dimanche 9 février 2014

La Main qui nourrit.

Le contrôle auquel nos dirigeants, atteints de ‘’sécurite’’ aigue, veulent nous soumettre ne se résume pas par des écoutes téléphoniques, par l’interception de nos textos, sms, e-mail ou autres courriels ; notre surveillance ne se simplifie pas dans le décorticage méticuleux de nos préférences, de nos contacts et de nos amis, ou encore dans le décryptage de nos achats compulsifs en ligne.
L’impressionnante surenchère de technologies, les projets de conception de supercalculateurs capable d’effectuer un milliard de milliard de calculs par seconde, la multiplication gremlinesque des dispositifs de surveillances qui traquent humains, marchandises ou une simple hausse de la température océano-atmosphérique ; toute cette modernité qui permet une hyper modélisation des vivants et de leurs environnements, mis en place pour notre sécurité, ne leur permet pas de définir quel événement et/ou quel humain sera le déclencheur d’une manifestation, d’un soulèvement populaire, d’une révolte.
Comme il est impossible d’anticiper un incendie, un tremblement de terre, un tsunami ou une famine.
Si de minutieuses analyses d’événements passés peuvent permettre de lancer des alertes de vigilances multicolores, l’intensité de l’événement lui-même demeure mystère et réserve souvent de désagréables surprises.

Si le contrôle de l’origine de la ‘’crise’’ (humaine ou environnementale) échappe à nos décideurs, ils savent, par contre, très bien gérer la ‘’réponse’’ à l’événement. Temps de réaction, délai d’intervention, mise en place d’abris de fortune, rétablissement des voies et systèmes de communications et, l’essentiel, distribution ou rationnement de la nourriture.
A petite échelle, ce contrôle des masses, n’est pas flagrant. La solidarité entre ‘’voisins’’ amène une aide efficace de premiers secours qui supplée au rôle des intervenants de l’Etat (pompiers, ambulance, sécurité civile…).
A grande échelle, à un niveau international, on peut s’apercevoir du contrôle des masses dans la gestion de l’après crise. Redistribution de l’argent collecté par les intermédiaires humanitaires officiels ; apparition de risques sanitaires entraînant une vaccination des populations et leur cantonnement; quelles infrastructures seront remises en état, quels services financiers sont recapitalisés, quelles entreprises seront soutenues, quels secteurs de l’économie redémarrera avant les autres, quelles populations recevront des vivres, quel pays fera la ‘’Une’’ du 20 heures.
Les gouvernements des civilisations modernes civilisées affament le reste du monde et choisissent quel Peuple aura l’honneur de recevoir l’aide internationale.
La souffrance des populations birmanes ne sera pas au programme officiel de la Croix-Rouge tant que le monde ultralibéralisé n’aura pas implanté des usines de productions dans le pays en payant la main d’oeuvre locale en crotte de chauve-souris.

Notre monde moderne de libre-échange, de libéralisme, a été décidé au milieu du second conflit mondial. La gestion de l’après crise. L’US Army a été accueillie en libératrice, les GI’s se sont comportés en vainqueur, les PUS (President of the United States) qui suivirent ne firent que renforcer l’emprise de l’empire Américain sur le sol européen, et dans le monde ‘’libre’’.
Les accords de libre-échanges régularisant le commerce entre les états a eu comme effet de brider les productions nationales, indigènes ou locales ; les quotas, la centralisation de la grande distribution puis la mondialisation ont servi sur un plateau la gestion de notre alimentation à de grandes sociétés qui n’ont d’agroalimentaire que leur auto-définition.
Avant l’invasion du libéralisme et son essor, chaque hameau avait sa laiterie, sa boulangerie et son épicerie, qui garantissait une certaine indépendance alimentaire. Aujourd’hui l’approvisionnement des rares épiceries ayant survécu au raz de marée de la mondialisation est trop souvent garanti par le cartel des grands distributeurs qui sont de mèche avec des sociétés financières de gangsters cravattés, des multinationales qui chuchotent aux oreilles des dirigeants des organismes supranationaux qui ont inscrit dans leur charte leur attachement aux droits humains.
L’OMC et Bruxelles imposent des règles, des normes, des quotas qui pourrissent la vie des humbles producteurs qui n’ont jamais empoisonné qui que ce soit.
Les quotas limitent les productions tandis que la grande distribution centralisée gère ce que nous mangeons.
Combien y a-t-il de marques différentes de laits, de yaourts, de biscuits, de céréales, de viandes, de chips, de plats préparés, de producteurs de beefsteack déposés sur les rayonnages, sur les gondoles des supermarchés ? La diversité dans les sodas est autant déprimante que celle des desserts proposés dans les congélos.
L’agriculture helvétique décline à vue d’œil. Le prix de ventes de leurs produits aux grands distributeurs baissent, les frais d’exploitations augmentent tandis que le service vétérinaire cantonal ou fédéral impose des normes de plus en plus restrictives avant de verser un quelconque subside qui, de toute façon, tiendra l’exploitant loin de la richesse.
Certains tentent de surfer sur la vague bio-locale en proposant des produits frais directement de la ferme. Mais ce n’est pas gagné d’avance. En cause : les mesures de surveillances et de contrôles instaurées par l’Etat, la Santé publique. Si la législation peine à venir à bout des indépendants à tendance altermondialistes de l’agriculture, une épizootie bien placée viendra à bout de toutes velléités… Permettant au passage de durcir les moyens de contrôles chez les autres producteurs.
Sur un autre continent, c’est l’humble pêcheur africain qui ne peut plus vendre les poissons qu’il pêche, assis dans sa coquille de noix, au marché local, parce que le même poisson, prélevé par les bateaux usines portugais, est vendu moins cher trois étals plus loin. Tout comme les bananes produites ‘’artisanalement’’, qui pourrissent le long des routes, ou le cacao des microproducteurs non standardisés FMI ou même Max Havelaar.
‘’Findus’’ sort du lac un poisson déjà conditionné et congelé, montrait une ancienne pub télé.
La société financière Nestlé, le plus grand racketteurs de denrées alimentaires mondial, le voleur d’eau, le corrupteur, veut se lancer dans l’agriculture et vient d’ouvrir au tout public ses CAN (Centre d’achats Nestlé) jusque là réservés aux serfs et aux laquais de la multinationale.

Vers la fin du XIXe siècle un M’sieur Townsend émit l’idée que n’importe quelle créature sauvage, ou non, pouvait être domptée, apprivoisée, par l’alimentation.
Le contrôle de la population par son alimentation. Cela paraît aberrant ?
Combien d’entre vous connaissent cette expression : « On ne mord pas la main qui nous nourrit » ? Vous pouvez aussi essayer de jeter vos cartes fidélités de supermarchés, de les découper et d’en faire des confettis… Ou encore : Faisons une demande à l’ONU pour qu’elle retire l’embargo de ses pratiques courantes.
Avoir 24 francs en poche pour la semaine n’est pas plus gênant que cela, à condition que le frigo soit plein, qu’il y ait suffisamment de nourriture pour nourrir la famille pendant les jours qui viennent. Fermer un supermarché pendant trois jours, et c’est l’affolement général. Même si votre crapaud bave les billets.

Le 11 septembre 2011 aura été un véritable bonheur pour ceux qui rêvent d’une gouvernance mondiale.
Nous connaissons tous la multiplication des systèmes de surveillances mis en place pour « votre sécurité ».
Si les services de renseignements US disposent de plus d’informations sur les passagers des vols Air France, KLM, Swiss, etc… que les avionneurs eux-mêmes, les douanes américaines, dont les officiers sont présents dans tous les grands ports européens, savent exactement tout de ce qui s’embarque sur un bateau de croisière ou un cargo en partance pour les States ou n’y faisant qu’une simple escale.
Les bases américaines éparpillées à travers le monde ‘’sécurisent’’ divers sites de productions (et pas uniquement des sites de forages pétroliers), tandis que les ‘’flottes’’ numérisées gardent un œil ouvert sur la valse des navires sillonnant les multiples voies navigables de nos océans, traversant des détroits placés sous haute surveillance, traversant le Canal ; des navires oeuvrant pour la grande distribution intercontinentale.
Notre approvisionnement, notre confort, notre sécurité dépendent en grande partie de la bonne volonté des deux-tiers des membres permanents du conseil de sécurité des Nations Unies ; de notre croyance dans le fait qu’ils nous protègent efficacement contre les menaces terroristes.
Notre ‘’liberté’’ de consommer, qui a tué notre indépendance alimentaire, n’est garantie que par le fait que nous laissions quelques sombres marionnettistes manipuler nos gouvernements, et nous-mêmes par la même occasion.

Je me souviendrai toujours de cette réplique d’un Nescafard vautré dans mon véhicule :
« (…) Nous vous nourrissons.»

« On ne mord pas la main qui nous nourrit » disais-je plus haut. Peut-être faudrait-il la couper.

Nemo

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