dimanche 22 juin 2014

Euh... Hop Suisse.

Cela faisait six mois que chaque supporter de l’équipe de Suisse attendait le 20 juin 2014 avec une certaine impatience, depuis le tirage au sort des groupes constituant la phase éliminatoire de la Coupe du monde au Brésil. La date qui verrait la Nati de Hitzfeld affronter les Bleus de Deschamps et les vaincre, les renvoyer aux vestiaires admiratifs devant la classe, la stratégie et la technique des joueurs Suisses.
Mais avant cela, il y avait la joie des inconditionnels de l’équipe Suisse, staff inclus, qui décomptaient les mois, les semaines puis les jours avant le début de la grosse fiesta brésilienne du futebol.
Après dix matches sans défaite dans la phase de qualification, après être arrivée première de son groupe, après être tirée au sort dans le chapeau des têtes de série et de se retrouver sixième au classement FIFA, la Nati a fait naître les rêves les plus fous dans l’esprit de ses supporters. Oubliant au passage que ses adversaires de la poule qualificative n’étaient pas de grandes nations du football européen non plus.
A l’issue du tirage au sort, dans le journal de 19 :30 de Darius sur RTS 1, Monsieur Michel Pont, assistant number one du patibulaire Ottmar Hitzfeld, dissimulait à peine son plaisir de se retrouver face à la France et au Brésil : « (…) A Salvador de Bahia, ville festive, multicolores, un stade fantastique, ce sera une date historique dans l’histoire du football Suisse. » Une date historique se fut, en effet…
Mais avant cela, il y eut l’Equateur. Tout a été dit sur ce match dont la victoire fut arrachée dans la douleur et l’abnégation, à la 93ème minute. Un peu comme en 2010 contre l’Espagne, où la Nati avait su trouver le courage et les forces nécessaires pour repousser les attaques incessantes d’une formation qui dominait le football mondial depuis deux ans déjà, et qui obtiendrait sa première étoile sur le maillot de l’équipe nationale à la fin du tournoi.

La 93ème minute, trois acteurs, un exploit, pour une réussite qui a fait oublier toutes les errances précédentes. Valon Behrami très critiqué pour sa piètre prestation durant 92 minutes, devient le héros du mythe fondateur de la résurrection de l’équipe de Suisse, l’incarnation de « l’esprit guerrier » qui hante l’âme des sélectionnés helvétiques.
Il dira devant les journalistes : « Ces trente dernières secondes ont donné quelque chose d’incroyable à l’équipe. Si on avait perdu, on était mort, avant de jouer contre l’équipe la plus forte.»
On y a cru quelques jours et une quinzaine de minutes. Sauf que lors du second match tant attendu de la Suisse contre la France, il glissera une passe parfaite en retrait directement dans les pieds de Karim Benzema, un Benzema qui n’en demandait pas tant et qui devient tranquillement l’un des meilleurs attaquants du monde.

Celles et ceux qui ont acheté les places pour les matches à Salvador de Bahia en ont eu pour leur argent : trois matches joués, et pas n’importe lesquels, pour 17 buts marqués. Pays-Bas- Espagne : 5-1 ; Allemagne- Portugal : 4-0 ; Suisse- France : 2-5.
Dès le début du tournoi mondial, le staff helvétique a rappelé aux supporters de la Nati que le favori du groupe était bien la France. Quant à Mr Deschamps il a souligné, avant le match fatidique, que la France allait affronter le sixième au classement FIFA et que l’équipe Suisse n’était pas arrivée là « par hasard ». C’est donc en toute logique que les Français ont envoyé à cinq reprises Diego Benaglio rechercher le ballon dans ses filets.
Il aurait pu y avoir un sixième goal, mais l’arbitre de la rencontre sifflera la fin du match avant que le dernier tir de Benzema ne franchisse la ligne du but Suisse. Merci.
En moins de 100 minutes l’ascenseur émotionnel de la Nati est tombé en chute libre de l’étage ‘’terrasse avec vue panoramique sur le Brésil’’ en défonçant cave, sous-sol et garage. Et quand nous ressortirons des décombres, ce sera pour espérer que la Suisse batte le Honduras.
J’ai vu que certain média romand donnait des ‘’notes’’ liées aux prestations des joueurs lors du match de la veille. Ce qui me surprend c’est que quasiment personne ne remet en question la stratégie et les choix d’Ottmar Hitzfeld.
L’équipe de Suisse vit pour le moment, parce que le match contre le Honduras n’a pas encore eu lieu quand j’écris ces lignes, le même scénario que lors du mondial précédent en Afrique du Sud : Sa qualification aux 1/8 de finale dépend de son résultat contre cette équipe du Honduras.
Quatre ans de travail pour espérer battre le Honduras, waow quels progrès! Je m’excuse, mais Monsieur Hitzfeld mérite-t-il son salaire ?

Michel Pont, le meilleur assistant du monde, l’un des rares qui s’expriment en Français dans le groupe et que j’apprécie beaucoup disait, dans les lignes du lematin.ch le 4 juin dernier :
« Je veux croire qu’on a des moments magiques devant nous. On est plein d’espoirs. L’atmosphère est excellente, on va tout faire pour qu’elle le reste. On a mis trois ans pour créer cette ambiance, c’est elle qui doit nous permettre de vivre de grands moments au Brésil. »
Trois ans pour créer une ambiance qui nous fait revivre le mondial africain quasi à l’identique. De son côté, Monsieur Deschamps a su transformer son équipe et lui redonner la rage collective de vaincre en moins d’une année !
Ne me parlez pas des individualités qui garnissent les rangs des Tricolores ! Ils nous surpassent, ils nous surclassent. Mais pas assez pour qu’on baisse le froc sans se battre vraiment.
Monsieur Léonard Thurre, un consultant RTS, continue d’affirmer que la Suisse a « l’esprit guerrier ». Serait temps que cet "Esprit" sorte de la tête de nos joueurs pour envahir le terrain.

Nemo.
 
Ou alors, ce vieux loup gris d'Hitzfeld nous a fait la feinte de l'ours polaire à l'échelle "Coupe du Monde". Et là: Chapeau!

jeudi 19 juin 2014

Potins, gros poisson et p'tits silences.

Une semaine sur deux, je m’occupe de mon ptit bout d’homme. Ce qui me donne l’occasion de fréquenter les abords de son école aux heures d’affluences.
A la limite du préau, où viennent s’agglutiner tous les parents (à 90% de femmes) pour récupérer leurs progénitures, les discussions vont bon train.
On y apprend que tu peux encastrer une voiture parquée ‘’hors cases’’ sans être responsable : « Ce n’est pas de ta faute, cette voiture n’a rien à faire là » ; que tu peux vider ton sac poubelle surtaxé dans le molock (container géant enterré dans la chaussée) pour économiser deux francs ; que le mari d’une autre paye 50 francs annuel à son boulanger de patron pour le débarrassage des déchets incinérables ; que la fausse blonde « a eu ses parents à manger le week-end passé » ou encore qu’il faut être une « belle âme » pour prêter son chien à son ex pour qu’il ne se promène pas seul…
En attendant la sonnerie qui libère toutes les énergies destructrices de nos chères petites têtes blondes, brunes, châtains ou noires, on peut apprendre que l’eau du lac, du côté de Vidy, était « ignoble » lundi en 9 de ce mois.
L’explication commence par la pêche miraculeuse des enfants qui ont sorti de l’eau un poisson d’une bonne cinquantaine de centimètre. Mort le poisson, bien entendu. Ce qui a fait vivre à cette pauvre maman un moment « horrible ». Mais je comprends qu’à force de bouffer du ‘’Findus’’, on finit par croire que le poisson est brun et de forme cubique.
Comme en plus le lundi ‘’9’’ était férié de Pentecôte, chez nous autres Vaudois, tous les prédateurs bipèdes vivant à proximité d’un point d’eau, se sont retrouvés sur les zones vertes ou les aménagements permettant l’accès… au point d’eau. Donc le lac Léman.
Avec la minorité de ‘’richetos’’ qui squattent la majorité des rives du lac, il ne reste plus beaucoup de place à disposition pour la majorité des populations urbaines. Du coup tu dois faire attention à ton sac, à tes pieds, aux ballons gonflables des enfants, aux ballons de foot ou de volley des ados et tu finis ton après-midi de détente avec ton callosse qui pue l’algue séchée, les jambes dévorées par les puces de canard et tes affaires qui te rappellent que les portugais d’à côté ont fait griller une quantité industrielle de sardines.

Mais tout cela n’est rien, parce que tu as trouvé un poisson mort, dans le lac ! Pourtant, pas très loin de Vidy, le canal d’évacuation d’une station d’épuration du coin, rejette dans le lac des organismes résistants aux antibiotiques ; pourtant, une forte concentrations de pollution aux microplastiques, en quantité suffisante pour engendrer une certaine inquiétude pour la faune, a été mesurée l’an passé par l’EPFL ; pourtant, le beau Léman pourrait bien charrier des herbicides comme la Terbuthylazine et le Diuron ou encore garder des traces d’Atrazine, qu’utilisaient nos vignerons jusqu’en 2011 (officiellement).
Et nous n’avons aucune idée de ce qui se passe du côté de Collombey-Muraz, où se planque la Satom, Ciba et Tamoil. Pas très loin du Rhône…
Cette maman ‘’horrifiée’’ pourrait aussi se renseigner sur la Leptospirose : maladie infectieuse transmise par une bactérie contenue dans les déjections des rats, mais qui touche essentiellement les pêcheurs. Un pêcheur sur 4 en gros.

Mais comme tout cela est ‘’invisible’’, on ne s’en soucie pas. Et puis de toutes façons, si les baignades dans le lac étaient éminemment dangereuses pour la santé de nos enfants, nos si prévenants Services de la santé se feraient un devoir de nous en avertir immédiatement, comme dans les années 1970. Maintenant si de faire trempette dans un lac induit des séquelles qui se verront dans 15-20 ans ou se répercuteront sur les générations suivantes, il n’y a pas de raisons, pour nos autorités, de nous avertir. Parce qu’avec toutes les m…. auxquelles nous sommes exposés quotidiennement, allez savoir laquelle nous a rendu malade…
J’affabule ? Possible. Sauf qu’en Suisse il n’y a pas que les banques qui aient leurs secrets. Comme dans les autres pays d’ailleurs. Tant que les populations demeurent dans l’ignorance, tout va bien ; tant qu’une ‘’crise’’ ne vous a pas pété à la gueule, elle est sous contrôle.

Pendant quarante ans (1930-1970), une entreprise située aux fins fonds du Valais active dans la chimie et la pharmacie s’est débarrassée de plusieurs tonnes de mercure dans des fosses ‘’sauvages’’ ou directement dans un canal voisin de l’usine. Polluant ainsi, le canal en question, le Rhône puis le Léman.
L’industrie n’a jamais vraiment été ouvertement impliquée et le service cantonal de l’époque se montrait incrédule face aux ‘’preuves’’ de pollutions. Quelles quantités de cette saloperie ont-elles été déversées dans la nature ? Un début de réponse en 2011 quand le Service valaisan de protection de l’environnement estime à 28 tonnes la quantité de mercure déversée dans le canal de Turtig. Un chiffre qui sera revu à la hausse, par la Lonza (le pollueur en question) en 2014, et qui passera à… 50 tonnes.
http://www.rts.ch/info/regions/valais/5633465-la-pollution-au-mercure-en-valais-est-plus-grave-que-prevu-admet-lonza.html
http://www.vs.ch/Navig/navig.asp?MenulD=32016
Vers le milieu des années 1970, les scientifiques de l’époque estimaient à 70 tonnes la quantité de mercure qui reposait au fond du lac Léman.

Le 21 janvier 1969, un incident survient lors du démarrage de la centrale nucléaire de Lucens, entraînant une fusion partielle du cœur et la contamination de la caverne accueillant le réacteur. Décontamination, démontage et bétonnage partiel du site pendant les 22 années suivantes.
Depuis, tout va bien. Sauf qu’une élévation de tritium radioactif est annoncée en 2012 par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Quelle est l’origine de cette augmentation subite, mais passagère ?
L’Office fédérale de n’a pas de réponse à fournir excepté : « Mystère », en nous assurant que le site est sous surveillance tandis que des scientifiques nous rassurent en nous affirmant que les mesures effectuées sont bien en dessous du minimum ‘’autorisé’’.
Mais qu’est-ce qui peut être ‘’autorisé’’ quand on parle de radioactivité ?!?http://www.letemps.ch/Page/Uuid/a6b456d4-8fb6-11e1-9c23-a57fa0444c63

Du côté de Bienne, les habitants de bâtiments construits sur une ancienne zone de la décharge municipale ont ont été maintenus dans l’ignorance, pendant une année et demie, quant à la présence de forte quantité de radium dans le sous-sol.
http://www.tdg.ch/suisse/Radium-radioactif-en-plein-cur-de-Bienne/story/23079499
encore, l’Office fédéral en charge des petits atomes radioactifs reste rassurant, minimise les risques tandis que les ouvriers d’un chantier voisin doivent porter des dosimètres sur leurs vêtements de travail.

On nous parle de ces ‘’pollutions’’, on râle un coup puis on oublie. Le monde civilisé à des choses bien plus importantes à s’occuper, et tant que le risque humain n’est pas supérieur au risque économique, il n’y a pas de raison d’inquiéter les populations, ni de s’en faire pour notre environnement.
La Suisse reste belle, malgré tous ces risques (minimisés) pour notre santé.
Oublié les près de 3'000 litres de chlorure ferrique, un liquide corrosif, qui ont fui d’une citerne en novembre 2012 à Prêles (Berne). Un liquide qui s’était propagé via les canalisations et un ruisseau jusqu’au lac de Bienne, causant à la Nature des dommages ne pouvant être estimés.
Oubliée la fuite chimique d’une station de conditionnement de l’eau du lac de Bienne qui a permis à environ 70 litres de dioxyde de chlore de s’écouler dans la nature en mai 2013.
Qui se souvient des 1'500 mètres cubes d’eaux usées qui sont partis dans le lac de Morat en août 2013, tuant des milliers de poissons et rendant la baignade interdite pendant quelques jours ?L’origine d’une pollution, due à un mélange d’hydrocarbures et de solvants déversés le Néziau, un ruisseau de Romanel s/ Morges, et qui pendant trois jours de juin 2013 a tué la faune et la flore sur des centaines de mètres a-t-elle été trouvée ?
Il faut préserver Lavaux, patrimoine mondial de l’Unesco. Ce qui n’empêche pas les vignerons de recourir à l’hélicoptère pour l’épandage saisonnier des vignobles, lâchant au gré des vents des pesticides et des fongicides dont nous ne verrons jamais les noms inscrits dans les colonnes des journaux quotidiens ou hebdomadaires.
Mais heureusement pour la préservation de notre environnement et de la qualité de nos vendanges, ils envisagent de faire de l’épandage ‘’bio’’…

Nemo.

samedi 7 juin 2014

FIFA: Opération séduction.

Le Brésil, pays émergeant, est devenu la septième puissance économique mondiale.
Ce développement ne c’est pas fait sans laisser de traces durables dans son environnement, sans accroître les discriminations sociales ou encore sans opposer, dans un combat bien inégal, les héritiers d’une culture ancestrale aux apôtres de l’idéologie ultra libérale.
La fracture sociale était bien présente quand le Brésil a officiellement déposé sa candidature pour l’organisation de la prochaine coupe du monde de football auprès de la FIFA, et la liesse générale du peuple brésilien, quand le choix de la FIFA se porta sur la ‘’Nation du football’’ pour 2014, n’a pas comblé le fossé qui sépare les classes sociales. Un fossé qui continue à se creuser jours après jours. Mais tout le Brésil s’est laisser emporter par les rêves de grandeurs et de richesses qui entourent le produit ‘’Coupe du monde’’.
Aujourd’hui, à quelques jours du début des festivités, les brésiliens se rendent bien compte que les rêves d’il y a sept ans n’étaient que de jolis spots publicitaires.

Selon Christian Rappaz, journaliste à L’Illustré, qui a fait plusieurs voyages aux Brésil en portant son attention dans les favelas qui jouxtent les grandes métropoles sud-américaines, le constat exprimé par la presque totalité des ‘’oubliés’’ de la croissance brésilienne est : « La Coupe du Monde, ce n’est pas pour nous. »
Alors pour qui est-elle ?
Les plus de 150'000 représentants des forces de l’ordre chargés de la sécurité autour des enceintes FIFA, donnent un début de réponses.
Le montant avancé, pour la préparation de la plus belle Coupe du Monde de l’histoire du football, se monte à 12 milliards de dollars. Un budget colossal que se partagent le gouvernement et le secteur privé.
Le football, en devenant le sport le plus populaire de la planète, s’est transformé en une gigantesque société financière chapeautée par des fédérations continentales, l’UEFA et la FIFA (des associations qui se veulent à but non lucratifs) et qui sont en relation avec des actionnaires, des investisseurs ou des sponsors.
Il est donc normal, dans un monde financier, que tout le monde en veuille pour son argent et que tous ceux qui seront reliés à l’événement en retirent le meilleur profit. Surtout dans le secteur ‘’privé’’.
Alors pour que le retour sur investissement soit positivement favorable tout doit être fait pour que celles et ceux qui ont les moyens de voyager, de séjourner au pays de la samba et de s’offrir des places dans les jolis stades construits pour l’occasion se sentent ‘’comme à la maison’’ et en sécurité dans les fameuses enceintes FIFA. Quitte à déloger au passage quelques miséreux pouilleux auxquels on peut foutre le feu sans déclencher la troisième guerre mondiale.

La polémique au sujet des enceintes de la FIFA a, sauf erreur, débuté lors de la dernière C.M. en Afrique du Sud. Une édition qui a rapporté 4,2 milliards de dollars de bénefs à la FIFA (dont plus de la moitié grâce aux droits de retransmissions TV) et laissé une ardoise de 2,8 milliards de dollars au gouvernement sud-africain.
L’enceinte FIFA, c’est comme une gigantesque Fans zone. Sauf qu’à la place d’un écran géant, il y a un stade de foot. La gestion et l’organisation des Fans zones locales est confiée à des sociétés privées spécialisées dans ‘’l’événementiel’’, au Brésil c’est la FIFA. La Fans zone Suisse est cernée par des grillages, recouverts de bâches plastiques, pour donner un aspect privatif au lieu tandis que des Sécuritas contrôlent vos sacs et vous demandent de ne pas y introduire de consommations. Outre-atlantique ce sera idem sauf que le service d’ordre sera vêtu d’une tenue de combat urbain avec matraques et tout le toutim. Gaz lacrymo inclus.

Après 2010 (C.M. en Afrique du Sud) et les critiques acerbes contre la FIFA, l’UEFA s’est servie des tensions régionales pour créer un climat d’insécurité (menaces terroristes) avant l’Eurofoot de 2012, qui s’est déroulé en Ukraine. Du coup, les enceintes de l’UEFA devenaient des zones de sécurités sous la vigilance des forces de l’ordre nationales.
Au Brésil, c’est plus subtil. Il n’y a pas de méchant terroristes Tchétchènes musulmans et il ne me semble pas que le pays soit en conflit avec ses voisins. Le danger vient d’une majorité de la population qui normalement devrait sauter de joie, comme le cabri qui se rend au barbecue et qui dans ses violentes manifestations revendique un message social. Les affrontements sont filmés et font le tour de la planète. De plus, certain quotidien et média ne se sont pas gênés de prétendre que le supporter brésilien pouvait devenir un « Ultra » violent et que l’on pouvait se ramasser une cuvette w.-c. sur le crâne à n’importe quel moment.
La série d’articles, consacrés à cette violence qui gangrène le sport brésilien, s’est donc normalement achevée par une manchette du Matin, qui informait les futurs fans ayant envie de faire le déplacement avec leur équipe nationale, qu’ils seront plus en sécurité dans les stades que dans les rues. C’est déplorable. Mais surtout, cela légitime la main mise de la FIFA qui transformera, pour un mois, des espaces publics en propriétés privées.

La FIFA n’est pas méchante. Comment le pourrait-elle, elle qui existe « For the Game. For the World » ?
C’est le message que veulent faire passer certains pontes de l’association tutélaire du foot mondial. Pourtant quand le plus d'un demi millions de visiteurs se pointeront, ils risquent fort d’être les témoins directs des violences commises par la police militaire défendant la fête des riches brésiliens contre les pauvres du Brésil. Si les touristes du foot ont cette réflexion dans l’esprit, quand ils seront coincé au nouveau terminal de l’aéroport ou au milieu de l’Amazonie à cause d’une grève, la FIFA va perdre de nombreux points, la Rousseff les prochaines élections ; les sponsors l’auront dans le baba et l’économie du pays va prendre une double gifle.

La FIFA se doit de réagir.
L’opinion publique d’une Europe bien pensante s’émeut du sort des miséreux qui vivent dans des favelas qui sont ‘’dératisées’’ au lance-flamme ? (Exagéré, le lance-flamme.)
La riposte fournit aux enfants d’autres favelas des appareils de photos pour qu’ils expriment au travers d’une série de clichés ce qu’est le futebol pour les enfants brésiliens, pour qu’ils immortalisent la passion du Brésil pour le football.
Les conditions sociales et le droit des travailleurs sont lamentables ?
Il se crée des logements style Bed & breakfast, en version favelas, pour le séjour des fans les plus téméraires et de nombreuses et nombreux brésilien-ne-s, sans formations pour la plupart, auraient trouvé la possibilité de suivre gratuitement des cours d’initiation à tout ce qui touche à la restauration et à l’accueil des visiteurs. Une formation ‘’sur le tas’’ qui ferait rêver quelques chanceuses qui se voient déjà ouvrir leur petit resto une fois le messe du foot terminée.
Sans oublier les prostituées qui ont reçu l’équivalent d’un peu moins de mille francs suisses chacune pour suivre des cours de langue. Pardon, d’Anglais.
Dans un pays où le salaire moyen est de moins de 400 francs et qu’un tiers de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté, la nouvelle a été dure à avaler.
Ajoutez à cela l’« Official licensed stickers album », qu’une bonne majorité des enfants veulent remplir: Un truc à vignettes Panini qui, en page ‘’5’’ affiche une pub en trois passes : « Develop the game » ; Touch the world » et le merveilleux « Build a better future ».
Là-dessus les équipementiers sportifs y vont de leurs pubs ‘’magiques’’ et Coca nous fait sniffer sa dernière ligne avec son slogan : « Et si le monde ressemblait davantage à la Coupe du monde de la FIFA ? ». Pis quoi encore ?!? Y nous f’ront crier « MAXIMUS… MAXIMUS » dans 4 ans ?!?

A moins d’une semaine du début de la compétition, de nombreuses questions subsistent. Nous les connaissons, parce que les médias nous les ressassent régulièrement. Et même si Sepp Blatter, le seigneur de la FIFA, se veut encourageant, optimiste, quand il nous livre cette profonde observation : « Le football est plus fort que l’insatisfaction des gens », l’avenir, quant au bon déroulement des festivités, demeure encore incertain.
Et cette incertitude pousse la FIFA à nous rappeler que le gouvernement brésilien a reçu, en son temps, un ‘’cahier des charges’’, certes rigoureux,  mais qui n’imposait ‘’que’’ huit stades. Tandis que de son côté, Dilma Rousseff affûte ses réponses, en soulignant que si les stades ne sont pas finis, c’est parce que la FIFA ne lui en a pas donné les moyens.
A moins d’une semaine du début de la compétition, la Coupe du Monde de foot commence par un… ping-pong.

Nemo.

lundi 2 juin 2014

Ne touchez plus nos enfants!

Cela doit faire 20-25 ans que nous vouons enfin une attention toute particulière au bon développement de nos enfants ; cela doit faire un peu plus de deux décennies que nos futurs héritiers peuvent enfin commencer à profiter des ‘’conforts’’ de la vie que se réservaient jusque là les adultes.
Nous voulons abolir le travail des enfants, l’esclavage des enfants et le trafic des enfants à des fins sexuelles. Le tourisme sexuel, qui envoyait en Extrême-Orient les grands moralisateurs civilisés quêter la ‘’chaire fraîche’’, semble aussi régresser.
Il est facilement compréhensible qu’à l’heure du tout médiatisable, quand certain adulte raconte leur calvaire enduré durant leur enfance, et que leur cas était loin d’être le seul, que nous voulions absolument que toutes formes de violences faites à l'encontre d'enfants innocents ne se reproduisent plus.

Le hic, c’est que cette hyper protection que nous voulons mettre autour de nos descendants pose parfois problème quand un prof, un peu trop zélé, décide de faire intervenir le Service de la jeunesse et de porter des accusations de maltraitance là où il n’y en a pas. Quant aux histoires de jeunes ados menaçant de porter plainte contre leur parents pour des violences ‘’domestiques’’, ou même contre un corps enseignant, ne sont pas rares.
Les plus malins parmi eux, parce qu’il en faut bien, ont donc assez vite compris comment se servir des différents outils à disposition dans leur nouvel espace de liberté. Ce qui fait que d’un côté vous avez des adultes effrayés, par les dangers du monde qu’ils ont eus mêmes créé, voulant à tout prix préserver l’innocence de leurs bambins, et de l’autre des gamins, des jeunes ados ou ados tout court, qui se ‘’selfient’’ à tour de doigts dans toutes les positions de la vie, de la cour d’école à la salle de bain, en passant par la chambre pour immortaliser la fin du coït. Le tout étant bien sûr offert à Facebook.
Voyant cela, nous voulons à notre tour les protéger des possibles prédateurs sexuels qui hantent la toile et du coup les grandes filles commencent à mettre leur virginité aux enchères.
D’accord, cela se passe en Allemagne, un pays qui autorise aussi la zoophilie.

Presque toutes les civilisations anciennes et antiques ont, à un moment donné, fermé les yeux sur les pratiques sexuelles entre adultes et enfants, hétéros ou homosexuelles. Avant de disparaître.
En ce qui nous concerne, selon une des pages consacrées à la pédophilie sur wikipédia, jusqu’à la fin des années 1960-1980, la pédophilie était défendue, voire parfois valorisée, par des politiciens et hommes publics de gauche ou d’extrême gauche ainsi que par des associations homosexuelles comme le FHAR (Front homosexuel d’action révolutionnaire) ou l’International Lesbian and Gay Association.
Il faut attendre 1990 pour que les choses bougent vraiment et que l’on prenne officiellement conscience que nos enfants sont à protéger et que la réprobation de la pédophilie devienne unanime.

La chasse aux monstres est ouverte. Nous surveillons les rôdeurs et nous traquons jusque sur le net ces dangereux personnages alors qu’une bonne majorité des agressions commises le sont par des personnes proches, faisant partie de l’entourage de la victime et ayant un rapport d’autorité/ confiance avec les enfants/ados (église, clubs de sport, école…). Le grand méchant loup ne rôde pas forcément dans la forêt, il attend sagement à la ‘’maison’’ que sa proie vienne à lui.
Le grand méchant loup qui bouffa la grand-mère ; la louve qui ne peut être méchante puisqu’elle nourrit les fondateurs de Rome. Ce sont les histoires que l’on raconte aux enfants.
Du coup, la chasse aux pédophiles, se conjugue au masculin uniquement et peine très fortement à changer de ‘’genre’’. Ce que pourrait confirmer un article lu sur le site de Marie Claire qui titre :
« Comment une femme peut-elle être pédophile ? »
Pour un mec, on ne se pose pas la question, cela doit être inscrit dans ses gènes, par contre pour une femme, ce n’est pas ‘’normal’’.

Je vous emmène en avril 2013. La France se remet doucement de l’officialisation du mariage homosexuel et des manifs qui ont accompagné les débats politiques, quand survient cette petite info, entendue sur M6, le 26 du même mois :
« Une enseignante suspendue. »
« Une prof d’Anglais du collège Louise Michel de Lilles Sud entretenait des relations sexuelles avec une jeune élève de 14 ans.
La relation était, selon l’enseignante, amoureuse, consentie et durable. La liaison durait depuis deux ans. L’enseignante a 20 ans de plus que la jeune fille. »

Cette affaire, que tout le monde souhaite oublier, a été enquêtée et jugée en 6 mois. Six mois parce que la séance qui avait été agendée en juin fut repoussée en septembre.
L’avocate de l’enseignante, qui demanda le huis clos lors du procès, déclara à la presse :
« Ce n’est pas de la pédophilie, c’est une histoire d’amour interdite. »
Le verdict final, fut rendu le 7 octobre 2013, par le tribunal correctionnel de Lille et a condamné l’enseignante, « soupçonnée d’avoir eu une liaison avec une de ses élèves », alors qu’elle n’a jamais nié les faits, à une peine de 18 mois d’emprisonnement avec sursis.
Il a aussi été prononcé à l’encontre de l’enseignante une inscription au FIJAIS (Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles).
Dans son verdict, le tribunal n’a pas suivi la requête du parquet de Lille qui ne réclamait qu’une peine de 8 mois avec sursis mais avec une  mise à l’épreuve qui imposait : « Une obligation de soins, l’interdiction pour le professeur de contacter l’adolescente ou de se rendre chez elle, d’exercer toute profession en lien avec des mineurs et de communiquer avec la presse. »
La prof d’anglais n’aura pas besoin de soins et pourra reprendre son job d’enseignante. Ailleurs, il va de soi.

Si parler d’actes pédophiles pour les victimes est extrêmement difficile et demande énormément de courage et de soutien, dénoncer la pédophilie féminine c’est parler du tabou, du tabou. D’ailleurs, la fiction érotisée et romancée de cette "passion interdite" a fait couler plus d’encre que l’affaire en elle-même. Est-ce que le côté pervers de notre esprit qui accepte mieux la pédophilie lesbienne que gay ?Franchement, je n’en ai aucune idée. Mais il y a fort à parier que si les acteurs de cette affaire avaient été UN prof masculin, vingt ans plus âgé que son élève petit garçon, la vindicte populaire eut été sans pitié et à aucun moment l’avocat de l’enseignant n’aurait pu avancer l’idée d’un « amour interdit ».

Pour cet article, j’ai lancé une recherche via Google, of course, avec ces trois mots : « Prof » d’ «anglais » « suspendue ». Eh bien Google m’a proposé un nombre interminable d’articles sur le cas d’une prof suspendue, du côté de Rouen en mars 2013, pour avoir demandé à ses élèves une minute de silence en mémoire de Mohamed Merah. J’ai abandonné la lecture à la seizième page, et ce n’est qu’après avoir fouiller dans mes notes dispersées aux quatre coins de mon apparte que j’ai pu retrouvé les bons articles. Suffisait juste de préciser que cela se passait à Lille et d’accepter qu’une prof d’anglais, qui fait le deuil d’un pseudo terroriste, est plus grave que le fait qu’une de ses ‘’collègues’’ abuse d’une mineure.
Pourtant les cas de pédophilie féminine existent. En Angleterre les plaintes pour agression sexuelle féminine ont augmenté de 132% et, selon une criminologue de l’Université de Montréal, les femmes constituent 5% de la population des délinquants sexuels.

Marie Claire par le biais d’un dossier, qui pourrait tout aussi bien convenir, à quelques détails près, au développement de la pédophilie masculine, tente de répondre à sa question qui est de savoir « Comment une femme peut-elle être pédophile ?» Cela suffira-t-il pour convaincre Jocaste* de ne pas rester à l’écart des cabinets des psys, à demander de l’aide si le besoin s’en faisait ressentir ?
La réponse viendra avec le temps, comme d’hab’.

En attendant, de qui devons-nous protéger nos enfants ? Du grand méchant loup, de l’Aigle noir, du bison de la louve ou de la couguar ? Devons-nous nous méfier de celles et ceux à qui nous confions nos enfants ?
Sans virer parano, je dirais que oui, parce que le sordide se cache souvent là où on l’attend le moins.
Un ‘’Oui’’ qui veut dire que nous devons être attentif envers nos enfants, suivre leur développement extra scolaire de près sans pour autant nous immiscer totalement dans leurs ‘’hobbies’’ et ne pas laisser les "Simpsons" se charger de leur éducation; ne pas leur dire qu’ils sont en sécurité mais le leur faire ressentir et quand un enfant se tait ou élude les réponses, ne pas croire que tout va bien.

Nemo.

*: Jocaste est la femme qui tomba amoureuse de son fils Œdipe.
http://www.marieclaire.fr/,femmes-pedophiles,20258,408762.asp
http://wwwlefigaro.fr/actualite-france/2013/09/23/01016-20130923ARTFIG00308-a-lille-une-enseignante-accusee-d-avoir-eu-une-liaison-avec-une-eleve-devant-les-juges.php
http://www.nord-pas-de-calais.france3.fr/2013/09/24/enseignante-soupconnee-d-atteintes-sexuelles-8-mois-de-prison-avec-sursis-requis-324383.html
http://tempsreel.nouvelobs.com/justice/20131007.OBS0053/lille-prison-avec-sursis-pour-la-prof-soupconnee-d-atteinte-sexuelle.html