jeudi 18 août 2011

Courte pensée sur l'Aïki

Une bonne majorité des Arts-martiaux, si ce n'est tous, se présentent comme des arts de la défense et du respect de la vie (la totalité des katas, Taos et autres exercices de démonstration en solo commencent tous par un blocage). Certains explorent même une voie spirituelle liée à la pratique de leur discipline.
Malgré tout, les réponses proposées à une agression vrnant d'une autre personne sont, et ce du Karaté au Kick-boxing et du Viet-nam à la Chine, douloureuses, violentes, expéditives et parfois létales.

L'Aïkido s'écarte de cette voie de par la volonté de son fondateur, O'Sensei Morihei Ueshiba, qui a sans doute estimé que chaques "agressions", commises par un être humain contre un autre, était le résultat d'une "folie" passagère, et que nulles personnes ne devaient souffrir à cause d'un moment de déraison. Pas même notre agresseur...
Khalil Gibran a écrit, dans un de ses livres, que le Mal n'exprime que la souffrance du Bien. L'Aïkidoka "montre" à un éventuel agresseur que la voie de la violence, sur laquelle il s'engage, est une voie sans issues.

Cet aspect plus spirituel, plus métaphysique voire holistique des relations conflictuelles pourrait être une manière d'approcher toutes les relations humaines en générale. L'Aïkidoka ne s'oppose pas à son adversaire, il trouve la Voie qui lui permet d'unir leurs énergies, la Voie qui lui permet d'être "avec" et non "contre".

Sensei Patrick Cassidy, qui dirige un Dojo à Montreux, est à fond dans cette pratique. Ses cours laissent modéremment de place à la technique pure, et sont principalement orientés "spiritualité" et "ressenti".
Vingt années de pratique, dont une quinzaine passée au Japon, incluant Bouddhisme, Yoga et méditation, ça vous marque un gaillard...
Et même si parfois nous pouvons nous demander quelle genre de moquette il a fumé avant de venir, tellement il va "loin" dans ses "théories", il trouvera toujours le moyen de démontrer physiquement ce qu'il avance; à tel point que, et ce n'est qu'un exemple parmis d'autres, sur une simple saisie au poignet nous éprouverons ce que "faire de la place à l'intérieur" signifie pour lui. (Saisie statique, avec volonté de "prendre" notre adversaire. Rien ne bouge, ou ne semble bouger, et l'on se retrouve à terre sans comprendre comment cela est arrivé...)

En plus d'un apprentissage de connexion aux énergies humaines qui nous entourent, l'Aïkido est aussi une manière de repenser les choses de la Vie...

Dans la pratique de Arts-martiaux qui nous font souvent voltiger, une des premières leçon enseignée aux débutants est: la chute. Si l'on doit embrasser la Terre, autant le faire avec élégance et le moins de bobos possible... Mais l'on (ré)apprend aussi que la chute, en soi, n'a rien d'humiliant et n'est pas preuve de faiblesse. La chute est un chemin, comme un autre, qui "libère" d'une position ou situation devenue inconfortable, et nous emmène vers un "lieu" plus sécure, plus stable.
Se redresser, se relever, acte qui nous est souvent vendu comme déterminé, courageux voire héroïque, n'est autre qu'un réflexe naturel qui permet à l'entité toute entière de se rééquilibrer, de se recentrer autant physiquement qu'énergétiquement.

En Aïkido il n'y a pas de ceintures. Vous avez la ceinture blanche jusqu'au moment de faire votre "noire", et la compétition est absente des tatamis.

Si l'Aïkido se range dans les disciplines "Art Martial", il n'a de martial que le nom. Car sa pratique, et la philosophie qui lui est inhérente, en font résolumment un Art de la Paix.

NEMo