La première est le fait que pour que le commerce puisse se faire, les marchandises doivent pouvoir être transportées d’un point « A » à un point « B ».
L’hyper sécurisation des voies de
communications terrestres, maritimes et aériennes va dans le sens de permettre
1° : Que nos biens de consommations arrivent dans les meilleurs délais; 2°: de permettre à celui qui sécurise les voies de transports de garder un œil sur qui ''Qui'' consomme ''quoi'', et dans quelles quantités.
La seconde faille est que chaque échange de marchandise,
chaque achat, chaque échange de service, doit se concrétiser par un transfert
d’argent. Le système qui permet un transfert virtuel d’argent est assez bien
sécurisé, sans pour autant que l’argent ne ‘’voyage’’.
Des chiffres ''voyagent'',
mais pas l’argent physique.
C’est justement cet argent, que l’on s’échange physiquement,
qui représente depuis peu une faille dans un système qui veut tout gérer.
La possibilité de payer par carte de crédit et bientôt de
manière électronique sans qu’il y ait de contact est la solution trouvée par le
monde financier pour combler cette faille.
La première raison pour s’opposer à l’avènement des échanges
électroniques d’argent est toute simple, pour nous autres modestes
consommateurs lambda : Nous risquons de ne plus vraiment avoir de contrôle
sur nos dépenses.
Feu mon père me répétait à l’envi : « Tu t’achètes quelque chose seulement si tu
as de quoi le payer. »
Comprenez que la notion de crédit était absente de sa
réflexion.
Cette pensée peut-elle s’opposer à la volonté qu’a le monde
financier de vouloir nous imposer le paiement électronique ?
« Non », parce que les paiements ne sont autorisés
que si le compte est alimenté ; et « Oui », parce que les
organismes qui permettent cette ‘’facilité’’, et les sociétés qui émettent les
cartes de crédit, vont certainement reprendre la possibilité laissée au
consommateur, de pouvoir se mettre dans le ‘’rouge.’’
D’un autre côté, dès que mon argent deviendra ‘’virtuel’’,
qui me garanti que je vais garder le contrôle sur mes dépenses ? Par « contrôle »,
je veux parler de l’instant qui fait que, quand j’ouvre mon porte-monnaie pour
savoir combien il me reste, cela me permet de dire :
« J’ai du ‘’cash’’, je peux acheter. »
Si nous parvenons à gérer notre ‘’avoir’’ dans notre crapaud, parce que nous
manipulons physiquement pièces et billets, qui peut dire précisément, comme ça de tête, combien
il lui reste sur son compte en banque ou postal ?
Ensuite, à l’heure du ‘’tout contrôle’’, électroniser les
paiements permet aux maîtres de l’internet d’avoir un regard direct sur notre
consommation. Cette porte ouverte sur nos habitudes fournit des informations
qui, en plus de permettre à n’importe quel système de surveillance de nous
suivre à la trace, peuvent également cacher d’autres intérêts économiques. Comme
ceux liés aux prestations publicitaires.
Google, ou un autre, fait l’intermédiaire entre un
‘’vendeur’’ et le consommateur potentiel que je suis. Mes données personnelles
permettant d’affiner les offres « à
ne pas manquer » que je pourrais recevoir dès que je me lance dans
certaines recherches sur le Net.
Quand j’achète sur le Net, l’intermédiaire touche sa
commission.
Si je cherche un produit spécifique, et que je me déplace
pour aller l’acheter en le payant ‘’cash’’, l’intermédiaire ne touche pas sa
commission.
Maintenant si je veux m’acheter un certain vase et que le
trouve sur le site de moijevenddesvases.com, mais que je me déplace jusqu’à la
boutique, parce qu’elle est trois rues plus loin, et que je paie
électroniquement mon achat, l’intermédiaire pourra faire le lien entre ma ‘’recherche’’
et le ‘’paiement’’ et demander sa commission.
Un autre argument, avancé par les thuriféraires du paiement
sans contact, est : sécuritaire. Pour défendre la disparition de l’argent
physique de nos poches, l’augmentation des vols à l’arraché, par détournement
d’attention, les pickpockets ou autres, est mise en avant. Les vidéos montrant
les agressions devant les distributeurs d’argent qui tournent en boucle sur les
réseaux sociaux vont aussi dans le sens de la logique de ces banquiers qui
veulent retirer l’argent de nos porte-monnaies. Mais en relativisant un peu, on
peut se rendre compte que tous ces actes commis, avec comme unique but de
s’approprier l’argent de quelqu’un d’autre, ne sont encore que des ‘’faits
divers’’. Aussi odieux soient-ils.
Nous ne sommes pas à l’abri d’une agression, certes. Mais
nous ne sommes non plus pas sous la menace permanente des petits ‘’brigands’’.
En mai de cette année un article de Fabien Feissli, paru
dans ‘’Le Matin’’, donnait la parole à une personne dont je n’ai retenu le nom.
A la question : « La fin du
cash est-elle programmée ? », le journaliste retranscrivait la
réponse suivante : « Vu de
l’intérieur du système bancaire, c’est un développement inévitable. Il y a eu
des décisions dans ce sens. (…) Les
Etats ne veulent plus d’argent liquide. »
Le système bancaire prend des décisions dans ce sens, mais
c’est l’Etat qui ne veut plus de liquidité ?!?
Autant dire que l’Etat avalise la décision des banques.
Quant à savoir « comment
[ils feront pour] faire disparaître
le liquide ? » L’explication est simple : « C’est un sujet délicat. On va changer les
habitudes des gens petit à petit par des règlements liés à la sécurité et à la
lutte contre le blanchiment, la fraude ou le terrorisme. Ainsi les
consommateurs s’adapteront d’eux-mêmes. »
Après la mise en place de la surveillance de certains
comptes bancaires qui a suivi les attaques du 11 septembre 2001, il a été
établi, par ceux-là même qui luttaient contre le terrorisme, que rechercher des
transactions douteuses qui portaient sur des montants excédants les 1'000
dollars étaient inutiles, vu qu’avec un budget d’une petite cinquantaine de
dollars il était possible de bricoler une bombe assez efficace.
Et là de nous poser cette question : « Les clients Migros ou Coop ou autres
sont-ils donc tous des trafiquants, des fraudeurs ou des terroristes
potentiels ? »
Ou de petits maquereaux, vu qu’en France le fait de
collectionner les billets de 20 euros peut faire de un
proxénète...
Il n’y a pas besoin d’aller très loin dans la réflexion pour
se rendre compte que cette logique sécuritaire est une absurdité.
Quel est l’intérêt, leur intérêt, à vouloir nous retirer nos
‘’liquidités’’ en nous imposant le paiement électronique?
L’argent physique confère une sorte de pouvoir à qui le
détient. Nous avons pu le voir récemment quand la BCE a cessé d’alimenter les
banques grecques et, plus loin dans le temps, quand les banques chypriotes
étaient fermées. Ou comment faire pression sur un gouvernement ‘’réfractaire’’
à un certain ‘’ordre’’ en s’en prenant aux citoyens du pays ? Vous
remplacez la crainte de manquer d’argent par la crainte d’un attentat et vous
avez une des définitions du ‘’terrorisme’’. Les victimes physiques en moins.
Comme la BCE a un pouvoir sur les banques nationales et
étatiques, les banques ont un pouvoir sur leurs ‘’clients’’.
Nous pouvons nous insurger contre cette réalité, la dénoncer
et faire tout un ramdam là autour, cela n’occultera pas le fait que nous avons,
nous aussi, encore un pouvoir sur les banques et le monde économique et
financier.
Ce pouvoir c’est justement notre argent ‘’cash’’, cet argent
physique dont le banquier a besoin pour pouvoir faire son business.
En 2008, ou 2009, les ‘’Indignés
de Wall-Street’’ ne s’y sont pas trompés en affluant massivement dans les
banques pour vider leur comptes ; les banquiers de Wall-Street l’ont très
bien compris en appelant à la rescousse les force de police pour empêcher les
‘’indignés’’ de pénétrer dans les banques…
La mission première de la banque est de protéger l’argent
que vous lui confiez. Même contre vous-même…
Ayant parfaitement cerné la ‘’menace’’ potentielle que
représenterait un retrait massif d’argent de la part des ‘’clients’’, le
système financier et bancaire, qui ne peut se résoudre, ni se résigner, à
partager le ‘’pouvoir’’ de l’argent, s’est mis à la recherche d’une parade à
cette menace.
Ainsi, dès que le paiement électronique sera
démocratiquement installé et entré dans les coutumes des citoyens, le banquier
pourra faire disparaître l’argent liquide.
Et le citoyen n’aura plus aucun
moyen de pression sur son banquier.
Nemo.
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