samedi 4 octobre 2014

Ebola

Je n’aime pas revenir trop fréquemment sur des sujets qui m’ont récemment inspiré. Sauf que le magazine de la santé made in Swiss Television, « 36,9° », diffusé le 18 septembre dernier a titillé mon côté ‘’remueur de yaourt’’.
Le sujet du soir était, bien entendu : Ebolavirus.
J’ai suivi l’émission en mode ‘’replay’’ en espérant découvrir des informations que l’on ne trouve pas sur Wikipédia ou dans d’autres blogs dévoués à la santé publique. Déception.
Par contre les intervenants-spécialistes :
A : Le Professeur Laurent KAISER, virologue à l’Hôpital universitaire de Genève (HUG) ;
B : Le Professeur Didier PITTET, infectiologue HUG et responsable Sécurité des patients à l’OMS ;
C : Le Professeur Peter PIOTR Directeur de l’Institut d’hygiène et médecine tropical- Londres et, accessoirement, à l’origine de la découverte d’Ebola ;
ont redonné un peu d’intérêt à l’émission par leurs explications/ réponses qui, confrontées à une certaine actualité récente, perdent un peu de crédibilité.
Pour me faciliter l’écriture je reprends, dans les grandes lignes, la chronologie de l’émission et des retranscriptions que j’en ai faite.

On nous répète à l’envi que quand le patient incube, il n’est pas contagieux ; que le virus se transmet uniquement par le contact avec le sang, la salive, les sécrétions d’une personne qui développe les symptômes de la maladie. Et si cela changeait ?
La première question de la journaliste aux spécialistes reflète cette inquiétude, tout à fait normale, que chacun de nous pourrait avoir.
[36,9°] : (…) Ebola pourrait se croiser avec un virus grippal pour donner naissance à un super virus, à la fois mortel et très contagieux ?
Réponse de ‘’A’’ :
« C’est strictement impossible sur le plan de la biologie. Le virus Ebola ne va pas se recombiner ou se mélanger avec un virus de la grippe ou un virus de la rougeole. »

Le mot ‘’rougeole’’ fait Tilt dans ma petite tête. Ce qui m’expédie sur la page dédiée à Ebolavirus sur Wikipédia rubrique ‘’Structure & génome’’:
(…) Initialement classé parmi les rhabdovirus, les filovirus [Ebola] forment aujourd’hui une famille distincte et seraient plus proches des paramyxovirus, parmi lesquels on trouve notamment les virus des oreillons et de la rougeole.
Et un paramyxovirus a, dans les rangs inférieurs de sa sous famille, des virus respiratoires.
Heureusement pour nous qu’Ebola n’est pas un virus mormon incestueux.
Pour l’instant.

Parce qu’il faut quand même bien garder à l’esprit que, pendant que nous vivons notre vie d’humain, qui se reproduit disons tous les 20-25 ans à coup de 2 descendants par génération, les organismes, visibles uniquement au microscope électronique, ne chôment pas au niveau reproductif et sont au taquet H 24. Ce qui, en comparaison de nous, leur donne un avantage considérable en matière d’adaptation. Et il ne faut pas nous leurrer. Si Ebola décide un beau jour que la chauve-souris est devenue un transport aérien trop ‘’lent’’, il se débrouillera tout seul pour se trouver un autre moyen de transport éolinisé.
En attendant, on nous assure que nous n’en sommes pas encore là. Ce qui permet au professeur Kaiser de nous rassurer en disant que « le risque de pandémie semble extrêmement faible », avant de s’avouer impressionné par «  l’ampleur de l’épidémie sur place. »
Une épidémie qui, semblerait-il, a surpris beaucoup de monde: «  Il y a une année, si vous demandiez à la plupart de mes collègues de faire des prédictions dans ce domaine, inclus moi-même, on n’aurait jamais pensé que ce virus pourrait se répandre à ce niveau. »

Le Professeur Piotr a recensé une vingtaine d’épidémies dues à Ebola depuis sa découverte. Autant d’occasions pour le virus de muter, de produire des souches différentes, adaptées à l’environnement dans lequel il a évolué, comme cela pourrait être le cas avec l’épidémie en cours.
(Prof. L. Kaiser) : « Il  y a clairement quelque chose qui a changé. Soit dans l’environnement, soit éventuellement dans le virus lui-même. Et pour l’instant c’est beaucoup trop tôt pour comprendre tout ça. »
Nous ne savons pas trop ce qui se passe là-bas, mais il n’y a pas de raisons de s’en inquiéter. Et finalement si l’OMS répète chaque mois que l’épidémie est hors de contrôle, c’est juste pour motiver les ‘’donateurs’’.

Le professeur Pittet [B] va plus loin dans l’endormissement des foules en affirmant qu’Ebola « n’est pas un virus plus compliqué que les autres à contrôler. »
Ce qui en soit, est vrai. Quand la maladie frappait des villages éloignés d’Afrique ; quand les autochtones identifiaient cette maladie qui les effraie tant, que faisaient-ils ? On ne s’approchait pas de la hutte dans laquelle il y avait la maladie. Limite si on lui foutait pas le feu.
Saine et humaine réaction de protection. De plus dans des bleds paumés Dieu sait où, sans vraiment de moyens de transports performants et où tout le monde connaît tout le monde, le virus se contenait presque tout seul. Je dis bien ‘’presque’’. Mais en tout cas beaucoup plus facilement que dans les grandes fourmilières urbaines.

Donc pour ce prof de l’OMS, qui n’a pas pu servir de modèle pour le Docteur WHO, de simples moyens de protections pouvaient suffire pour contenir la maladie: « Une intervention avec du matériel de base aurait pourtant permis de limiter le désastre. »
[36,9°] Alors pour vous, l’équipement minimal, c’est quoi ?
« Alors ça dépend de quoi on parle. Si on parle de situation où vous êtes dans une famille où il y a une suspicion, et qu’on a pu mettre le patient sous surveillance, et bien il s’agit simplement, certainement, d’une hygiène des mains adéquate. Et puis, si on a une exposition rapprochée avec le patient en question, peut-être le port de gants et le port de masque. On est entrain de parler de quelque chose de très simple. »
Tellement simple qu’Ebola est parvenu à contaminer du personnel médical occidental, parfaitement au courant des mesures de protections.

Nous avons vu, lors de reportages diffusés via les journaux télévisés, les mesures de sécurité mises en place dans les aéroports pour éviter qu’Ebola ne quitte les pays touchés par la voie des airs. Des mesures qui se résument la plupart du temps par des caméras thermiques censées détecter les individus ayant de la fièvre. Le système marche. Nous voilà rassurés.
Sauf que c’est juste ‘’oublier’’ que le virus incube pendant une dizaine de jours en général, un ‘’en général’’ qui pourrait pousser à trois semaines. Mais restons sur 9 jours.
On en fait des kilomètres en 9 jours. Le virus peut quitter l’Afrique de l’Ouest et se poser au Maroc ou en Algérie et contaminer la mauvaise personne qui revient sur Marseille ou Paris, etc.
La question suivante de la journaliste du magazine est donc justifiée :
Si quelqu’un qui incube le virus Ebola arrive à la réception d’un hôpital et pose sa main sur le comptoir / « Non ! » / est-ce que quelqu’un peut l’attraper ?
[B]: « Non. Il faut être réaliste. Ici on ne doit pas avoir peur d’Ebola. Ici, lorsqu’un malade serait transféré d’Afrique, il sera pris en charge immédiatement. A la fois dans l’avion, mais ensuite dans l’ambulance puis dans l’hôpital par des équipes spécialisées. Personne ne risque rien aujourd’hui à propos d’Ebola ici en Suisse, de même qu’en Europe. »
Monsieur Pittet n’a pas répondu à la question. A première vue… Pour lui, et ceux qui contrôlent les informations, les seuls cas d’Ebola qui pourraient être présent dans les pays ‘’occidentaux’’ sont ceux que la médecine rapatrieraient sous haute surveillance, en caisson pressurisé cerné par des cosmonautes.
« Il faut être réaliste… » L’actualité récente l’a démontré. Un citoyen américain est revenu sans encombres, dans son pays, avec le virus en ‘’gestation’’ dans son organisme.
On peut pinailler en disant que les Etats-Unis ne sont pas l’UE. Je répondrais que ce n’est qu’une question d’ordre alphabétique, avant de poursuivre avec ce ressortissant étranger, venant à pied de France, qui s’est présenté, de lui-même, à la douane de Vallorbe en se disant atteint par le virus Ebola.
L’individu sera pris en charge par du personnel spécialisé et transféré au CHUV de Lausanne qui invalidera les craintes du patient après examens sérieux et approfondis.
Il est également possible que la personne en question, certainement malade, ait parlé d’Ebola pour s’assurer un ticket d’entrée sur le territoire helvétique. Mais cela n’enlève rien au fait que pendant les 9 jours qui permettent au virus de s’installer dans un organisme, personne ne semble capable de dire qui est malade, ou pas, uniquement en regardant l’individu porteur.

Le cas suspect d’Ebola fut placé en chambre d’isolement. Pièce hermétique avec sas d’accès, personnel spécialement équipé et tout ce qui va avec. Le magazine 36,9° nous a fait visiter celle dont dispose le HUG, avec explications des procédures par la cheffe du service au cas où Ebola pointerait le bout de ses filaments par chez nous.
Le ‘’hic’’, d’après la journaliste, c’est que ces « mesures de protections maximums misent en place dans les hôpitaux universitaires sont contraignantes. Ces soins coûtent chers et sont prévus pour des cas isolés. Même ici, avec de gros moyens, on serait vite dépassé. »

Vaudrait donc mieux que le virus tueur reste en Afrique. Plus facile à dire qu’à faire. D’autant plus que les personnalités chargées de veiller à notre sécurité disent également que de fermer les frontières, d’interrompre toutes relations avec les pays touchés par l’épidémie, nuiraient fortement à l’économie des dits pays. Comprenons que dans ce monde, où nos politiciens ont bradé la démocratie à la faveur des élites financières et économiques, nous ne pouvons pas nous passer des matières premières dont l’Afrique regorge.
Comprenons aussi, quand le Prof. Pittet, qui est quand même responsable de la Sécurité des patients au sein de l’OMS, dit : « Ici on ne doit pas avoir peur d’Ebola », qu’il serait fortement nuisible pour Nos économies, essentiellement orientées sur notre pouvoir d’achat, sur la consommation de biens de toutes sortes, que nous cessions de sortir dans les rues, dans les boutiques, les restaurants, etc. Bref, que nous consommions en fonction de nos stricts besoins vitaux.

En plus de savoir comment soigner les personnes atteintes par la maladie, cette épidémie, qui ravage actuellement une partie de l’Afrique de l’Ouest, pose le problème de savoir comment la contenir sans isoler les populations, comment immobiliser le virus alors que le monde entier bouge autour de lui ?
Déjà, il aurait fallu que les différents gouvernements et organismes de santé nationaux et supranationaux réagissent en ‘’temps’’ à la menace.
[Prof. P.Piotr] : « Le premier cas serait apparu en Guinée en décembre 2013. Ce n’est qu’en mars que l’OMS et Médecins sans frontières ont confirmé le diagnostique et puis ça a duré jusqu’en août, début août, avant que l’OMS et les gouvernements nationaux ont proclamé l’état d’urgence sanitaire. »
Donc le monde a, en gros, huit mois de retard sur l’épidémie et aujourd’hui, et avant que le CDC n’annonce la présence du premier patient infecté aux States, Barack Obama a envoyé 1'400 soldats en Afrique pour combattre Ebola. Le gag !
Les GI’s ne vont pas franchir la barrière du micro-univers pour aller découper en rondelle le filovirus à coup de sabre laser. Ils vont plutôt sécuriser certains sites stratégiques (pour eux), mettre en place les infrastructures nécessaire à une probable distribution élitiste du futur vaccin, contenir les populations à risques et isoler les ‘’contaminés’’, avec leur arsenal militaire.
L'OMS a perdu le contrôle de l'épidémie!? Pas grave, les Marines vont rattraper le coup.

Je terminerais avec le Professeur Kaiser qui nous explique rapidement un développement possible du virus Ebola et la reprise d’une phrase de son collègue HUG le professeur Pittet.
Laurent Kaiser :
« Paradoxalement, en s’habituant à l’homme, les virus peuvent devenir un peu moins virulent, un peu moins dangereux.
Là, on est peut-être dans une phase où le virus va s’adapter à l’homme progressivement et peut-être faire partie des pathogènes avec lesquels on devra vivre en Afrique ou dans d’autres contrées du monde. S’il arrive à trouver un équilibre entre sa virulence et sa transmissibilité.
C’est quelque chose qu’il faut absolument surveiller.
Actuellement la mortalité est énorme dans certains endroits. La mortalité va jusqu’à 90%. On estime qu’elle est entre 60 et 90%.
Même si cette mortalité diminue de, même de dix fois, mais que le virus se transmet plus facilement, on serait dans une situation épidémique extrêmement inquiétante. »

Quant à la phrase de Monsieur Pittet, elle ne m’a interpellé que quand je l’ai retranscrite :
« (...) Personne ne risque rien aujourd’hui à propos d’Ebola ici en Suisse, de même qu’en Europe. »
Alors un simple lapsus à la Hollande ou une vérité dissimulée pour nous avertir que personne n’est à l’abri ?

Nemo.

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