samedi 25 octobre 2014

Fait divers banal, normal.

Je me permets de penser, sans difficulté, qu’une gérante, qui est en poste depuis plus d’une décennie dans un magasin de distribution, est à même de repérer les petits chapardeurs qui chercheraient à soustraire des produits quelconques aux scanners des caisses enregistreuses.
J'ose également conclure qu’une personne, qui essaierait de sortir d’un magasin par la porte d’entrée d’un discount, avec dans son cabas des produits estampillés de l’enseigne qu’il tente de quitter, est l’un de ces petits voleurs.
Eh bien, l’une de ces personnes s’est faite coincer, il y a peu, par l’une de ces gérantes à qui « On ne la fait pas. »

L’individu fut ‘’invité’’ à suivre la gérante, ainsi qu’une employée, au bureau afin que le personnel puisse constater la présence de produits volés dans le sac du ‘’petit’’ délinquant, un peu récidiviste.
Le bonhomme en question s’est bien sûr défendu d’avoir volé quoi que ce soit, en prétendant que ces produits made in discount sortaient d’une autre succursale, située dans une autre ville.
Affirmation fortement contredite, après un entretien téléphonique, par le gérant du magasin en question. Il est judicieux de préciser que l’on ne parle pas d’un paquet de chips, d’une teille de whisky bas de gamme ou d’un tube de Cénovis dérobé à la vigilance du personnel.

Sentant l’étau se resserrer, notre individu a commencé à s’en prendre verbalement, et de manière agressive, aux femmes qui lui faisaient face. La police fut donc appelée en ‘’renfort’’.
Délai d’attente (non annoncé) : une heure.
Quand le couple d’agents s’est enfin présenté, la pizza était froide et la petite fripouille avait trouvé un couteau de cuisine (qui traînait dans le coin) et faisait tout un cinéma dans le bureau du discounter.

Mode replay et récapitulation des faits pendant que l’individu, présenté comme le voleur, continuait à vociférer des menaces à l’encontre du personnel du magasin, sans qu’aucun des deux agents (un homme et une femme) n’envisage de le rappeler à l’ordre.
A partir de là, on change de dimension.

L’agent, le mec, le seul qui a ouvert la bouche durant toute la durée de l’intervention, scotche tout le monde avec sa question d’une importance plus que capitale et qui va changer la vie de tous les voleurs du monde :
« Est-ce que vous l’avez vu mettre ces produits dans le sac ? »
La gérante étant honnête, la réponse fut malheureusement (pour elle) négative.
Du coup l’agent en remet une couche :
« SI je vais à la Migros pour acheter un pantalon et qui j’y retourne quelques minutes plus tard, avec le pantalon, est-ce que j’aurais volé le pantalon ? »
Bien sûr que non [crétin], parce que tu auras ton ticket de caisse avec toi et, si ce n’est pas le cas, la caissière aura retiré l’antivol du pantalon. Ce qui enlèvera tous doutes possibles sur l’obtention du pantalon.
Bref, vous l’aurez compris, le voleur est reparti avec ce qu’il était venu chercher. Non sans menacer une dernière fois la gérante : « Toi ! ch’te fais la peau à la sortie. »
Bien sûr ce n’était que des menaces de petite frappe pas toute seule dans sa tête. Mais quand même…

Pour finir le fait divers, la gérante doit signaler à sa direction le nombre de fois qu’elle appelle la police. Et le policier doit donner son matricule pour pouvoir retracer l’intervention. Eh bien cette fois, aucun des deux agents n’a voulu donner son matricule.
Donc il ne c’est rien passé, un certain après-midi d’octobre, dans une succursale d’un discounter helvétique d’une commune de Montreux.

Ce qui m’hérisse le poil, c’est de voir le peu d’intérêt, de crédibilité et de soutien, porté à la travailleuse.
La gérante en question doit bosser dans un magasin ‘’portes ouvertes’’ où n’importe qui peut ressortir par où il est rentré sans que personne ne le voie. Primo : parce que rien n’empêche le quidam de ressortir ; secundo : parce qu’il y a des gondoles entre les caisses et l’entrée qui masquent toute visibilité et enfin parce que les réductions de frais de personnels, imposés par la direction (une direction qui connaît très bien la particularité de sa succursale), l’empêche d’avoir un employé qui tournerait en permanence dans le magasin pendant les horaires d’ouvertures.

Du coup tous les socialement largués, les p’tits voleurs et autres amateurs de ‘’bonnes affaires’’ se donnent rendez-vous chez le discounter du coin. C’est de notoriété publique.
Et au prochain inventaire, la gérante devra, une fois de plus, expliquer par écrit pourquoi elle n’a pas atteint son chiffre.
Et une fois de plus la gérante se fera du souci pour son taf, parce que, au bout de trois inventaires négatifs, c’est sa place qu’elle risque de perdre.

Nemo.

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