De 1986 à 1989 le HACA devient
Dès le 17 janvier 1989 l’autorité de régulation de l’audiovisuel (télé et radio) en France change à nouveau d’appellation : le CNCL devient le fameux Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Le président choisi toujours les membres chargés d’appliquer son autorité et le nombre de ses membres redescend à 9.
Le CSA "choisit" les personnalités qui seront à la tête des grands groupes de l’audiovisuel et des médias français.
Dernièrement, Mme Aurélie Filippetti, ministre de
Actuellement il s’applique en France une censure préventive menée par deux organismes.
Tous les programmes que nous visionnons sur l’écran de notre télévision d’abord, puis sur nos moiPhone ou iPad, passent immanquablement sous les regards avisés et décodant de ceux qui doivent décider à partir de quel âge les oreilles peuvent entendre dire « Sale enculé de ta race, ta mère n’est qu’une sale putain » ; définir à quel âge une décapitation, un homme passant sous un camion, une femme se faisant violer, un humain recevant de la bave d’extra-terrestre sur le visage, les cours de philanthropie de Saw ou Freddy Kruger ne dérangent plus les esprits.
Les chaînes
françaises opèrent une censure quotidienne de leur contenu en triant dans un
premier temps ce qui peut être vu ou entendu en fonction des tranche horaires
de programmations (celles et ceux qui se sont tapés les redif’s des Experts ont
vu toute la chronologie des séries bouleversée par la censure), ensuite en
supprimant parfois des reportages via les rediffusions internet. www.rue89.com/2013/04/24/television-francaise-championne-censure-241766
Mais le
contrôle de ce que nous pouvons voir et entendre ne s’arrête pas là.
Deux
exemples : Le premier trouvé est un article de Martin Winckler "La vie à suivre", lu dans Le Monde
hors-série "La vie en série". Le
second sur ma télé.
L’auteur de
l’article parle des diverses productions américaines qui ont enrichi le
kaléidoscope des séries visibles de l’autre côté de l’Atlantique, en les
décrivant comme de "bonnes" histoires, parfois parodiées, inspirées par
l’évolution des mœurs, de la vie sociale ou n’importe quel autre sujet ayant captivé
l’opinion public dans un proche passé, ou d’actualité (Homeland, par exemple); sans omettre la multiplication à l’infini
des enquêtes judiciaires et policières, les séries racontent souvent, en
parallèle au sujet principal de l’épisode, des histoires d’hommes ordinaires
confrontés à des situations plus qu’ordinaires. Ce qui permet aux
téléspectateurs de s’identifier aux multiples hommes/femmes héro/héroïne de
leurs séries fétiches. A tel point que la série Urgences a pu faire naître des passions pour la médecine dans un
large public il y a quelques décennies, ou que les Experts et ses dérivés ont
encouragés des carrières de policiers scientifiques tout comme elles ont
réussis à s’incruster dans notre système judiciaire.
Combien
sommes-nous à avoir "défendu" Sue Ellen ou
Pamela ?
Combien de
mecs n’ont pas imaginé voir courir les secouristes d’Alerte àMalibu sur la plage de leurs vacances ? Lesquels se
sont reconnus dans les addictions refoulées de Warrick ?
Fringe, en
plus de revendiquer une certaine continuité de X- Files, est une bonne série SF
dans laquelle se joue un drame familial quasi quotidien tout en permettant aux
téléspectateurs d’imaginer une autre réalité grâce à leur "univers parallèle".
Revenons à
ces exemples de douce manipulation télévisuelle…
Dallas était, selon la critique française, « ce que l’Amérique avait de pire à produire ».
Dallas,
dont on a eu droit à une suite 30 ans après la diffusion du premier épisode,
est une série qui fit, selon M. Winckler, l’objet d’un des plus grand malentendu
concernant les séries télévisées américaines. « Diffusée par TF1 dans une version française calamiteuse, elle établit
solidement dans l’intelligentsia de gauche triomphante, l’idée qu’une série
américaine est juste bonne à laver le cerveau des téléspectateurs »
alors qu’Outre-Atlantique cette même série fut considérée « comme l’une des meilleures et plus
grinçantes satires d’un milieu (pétroliers texans) et d’un genre (soap opéra) ».
Dans un
tout autre registre, vraiment aux antipodes de Dallas, il y eut, dès les
années 1970, l'apparition des mangas japonais sur nos
petits écrans : Albator, Capitaine Flam, Ken, Nicky Larson, Cobra, etc… en plus de tous ceux réservés aux filles et dont je
ne me souviendrais jamais des titres, à l’exception de Candy.
Pour toutes
ces séries animées, j’ai un souvenir de scénarios tournant autour de la baston
sans grandes réflexions ou à des moments de drague un peu foireux. Pourtant, Albator cachait une œuvre
environnementale tandis que les aventures du Capitaine Flam pourraient être un dérivé nippon de la magnifique
saga Star Trek que les pontes de
l’audimat français ont eu tant de peines à nous programmer sur les chaînes
hertziennes.
Dernièrement
je me suis offert le premier coffret DVD de l’intégrale de Goldorak. Une fois le plaisir du premier
générique passé, une certaine perplexité s’installe voire une légère déception.
Ce que racontent les "images" ne colle pas toujours avec les dialogues.
Par
curiosité, et pour le plus grand bonheur du p’tit Norrin (allez comprendre
pourquoi… ?), je passe le tout, ou presque, en version originale
sous-titrée. Le verdict est sans appel : Goldorak a perdu son âme pendant son adaptation à la version
française. A l’exception d’un ou deux panneaux, dont celui annonçant l’arrivée
sur le domaine du Ranch du Bouleau blanc,
rien ne permet de situer les aventures de Goldorak
au Japon. Tous les braves personnages terriens ont des noms se référant à la
voûte céleste ou se rapprochant d’une certaine mythologie; lorsque Gandal ordonne à Blakki (respectivement Minos
et Hydargos) d’attaquer Tokyo, les UFO de Véga explose Persépolis ;
Alcor n’est plus l’ancien pilote de Mazinger Z, et les réticences de
Daisuke/ Duke Fleed (Actarus le Prince
d’Euphor) à se remettre aux commandes de la monstrueuse machine de guerre
qu’est Grendizer (le Goldorak) sont effacées au profit d’un
dialogue plus …‘’soupe au lait’’.
Alors qu’en visionnant un épisode de Grendizer
sur Dramacafé TV (une chaîne télé arabe), on peut se rendre compte que les traducteurs locaux ont gardé
les noms d’origines (Daïsuke, Koji, Hikaru, etc…).
Quant aux
titres donnés aux épisodes, démontrent-ils une volonté des autorités
responsables des programmes que nous visionnons de nous faire passer le peuple
nippon pour une nation guerrière, sanguinaire et belliqueuse, incapable de la
moindre poésie ?
En premier
le titre japonais, puis le titre français (sans que l’inscription à l’écran ne
change…).
‘’Qu’elle était verte ma terre’’ devient
‘’Le prince d’un autre monde’’ ;
‘’Amour flamboyant au soleil couchant’’
devient ‘’Le traquenard de la mort’’ ;
‘’Dépasser sa colère face à
l’impardonnable’’ devient ‘’Le camp
de la lune noire’’ ;
‘’Celui qui
rêvait d’atteindre les étoiles’’ devient ‘’L’espion qui venait de Véga’’ ;
‘’ La fillette qui traversa l’arc-en-ciel’’ devient ‘’Du sang sur la neige’’
et ainsi de
suite.
Pour en finir avec cette manipulation télévisuelle, je vais vous parler de Cassiopée, une jeune fille clouée dans une chaise roulante après une avalanche causée par un golgoth. A la fin de l’épisode, la fillette se retrouve, selon son vœu secret, face au Prince d’Euphor, qui a transformé son Goldorak en un magnifique trois mâts flottant dans les airs. Et pour le rejoindre, Cassiopée doit traverser le pont de l’Arc-en-ciel.
Ce qui, en bref, donne en VOST vs Version Française :
Alcor (vost):
« Monte sur l’Arc-en-ciel »
Actarus (vf):
« Viens
jusqu’à moi par le pont de l’arc-en-ciel. »
La
fillette (qui s’est levée de son siège et a fait un pas en avant):
« Mais
je… je ne peux pas marcher »
« Mais
je suis complètement paralysée. »
Actarus :
« Regardes,
tu te tiens debout. Allez, un petit effort, viens. »
« Pour
être digne de rencontrer un prince il faut être capable de fournir un gros
effort. »
La fillette
traverse et :
« J’ai
réussi à le traverser… »
« Je
suis arrivée à traverser le pont arc-en-ciel… »
Actarus :
« Oui…
Tout ira bien désormais. »
« Ce
qui prouve que tu peux marcher si tu le veux. »
La
fillette :
« Je
serai courageuse, promis. »
« Une
femme est capable de tout, pour faire plaisir à un prince. »
Les
féministes apprécieront.On pourrait hasarder que ce n’est qu’un dessin animé pour enfants qui de toute manière ne captent rien, ou pas grands choses, aux dialogues. Pourquoi pas… Sauf qu’aujourd’hui, quand tout le monde s’acharne à vouloir défendre les droits d’auteurs, la propriété intellectuelle et je ne sais quoi d’autre, cette honteuse manip’ ressemble à de la trahison. Et cela ne touche pas que Grendizer.
Star Trek, The Defender, M*A*S*H, pour ne parler que de ces séries, furent censurées pendant de longues années ;
La vie à tout prix était le titre français de Chicago Hope;
La version française de Tout le monde aime Raymond est catastrophique et
Grey’s anatomy, New York District/ Law & Order, Urgences ou encore Dr House ont eu droit à des scènes coupées ou un doublage français aléatoire.
Toujours selon Martin Winckler, dont j’ai tiré les quelques noms des séries ci-dessus dans son Petit éloge des séries télé [Folio, 2012], TF1 continuait, en 2011, à couper des scènes et à réécrire en français les dialogues de ses séries vedettes.
En dépit de tout ceci, je continue de croire que la télé, sous toutes ses formes de diffusions ou de supports, reste un formidable outil d’abrutissement massif doublé d’un moyen de contrôle des populations redoutablement efficace.
Jeff.