jeudi 24 septembre 2015

Le voyage de mon smartphone.

[Informations compilées à partir des tableaux/ graphiques paru dans Manière de voir N° 141, Libre-échange, la déferlante.
Nota : En 2015, Apple construit et commercialise quatre modèles d’iPhone (Sc, Ss, 6 et 6 Plus- France) dont les composants varient légèrement d’un modèle à l’autre. Plusieurs fabricants peuvent être chargés de produire un même module. Par ailleurs, Apple publie la liste de ses fournisseurs de matières premières, mais ces entreprises recourent elles-mêmes à des filiales qui, elles, ne sont pas identifiées. Ainsi, le rapport sur les minerais (« Conflict minerals report 2014 ») liste pas moins de cent une sociétés de transformation et de raffinage de l’or, mais n’indique pas la localisation des mines.]
[La carte, servant de référence aux informations suivantes, propose une configuration possible de la chaîne d’approvisionnement d’un iPhone conçu à Cupertino (Californie, Etats-Unis), assemblé à Shenzhen (Chine) et vendu à Paris.]

Comme il est objectivement possible de penser que la chaîne de production du racloir d’Apple ne change pas pour des appareils vendus ailleurs qu’à Paris, voici une approche du voyage de l’iPhone.
Mais avant notre tour du monde ‘’virtuel’’, voyons quels ingrédients composent un smartphone :

Plastique, Aluminium, verre et céramique : 20 % ;
Fer et Cuivre : 10 % ;
Cobalt et Carbone : 5 % ;
Etain : 1 %.
Ensuite, dans des proportions allant de 0.1 à 1 % :
Argent, bronze, cadmium, chrome, lithium, manganèse, nickel, plomb, potassium, tantale, titane, tungstène et zinc.

Puis, dans un pourcentage inférieur à 0.1 % :
Antimoine, arsenic, baryum, béryllium, bismuth, calcium, fluor, gallium, magnésium, or, palladium, ruthénium, strontium, soufre, vanadium, zirconium, terres rares (dysprosium, lanthanum, terbium…)

Maintenant que nous avons les matériaux, prenons nos billets d’avion et partons à la recherche des quelques sites d’extractions des minerais recensés, dans le cas d’un iPhone assemblé dans une usine Foxconn à Shenzhen.
Première escale en Amérique du Sud, au Chili, pour le lithium et le Cuivre ;
puis un petit saut de puce vers le Brésil pour aller tamiser les rivière et trouver de l’or.
Mise à jour de nos vaccins et destination l'Afrique, en République démocratique du Congo, pour le tantale et la Cassitérite;
ensuite on file chez le voisin, la Zambie, pour le Cobalt.
Puis on s'envole vers l’Australie, qui exporte l’argent et la bauxite; on remonte vers La Corée du Sud, qui fournit l’aluminium ; on rame vers la Nouvelle-Calédonie pour extraire du nickel ; et on revient vers la Chine qui se charge de trouver le fer, le tungstène et les terres rares.
Distrait que je suis. Je redescend en Malaisie pour raffiner mon étain.

Maintenant que nous avons le matériau, cherchons les petites usines d’assemblages qui fabriquent pour Apple : les fournisseurs.
Sans surprises 80 % de ces fournisseurs sont en Extrême-Orient. Ce qui me permet de rester dans le coin et de visiter le Japon et de ramener dans mes bagages le Wifi, le bluetooth et la batterie de mon futur appareil.
La Corée du Sud se charge de fournir la mémoire et le processeur de l’appareil.
La coque est moulée en Chine.
Quant aux composant microélectroniques, les circuits imprimés et les connecteurs proviennent de Taiwan et de la Chine.
Singapour faisant également des composants microélectroniques.

Mais ce n’est pas tout. Parce qu'une partie des matériaux sont directement aller en pour la fabrication du gyroscope. Je passe aussi par l’Allemagne pour trouver un accéléromètre et chez l'Oncle Sam qui fait voyager l’écran, le contrôleur d’écran tactile et la mémoire flash.

Tous ces minerais et composants se retrouvent dans les usines d'assemblages de Foxconn (dont Shengzhen), de Pegatron ou de Wistron. Des usines qui sont, pour la plus grande majorité, installées en Chine ou à Taiwan. Taiwan qui du reste accueille les sièges sociaux des trois entités nommées ci-dessus.

En kilomètres parcourus cumulés, l’iPhone fait plusieurs fois le tour de la terre avant de se glisser dans la poche arrière de votre jean’s, ou de tomber de votre table de nuit.
Quand on ''voit'' l'ampleur de la chaîne mondiale d'approvisionnement et qu'on la rapporte à nos conditions de travail, nous pourrions dire que le smartphone serait un produit hyperluxueux, exclusivement réservé à l'élite de l'élite financière.
Pourtant, c'est bien cette même chaîne mondiale d'approvisionnement qui permet à Apple "d'acheter le labeur humain au prix le plus bas, où qu'il se trouve."
"Cette division internationale du travail entre conception, fabrication des composants et assemblage garantit à l'entreprise une marge brut d'au moins 69 % sur le dernier modèle d'iPhone: l'appareil est vendu [en France] plus de trois fois le prix que coûte sa production."

Nemo.

Tiens... Je me souviens d’une légende pas si farfelue que cela qui disait que Mercedes avait offert un véhicule flambant neuf à l’un de ses clients, parce qu’il avait fait un million de kilomètres avec la même voiture.
Du coup je me dis que Apple pourrait offrir un nouvel appareil à celui, ou celle, qui réussirait à parcourir une plus grande distance que celle nécessaire à fabriquer le smartphone. Voyages effectués durant la durée de vie du dit appareil, bien sûr.

dimanche 20 septembre 2015

Contre le paiement électronique.

Le monde économique et financier qui nous asservi, et détruit notre environnement par la même occasion, a deux failles :
La première est le fait que pour que le commerce puisse se faire, les marchandises doivent pouvoir être transportées d’un point « A » à un point « B ».
L’hyper sécurisation des voies de communications terrestres, maritimes et aériennes va dans le sens de permettre 1° : Que nos biens de consommations arrivent dans les meilleurs délais; 2°: de permettre à celui qui sécurise les voies de transports de garder un œil sur qui ''Qui'' consomme ''quoi'', et dans quelles quantités.
La seconde faille est que chaque échange de marchandise, chaque achat, chaque échange de service, doit se concrétiser par un transfert d’argent. Le système qui permet un transfert virtuel d’argent est assez bien sécurisé, sans pour autant que l’argent ne ‘’voyage’’.
Des chiffres ''voyagent'', mais pas l’argent physique.
C’est justement cet argent, que l’on s’échange physiquement, qui représente depuis peu une faille dans un système qui veut tout gérer.
La possibilité de payer par carte de crédit et bientôt de manière électronique sans qu’il y ait de contact est la solution trouvée par le monde financier pour combler cette faille.
 
La première raison pour s’opposer à l’avènement des échanges électroniques d’argent est toute simple, pour nous autres modestes consommateurs lambda : Nous risquons de ne plus vraiment avoir de contrôle sur nos dépenses.
Feu mon père me répétait à l’envi : « Tu t’achètes quelque chose seulement si tu as de quoi le payer. »
Comprenez que la notion de crédit était absente de sa réflexion.
Cette pensée peut-elle s’opposer à la volonté qu’a le monde financier de vouloir nous imposer le paiement électronique ?
« Non », parce que les paiements ne sont autorisés que si le compte est alimenté ; et « Oui », parce que les organismes qui permettent cette ‘’facilité’’, et les sociétés qui émettent les cartes de crédit, vont certainement reprendre la possibilité laissée au consommateur, de pouvoir se mettre dans le ‘’rouge.’’
D’un autre côté, dès que mon argent deviendra ‘’virtuel’’, qui me garanti que je vais garder le contrôle sur mes dépenses ? Par « contrôle », je veux parler de l’instant qui fait que, quand j’ouvre mon porte-monnaie pour savoir combien il me reste, cela me permet de dire :
« J’ai du ‘’cash’’, je peux acheter. »
Si nous parvenons à gérer notre ‘’avoir’’ dans notre crapaud, parce que nous manipulons physiquement pièces et billets, qui peut dire précisément, comme ça de tête, combien il lui reste sur son compte en banque ou postal ?
 
Ensuite, à l’heure du ‘’tout contrôle’’, électroniser les paiements permet aux maîtres de l’internet d’avoir un regard direct sur notre consommation. Cette porte ouverte sur nos habitudes fournit des informations qui, en plus de permettre à n’importe quel système de surveillance de nous suivre à la trace, peuvent également cacher d’autres intérêts économiques. Comme ceux liés aux prestations publicitaires.
Google, ou un autre, fait l’intermédiaire entre un ‘’vendeur’’ et le consommateur potentiel que je suis. Mes données personnelles permettant d’affiner les offres « à ne pas manquer » que je pourrais recevoir dès que je me lance dans certaines recherches sur le Net.
Quand j’achète sur le Net, l’intermédiaire touche sa commission.
Si je cherche un produit spécifique, et que je me déplace pour aller l’acheter en le payant ‘’cash’’, l’intermédiaire ne touche pas sa commission.
Maintenant si je veux m’acheter un certain vase et que le trouve sur le site de moijevenddesvases.com, mais que je me déplace jusqu’à la boutique, parce qu’elle est trois rues plus loin, et que je paie électroniquement mon achat, l’intermédiaire pourra faire le lien entre ma ‘’recherche’’ et le ‘’paiement’’ et demander sa commission.
 
Un autre argument, avancé par les thuriféraires du paiement sans contact, est : sécuritaire. Pour défendre la disparition de l’argent physique de nos poches, l’augmentation des vols à l’arraché, par détournement d’attention, les pickpockets ou autres, est mise en avant. Les vidéos montrant les agressions devant les distributeurs d’argent qui tournent en boucle sur les réseaux sociaux vont aussi dans le sens de la logique de ces banquiers qui veulent retirer l’argent de nos porte-monnaies. Mais en relativisant un peu, on peut se rendre compte que tous ces actes commis, avec comme unique but de s’approprier l’argent de quelqu’un d’autre, ne sont encore que des ‘’faits divers’’. Aussi odieux soient-ils.
Nous ne sommes pas à l’abri d’une agression, certes. Mais nous ne sommes non plus pas sous la menace permanente des petits ‘’brigands’’.
 
En mai de cette année un article de Fabien Feissli, paru dans ‘’Le Matin’’, donnait la parole à une personne dont je n’ai retenu le nom. A la question : « La fin du cash est-elle programmée ? », le journaliste retranscrivait la réponse suivante : « Vu de l’intérieur du système bancaire, c’est un développement inévitable. Il y a eu des décisions dans ce sens. (…) Les Etats ne veulent plus d’argent liquide. »
Le système bancaire prend des décisions dans ce sens, mais c’est l’Etat qui ne veut plus de liquidité ?!?
Autant dire que l’Etat avalise la décision des banques.
Quant à savoir « comment [ils feront pour] faire disparaître le liquide ? » L’explication est simple : « C’est un sujet délicat. On va changer les habitudes des gens petit à petit par des règlements liés à la sécurité et à la lutte contre le blanchiment, la fraude ou le terrorisme. Ainsi les consommateurs s’adapteront d’eux-mêmes. »
 
Après la mise en place de la surveillance de certains comptes bancaires qui a suivi les attaques du 11 septembre 2001, il a été établi, par ceux-là même qui luttaient contre le terrorisme, que rechercher des transactions douteuses qui portaient sur des montants excédants les 1'000 dollars étaient inutiles, vu qu’avec un budget d’une petite cinquantaine de dollars il était possible de bricoler une bombe assez efficace.
Et là de nous poser cette question : « Les clients Migros ou Coop ou autres sont-ils donc tous des trafiquants, des fraudeurs ou des terroristes potentiels ? »
Ou de petits maquereaux, vu qu’en France le fait de collectionner les billets de 20 euros peut faire de un proxénète...
Il n’y a pas besoin d’aller très loin dans la réflexion pour se rendre compte que cette logique sécuritaire est une absurdité.
 
Quel est l’intérêt, leur intérêt, à vouloir nous retirer nos ‘’liquidités’’ en nous imposant le paiement électronique?
L’argent physique confère une sorte de pouvoir à qui le détient. Nous avons pu le voir récemment quand la BCE a cessé d’alimenter les banques grecques et, plus loin dans le temps, quand les banques chypriotes étaient fermées. Ou comment faire pression sur un gouvernement ‘’réfractaire’’ à un certain ‘’ordre’’ en s’en prenant aux citoyens du pays ? Vous remplacez la crainte de manquer d’argent par la crainte d’un attentat et vous avez une des définitions du ‘’terrorisme’’. Les victimes physiques en moins.
Comme la BCE a un pouvoir sur les banques nationales et étatiques, les banques ont un pouvoir sur leurs ‘’clients’’.
Nous pouvons nous insurger contre cette réalité, la dénoncer et faire tout un ramdam là autour, cela n’occultera pas le fait que nous avons, nous aussi, encore un pouvoir sur les banques et le monde économique et financier.
Ce pouvoir c’est justement notre argent ‘’cash’’, cet argent physique dont le banquier a besoin pour pouvoir faire son business.
 
En 2008, ou 2009, les ‘’Indignés de Wall-Street’’ ne s’y sont pas trompés en affluant massivement dans les banques pour vider leur comptes ; les banquiers de Wall-Street l’ont très bien compris en appelant à la rescousse les force de police pour empêcher les ‘’indignés’’ de pénétrer dans les banques…
La mission première de la banque est de protéger l’argent que vous lui confiez. Même contre vous-même…
Ayant parfaitement cerné la ‘’menace’’ potentielle que représenterait un retrait massif d’argent de la part des ‘’clients’’, le système financier et bancaire, qui ne peut se résoudre, ni se résigner, à partager le ‘’pouvoir’’ de l’argent, s’est mis à la recherche d’une parade à cette menace.
Ainsi, dès que le paiement électronique sera démocratiquement installé et entré dans les coutumes des citoyens, le banquier pourra faire disparaître l’argent liquide.
Et le citoyen n’aura plus aucun moyen de pression sur son banquier.

Nemo.

dimanche 13 septembre 2015

Les images.

Moment figé dans l’éternité. Souvenir d’un instant de bonheur, d’un moment de joie ; première échographie et souvenir d’un défunt. Promesse de vacances ‘’réussies’’ et témoignage poignant d’un événement ‘’vécu’’.
L’image a toujours été un important ‘’outil’’ de communication.
L’image se gravait, se peignait, se racontait. Aujourd’hui elle se ‘’clique’’ et se commente.
Je poste mes ‘’images-de-moi-même’’ sur mon réseau social pour les partager avec mes amis : cela m’évite d’attendre que les photos soient développées, au retour du voyage, et de les trimbaler avec moi pour les montrer physiquement à mes potes. Ou pire, de prévoir une soirée ‘’photo-potes’’ à la maison…

Il y a les images qui nous montrent ce à quoi nous devons ressembler : comment il faudrait nous vêtir, comment nous parfumer, comment nous nourrir, comment nous reproduire, etc.
Regardez ce que vous devez acheter pour que les autres vous voient et faites tout plein d’autres ‘’images-de-vous-même’’ : « Regâaardez-moi… ! Adorrrrez-moi… »
Je pourrais être une bimbo quelconque aux gros nichons, qui fait le buzz planétaire parce que j’ai foutu une photo du cul de son chien sur Instagram.
Je suis beau ! Mais je suis aussi intelligent et sensible. Les belles images avec les belles paroles, les belles pensées, que j’affiche (électroniquement) un peu partout en témoignent.
Je n’ai plus à réfléchir ; même pas à comprendre. Juste savoir faire des recherches, savoir encore lire, un peu, et trouver le ‘’bouton’’ « Partager ».

L’informatique me permet de modifier n’importe quelle image. On s’en fout des détails. Mais je peux photographier une maison, lui donner un décor lunaire avec un ‘’levé de Terre’’ et mettre des pin-up Pirelli sur le perron en faisant ‘’causer’’ le chat siamois qui garde l’ide.
Je peux faire tout cela avec quelques connaissances informatiques, mais serais-je capable de le dessiner, de le créer de toute pièce, de le faire naître sous la mine de mon crayon gris ?
Nous sommes capable de ‘’reproduire’’ un amas de traits qui ressemblera vaguement à quelque chose, une chose à laquelle nous donnerons un nom. Mais nous ne sommes plus vraiment capable de créer quelque chose qui sortirait tout droit de notre imaginaire.
Notre créativité est formatée par des règles et des dogmes auxquels il ne faut pas toucher. Mais avant cela, les multiples écrans des multimédias qui cernent l’enfant de toutes parts ont aussi leur part de responsabilité dans l’annihilation de l’esprit créatif humain.
Voyez les dessins des enfants, à la rentrée de leur toute première classe, voire la deuxième, puis comparez les. Vous trouverez, sans trop de difficultés, les enfants qui ne passent pas leur temps avec un écran et qui ont la chance que leurs parents racontent une histoire avant le ‘’dodo’’.

Une étude, assez récente et dont je en trouve plus la référence, affirmait que l’esprit du spectateur adulte, qui se retrouve entraîné dans une débauche d’effets spéciaux cinématographiques, réagissait de manière identique à l’esprit d’un nourrisson, de quelques mois à peine, qui commence à découvrir visuellement son ‘’monde’’.
L'étude démontrait que les enchaînements successifs d’images colorées, auxquelles vous incorporez quelques flashes lumineux, soutenus par une mélodie dont vous faites varier le l’intensité musicale et sonore, ont quelque chose d’envoûtant, d’hypnotique.
Nos esprits, et l’esprit de nos enfants, n’ont plus besoin de créer les images fantasmagoriques qui vont avec les histoires que racontaient nos arrières grands-parents. Les contes modernisés s’en chargeront avant qu’Hollywood et les médias ne prennent le relais.
Juste comme ça, en passant… Qu’avez-vous retenu, quelle scène vous a ému dans le film Titanic de James Cameron ?
Qu’importe les milliers de noyés du moment que l’Amour triomphe ?

De 1993 à 2012, l’estimation à minima d’une hécatombe ignorée, avançait un chiffre supérieur à 16'000 migrants morts aux portes étanches de l’Union Européenne [Selon un méticuleux travail d’Olivier Clochard, du laboratoire Migrinter à Poitiers]. Les trois-quarts engloutis dans la fosse commune de la Méditerranée.
En moyenne 1'778 personnes décédées par année. Cela ne semble pas énorme, environ 4.5 x plus que les morts sur la route en Suisse.
Mais selon certains observateurs, ce chiffre serait à multiplier par 3, voire 5, pour ces dernières années.
Les médias nous parlent de bateaux qui chavirent, de centaines de disparus, hommes, femmes et enfants. Mais nous montrent presque toujours des embarcations qui flottent encore. Quand ce n’est pas le cas, les caméras filment des ‘’migrants’’ qui nagent, qui s’accrochent aux rochers pour ne pas être emporté par la mer.
Lampeduza. L’Europe des politiques fait mine d’être scandalisée. Plus jamais ça. Les marines nationales prennent le large pour montrer à l’opinion publique qu’elle a le problème bien en main.
Mais, faute de budget, ces missions militaro humanitaires ne sont pas programmées pour durer.
L’impuissante UE informelle se réunit. Prend des mesures. Installe des ‘’centre de tri’’ pour réfugiés dans le sud de son territoire.

Là, le terme choque parce qu’il renvoie à ce ‘’passé’’ que l’on ne cesse de nous re-commémorer. Par obligation.
Alors se noie, comme se sont noyés avant lui des centaines d’enfants, le petit Aylan. A l’autre bout de la Méditerranée…
Son inadmissible mort ne passe pas inaperçue. Un reporter est là, pour l'immortaliser. L'image fait le tour du monde, sans forcément que quelqu'un se sente être: "Aylan".
Maintenant, pour être sûr que tout le monde comprenne bien le sens et la signification de ‘’la’’ photo, le reporter est invité sur les plateau de télé pour recontextualiser son ‘’cliché’’.

L’Europe ne sait plus comment s’indigner. Alors elle part sur la trace des migrants. Celles et ceux qui fuient les conflits et qui espèrent re-trouver un peu de leur dignité au bout de la voie ferrée.
Le petit Aylan a eu ses funérailles.
Les médias nous montrent alors les barbelés de la frontière Hongroise.

Il arrive même parfois que nos présentateurs télévisuels fétiches nous avertissent, l’air grave que « Certaines images peuvent heurter la sensibilité (…)».
Dès lors arrivons-nous encore à imaginer la réalité d’un drame, quel qu’il soit, sans qu’une photo choc tape momentanément l’incruste dans notre esprit, et nous horrifie ?
Et attention à ce qui nous horrifie, à l’insoutenabilité des images que l’on nous propose. Des images qui sont visionnées et censurées avant de nous être diffusées, afin qu’elles puissent être regardées par le plus grand nombre. Et nous voilà horrifié alors que nous ne sommes même pas encore entré dans l’antichambre de l’horreur.

L’Europe ne sait plus commet réagir. L’a-t-elle su un jour, d’ailleurs ? Des groupes de bénévoles partent à la rencontre des migrants. Là je ne parle pas d’ONG qui change de pays, mais de citoyens qui vont accueillir les voyageurs de l’extrême à la gare du coin.
Vous souvenez-vous de l’expression hébétée de ces migrants applaudis par une foule de bénévoles à leur arrivée dans je ne sais plus quelle gare ?
On fête leur arrivée à coups de banderoles qui souhaitent la ‘’Bienvenue’’ ! Et nous les félicitons, pour avoir surmonté toutes ces terribles épreuves qui ont jalonné son voyage…

C’est quoi la prochaine étape ? Une chaîne merdique de téléréalité va sélectionner une cinquantaine de familles syriennes pour un remake sordide de ‘’Pékin express’’, avec comme récompense pour les dix premières familles arrivées à destination un somptueux logement dans un container duplex, un chèque de 500 euros et un contrat de travail à durée déterminée chez Amazon ?
Le migrant est devenu un outil médiatique, politique et surtout économique.

La Suisse qui se pâme dans son ‘’excellence’’, manque cruellement de main d’œuvre qualifiée. Une main d’œuvre qu’elle n’a plus le temps de former face à l’immédiateté du besoin de croissance. Par chance pour l’économie nationale, ces diplômés migrants auront des exigences salariales moins ‘’contraignantes’’ que l’étudiant AOC fraîchement récompensé pour ses années d’études acharnées.
Mme Merkel l’a parfaitement compris.
Dans l’espace du Grand Marché Transtlantique qui se prépare silencieusement, l’arrivée ‘’massive’’ d’une main d’œuvre, qui sera peu regardante de ses futures conditions travail, est une aubaine économique pour les futures signataires des accords TAFTA-TTIP.
Des accords qui vont méchamment mettre à mal le quotidien économique de plus d’un milliard d’individus. Européens.

Nemo.