jeudi 19 juin 2014

Potins, gros poisson et p'tits silences.

Une semaine sur deux, je m’occupe de mon ptit bout d’homme. Ce qui me donne l’occasion de fréquenter les abords de son école aux heures d’affluences.
A la limite du préau, où viennent s’agglutiner tous les parents (à 90% de femmes) pour récupérer leurs progénitures, les discussions vont bon train.
On y apprend que tu peux encastrer une voiture parquée ‘’hors cases’’ sans être responsable : « Ce n’est pas de ta faute, cette voiture n’a rien à faire là » ; que tu peux vider ton sac poubelle surtaxé dans le molock (container géant enterré dans la chaussée) pour économiser deux francs ; que le mari d’une autre paye 50 francs annuel à son boulanger de patron pour le débarrassage des déchets incinérables ; que la fausse blonde « a eu ses parents à manger le week-end passé » ou encore qu’il faut être une « belle âme » pour prêter son chien à son ex pour qu’il ne se promène pas seul…
En attendant la sonnerie qui libère toutes les énergies destructrices de nos chères petites têtes blondes, brunes, châtains ou noires, on peut apprendre que l’eau du lac, du côté de Vidy, était « ignoble » lundi en 9 de ce mois.
L’explication commence par la pêche miraculeuse des enfants qui ont sorti de l’eau un poisson d’une bonne cinquantaine de centimètre. Mort le poisson, bien entendu. Ce qui a fait vivre à cette pauvre maman un moment « horrible ». Mais je comprends qu’à force de bouffer du ‘’Findus’’, on finit par croire que le poisson est brun et de forme cubique.
Comme en plus le lundi ‘’9’’ était férié de Pentecôte, chez nous autres Vaudois, tous les prédateurs bipèdes vivant à proximité d’un point d’eau, se sont retrouvés sur les zones vertes ou les aménagements permettant l’accès… au point d’eau. Donc le lac Léman.
Avec la minorité de ‘’richetos’’ qui squattent la majorité des rives du lac, il ne reste plus beaucoup de place à disposition pour la majorité des populations urbaines. Du coup tu dois faire attention à ton sac, à tes pieds, aux ballons gonflables des enfants, aux ballons de foot ou de volley des ados et tu finis ton après-midi de détente avec ton callosse qui pue l’algue séchée, les jambes dévorées par les puces de canard et tes affaires qui te rappellent que les portugais d’à côté ont fait griller une quantité industrielle de sardines.

Mais tout cela n’est rien, parce que tu as trouvé un poisson mort, dans le lac ! Pourtant, pas très loin de Vidy, le canal d’évacuation d’une station d’épuration du coin, rejette dans le lac des organismes résistants aux antibiotiques ; pourtant, une forte concentrations de pollution aux microplastiques, en quantité suffisante pour engendrer une certaine inquiétude pour la faune, a été mesurée l’an passé par l’EPFL ; pourtant, le beau Léman pourrait bien charrier des herbicides comme la Terbuthylazine et le Diuron ou encore garder des traces d’Atrazine, qu’utilisaient nos vignerons jusqu’en 2011 (officiellement).
Et nous n’avons aucune idée de ce qui se passe du côté de Collombey-Muraz, où se planque la Satom, Ciba et Tamoil. Pas très loin du Rhône…
Cette maman ‘’horrifiée’’ pourrait aussi se renseigner sur la Leptospirose : maladie infectieuse transmise par une bactérie contenue dans les déjections des rats, mais qui touche essentiellement les pêcheurs. Un pêcheur sur 4 en gros.

Mais comme tout cela est ‘’invisible’’, on ne s’en soucie pas. Et puis de toutes façons, si les baignades dans le lac étaient éminemment dangereuses pour la santé de nos enfants, nos si prévenants Services de la santé se feraient un devoir de nous en avertir immédiatement, comme dans les années 1970. Maintenant si de faire trempette dans un lac induit des séquelles qui se verront dans 15-20 ans ou se répercuteront sur les générations suivantes, il n’y a pas de raisons, pour nos autorités, de nous avertir. Parce qu’avec toutes les m…. auxquelles nous sommes exposés quotidiennement, allez savoir laquelle nous a rendu malade…
J’affabule ? Possible. Sauf qu’en Suisse il n’y a pas que les banques qui aient leurs secrets. Comme dans les autres pays d’ailleurs. Tant que les populations demeurent dans l’ignorance, tout va bien ; tant qu’une ‘’crise’’ ne vous a pas pété à la gueule, elle est sous contrôle.

Pendant quarante ans (1930-1970), une entreprise située aux fins fonds du Valais active dans la chimie et la pharmacie s’est débarrassée de plusieurs tonnes de mercure dans des fosses ‘’sauvages’’ ou directement dans un canal voisin de l’usine. Polluant ainsi, le canal en question, le Rhône puis le Léman.
L’industrie n’a jamais vraiment été ouvertement impliquée et le service cantonal de l’époque se montrait incrédule face aux ‘’preuves’’ de pollutions. Quelles quantités de cette saloperie ont-elles été déversées dans la nature ? Un début de réponse en 2011 quand le Service valaisan de protection de l’environnement estime à 28 tonnes la quantité de mercure déversée dans le canal de Turtig. Un chiffre qui sera revu à la hausse, par la Lonza (le pollueur en question) en 2014, et qui passera à… 50 tonnes.
http://www.rts.ch/info/regions/valais/5633465-la-pollution-au-mercure-en-valais-est-plus-grave-que-prevu-admet-lonza.html
http://www.vs.ch/Navig/navig.asp?MenulD=32016
Vers le milieu des années 1970, les scientifiques de l’époque estimaient à 70 tonnes la quantité de mercure qui reposait au fond du lac Léman.

Le 21 janvier 1969, un incident survient lors du démarrage de la centrale nucléaire de Lucens, entraînant une fusion partielle du cœur et la contamination de la caverne accueillant le réacteur. Décontamination, démontage et bétonnage partiel du site pendant les 22 années suivantes.
Depuis, tout va bien. Sauf qu’une élévation de tritium radioactif est annoncée en 2012 par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Quelle est l’origine de cette augmentation subite, mais passagère ?
L’Office fédérale de n’a pas de réponse à fournir excepté : « Mystère », en nous assurant que le site est sous surveillance tandis que des scientifiques nous rassurent en nous affirmant que les mesures effectuées sont bien en dessous du minimum ‘’autorisé’’.
Mais qu’est-ce qui peut être ‘’autorisé’’ quand on parle de radioactivité ?!?http://www.letemps.ch/Page/Uuid/a6b456d4-8fb6-11e1-9c23-a57fa0444c63

Du côté de Bienne, les habitants de bâtiments construits sur une ancienne zone de la décharge municipale ont ont été maintenus dans l’ignorance, pendant une année et demie, quant à la présence de forte quantité de radium dans le sous-sol.
http://www.tdg.ch/suisse/Radium-radioactif-en-plein-cur-de-Bienne/story/23079499
encore, l’Office fédéral en charge des petits atomes radioactifs reste rassurant, minimise les risques tandis que les ouvriers d’un chantier voisin doivent porter des dosimètres sur leurs vêtements de travail.

On nous parle de ces ‘’pollutions’’, on râle un coup puis on oublie. Le monde civilisé à des choses bien plus importantes à s’occuper, et tant que le risque humain n’est pas supérieur au risque économique, il n’y a pas de raison d’inquiéter les populations, ni de s’en faire pour notre environnement.
La Suisse reste belle, malgré tous ces risques (minimisés) pour notre santé.
Oublié les près de 3'000 litres de chlorure ferrique, un liquide corrosif, qui ont fui d’une citerne en novembre 2012 à Prêles (Berne). Un liquide qui s’était propagé via les canalisations et un ruisseau jusqu’au lac de Bienne, causant à la Nature des dommages ne pouvant être estimés.
Oubliée la fuite chimique d’une station de conditionnement de l’eau du lac de Bienne qui a permis à environ 70 litres de dioxyde de chlore de s’écouler dans la nature en mai 2013.
Qui se souvient des 1'500 mètres cubes d’eaux usées qui sont partis dans le lac de Morat en août 2013, tuant des milliers de poissons et rendant la baignade interdite pendant quelques jours ?L’origine d’une pollution, due à un mélange d’hydrocarbures et de solvants déversés le Néziau, un ruisseau de Romanel s/ Morges, et qui pendant trois jours de juin 2013 a tué la faune et la flore sur des centaines de mètres a-t-elle été trouvée ?
Il faut préserver Lavaux, patrimoine mondial de l’Unesco. Ce qui n’empêche pas les vignerons de recourir à l’hélicoptère pour l’épandage saisonnier des vignobles, lâchant au gré des vents des pesticides et des fongicides dont nous ne verrons jamais les noms inscrits dans les colonnes des journaux quotidiens ou hebdomadaires.
Mais heureusement pour la préservation de notre environnement et de la qualité de nos vendanges, ils envisagent de faire de l’épandage ‘’bio’’…

Nemo.

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