le 11 septembre 2001. Tout comme le système de défense antimissile n’aurait rien pu contre des attaques menées à l’aide d’avions de ligne, les systèmes de surveillance avancés se révèlent peu efficaces contre les moyens de communication rudimentaires (« boîte à lettres » anonymes, intermédiaires sûrs, etc.) utilisés par une cellule bien organisée. « La NSA [écoutait] régulièrement les appels non cryptés passés par le terroriste présumé Oussama Ben Laden [via le réseau satellitaire Inmarsat], souligne Bamford. Pour impressionner ses visiteurs, elle leur passe parfois les échanges entre Ben Laden et sa mère (…) Celui-ci [savait] que les Etats-Unis [écoutaient] ses communications internationales, mais il [semblait] n’en avoir cure. »

Retraçant l’histoire de cette surveillance électronique planétaire, Bamford convainc que sa mise en place n’avait pas pour vocation première de protéger les Etats-Unis contre des menaces extérieures, mais, le plus souvent, de réunir des informations servant à promouvoir la guerre en tant qu’instrument politique et à saper les « droits fondamentaux » des autres pays.

Dans l’immédiat après-guerre, au siège de l’ONU – truffé d’écoutes -, on débattait de la partition de la Palestine – une mesure qui a transformé la région en l’un des principaux foyers d’instabilité et de violence politique du monde. Les Etats-Unis exercèrent une pression extrême pour que soit votée la partition, et pesèrent notamment de tout leur poids sur trois petits pays – le Libéria, Haïti et les Philippines – qu’ls forcèrent à changer de position à la veille de la décision finale. James Forrestal, alors secrétaire américain à la défense, écrit à l’époque, dans son journal personnel, que « les moyens de coercition exercés sur ces pays confinaient au scandale ».

Pendant la seconde guerre mondiale, les agents américains et britanniques avaient engagé une course de vitesse avec leurs homologues soviétiques pour déchiffrer les codes de l’armée allemande. Les Etats-Unis devancèrent largement l’URSS, mais l’avantage fut de courte durée. Dans le courant des années 1950, des avions espions survolèrent l’Union soviétique, à l’instar de ceux qui survolèrent, en avril 2001, l’île de Hainan, en Chine ; dès la fin des années 1980, la NSA avait encerclé l’URSS de stations d’écoute, d’avions, de navires et de sous-marins.

Après l’échec de l’invasion anticastriste de la baie des Cochons, en avril 1961, les chefs de l’état-major américain concoctèrent un projet étrange. Leur stratégie, mise à jour par Bamford, consistait à lancer une « campagne de terreur » à l’encontre des citoyens américains et à l’imputer à Cuba afin de justifier une invasion généralisée de l’île. Un rapport secret avançait que « la publication de la liste des victimes dans les journaux américains provoquerait dans le pays une vague d’indignation instrumentalisable ». Baptisé « Northwood Operation », ce plan prévoyait des détournements d’avions et des attentats à la bombe à Miami et à Washington. Les documents préparatoires précisaient qu’il fallait « donner au monde l’image d’un gouvernement cubain représentant (…) une menace grave et imprévisible pour la paix dans l’hémisphère occidental ».

L’administration Kennedy n’approuva pas l’opération Northwood, mais, deux ans plus tard, un « incident » similaire dans le golfe du Tonkin déclenchait la guerre du Vietnam. Des agents de renseignement britanniques, australiens et néo-zélandais se rallièrent à une vaste opération des services secrets américains au Vietnam, les aidant notamment à localiser des cibles afin que soient remplis les quotas quotidiens des missions de bombardement des B-52.

L’histoire de l’agence fait apparaître une grande variabilité dans l’attitude des Etats-Unis. Un exemple éloquent en est l’attaque par Israël du navire espion Liberty de la NSA lors de la guerre de six jours. Le 8 juin 1967, après avoir surveillé étroitement, six heures durant, le Liberty qui patrouillait au large, l’armée israélienne lança des attaques par voie aérienne et par torpilleur jusqu’à ce que la plupart des membres de l’équipage soient morts (34 hommes) ou blessés (171) et que le navire soit quasiment détruit. Les canots de sauvetage furent coulés sitôt mis à la mer. Israël prétendit après coup qu’il s’agissait d’une erreur. Alors que la NSA disposait des preuves du contraire, le gouvernement américain accepta cette explication et n’ouvrit jamais d’enquête.

De façon convaincante, Bamford démontre que les militaires israéliens savaient pertinemment qu’ils attaquaient un navire espion américain. Il suggère que le but de l’attaque était d’empêcher la collecte d’informations sur les atrocités militaires commises à vingt kilomètres de là seulement, dans la ville égyptienne d’El-Arish, où des soldats israéliens étaient entrain de fusiller des centaines de civils et de prisonniers ligotés. Le Pentagone décréta un  black-out médiatique, et les membres de l’équipage furent menacés de prison s’ils parlaient de l’attaque. Le président américain Lyndon Johnson aurait déclaré que « peu [lui] importait que le navire coule, il ne mettrait pas ses alliés dans l’embarras ».

N.

(1) En 2013, ce budget maintenu secret, est estimé à 8 milliards de dollars par le magazine Foreign Policy (6 juin) et à 10,8 milliards de dollars par le Washington Post (30 août).

dimanche 23 février 2014

L'ennui, ce doux ami.

Très tôt dans l’existence du petit homme, il lui sera appris à réagir et à obéir aux différentes alertes sonores propres aux lieux qu’il fréquente(ra). Lorsque retentit la sonnerie de l’école, les petits écoliers doivent se réunir à un endroit déterminé à l’avance, se mettre en colonne par deux et prendre la main du voisin ou de la voisine. Le jeu consistant, pour quelques temps encore, à être le premier sur la bonne case jaune avant la sonnerie.
C’est le début de l’accaparement de l’esprit libre de ces petites créatures humaines par l’entité étatique qui impose ses dogmes, qui conditionne les modalités qui permettront, plus tard, de jouir d’une certaine liberté.
Je ne dis pas que la ‘’curiosité’’ qui amène la ‘’découverte’’ est une chose mauvaise ; je ne pense pas que tout l’apprentissage qui se fait en milieu scolaire soit une mauvaise chose, sauf que l’école ne crée pas de Mac Gyver. Elle formate des individus qui seront dans l’attente d’un stimulus extérieur qui leur permettra d’étaler ce qui a été bourré dans leur cerveau. L’énergie cérébrale et spirituelle se retrouve focalisée sur l’attente et la recherche du signal salvateur. Idem pour les quelques uns qui seront capables de se sortir de n’importe quelle situation à l’aide d’un élastique et d’une épingle à nourrice. A la différence que, pour les ‘’Mc Gyver’’, ils auront en quelque sorte gardé cet esprit créatif enfantin qui animait leurs jeux dans les préaux, avec de précieuses connaissances en plus.

Nous utilisons, paraît-il, entre 15 et 20 % des capacités de notre cerveau. A quoi sert le solde inutilisé ? Nous n’en savons rien, je n’en sais rien. Mais avec cette petite vingtaine de pourcent, nous faisons des choses prodigieuses : Nous nous situons dans l’espace et nous y situons tous les objets qui nous entourent et qui font notre quotidien ; Nous pouvons, marcher, courir, sauter, faire le poirier, être sur un pied les yeux fermés, etc, etc sans perdre notre équilibre ; nous pouvons intercepter des objets en plein vol et atteindre des cibles en mouvements avec des projectiles lancés par nos mains ; nous pouvons calculer, écrire, parler, peindre et surtout créer. Nous pouvons apprendre, mémoriser et enseigner. Les seules limites que connaît l’énergie cérébrale sont celles du corps, sont celles que les sciences ont découvertes avant de nous les imposer.
Il y a les limites physiques de notre corps, résistance, endurance, vitesse, apnée et les barrières externes à notre corps.
Sur ces routes qui guident notre existence nous nous enrichissons d’expériences aussi diverses que variées qui abreuvent notre cerveau en émotions et en sentiments. Peur, joie, tristesse, amour, déception, courage sont autant de petites drogues douces qui addictent notre corps, les émotions ‘’négatives’’ encourageant la recherche des ‘’positives’’. Le contraire aussi, malheureusement.
Mais que vient faire l’ennui dans tout ça ?

Déjà, quand l’ennui survient-il? Je pense qu’il apparaît quand notre cerveau, notre esprit, n’a plus de réponses à chercher, d’énigmes à résoudre, de dangers ou d’épreuves à surmonter et n’a plus rien à découvrir. L’ennui peut survenir quand le monde qui nous entoure nous semble d’une déprimante banalité et n’éveille plus en nous cette saine curiosité. Et pourtant, c’est quand un esprit s’ennuie qu’il y a le plus à découvrir ; c’est quand un cerveau n’a plus rien à dire que l’esprit s’exprime le mieux.
Nous passons la majeure partie de notre existence à chercher, notre cerveau devient une sorte de radar à curiosité qui sélectionne des informations en fonctions de critères spécifiques préalablement implantés.
L’ennui demande à notre cerveau d’élargir le champ de ces critères à mesure qu’il ne trouve rien pour se satisfaire. Puis, faute d’activité, Descartes s’endort. Faut juste pas trop le réveiller.

L’ennui, c’est la porte grande ouverte sur votre cerveau pour de nouvelles sensations ; l’ennui, si vous lui souhaitez la bienvenue, c’est à la fois une possibilité d’étendre les barrières externes et d’aller explorer la profondeur  de ce centre que vous représentez dans votre propre existence ; l’ennui vous permet d’enfin entendre qu’il y a des moineaux qui se cachent dans l’arbre sous votre fenêtre, de percevoir les pulsions de votre cœur ou de savoir, dès la naissance de son intention, que la personne qui est assise à côté de vous va se lever.
Et ce n’est qu’un début. Le reste c’est à vous de le découvrir, avec vos mots, votre impression, votre ressenti et avec modération...

Nemo.

vendredi 21 février 2014

L'Homme numérisé.

Nous sommes soumis à une surveillance constante. Nous le savons et nous les laissons faire sous prétexte que nous n’avons rien à cacher.
Mais tous ces systèmes informatiques qui décryptent nos pensées, ‘’lisent’’ nos courriers ou décodent et classifient nos achats compulsifs n’est que le début, l’adolescence du monstre informatique qui contrôlera nos vies.
Des programmes, aux algorithmes plus sophistiqués les uns que les autres, ne regardent plus nos existences au travers d’un objectif froid de caméra de surveillance ou déduisent une tendance féministe parce que vous tapez Olympe de Gouges dans un moteur de recherche; ces nouveaux programmes vont nous analyser, nous, en tant que vivant, en tant que paquet de données biométriques numérisables.

Les fournisseurs et producteurs d’antan se servaient de la cartothèque de leurs représentants et de leurs infos persos sur les revendeurs, les petits détaillants, collectées lors des passages de ces commerciaux itinérants chez leurs clients. Le distributeur principal n’accédait pas, ne savait pas grand-chose sur le consommateur final.
Aujourd’hui représentants et revendeurs sont d’archaïques intermédiaires entre les gros distributeurs et les consommateurs ; le représentant ne séduit plus le détaillant pour qu’il accepte la pose de présentoirs promotionnels qui devront allécher les consommateurs, c’est Fb, Google & Co qui s’en chargent ; des entités virtuelles qui s’occupent de gérer vos données persos, de les revendre et de tirer le meilleur bénéfice possible de cette mine d’or que nous leur servons gratuitement.

L’argent physique est voué à disparaître, le notre en tous cas. Les appareils de paiement sans contact ont le vent en poupe ; la possibilité de payer avec les smartphones aussi.
Avant, la Poste ou la banque n’étaient que des intermédiaires entre Nous et notre gérance, Nous et notre opérateur téléphonique, Nous et notre assureur etc. Avec le crédit perso, la banque s’est immiscée dans notre relation avec le commerçant ; avec les cartes bancaires, un intermédiaire de plus entre dans la danse (un intermédiaire souvent étroitement lié aux banquiers).
Avec la possibilité de payer à l’aide de ces appareils électroniques qui déforment nos poches, ce sont les opérateurs en téléphonie qui deviennent aussi nos intermédiaires ‘’banquiers’’.
L’étape suivante dans la prise de contrôle de nos envies sera le portefeuille Google (Google Wallet). Une application qui « poussera le marketing personnalisé à un niveau jamais atteint. Vous la téléchargez sur vorte téléphone et y inscrivez vos informations personnelles et vos numéros de carte de crédit ou de compte bancaire. Lors d’un achat, le marchand n’aura qu’à capter le signal de votre téléphone et, une fois votre approbation donnée, la transaction sera conclue. Le commerçant n’a même pas accès à vos données financières : seul Google les détient. C’est lui qui débitera votre compte afin de payer le marchand. (1) »
Un intermédiaire, une entité (Google) qui s’est chargé de vous montrer la pub de l’objet que vous avez acheté.
Mais on peut encore aller plus lion dans le suivi électronique de nos achats et les déplacements qui leurs sont liés ; on peut aller plus loin dans l’analyse de nos conversations et de nos comportements.

Quand nous nous faisons prendre en défaut dans un événement banal, ou que nous passons en jugement devant un tribunal pour quelque chose d’un peu plus grave, nous essayons toujours de nous justifier en nous trouvant tout pleins d’excuses qui ne sont valables que pour nous. Nous faisons le rétrospectif des événements qui ont précédé l’accident.
Le rêve de nos dirigeants serait de pouvoir prévoir le moindre accident, le moindre événement, le moindre déplacement des populations.
Nous ne savons pas ‘’pourquoi’’ des M….. nous tombent dessus et nous sommes incapables, en tant qu’humain, de faire la moindre remise en question, la moindre autocritique.
L’informatique est également incapable de prévoir les M…., mais elle peut, grâce à son interminable collecte de données de masse sur les humains, repérer les événements, les altérations qui conduisent vers un accident ou bêtement entraînent une maladie.
En installant une série de capteurs sur ses véhicules, UPS est parvenue à anticiper les pannes de ses camions ; « Au Canada, des chercheurs ont trouvé le moyen de localiser les infections chez les bébés prématurés avant que les symptômes visibles n’apparaissent »(2). La logique ne cherche plus à savoir ‘’pourquoi’’ c’est arrivé, mais se focalise en amont sur la corrélation d’informations qui créeront le fameux ‘’pourquoi’’ si l’humain n’intervient pas.
On est en pleine anticipation du vivant. « En 2007, le département de la sécurité intérieure – créé en 2003 par M. Georges W. Bush – a lancé un projet de recherche destiné à identifier les ‘’terroristes potentiels’’, innocents aujourd’hui mais à coup sûr coupables demain. Baptisé ‘’technologie de dépistage des attributs futurs’’ (Future Attribute Screening Technology, FAST), le programme consiste à analyser tous les éléments relatifs au comportement du sujet, à son langage corporel, à ses particularités physiologiques… »(2).
En 2009 les analystes de Google, dans un article publié dans Nature, ont affirmé qu’il était possible de repérer des foyers de grippe saisonnière à partir des archives du géant de l’internet.
L’Humain n’est plus seulement identifié grâce aux données personnelles et biométriques qu’il consent à donner, il est également identifiable par le biais de ses comportements personnels quotidiens, sa gestuelle.
Bien que tous ces systèmes soient plus que performants, technologiquement à la pointe de ce qui se conçoit, ils sont loin d’être infaillibles. Les 120'000 noms de banals citoyens américains étiquetés ‘’à haut quotient de terrorisme’’ et transmis au FBI par les analystes des fichiers Matrix n’ont rien donné de probant ; l’étude comparée de 24'000 photos de criminels avec les visages des cent mille spectateurs d’un championnat de football américain n’a conduit qu’à la mise en examen de pauvres hères ; les près de 500'000 caméras disséminées dans les rues de Londres après les attentats de 2001 n’ont pas empêché les terroristes de déclencher leurs bombes le 7 juillet 2005. Et les cas de caméras thermiques affolées par la présence de femmes enceintes ne sont pas rares dans les aéroports.
La faille dans l'analyse comportementale des individus pourrait se résumer par le fait que, si ce même système est capable d’isoler un individu douteux se préparant à commettre un acte illégal : Voler le sac d’une grand-mère, braquer le kiosque du coin, se bagarrer pour une simple histoire de cul, toute cette technologie analytique du comportement se révèle incapable de localiser un terroriste qui s’apprête à commettre un acte accepté, reconnu et encensé par ses pairs. Comment détecter le stress dans le comportement d’un terroriste qui s’apprête à commettre une action en parfaite adéquation avec une vision perso de sa religion ?

Pour notre sécurité nous sommes filmés (parfois à l’aide de caméras thermiques), scannés, radiographiés et que sais-je encore. Tout cet appareillage de surveillance est visible, connu. On peut aussi parler des satellites qui gravitent autour de notre biosphère, mais restons sur terre, assis sur notre fauteuil. Sauf que même assis il est possible de déterminer votre identité.
Koshimizu Shigeomi-san est professeur à l’institut avancé de technologie industrielle de Tokyo. Sa spécialité consiste à étudier la manière dont ses contemporains se tiennent assis.
Identifier un individu par la manière qu’il a de poser son cul sur une chaise paraît complètement loufoque à première vue. Mais ça marche à 98 % !
On tous vu les exploits de Ethan Hunt qui s’est introduit dans des endroits hypersécurisés où la moindre goutte de sueur, tombant sur le sol, déclencherait toutes les alarmes de la galaxie hollywoodienne. En 2012, IBM a obtenu un brevet pour la « sécurisation de bureau par une technologie informatique de surface » (2). Ce qui veut dire que les sols étaient truffés de récepteurs réagissant comme un écran de smartphone au contact de nos doigts. Si le truc permet de détecter toutes intrusions, d’allumer la lumière dès que quelqu’un pénètre dans une pièce ou de mettre en marche la cafetière, le système peut aussi permettre de reconnaître les ‘’passants’’ rien qu’à leur démarche.
De la science-fiction réservée aux multinationales pétées de thunes qui ont des choses à dissimuler?
Technologie réservée aux gouvernements?
A quoi peut bien servir un détecteur capable de déceler les battements de votre cœur sur une console de jeu?

Bientôt nous n'aurons plus d'espaces où pousser une gueulante, où nous pourrons exprimer sainement notre mécontentement. Il n'y aura plus d'endroits où nous pourrons poser nos fesses loin d'un objectif scrutateur pour lire Destruction massive dans sa version papier.
Bientôt nous n'aurons plus le plaisir de l'imprévisibilité; il n'y aura plus de hasard et nous n'aurons plus cet espace pour dire Merde à la logique, au socialement acceptable, au politiquement correcte.
Quand cet espace aura disparu, les Hommes (et les femmes) seront devenus des Moutons numérisés.

Nemo.

(1) Pêcher le client dans une baignoire, article d’Ariane Krol et Jacques Nantel, Manière de voir N° 133
(2) Données de masse, tyrannie numérique, article de Kenneth Cukier et Viktor Mayer-Schönberger, Manière de voir N° 133

lundi 17 février 2014

Dure, la Suisse...

Voilà c’est fait. La Suisse serait devenue un pays à tendance xénophobe. Merci Christophe, Oskar, Toni & Co, et merci à toutes celles et tous ceux qui les ont suivi.
On a beau essayer de modérer les propos en soulignant que la Suisse est l’un des pays qui, proportionnellement, accueille le plus  d’étranger dans l’Europe géographique, il n’en demeure pas moins que cela faisait des décennies que des projets de loi demandant la régulation du flux migratoire étaient soumises à la décision populaire. Le 9 février dernier, ça a passé. Well done, You d’ici.
D’autant plus que même si l’UDC est la formation politique la plus importante de Suisse, son initiative n’aurait pas dû passer la barre, au vu de l’opposition générale. Ou alors tous les UDC sont sortis voter, tandis que les autres sont restés pèpères à la maison.
Bref dans trois ans Berne pourra en gros décider de qui vient en Suisse, ou pas. Dans trois ans une série d’employés de bureau, payés à tamponner des demandes de visa, pourront décider, selon des critères spécifiques, qui pourra se faire des ‘’amis’’ en Helvétie.
Mais en attendant, y fait pas bon être Suisse par les temps qui courent.
Du coup tous les supports médiatiques y vont de leur scénarios catastrophes pour notre économie et nos chers élus, ceux qui sont sensés diriger le bateau mais qui n’ont pas vu la tempête arriver, vont devoir trouver de nouvelles positions pour lécher les culs bruxelliens et sauver, ce qui peut encore l’être, dans de nouveaux accords bilatéraux.
Et satisfaire ainsi la belle et solidaire Union Européenne qui a quand même mis des barbelés autour de ‘’son’’ territoire, oppose l’armée aux migrations de masses et accorde des faveurs économiques aux Etats limitrophes en échange d’un contrôle interne stricte des populations indigènes.

Donc l’initiative qui, mathématiquement n’aurait pas pu passer, est acceptée et les médias nous effraient.
J’ai dû rester trop longtemps devant la télévision durant ma tendre jeunesse, ce qui fait que j’ai tendance à voir des manip’ un peu partout…
Le vrai pouvoir économique, qui nous gouverne dans la pénombre, a dû anticiper le coup parce que le vrai danger pour le monde économico-financier, qui gère nos existences, n’est pas tant dans le contingentement de l’immigration (Berne pourrait envisager de diminuer le nombre de permis ‘’ familles en détresse extra-européennes demandeuse d’asile’’ pour tenter de garder les quotas de migrants européens intacts), mais dans une prochaine initiative, soumise à décision populaire, qui réclame un salaire minimum de 4'000 francs pour tous les employés.
Vous imaginez la tronche des CEO et des actionnaires si ces grosses entreprises, ces grosses multinationales qui exploitent sans vergogne les crève-la-faim de l’UE et au delà, devaient payer un salaire de 4'000 francs suisse par tête !? Inenvisageable, vous vous en doutez bien.
Alors maintenant que la Suisse est en porte-à-faux avec ses voisins européens, le milieu patronal n’a plus vraiment besoin d’investir dans une campagne pub pour préserver notre économie. Les médias s’en chargent et offre d’eux-mêmes des espaces dans leurs publications pour que des experts en sodomie syndicale viennent exposer leur vision du monde économique suisse de demain matin.
C’est l’édito d’un journaliste du 24 Heures, le lundi suivant, qui a éveillé ma "curiosité". Il prétendait que l’acceptation de l’initiative de l’UDC allait renvoyer la Suisse 30 ans en arrière. Or, en fouinant dans les archives du Seco (le secrétariat à l’économie national) de 1984, on peut y lire que la croissance de l’économie mondiale avait connu une forte accélération et que la Suisse suivait assez bien le mouvement.
On y découvre également que, comme aujourd’hui, la croissance du PIB national était portée par la demande (consommation) domestique, qu’il y avait 1,1% de chômeurs en Suisse (un chiffre qui baissera de moitié les années suivantes) et que le marché du travail helvétique était en mutation.
L’indice de productivité augmentait de ¾ de point, celui de la production industrielle croissait de +4,5 % et « la tendance conjoncturelle pour 1985 [restait] fondamentalement positive. »
1984 ? Pour moi ça me va.
C’est après que cela se gâte un peu, vers 1990 quand la mutation s’accèlère. Le monde du travail s’est pris l’internet dans la gueule et les délocalisations se sont multipliées. Le taux de chômage est passé de 0,6 à 6 % pour redescendre vers les deux, trois pourcent en quoi ? 4 ou 5 ans.
Alors, s’en faire ou pas? Ca dépend pour qui…

Je pense que ceux qui vont aller demander l’absolution à la grande UE ont déjà dans leur mallette les noms des derniers fraudeurs du fisc européen, les clés de toutes nos institutions fédérales, le plan de démantèlement des acquis sociaux helvétiques et les codes de lancement de notre missile nucléaire.
Je l’ai déjà écrit : si le néolibéralisme est incapable de prévoir une crise, il sait parfaitement bien en gérer les effets. Du coup, il n’y a pas trop de soucis à se faire pour les supers sociétés Suisses, auxquelles l’UDC vient de fournir une parfaite excuse pour licencier plus de personnel et, pourquoi pas, délocaliser à tour de bras.
Pour les autres, je pense à celles et ceux qui connaissent des fins de mois difficiles, ils ont du souci à se faire parce que le marché du travail va encore muter. Vers quoi ? No se. Mais peut-être que la suppression des caissières, remplacée par des scanners portables ; peut-être que la surexploitation de nos smartphones ajoutée à la nouvelle ère de la robotique qui s’annonce et un alignement sur les salaires européens peuvent être des indicateurs de tendances. Des tendances qui vont vers une diminution drastique des coûts du travail.
Le pire serait une intégration forcée à l’UE, vendue pour la survie de notre économie (mdr).

Je cogne beaucoup sur l’UDC pour leur fécale initiative. Mais d’un autre côté, on peut aussi s’en prendre à toute la classe politique qui s’est opposée à cette initiative en argumentant, entre autre, que l’économie suisse avait besoin de main d’œuvre qualifiée. Argument pouvant très bien être repris en faveur de l’initiative. En Suisse on manque de tout : manque de personnel dans l’hôtellerie ; manque de personnel dans le domaine de la santé ; manque de balayeurs, de mecs à mettre derrière le camion poubelle, manque de caissières Migros, Coop & Co, manque de CEO qualifié, etc. L’assistante de la dentiste, qui m’a demandé de me taire quand je voulais encourager mon ti Nono pour son premier plombage, venait du pays de Garou.
Quand le socialiste parle de renforcer la sécurité dans les agglomérations, quand ce même personnage s’exprime en tant que « Président du parti s’cialiste suisse » pour limiter, momentanément, le nombre d’arrivants pour préserver les places de travails suisses, il nous fait du socialisme national et le lit de l’UDC. Si ça se trouve c’est peut-être parce qu’ils aiment nous la mettre bien profonde que les socialos défendent ardemment le lobby gay.

« Plus vous triez, plus vous y gagnez » était-ce écrit à flan de camion poubelle lausannois.
L’ouvrier est traité comme un vulgaire objet que l’on utilise à volonté. Demain l’être humain qui devra bosser pour nourrir sa famille sera traité comme une sous-merde.

La gare de triage se rapproche dangereusement et, grâce au chèque que l’on vient de signer pour les CFF, Ils vont nous en construire une belle.

Nemo (pas content!)

mercredi 12 février 2014

Quand la mer de Galilée disparaîtra

Le vieil homme contemple l’étendue d’eau qui s’étend devant lui ; cette eau providentielle venue du Ciel qui irrigue les cultures et les champs, qui abreuve le bétail et étanche la soif de l’Humanité.
En silence il remercie son Créateur de ce précieux cadeau dont il faut prendre soin et de ne point user en surabondance. Les Hommes l’ont vite compris au fil des sécheresses qui ont jalonné l’existence de leurs ancêtres.
Le vieil homme lève ses yeux et parcourt les rives invisibles de cette mer intérieure, devinant sans les voir ses semblables des autres tribus qui viennent puiser de cette eau. En ce moment même. Il arrête son regard quelques instant vers le Nord-Est, vers ce fleuve qui nourrit ce bassin, s’imaginant également tous les peuples vivant de cette manne céleste.
Un léger soupir, une expiration plus intense que les autres, siffle de ses narines…
Toutes ces peuplades qui aujourd’hui se querellent autour de la mer de Galilée pour un peu d’eau, s’entretueront demain pour  posséder la dernière goutte de celle que d’autres nomment Kinneret.
Le vieil homme le sait.
Parce qu’il le sait, il se doit de transmettre aux générations qui viendront après lui l’avertissement que lui ont appris le Livre et ses ancêtres, il doit les avertir de la menace qui sera liée à la disparition de cette étendue d’eau.
Ecouteront-ils ? Y feront-ils attention ? Y croiront-ils ? Cela le vieil homme l'ignore.

Les années passent, les décennies défilent et les siècles se succèdent telles des perles sur le collier millénaires du temps.
Les religions se confrontent, les dogmes vacillent à mesure que de nouveaux paradigmes s’imposent ; la morale s’émancipe et l’éthique rétrécit au format de l’étiquette. Les familles se divisent ; les frères s’entretuent pour une histoire de succession. L’Homme finit par oublier son origine en redéfinissant sa généalogie. Les Prophéties deviennent des légendes qui se muent en affabulation et meurent dans un délire.

Puis vient le temps d'envisager nouvel ordre mondial.
En 1897 Théodore Helz fait part d'une vision à ses pairs lors du premier congrès du Peuple errant et, en 1922, la SDN décide de créer un Etat juif sur toute la partie ouest du Jourdain. Dès lors se met en route une hideuse machination qui prendra fin 23 ans plus tard.
Ruinés, humiliés, bafoués, blessés, torturés, puis assassinés, les apôtres du futur maître de la Terre ont trouvé refuge sous les étoiles de la liberté. Une bannière qui les protègera tout en assurant la ‘’prospérité’’ de l’Etat d’Israël, qui proclamera son indépendance en 1948. Un demi-siècle après le premier congrès sioniste.
De nouveau conflits naissent pour le partage d’une Terre qui a été offerte à l’Humanité ; des bombes, les mêmes qui défendent la colonisation de territoire jouxtant le nouvel Etat, dissuadent ceux qui tentaient de prélever trop d’eau dans le Jourdain qui remplit ce lac, aujourd’hui nommé Tibériade, dans lequel le nouveau gouvernement puise sans trop de modération.
De son lointain rivage du passé, le vieil observe le lent retrait des eaux qui a débuté dans les années 1960 et prie pour ses descendants. Sa foi ne l’empêchera pas de retenir une larme sur le sort qui attend les enfants du futur.

Le nouvel ordre mondial se prépare et quelques élus parmi les élites ont pu connaître la vérité sur la nouvelle gouvernance mondiale qui s’annonce, la vérité sur l’émergence de celui qui aura pu briser ses chaînes, la vérité sur la nature du futur maître de la planète. Ou une partie de cette vérité : la plus glorieuse.
Pendant les 40 ans qui suivirent la fin du second conflit mondial, les dirigeants successifs des deux blocs antagonistes se sont distraits de nos peurs d’un holocauste nucléaire, d’un nouveau conflit majeur qui aurait eu la potentialité de faire disparaître la quasi-totalité du vivant de la surface de notre globe.
Le risque demeure toujours d’ailleurs, alimenté par quelques velléités bien orchestrées.
Il fallait surtout garder les populations dans la crainte, empêcher les esprits de trop s’émanciper, de trop rechercher une dérangeante Vérité ; il était nécessaire d’organiser leur cantonnement et leur rationnement.
Le Tsar Rouge est tombé, vaincu de l’intérieur par les tentations des richesses de son ennemi : Les USA.
Cette Amérique de libertés, qui a voué allégeance au Veau d’Or, a pu imposer son culte et offrir un paradis de luxure aux élites qui ont choisi de la suivre. Mais le vrai pouvoir des USA est aux mains d’entités financières dirigées par des hommes venant de plus loin que le Vieux Continent.

A l’aube du nouveau millénaire, les craintes de l’apocalypse refont surface, certains croient en l’avènement de l’antéchrist, d’autres en rient, le système informatique ‘’bug’’, les données du vivant commencent à être compilées.
Demeurait encore à faire taire, à neutraliser l’adversaire qui Sait, l’adversaire qui connaît les desseins du peuple ingrat, l’ennemi qui sait pourquoi le futur Roi est tant attendu.

Le retour d’un Roi se prépare, fusse-t-il un Roi d’Ombre.
La soumission des peuples de la planète se doit d’être totale, comme son contrôle.
Entre temps, le lac de Tibériade a perdu les 4/5 de son volume, paraît-il. Le temps est donc venu d’annoncer le nouvel Ordre Mondial aux Peuples de la planète. Mais pour que les Hommes acceptent de se soumettre à une seule autorité, pour que les Hommes acceptent de perdre leur vie privée, il faut créer un événement qui restera ancré dans la mémoire de chacun ; un événement qui marquera pendant de longues années l’esprit de chaque être vivant ; un événement qui jettera l’opprobre sur les gardiens du Livre.
Le fils Président, comme son père avant lui, ne pouvant se résoudre au sacrifice de ses compatriotes, accepte que les sbires des hommes qui gouvernent dans l’ombre organisent et mènent à bien cet attentat qui finira de bouleverser la face du monde.
Le 11 septembre 2001  permettra aux gouvernements corrompus d’incriminer le Royaume,  cet ennemi de longue date.
Un déluge de feu s’abat sur Kaboul pour détruire un gouvernement de terroriste, ces mêmes Talibans que les USA ont laissé investir la capitale afghane après leur victoire contre l’empire soviétique.
Le terroriste est devenu le nouvel ennemi mondial et une nouvelle guerre ‘’froide’’ commence, un long conflit dans lequel les fidèles laquais des américains et les serfs d’Israël s’engageront. Une guerre opposant Israël au monde de l’Islam.
Une guerre qui verra les Etats à majorité Sunnite se faire renverser afin que leurs indéfectibles adversaires, depuis la mort du Prophète, accèdent au pouvoir et puissent s’allier, pour un temps, aux représentants de l’Etat Juif. Car pour un Chiite, tuer un Sunnite équivaut à tuer dix Juifs.
Une guerre qui permettra aux instigateurs, défendeur des libertés personnelles, d’accroître encore plus la surveillance des populations, d’accroître encore plus notre cantonnement et notre rationnement, d’accroître encore plus nos peurs et de faire dépendre notre liberté de la virtualité. Une guerre qui permettra de rassembler les données et de traiter les informations des vivants en un seul endroit.
Les dirigeants du monde enfin libéré peuvent se tourner vers la future nation qui dominera le monde, ils peuvent « Imaginer rêver d’une Jérusalem en capitale de la planète qui sera unifiée autour d’un gouvernement mondial.»

Les caméras qui nous espionnent à longueur de journées ne voient que d’un seul œil, comme le futur Roi d’Ombre ; comme cette représentation qui flotte au-dessus de la pyramide des Illuminatis.
Le Roi d’Ombre serait-il un Illuminati ? Qui sait, peut-être est-il l'Illuminati…
La dernière larme de Galilée s’est évaporée, le lac de Tibériade s’est asséché. Ne demeure plus qu’une intrigante construction en pierres de forme pyramidale, découverte deux ans après la destruction du WTC, une construction découverte sur le fond du lac…

L’eau c’est la vie et ici il n’y a plus d’eau. Il faut aller la chercher ailleurs. Les paroles de Fatima se perdent dans le vacarme des armes, des explosions et des cris de souffrances qu’a déclanché l’assèchement du lac de Tibériade.
L’amas de pierres n’est plus une priorité donc personne ne le verra s’effondrer; personne ne verra une créature s’en extraire. Mais tout le monde la verra sous une apparence humaine quand elle offrira aux mécréants juifs, qui ont patiemment attendu sa venue, la terre d’Israël, puis le monde.
Comme promis, il offrira à celles et à ceux qui se soumettront à lui le paradis sur Terre. Mais comme il a été écrit : « Son paradis sera un enfer. »

Le vieil homme a quitté son rivage depuis bien longtemps. Bien qu’il sache ce qui va se passer, qu’il connaisse l’issue de la dernière guerre qui s’annonce, il ne peut contenir une expression de tristesse face au sort que réserve aux Humains celui qui refusa de se prosterner devant notre unique ancêtre.
Aux incrédules, le vieil homme murmure des paroles que de toutes manières ils n’entendront pas :
« Bien que l’Illuminati ait choisi de dévoiler, à la face du monde, son opposition à notre Créateur en se  servant de la science, les signes étaient là pour vous prévenir de sa véritable nature. Car ‘’Celui qui s’oppose’’ est la définition, en hébreu, de : Satan. »

Nemo.

dimanche 9 février 2014

La Main qui nourrit.

Le contrôle auquel nos dirigeants, atteints de ‘’sécurite’’ aigue, veulent nous soumettre ne se résume pas par des écoutes téléphoniques, par l’interception de nos textos, sms, e-mail ou autres courriels ; notre surveillance ne se simplifie pas dans le décorticage méticuleux de nos préférences, de nos contacts et de nos amis, ou encore dans le décryptage de nos achats compulsifs en ligne.
L’impressionnante surenchère de technologies, les projets de conception de supercalculateurs capable d’effectuer un milliard de milliard de calculs par seconde, la multiplication gremlinesque des dispositifs de surveillances qui traquent humains, marchandises ou une simple hausse de la température océano-atmosphérique ; toute cette modernité qui permet une hyper modélisation des vivants et de leurs environnements, mis en place pour notre sécurité, ne leur permet pas de définir quel événement et/ou quel humain sera le déclencheur d’une manifestation, d’un soulèvement populaire, d’une révolte.
Comme il est impossible d’anticiper un incendie, un tremblement de terre, un tsunami ou une famine.
Si de minutieuses analyses d’événements passés peuvent permettre de lancer des alertes de vigilances multicolores, l’intensité de l’événement lui-même demeure mystère et réserve souvent de désagréables surprises.

Si le contrôle de l’origine de la ‘’crise’’ (humaine ou environnementale) échappe à nos décideurs, ils savent, par contre, très bien gérer la ‘’réponse’’ à l’événement. Temps de réaction, délai d’intervention, mise en place d’abris de fortune, rétablissement des voies et systèmes de communications et, l’essentiel, distribution ou rationnement de la nourriture.
A petite échelle, ce contrôle des masses, n’est pas flagrant. La solidarité entre ‘’voisins’’ amène une aide efficace de premiers secours qui supplée au rôle des intervenants de l’Etat (pompiers, ambulance, sécurité civile…).
A grande échelle, à un niveau international, on peut s’apercevoir du contrôle des masses dans la gestion de l’après crise. Redistribution de l’argent collecté par les intermédiaires humanitaires officiels ; apparition de risques sanitaires entraînant une vaccination des populations et leur cantonnement; quelles infrastructures seront remises en état, quels services financiers sont recapitalisés, quelles entreprises seront soutenues, quels secteurs de l’économie redémarrera avant les autres, quelles populations recevront des vivres, quel pays fera la ‘’Une’’ du 20 heures.
Les gouvernements des civilisations modernes civilisées affament le reste du monde et choisissent quel Peuple aura l’honneur de recevoir l’aide internationale.
La souffrance des populations birmanes ne sera pas au programme officiel de la Croix-Rouge tant que le monde ultralibéralisé n’aura pas implanté des usines de productions dans le pays en payant la main d’oeuvre locale en crotte de chauve-souris.

Notre monde moderne de libre-échange, de libéralisme, a été décidé au milieu du second conflit mondial. La gestion de l’après crise. L’US Army a été accueillie en libératrice, les GI’s se sont comportés en vainqueur, les PUS (President of the United States) qui suivirent ne firent que renforcer l’emprise de l’empire Américain sur le sol européen, et dans le monde ‘’libre’’.
Les accords de libre-échanges régularisant le commerce entre les états a eu comme effet de brider les productions nationales, indigènes ou locales ; les quotas, la centralisation de la grande distribution puis la mondialisation ont servi sur un plateau la gestion de notre alimentation à de grandes sociétés qui n’ont d’agroalimentaire que leur auto-définition.
Avant l’invasion du libéralisme et son essor, chaque hameau avait sa laiterie, sa boulangerie et son épicerie, qui garantissait une certaine indépendance alimentaire. Aujourd’hui l’approvisionnement des rares épiceries ayant survécu au raz de marée de la mondialisation est trop souvent garanti par le cartel des grands distributeurs qui sont de mèche avec des sociétés financières de gangsters cravattés, des multinationales qui chuchotent aux oreilles des dirigeants des organismes supranationaux qui ont inscrit dans leur charte leur attachement aux droits humains.
L’OMC et Bruxelles imposent des règles, des normes, des quotas qui pourrissent la vie des humbles producteurs qui n’ont jamais empoisonné qui que ce soit.
Les quotas limitent les productions tandis que la grande distribution centralisée gère ce que nous mangeons.
Combien y a-t-il de marques différentes de laits, de yaourts, de biscuits, de céréales, de viandes, de chips, de plats préparés, de producteurs de beefsteack déposés sur les rayonnages, sur les gondoles des supermarchés ? La diversité dans les sodas est autant déprimante que celle des desserts proposés dans les congélos.
L’agriculture helvétique décline à vue d’œil. Le prix de ventes de leurs produits aux grands distributeurs baissent, les frais d’exploitations augmentent tandis que le service vétérinaire cantonal ou fédéral impose des normes de plus en plus restrictives avant de verser un quelconque subside qui, de toute façon, tiendra l’exploitant loin de la richesse.
Certains tentent de surfer sur la vague bio-locale en proposant des produits frais directement de la ferme. Mais ce n’est pas gagné d’avance. En cause : les mesures de surveillances et de contrôles instaurées par l’Etat, la Santé publique. Si la législation peine à venir à bout des indépendants à tendance altermondialistes de l’agriculture, une épizootie bien placée viendra à bout de toutes velléités… Permettant au passage de durcir les moyens de contrôles chez les autres producteurs.
Sur un autre continent, c’est l’humble pêcheur africain qui ne peut plus vendre les poissons qu’il pêche, assis dans sa coquille de noix, au marché local, parce que le même poisson, prélevé par les bateaux usines portugais, est vendu moins cher trois étals plus loin. Tout comme les bananes produites ‘’artisanalement’’, qui pourrissent le long des routes, ou le cacao des microproducteurs non standardisés FMI ou même Max Havelaar.
‘’Findus’’ sort du lac un poisson déjà conditionné et congelé, montrait une ancienne pub télé.
La société financière Nestlé, le plus grand racketteurs de denrées alimentaires mondial, le voleur d’eau, le corrupteur, veut se lancer dans l’agriculture et vient d’ouvrir au tout public ses CAN (Centre d’achats Nestlé) jusque là réservés aux serfs et aux laquais de la multinationale.

Vers la fin du XIXe siècle un M’sieur Townsend émit l’idée que n’importe quelle créature sauvage, ou non, pouvait être domptée, apprivoisée, par l’alimentation.
Le contrôle de la population par son alimentation. Cela paraît aberrant ?
Combien d’entre vous connaissent cette expression : « On ne mord pas la main qui nous nourrit » ? Vous pouvez aussi essayer de jeter vos cartes fidélités de supermarchés, de les découper et d’en faire des confettis… Ou encore : Faisons une demande à l’ONU pour qu’elle retire l’embargo de ses pratiques courantes.
Avoir 24 francs en poche pour la semaine n’est pas plus gênant que cela, à condition que le frigo soit plein, qu’il y ait suffisamment de nourriture pour nourrir la famille pendant les jours qui viennent. Fermer un supermarché pendant trois jours, et c’est l’affolement général. Même si votre crapaud bave les billets.

Le 11 septembre 2011 aura été un véritable bonheur pour ceux qui rêvent d’une gouvernance mondiale.
Nous connaissons tous la multiplication des systèmes de surveillances mis en place pour « votre sécurité ».
Si les services de renseignements US disposent de plus d’informations sur les passagers des vols Air France, KLM, Swiss, etc… que les avionneurs eux-mêmes, les douanes américaines, dont les officiers sont présents dans tous les grands ports européens, savent exactement tout de ce qui s’embarque sur un bateau de croisière ou un cargo en partance pour les States ou n’y faisant qu’une simple escale.
Les bases américaines éparpillées à travers le monde ‘’sécurisent’’ divers sites de productions (et pas uniquement des sites de forages pétroliers), tandis que les ‘’flottes’’ numérisées gardent un œil ouvert sur la valse des navires sillonnant les multiples voies navigables de nos océans, traversant des détroits placés sous haute surveillance, traversant le Canal ; des navires oeuvrant pour la grande distribution intercontinentale.
Notre approvisionnement, notre confort, notre sécurité dépendent en grande partie de la bonne volonté des deux-tiers des membres permanents du conseil de sécurité des Nations Unies ; de notre croyance dans le fait qu’ils nous protègent efficacement contre les menaces terroristes.
Notre ‘’liberté’’ de consommer, qui a tué notre indépendance alimentaire, n’est garantie que par le fait que nous laissions quelques sombres marionnettistes manipuler nos gouvernements, et nous-mêmes par la même occasion.

Je me souviendrai toujours de cette réplique d’un Nescafard vautré dans mon véhicule :
« (…) Nous vous nourrissons.»

« On ne mord pas la main qui nous nourrit » disais-je plus haut. Peut-être faudrait-il la couper.

Nemo

lundi 3 février 2014

C'est quoi la nourriture?

Alors qu’il n’y a plus besoin de se rendre sur le continent Africain pour trouver des humains, des parents, des personnes qui éprouvent les plus grandes difficultés à se payer ne serait-ce qu’un seul repas convenable par jour, par semaine voire par mois, nous continuons de jeter trop de nourritures consommables. Parfois encore hermétiquement emballée.
Etaler les chiffres, les pourcentages ou même les tonnages détruits ne servirait à rien. Une statistique n’a jamais nourri son homme. Encore moins un enfants.
Pourtant nous continuons à bourrer nos frigos d’aliments achetés en masse pour profiter des rabais, des offres multipacks ou des biscuits vendus en trois pour deux. Comme bien souvent ces promos alléchantes dissimulent une date de péremption pour le surlendemain du jour d’après, nous allégeons de notre plein gré la section ‘’pertes et profits’’ des grands distributeurs de l’alimentaire.
Et, une fois que l’on ne voit plus le fond du frigo, nous déjeunons ‘’sur le pouce’’ dans la première boulangerie, croissanterie, sandwicherie que nous croisons sur le chemin de notre travail ; une fois que les armoires sont remplies ras bords de denrées alimentaires à cuisiner, on bouffe au Mac Do ou nous nous faisons livrer des pizze.
Des gens, des peuples, des enfants ont vraiment faim et nous traitons nos aliments, notre nourriture sans aucune morale, sans aucun respect, sans gratitude.

Prendre un repas n’est plus l’occasion de se retrouver en famille, de refermer un cercle, pour partager les expériences de la journée, de la semaine ou de la vie ; préparer un repas est devenu une ‘’compétition’’, un spectacle qui n’a, comme unique but, que d’obtenir une salve de félicitation, des congratulations pour la présentation de la table, le choix des produits et leurs préparations, etc…
L’aspect ‘’alimentaire’’ de nos repas a, semble-t-il, disparu puisque nous pouvons bouffer tout et n’importe quoi à n’importe quel moment de la journée.
Mais il faut aller plus loin dans la pseudo-création : le cuistot est un chef, un Master Chef qui à son tour devient un architecte avant de se révéler physicien quantique.
Il faut aller plus loin dans l’indécence, plus loin pour susciter l’envie de consommer des produits dont nous pourrions fort bien nous passer.

Les épicuriens meurent de faim dans les dîners spectacles ; les familles se nourrissent du 19:45, du 20H ou partage leur recueillement avec Darius et The Diva touche mille dollars par jour pour s’empiffrer de tout ce qui peu s’ingurgiter, seule, face à sa webcam.
The Diva, c’est une ogresse Coréenne, adapte et star du ‘’Foodporn’’, une tendance qui a commencé par la photographie de ce qu’on allait manger, pour finir par une mise en scène parfois douteuse de la destruction méthodique d’aliments (comprenez par ‘’destruction’’ : manger sans faim, ni fin).
http://www.7sur7.be/7s7/fr/1517/You/article/detail/1761575/2013/12/20/La-nouvelle-tendance-etrange-le-food-porn.dhtml
Il y a aussi le décryptage de Julia Molkhou sur Canal + qui vaut le coup d’oreille et le clin d’œil sur les pubs érotisées des marchands de glaces, aussi.

Où ça devient d’une stupéfaction intersidérale à vous trouer le cul une seconde fois, c’est quand cette ‘’Bouche gourmande’’ de l’orgie alimentaire affirme, le plus sérieusement du monde, qu’elle mange pour celles et ceux qui ne peuvent pas se nourrir et que grâce à son geste les internautes, qui la regardent, n’ont plus faim.
Bel élan de philanthropie, de sacrifice de sa santé pour le bien être de son prochain. A 1'000 dollars par jour on peut bien prendre 10 kilos depuis le début de l’année. Mais le pire, c’est que ça prend ! Une de ses ‘’fans’’ a avoué, lors d’un reportage sur le sujet diffusé dans le 19:45 de Meuh6 fin janvier, qu’elle ressentait du bonheur à regarder son idole se goinfrer.
C’en est à se demander laquelle des deux Corée est la plus dangereuse pour l’humanité ? Ou alors, je n’ai rien compris à l’empathie.

Si ça se trouve The Diva détient la solution miracle pour sauver toutes celles et tous ceux qui souffrent de malnutrition dans le monde. Chacune de ces personnes, qui rêve d'un simple morceau de pain, pourrait recevoir généreusement un smartphone, genre Samsung, et un abonnement Orange illimité pour suivre les exploits de ‘’Larynx profond’’ via le net.
La question est de savoir si Samsung va offrir ses appareils à des miséreux ? Je crois que nous aurons réussi à nous nourrir du soleil avant que cela n’arrive.
Donc il faudrait que cette exapétasse bridée prenne ses plateaux repas et fasse son orgie en ‘’direct live’’ d’un village perdu en Ethiopie, en Somalie, en Inde, en Chine, en Amérique du Sud et je ne sais où encore. Tant qu’elle peut encore lever son cul de son fauteuil.

La suite c’est quoi ? Après avoir mangé pour vous, venez me voir déféquer pour vous ?!? Et la même fan débile de dire : « Quand je la vois, assise sur ses wc, que je la vois ‘’pousser’’ pour expulser cette merde qu’elle a en elle, j’ai l’impression de chier moi aussi. Quand elle se torche, on peut deviner à la texture les grains de maïs ou savoir que la crème était double, c’est un bonheur transcendantal, un plaisir immense… »
Non j’ déconne.
Du coup, au prochain Rom qui me demande « Si vou plè, argent pour manger », je fonce au Mac Do me prendre 14 Royal Cheese Menus et j’reviens m’installer devant lui.
« Là mon gars [ou ma garce] regarde-moi bien manger, ça te fera du bien...»

Si c’est ça prendre soin de son prochain, j’démissionne.

Nemo