samedi 25 octobre 2014

Fait divers banal, normal.

Je me permets de penser, sans difficulté, qu’une gérante, qui est en poste depuis plus d’une décennie dans un magasin de distribution, est à même de repérer les petits chapardeurs qui chercheraient à soustraire des produits quelconques aux scanners des caisses enregistreuses.
J'ose également conclure qu’une personne, qui essaierait de sortir d’un magasin par la porte d’entrée d’un discount, avec dans son cabas des produits estampillés de l’enseigne qu’il tente de quitter, est l’un de ces petits voleurs.
Eh bien, l’une de ces personnes s’est faite coincer, il y a peu, par l’une de ces gérantes à qui « On ne la fait pas. »

L’individu fut ‘’invité’’ à suivre la gérante, ainsi qu’une employée, au bureau afin que le personnel puisse constater la présence de produits volés dans le sac du ‘’petit’’ délinquant, un peu récidiviste.
Le bonhomme en question s’est bien sûr défendu d’avoir volé quoi que ce soit, en prétendant que ces produits made in discount sortaient d’une autre succursale, située dans une autre ville.
Affirmation fortement contredite, après un entretien téléphonique, par le gérant du magasin en question. Il est judicieux de préciser que l’on ne parle pas d’un paquet de chips, d’une teille de whisky bas de gamme ou d’un tube de Cénovis dérobé à la vigilance du personnel.

Sentant l’étau se resserrer, notre individu a commencé à s’en prendre verbalement, et de manière agressive, aux femmes qui lui faisaient face. La police fut donc appelée en ‘’renfort’’.
Délai d’attente (non annoncé) : une heure.
Quand le couple d’agents s’est enfin présenté, la pizza était froide et la petite fripouille avait trouvé un couteau de cuisine (qui traînait dans le coin) et faisait tout un cinéma dans le bureau du discounter.

Mode replay et récapitulation des faits pendant que l’individu, présenté comme le voleur, continuait à vociférer des menaces à l’encontre du personnel du magasin, sans qu’aucun des deux agents (un homme et une femme) n’envisage de le rappeler à l’ordre.
A partir de là, on change de dimension.

L’agent, le mec, le seul qui a ouvert la bouche durant toute la durée de l’intervention, scotche tout le monde avec sa question d’une importance plus que capitale et qui va changer la vie de tous les voleurs du monde :
« Est-ce que vous l’avez vu mettre ces produits dans le sac ? »
La gérante étant honnête, la réponse fut malheureusement (pour elle) négative.
Du coup l’agent en remet une couche :
« SI je vais à la Migros pour acheter un pantalon et qui j’y retourne quelques minutes plus tard, avec le pantalon, est-ce que j’aurais volé le pantalon ? »
Bien sûr que non [crétin], parce que tu auras ton ticket de caisse avec toi et, si ce n’est pas le cas, la caissière aura retiré l’antivol du pantalon. Ce qui enlèvera tous doutes possibles sur l’obtention du pantalon.
Bref, vous l’aurez compris, le voleur est reparti avec ce qu’il était venu chercher. Non sans menacer une dernière fois la gérante : « Toi ! ch’te fais la peau à la sortie. »
Bien sûr ce n’était que des menaces de petite frappe pas toute seule dans sa tête. Mais quand même…

Pour finir le fait divers, la gérante doit signaler à sa direction le nombre de fois qu’elle appelle la police. Et le policier doit donner son matricule pour pouvoir retracer l’intervention. Eh bien cette fois, aucun des deux agents n’a voulu donner son matricule.
Donc il ne c’est rien passé, un certain après-midi d’octobre, dans une succursale d’un discounter helvétique d’une commune de Montreux.

Ce qui m’hérisse le poil, c’est de voir le peu d’intérêt, de crédibilité et de soutien, porté à la travailleuse.
La gérante en question doit bosser dans un magasin ‘’portes ouvertes’’ où n’importe qui peut ressortir par où il est rentré sans que personne ne le voie. Primo : parce que rien n’empêche le quidam de ressortir ; secundo : parce qu’il y a des gondoles entre les caisses et l’entrée qui masquent toute visibilité et enfin parce que les réductions de frais de personnels, imposés par la direction (une direction qui connaît très bien la particularité de sa succursale), l’empêche d’avoir un employé qui tournerait en permanence dans le magasin pendant les horaires d’ouvertures.

Du coup tous les socialement largués, les p’tits voleurs et autres amateurs de ‘’bonnes affaires’’ se donnent rendez-vous chez le discounter du coin. C’est de notoriété publique.
Et au prochain inventaire, la gérante devra, une fois de plus, expliquer par écrit pourquoi elle n’a pas atteint son chiffre.
Et une fois de plus la gérante se fera du souci pour son taf, parce que, au bout de trois inventaires négatifs, c’est sa place qu’elle risque de perdre.

Nemo.

mercredi 22 octobre 2014

Un ti bonhomme triste

Ce texte ne parle pas de la vie la d’un enfant perdu dans une lointaine contrée et forcé d’aller à la mine pour ramener un bout de pain rassis à mettre sur ce qui, appuyée contre le mur d’une pièce insalubre, sert de table.
Ce n’est non plus pas l’histoire d’un enfant kidnappé, séquestré, torturé ou rendu à l’esclavage, ni celle d’un garçon mutilé dans les décombres de ce qui fut sa maison, survivant miraculé, gisant au milieu de corps réduits en bouillie et qui ressemblent vaguement au cadavre d’une mère, d’un oncle, ou d’une sœur.
La souffrance de ce p’tit bonhomme ne fera jamais la ‘’Une’’ d’un journal télévisé et encore moins la manchette d’un quotidien en mal de sujets intelligents. Aucun groupe de soutien ne portera son nom, aucun « Nous sommes tous (…) », aucun cœur collectif ne battra à l’unisson pour (…) et aucun politicien ne rendra à ce p’tit bonhomme ce dont il a réellement besoin, et ce que les adultes lui ont lâchement retiré.

Pourtant, vous pourriez le croiser tous les jours, lui, ou l’un de ses copains de tristesses.
Il arrive parfois que sa photo orne le mur d’un réseau social quelconque. Une photo prise en souvenir d’un moment joyeux. Ephémère.
Un ‘’commentaire’’, qui dévoile aux ‘’amis’’, l’Amour intense que l’on voue à cette petite créature innocente que la Vie nous a confié.
Des ‘’like’’ qui finalement ne profitent qu’à celle, ou celui, qui les affiches.
« L’Amour véritable est celui que l’on porte à un enfant. » ai-je pu lire et entendre dans un passé pas si lointain que cela. Un titre magnifique pour un hymne grandiose qui purifie nos sentiments, qui glorifie notre parentalité au rythme des couplets de notre vie, et s’achève sur le refrain de toutes ces choses que nous ne ferons pas « par Amour pour notre  enfant. »

Le p’tit bonhomme qui souffre n’est pas un enfant qui, enfermé, isolé, cloisonné dans une cabane par les membres de son village, attend la mort aux côtés des corps sans vie de ses parents, terrassés par Ebola. Le p’tit de l’homme ne traîne pas non plus sa tristesse dans les corridors d’un orphelinat. D’ailleurs, il vit dans un pays où il n’y a pas d’orphelinats, juste des foyers d’accueils. Alors il n’a pas à attendre, derrière une fenêtre, la venue d’hypothétiques parents voulant l’adopter parce que la ‘’Nature’’ les a amputé des facultés biologiques nécessaire à la reproduction des espèces ; il n’a pas à espérer d’un rêve ‘’hollywoodien’’ dans l’environnement luxuriant des stars trop belles pour être déformées par les affres de la grossesse, et de la maternité ; il ne sera pas non plus le gadget utile de ces couples différents qui veulent absolument s’intégrer dans une certaine ‘’normalité’’.

Ses parents sont là. A tour de rôle.
A tour de rôle ils exercent leur devoir de père ou de mère, amenant, à tour de rôle, leur vision monochromatique des événements qui lèsent son existence ; révélant, à tour de rôle, leurs explications monophoniques qui contraignent trop souvent le p’tit bonhomme à se murer dans un cruel silence, simplement parce que l’un ne doit pas savoir ce que l’autre a dit, ou fait. Parce qu’à tour de rôle l’un, ou l’autre, devient le gentil ou le méchant.
Pourtant, comme elles étaient belles ces paroles qui auguraient, à cette existence volontairement tirée du néant, une vie pleine d’amour, de joies, d’espérances et de ‘’présences’’. Des promesses emportées trop facilement par les vents tumultueux d’un orage, parce que la volonté de ceux qui en ont fait leurs vœux n’a pas le souvenir, enfoui dans leur cœur, de ce lien qui unit l’adulte à sa descendance.
L’adulte oublie ce que l’esprit du jeune enfant ne peut retenir et quand celui-ci commence à pressentir l’importance de ses parents, il comprend que la maison de l’autre, la maison de cet homme que maman voit en cachette, va devenir sa deuxième maison. Il doit alors accepter, sans comprendre, que ses parents ne seront plus sa famille ; il doit accepter, encore dans la même ignorance, qu’ils se partageront le temps à passer avec lui.

Le p’tit bonhomme a beau pleurer, rien n’y fait ; le p’tit bonhomme a beau réclamer ses parents ensemble, rien ne changera. Pas même une fois, pour un Noël, pour un anniversaire ou un après-midi au cirque.
La souffrance se fait muette, assombrit le regard, se transforme en une tristesse omniprésente tant il lui est devenu difficile d’exprimer son besoin de ses parents à sa mère, sans entendre en réponse des « mots méchants » à l’encontre de son père. Des paroles qu’il se force à ne pas écouter et qui le blessent d’autant plus quand maman laisse, cet homme qu’elle lui demande d’appeler ‘’beau-papa’’, insulter son père en sa présence.

La tristesse s’enracine quand sa maman se dépêche de donner vie à un petit frère utérin. Certes sa famille explosée s’agrandit mais comme il le dira, à la seule personne qui prend encore le temps de l’écouter : « C’est pas juste qu’un enfant peut avoir son papa et sa maman et pas un autre. »
La tristesse se nimbe de brouillard quand sa mère prend le nom de son nouveau mâle dominant, un patronyme qui reviendra également à son ‘’frère’’ alors que lui-même doit se contenter du nom de jeune fille de sa génitrice. « Je suis le seul ‘’X’’ », dira-t-il un jour. ‘’X’’ étant le nom du grand-père maternel qui a fui ses responsabilités économiques et familiales il y a bientôt 20 ans, en laissant deux filles derrière lui…

Peut-être que pour celles et ceux, qui ne voient dans le patrimoine familial qu’une valeur archaïque dont la société actuelle doit se débarrasser, un patronyme n’est qu’un assemblage de lettres, une appellation quelconque qui ne veut plus rien dire ; parce qu’il faut absolument ne pas être le fruit de l’osmose de nos parents, parce que nous devons développer notre propre identité.
Pourtant c’est bien par notre prénom que l’on nous interpelle, et par notre nom que l’on nous nomme. De façon plus respectueuse qu’un « Macouille Fils de Pute. »

Arrive alors la proposition du pédopsychiatre, chargé de faire comprendre au jeune esprit en formation que c’est normal ; que l’on n’a pas toujours ce que l’on veut (quand on est petit) ; que quand les grandes personnes ne peuvent plus vivre ensemble, c’est normal qu’elles se séparent pour éviter de faire souffrir l’enfant, parce que « Tu n’aimes pas quand Papa et maman se disputent. » Alors il est expliqué au p’tit bonhomme que papa et maman doivent refaire leur vie pour retrouver le sourire, pour être mieux dans leur tête et, ainsi, mieux avec le p’tit bonhomme.
L’enfant qui aime ses parents, qui ne veut pas les voir triste, ne peut qu’approuver cette logique qui sous entend que le bonheur, c’est pas ensemble, en famille. Mais que cela est bien, parce que cela fera plus de cadeaux aux anniversaires et aux fêtes de noël. C’est plus facile que de chercher à comprendre ce que signifie la petite phrase de l’enfant qui affirme que sa « maman lui donne pas à manger ».
Alors, à quand les bons d’achats chez King's Jouets, mis à disposition des parents sur les tables, dans les salles d’attentes des pédopsys ?
Tout ça dans « l’intérêt supérieur de l’enfant », une magnifique inscription, gravée à la plume de canard, sur le premier nuage qui passe.
Mais qui s’en soucie réellement de l’intérêt ‘’supérieur’’ de l’enfant ? Les parents séparateurs qui ne pensent qu’à leur petite personne ? Les services d’entraide ‘’familiale’’ qui avalisent l’explosion des familles nucléaires ou les psys qui se dépêchent de les justifier ?

Le p’tit bonhomme se raccroche dès lors à ce qu’il peut : Une maîtresse d’école ; une petite copine et ses copains d’école; un sport. Une semaine sur deux, il a la possibilité de développer ses relations, dites sociales, en dehors du cercle scolaire. Une semaine sur deux, le papa doit re-expliquer à Simon, Dani, Sarah, Cecelia, Erblin, Claudia, Gilxhan (Gildjane), Edi, etc pourquoi leur copain n’est pas là.
Mais déjà les « Ouaich », les « Ca va mec », la p’tite racaille qui squatte le vestiaire du club de foot, « les enfants qui ne parlent pas français à la maison », ou le ‘’meilleur ami’’ qui sait à 7 ans, grâce à l’explication détaillée faite par son oncle, comment l’Etat Islamique décapite ses prisonniers, sont les prémisses des prochaines prises de tête qu’initiera l’un de ses parents parce que l’enfant doit parler correctement le français, respecter la vie et son environnement ; parce qu’il doit apprendre les vraies valeurs de la life. Des valeurs qui se distillent uniquement à flan de colline, dans une petite maison dont les portes se sont ouvertes grâce à quelques exercices aquatiques, offerts dans le grand jacuzzi plein air, au maître des lieux, et non pas dans un quartier ghetto d’appartes subventionnés squattés par des cas sociaux, et où réside le père.

L’enfant doit faire la gloire de sa mère et la fierté de son arrière grand-mère. L’enfant devra réussir là où ses parents ont échoué. Mais comment le pourra-t-il, s’il devient le réceptacle des défauts de ses parents ? Comment se tracer une Juste voie sur un chemin joncher de discriminations, de reproches, de jugements à ‘’l’emporte pièce’’ et de comportements égoïstes ou égocentriques, sans ‘’décevoir’’ l’un ou l’autre des parents?
Mission délicate qui peut demander de flirter avec les limites de l’aliénation parentale, sans que le ‘’camp’’ adverse ne monte aux barricades.
Pourtant, quand les parents ne sont pas encore d’irréductibles ennemis, les divergences d’opinions ne sont pas des conflits ouverts, ce sont des discussions qui permettent à l’enfant, s’il en est le témoin passif, de découvrir qu’un « Je ne suis pas d’accord avec toi » s’argumente dans le respect de l’idée de son interlocuteur, et ne se clôt pas dans un commentaire insultant, dévalorisant, à l’encontre de la personne qui avance une certaine idée.

Mais encore faut-il que les adultes aient, dans un recoin de leur mémoire, le souvenir de cette réflexion qui permet aux idées ‘’différentes’’ de s’exprimer et de leur accorder leur part de vérité.
Encore faut-il que les adultes aient la volonté de se défaire des craintes de leur enfance, des aliénations commises par leurs parents et qu’ils oublient toutes les saloperies qu’un père, ou une mère, aient pu dire sur leur conjoint-e.
Pour cela, il faudrait que les parents se souviennent du ‘’pourquoi’’ ils ont décidé de s’unir pour créer une vie nouvelle, qu’ils se souviennent des promesses faites à l’innocent et, qu’enfin, ils aient le courage de croire que l’autre n’est pas un ennemi qui cherche absolument à le dévaloriser. Même si cela est inscrit dans leur mémoire.

Le p’tit bonhomme ne veut pas hériter de cette mémoire. Il a compris que ses parents ne seront plus ‘’ensemble’’ et il demande, à sa manière, qu’à leur tour, ils comprennent qu’il a besoin qu’ils deviennent des amis.
Parce que si les cadeaux ont permis de ne pas répondre, pour le moment, aux questions qui ‘’dérangent’’, ils ne suffiront jamais à combler le vide béant causé par l’absence de l’autre être aimé.

Nemo.

samedi 4 octobre 2014

Ebola

Je n’aime pas revenir trop fréquemment sur des sujets qui m’ont récemment inspiré. Sauf que le magazine de la santé made in Swiss Television, « 36,9° », diffusé le 18 septembre dernier a titillé mon côté ‘’remueur de yaourt’’.
Le sujet du soir était, bien entendu : Ebolavirus.
J’ai suivi l’émission en mode ‘’replay’’ en espérant découvrir des informations que l’on ne trouve pas sur Wikipédia ou dans d’autres blogs dévoués à la santé publique. Déception.
Par contre les intervenants-spécialistes :
A : Le Professeur Laurent KAISER, virologue à l’Hôpital universitaire de Genève (HUG) ;
B : Le Professeur Didier PITTET, infectiologue HUG et responsable Sécurité des patients à l’OMS ;
C : Le Professeur Peter PIOTR Directeur de l’Institut d’hygiène et médecine tropical- Londres et, accessoirement, à l’origine de la découverte d’Ebola ;
ont redonné un peu d’intérêt à l’émission par leurs explications/ réponses qui, confrontées à une certaine actualité récente, perdent un peu de crédibilité.
Pour me faciliter l’écriture je reprends, dans les grandes lignes, la chronologie de l’émission et des retranscriptions que j’en ai faite.

On nous répète à l’envi que quand le patient incube, il n’est pas contagieux ; que le virus se transmet uniquement par le contact avec le sang, la salive, les sécrétions d’une personne qui développe les symptômes de la maladie. Et si cela changeait ?
La première question de la journaliste aux spécialistes reflète cette inquiétude, tout à fait normale, que chacun de nous pourrait avoir.
[36,9°] : (…) Ebola pourrait se croiser avec un virus grippal pour donner naissance à un super virus, à la fois mortel et très contagieux ?
Réponse de ‘’A’’ :
« C’est strictement impossible sur le plan de la biologie. Le virus Ebola ne va pas se recombiner ou se mélanger avec un virus de la grippe ou un virus de la rougeole. »

Le mot ‘’rougeole’’ fait Tilt dans ma petite tête. Ce qui m’expédie sur la page dédiée à Ebolavirus sur Wikipédia rubrique ‘’Structure & génome’’:
(…) Initialement classé parmi les rhabdovirus, les filovirus [Ebola] forment aujourd’hui une famille distincte et seraient plus proches des paramyxovirus, parmi lesquels on trouve notamment les virus des oreillons et de la rougeole.
Et un paramyxovirus a, dans les rangs inférieurs de sa sous famille, des virus respiratoires.
Heureusement pour nous qu’Ebola n’est pas un virus mormon incestueux.
Pour l’instant.

Parce qu’il faut quand même bien garder à l’esprit que, pendant que nous vivons notre vie d’humain, qui se reproduit disons tous les 20-25 ans à coup de 2 descendants par génération, les organismes, visibles uniquement au microscope électronique, ne chôment pas au niveau reproductif et sont au taquet H 24. Ce qui, en comparaison de nous, leur donne un avantage considérable en matière d’adaptation. Et il ne faut pas nous leurrer. Si Ebola décide un beau jour que la chauve-souris est devenue un transport aérien trop ‘’lent’’, il se débrouillera tout seul pour se trouver un autre moyen de transport éolinisé.
En attendant, on nous assure que nous n’en sommes pas encore là. Ce qui permet au professeur Kaiser de nous rassurer en disant que « le risque de pandémie semble extrêmement faible », avant de s’avouer impressionné par «  l’ampleur de l’épidémie sur place. »
Une épidémie qui, semblerait-il, a surpris beaucoup de monde: «  Il y a une année, si vous demandiez à la plupart de mes collègues de faire des prédictions dans ce domaine, inclus moi-même, on n’aurait jamais pensé que ce virus pourrait se répandre à ce niveau. »

Le Professeur Piotr a recensé une vingtaine d’épidémies dues à Ebola depuis sa découverte. Autant d’occasions pour le virus de muter, de produire des souches différentes, adaptées à l’environnement dans lequel il a évolué, comme cela pourrait être le cas avec l’épidémie en cours.
(Prof. L. Kaiser) : « Il  y a clairement quelque chose qui a changé. Soit dans l’environnement, soit éventuellement dans le virus lui-même. Et pour l’instant c’est beaucoup trop tôt pour comprendre tout ça. »
Nous ne savons pas trop ce qui se passe là-bas, mais il n’y a pas de raisons de s’en inquiéter. Et finalement si l’OMS répète chaque mois que l’épidémie est hors de contrôle, c’est juste pour motiver les ‘’donateurs’’.

Le professeur Pittet [B] va plus loin dans l’endormissement des foules en affirmant qu’Ebola « n’est pas un virus plus compliqué que les autres à contrôler. »
Ce qui en soit, est vrai. Quand la maladie frappait des villages éloignés d’Afrique ; quand les autochtones identifiaient cette maladie qui les effraie tant, que faisaient-ils ? On ne s’approchait pas de la hutte dans laquelle il y avait la maladie. Limite si on lui foutait pas le feu.
Saine et humaine réaction de protection. De plus dans des bleds paumés Dieu sait où, sans vraiment de moyens de transports performants et où tout le monde connaît tout le monde, le virus se contenait presque tout seul. Je dis bien ‘’presque’’. Mais en tout cas beaucoup plus facilement que dans les grandes fourmilières urbaines.

Donc pour ce prof de l’OMS, qui n’a pas pu servir de modèle pour le Docteur WHO, de simples moyens de protections pouvaient suffire pour contenir la maladie: « Une intervention avec du matériel de base aurait pourtant permis de limiter le désastre. »
[36,9°] Alors pour vous, l’équipement minimal, c’est quoi ?
« Alors ça dépend de quoi on parle. Si on parle de situation où vous êtes dans une famille où il y a une suspicion, et qu’on a pu mettre le patient sous surveillance, et bien il s’agit simplement, certainement, d’une hygiène des mains adéquate. Et puis, si on a une exposition rapprochée avec le patient en question, peut-être le port de gants et le port de masque. On est entrain de parler de quelque chose de très simple. »
Tellement simple qu’Ebola est parvenu à contaminer du personnel médical occidental, parfaitement au courant des mesures de protections.

Nous avons vu, lors de reportages diffusés via les journaux télévisés, les mesures de sécurité mises en place dans les aéroports pour éviter qu’Ebola ne quitte les pays touchés par la voie des airs. Des mesures qui se résument la plupart du temps par des caméras thermiques censées détecter les individus ayant de la fièvre. Le système marche. Nous voilà rassurés.
Sauf que c’est juste ‘’oublier’’ que le virus incube pendant une dizaine de jours en général, un ‘’en général’’ qui pourrait pousser à trois semaines. Mais restons sur 9 jours.
On en fait des kilomètres en 9 jours. Le virus peut quitter l’Afrique de l’Ouest et se poser au Maroc ou en Algérie et contaminer la mauvaise personne qui revient sur Marseille ou Paris, etc.
La question suivante de la journaliste du magazine est donc justifiée :
Si quelqu’un qui incube le virus Ebola arrive à la réception d’un hôpital et pose sa main sur le comptoir / « Non ! » / est-ce que quelqu’un peut l’attraper ?
[B]: « Non. Il faut être réaliste. Ici on ne doit pas avoir peur d’Ebola. Ici, lorsqu’un malade serait transféré d’Afrique, il sera pris en charge immédiatement. A la fois dans l’avion, mais ensuite dans l’ambulance puis dans l’hôpital par des équipes spécialisées. Personne ne risque rien aujourd’hui à propos d’Ebola ici en Suisse, de même qu’en Europe. »
Monsieur Pittet n’a pas répondu à la question. A première vue… Pour lui, et ceux qui contrôlent les informations, les seuls cas d’Ebola qui pourraient être présent dans les pays ‘’occidentaux’’ sont ceux que la médecine rapatrieraient sous haute surveillance, en caisson pressurisé cerné par des cosmonautes.
« Il faut être réaliste… » L’actualité récente l’a démontré. Un citoyen américain est revenu sans encombres, dans son pays, avec le virus en ‘’gestation’’ dans son organisme.
On peut pinailler en disant que les Etats-Unis ne sont pas l’UE. Je répondrais que ce n’est qu’une question d’ordre alphabétique, avant de poursuivre avec ce ressortissant étranger, venant à pied de France, qui s’est présenté, de lui-même, à la douane de Vallorbe en se disant atteint par le virus Ebola.
L’individu sera pris en charge par du personnel spécialisé et transféré au CHUV de Lausanne qui invalidera les craintes du patient après examens sérieux et approfondis.
Il est également possible que la personne en question, certainement malade, ait parlé d’Ebola pour s’assurer un ticket d’entrée sur le territoire helvétique. Mais cela n’enlève rien au fait que pendant les 9 jours qui permettent au virus de s’installer dans un organisme, personne ne semble capable de dire qui est malade, ou pas, uniquement en regardant l’individu porteur.

Le cas suspect d’Ebola fut placé en chambre d’isolement. Pièce hermétique avec sas d’accès, personnel spécialement équipé et tout ce qui va avec. Le magazine 36,9° nous a fait visiter celle dont dispose le HUG, avec explications des procédures par la cheffe du service au cas où Ebola pointerait le bout de ses filaments par chez nous.
Le ‘’hic’’, d’après la journaliste, c’est que ces « mesures de protections maximums misent en place dans les hôpitaux universitaires sont contraignantes. Ces soins coûtent chers et sont prévus pour des cas isolés. Même ici, avec de gros moyens, on serait vite dépassé. »

Vaudrait donc mieux que le virus tueur reste en Afrique. Plus facile à dire qu’à faire. D’autant plus que les personnalités chargées de veiller à notre sécurité disent également que de fermer les frontières, d’interrompre toutes relations avec les pays touchés par l’épidémie, nuiraient fortement à l’économie des dits pays. Comprenons que dans ce monde, où nos politiciens ont bradé la démocratie à la faveur des élites financières et économiques, nous ne pouvons pas nous passer des matières premières dont l’Afrique regorge.
Comprenons aussi, quand le Prof. Pittet, qui est quand même responsable de la Sécurité des patients au sein de l’OMS, dit : « Ici on ne doit pas avoir peur d’Ebola », qu’il serait fortement nuisible pour Nos économies, essentiellement orientées sur notre pouvoir d’achat, sur la consommation de biens de toutes sortes, que nous cessions de sortir dans les rues, dans les boutiques, les restaurants, etc. Bref, que nous consommions en fonction de nos stricts besoins vitaux.

En plus de savoir comment soigner les personnes atteintes par la maladie, cette épidémie, qui ravage actuellement une partie de l’Afrique de l’Ouest, pose le problème de savoir comment la contenir sans isoler les populations, comment immobiliser le virus alors que le monde entier bouge autour de lui ?
Déjà, il aurait fallu que les différents gouvernements et organismes de santé nationaux et supranationaux réagissent en ‘’temps’’ à la menace.
[Prof. P.Piotr] : « Le premier cas serait apparu en Guinée en décembre 2013. Ce n’est qu’en mars que l’OMS et Médecins sans frontières ont confirmé le diagnostique et puis ça a duré jusqu’en août, début août, avant que l’OMS et les gouvernements nationaux ont proclamé l’état d’urgence sanitaire. »
Donc le monde a, en gros, huit mois de retard sur l’épidémie et aujourd’hui, et avant que le CDC n’annonce la présence du premier patient infecté aux States, Barack Obama a envoyé 1'400 soldats en Afrique pour combattre Ebola. Le gag !
Les GI’s ne vont pas franchir la barrière du micro-univers pour aller découper en rondelle le filovirus à coup de sabre laser. Ils vont plutôt sécuriser certains sites stratégiques (pour eux), mettre en place les infrastructures nécessaire à une probable distribution élitiste du futur vaccin, contenir les populations à risques et isoler les ‘’contaminés’’, avec leur arsenal militaire.
L'OMS a perdu le contrôle de l'épidémie!? Pas grave, les Marines vont rattraper le coup.

Je terminerais avec le Professeur Kaiser qui nous explique rapidement un développement possible du virus Ebola et la reprise d’une phrase de son collègue HUG le professeur Pittet.
Laurent Kaiser :
« Paradoxalement, en s’habituant à l’homme, les virus peuvent devenir un peu moins virulent, un peu moins dangereux.
Là, on est peut-être dans une phase où le virus va s’adapter à l’homme progressivement et peut-être faire partie des pathogènes avec lesquels on devra vivre en Afrique ou dans d’autres contrées du monde. S’il arrive à trouver un équilibre entre sa virulence et sa transmissibilité.
C’est quelque chose qu’il faut absolument surveiller.
Actuellement la mortalité est énorme dans certains endroits. La mortalité va jusqu’à 90%. On estime qu’elle est entre 60 et 90%.
Même si cette mortalité diminue de, même de dix fois, mais que le virus se transmet plus facilement, on serait dans une situation épidémique extrêmement inquiétante. »

Quant à la phrase de Monsieur Pittet, elle ne m’a interpellé que quand je l’ai retranscrite :
« (...) Personne ne risque rien aujourd’hui à propos d’Ebola ici en Suisse, de même qu’en Europe. »
Alors un simple lapsus à la Hollande ou une vérité dissimulée pour nous avertir que personne n’est à l’abri ?

Nemo.