lundi 27 juin 2016

Euro 2016: un grand pas en arrière.

L’éthique sportive prétend offrir un espace neutre dans lequel peuvent (normalement) se rencontrer des concurrents de tous les horizons, loin des tensions qui divisent le monde et/ou la société.
Pourtant les événements majeurs – J.O. et Coupe du monde de foot – ont été pendant des décennies un outil de propagande sociopolitique : Moscou soulignant la supériorité des athlètes du bloc de l’Est, la junte militaire argentine préparant la venue de la Coupe du monde de football (1972 sauf erreur) ; des prises de positions des sportifs eux-mêmes : le ‘’Black power’’ revendiquant ses médailles d’or gagnées sous la bannière étoilée et une période de boycotts – de 1956 à 1984.
D’un autre côté, et en opposition aux poings levés des sprinters américains s’exprimant contre la ségrégation raciale, la Coupe du monde de football en Afrique du Sud a permis de montrer que le pays était (presque) sorti de l’apartheid.

L’expansion de certaines pratiques sportives s’est faite, en grande partie, par les diverses colonisations européennes et l’extension du capitalisme. Il n’est dès lors pas surprenant que depuis une trentaine d’années, avec l’apparition de quelques sponsors majeurs qui se sont greffés sur les grands événements sportifs, que ces grands tournois soient devenus la vitrine publicitaire du marché économique mondial et de l’ultralibéralisme triomphant.
Que ce soit sur le continent Africain ou Sud-Américain, la FIFA faisait propagande d'une sorte de programme d'éducation par le sport.
La socialisation, l’éducation et la gloire par le foot, comme si ce sport garantissait un avenir à chaque enfant miséreux tapant dans un truc qui ressemble à un ballon, le tout en se nourrissant de Mc Do et de Coca.
L'important n'étant pas que cela se produise, mais que nous autres occidentaux y croyons le temps d'un ramadan footballistique.

Dans la poursuite de cette quête de profits par l’abrutissement des masses, des vendeurs de boissons gazéifiées, de bières ou de nourriture prémâchées ; le distributeur de cartes de crédit, la compagnie aérienne, Socar ou Gazprom se retrouvent associés à des événements qui veulent mettre en avant, pour des besoins de démocratisations commerciales, des valeurs de ‘’Fair Play’’, de tolérance, de respect et d’amour entre les nations en disant « Non » au racisme.
Il y a de quoi sourire dans les bureaux de certaine ONG qui défendent les droits humains quand la Russie, la Chine ou le Qatar viennent s’immiscer dans la hiérarchie du rond ballon...
Parce que le fric se fout de l’éthique ces grands groupes commerciaux, ces grandes sociétés multinationales, ont repris les commandes de la logique d’appropriation collective et de construction identitaire relayés par les grands clubs de foot depuis des décennies.
Ronald (Mac Donald) se fout royalement de la santé de nos enfants, mais en permettant à quelques uns de pénétrer sur un stade de foot en tenant la main d’une ‘’star’’, il mise sur sa reconnaissance, et celle de ses parents, auxquels il continuera de vendre sa merde rumino-compactée. Avec une option sur les générations futures.

Si le politique semble s’être retirer du devant de la scène dans les grands événements sportifs, les liens tissés entre les gouvernements et les organisations faîtières (UEFA, FIFA, CIO) restent obscurs.
Mais l’emprise que peut avoir le foot sur les populations et l’engouement que ce sport génère dans les différentes classes sociales attise certainement des convoitises qui peuvent se révéler plus dangereuses qu’une horde d’ultras, de tifosis, de kops, bref, de hooligans.
Vous pouvez penser que je divague et que faire le bilan des destructions de biens privés ou publics et la liste des victimes de ces supporters débiles n’existant que pour et par la violence, ne pourra que prouver leur dangerosité. En première lecture bien sûr que vous pourriez avoir raison. Il n’empêche que les  personnes violentes sont prévisibles, que vous les voyez arriver de loin et vous savez comment les combattre.

La question que nous pouvons nous poser serait de savoir qui est le véritable ennemi de nos libertés individuelles: Une bande de crétins décérébrés ou le pouvoir qui crée l’événement, permettant ce genre de rassemblements, et qui ensuite impose des mesures sécuritaires excessives pour les neutraliser ?
Ce ne sont pas les meilleurs exemples, mais…
En 2014, que le gouvernement Brésilien annonça qu’il voulait interdire la vente d’alcool autour des stades pour prévenir la violence, la FIFA y a mis son veto. En 2016, personne ne s’oppose à cette interdiction les jours de matches. Vous pouvez parler des violences commises par des groupes de spectateurs violents, je vous répondrais : Demandez aux CRS comment ils gèrent les supporters lors de matches tels que St-Etienne – Lyon, ou OM – PSG…
Alors, et parce que toute la microéconomie cernant la manifestation sportive a besoin de rentabilité et de bénéfices on laisse tout ce petit monde accéder aux commerces et aux fans zones.
Et parce que le gouvernement a besoin de popularité, tout est extrêmement sécurisé. Ou presque.

Euro 2016 est étiqueté UEFA, mais c’est en France qu’il se déroule. Et la France, c’est le pays de la République, de François.
Il y a bien longtemps l’empereur offrait les jeux du cirques – les Ludi -  à la plèbe mécontente pour que celle-ci oublie les errements d’un Empire divisé et agonisant.
L’UE n’est peut-être pas un empire mais comme Rome, Bruxelles et ses élites dirigeantes se sont trop éloignées dans attentes, des besoins, des populations qu’elle est sensée représenter et protéger. Et à force de s’étendre et d’accueillir de nouveaux membres, qui ne font que renforcer sa valeur numéraire, l’Europe des 27 se retrouve divisée sur bien des sujets…

Cette année le petit François, en mal d’affection électorale, s’est voulu empereur en offrant au peuple Gaulois ses jeux du cirque. Espère-t-il, officieusement, que la plèbe oubliera comme jadis que la République agonise et que la caste dirigeante se fout royalement des inégalités sociales grandissantes?
« Panem et circenses » ‘’Du pain et des jeux. Je ne pensais pas que les Français tomberaient dans le panneau. Et pourtant…

Depuis, je dirais deux ans, François Hollande prépare son impériale éclosion.
Et tout semble s’y prêter. Les chants, la musique, le ‘’théâtre’’, et les gladiateurs sont présents.
Même les syndicalistes, qui jugeaient leurs revendications professionnelles plus importantes, sur le long terme, qu’un Euro de trente jours, ont fini par organiser leurs manifestations ‘’hors compétition.’’
Une manifestation interdite, mais autorisée, le 23 juin 2016, à la fin du tour qualificatif, et la suivante pour le 28 juin 2016, après les huitièmes de finale.

Pour parler des ''gladiateurs'', je dirais que cela fait quelques années déjà que nous avons versé dans l’adoration des sportifs, et ce dans n’importe quelle discipline que ce soit : Cyclisme, tennis – Federer ambassadeur Suisse de je ne sais plus quoi, rugby – les dieux du stade, golf, natation, etc., certes sans déchaîner autant de passion que pour les stars du ballon rond.
Dans chaque discipline sportive, il n’est pas un seul champion qui ne se présente à une quelconque finale sans qu’il ne soit fait éloge de son palmarès. Vainqueur de tant de tournois ; détenteur du record du monde de… ; nombre de rencontres sans défaites face à tel adversaire, ou depuis tant de matches, de minutes…
Le journaliste sportif, avec l'aide de consultants spécialisés, se chargent de détailler le pedigree des adversaires du moment, avec déballage de commentaires analytiques surfaits renforcés par des statistiques de bookmakers.
Et il n’est plus besoin à l’orateur de s’égosiller dans l’arène pour présenter les gladiateurs, l’homme au micro, dans sa loge, n’a qu’à donner le prénom du combattant qui entre en scène pour que le public hurle son nom.
A souligner que le public ‘’répond’’ quand c’est l’homme qui est au micro. Pas la femme.

Plus fort encore dans l’assujettissement du foot à la plèbe en overdose d’ivresse : Le match appartient de moins en moins à l’arbitre.
Les stades sont munis d’écrans géants. A chaque fin de match, la photo de ‘’l’homme du match’’ y est projetée.
Pendant le match des phases de jeu y sont projetées au ralenti – buts, fautes, erreurs d’arbitrage…
Tout le monde le sait, l’arbitre ne sera jamais le meilleur ami des supporters.
En plus des coups de sifflet intempestifs qui seront toujours discutés et contestés, l’arbitre ne peut se permettre de faire durer un match trop longtemps.
Mais le coup de génie des organisateurs est d’avoir réussi à lui imposer le début du match par un compte à rebours qui s’affiche sur les écrans géants. Un décompte repris en chœur par une foule avide de confrontations.
Et si l’arbitre est en ‘’retard’’, ne donne pas son coup de sifflet initial à ‘’Zéro’’ la foule venue assister au spectacle le lui fera savoir bruyamment. Monsieur Damir Skomina, qui arbitra Suisse – France au stade Pierre Mauroy, en a fait la lamentable expérience.
[La RTS a repris, elle aussi, cette manie d’indiquer le temps restant avant le début du match dans ses retransmissions télévisées.]
La plèbe s’est appropriée les jeux que la République lui offre. Ne reste plus qu’à associer l’image du Président de la République à cette magnifique manipulation des masses qui doit s’achever sur la victoire finale de l’équipe de France de football.

Depuis deux ans la hiérarchie footballistique française s’est enrichie de nouveaux intervenants.
Normalement, en partant de la base vers le sommet, vous avez les joueurs, le meneur de jeu, le capitaine de l’équipe – qui peut aussi être la vedette du club ou de l’équipe, l’entraîneur, le président du club et la Fédération nationale.
Nous entendons rarement parler des dernières citées et les présidents font les unes quand ils rendent public le rendement de leurs investissements.
Et, à l’exception de Christian Constantin, se sont les coaches qui se chargent généralement des interviews avec les journalistes. Des interviews qui parfois sont déléguées aux joueurs un tantinet lucide.
En France, durant la première semaine complète de repos des Bleus, c’est Noël Le Graët, chef d’entreprise du Groupe Le Graët, membre du parti socialiste et, accessoirement, président de la FFF (Fédération Française de Football) qui s’est chargé de répondre aux journalistes.

Didier Deschamps devient une sorte de Sergent-major devant veiller à la bonne forme des mercenaires de la FFF. Noël Le Graët deviendrait une sorte de lieutenant.
La komandature est orchestrée par Manuel Valls et les ministres de la République. Une république qui s’est permise de donner son avis sur la composition de l’équipe de France.
Ne reste plus qu’à intégrer François Hollande en Général des mercenaires et le tour est joué.
Ce qui est chose faite depuis deux ans avec un François Hollande qui s’est découvert une ‘’passion’’ pour le foot, et son immersion dans l’intimité des Bleus, en déjeunant plusieurs fois avec les joueurs Français à Clairefontaine. Les pauvres…

Les Bleus deviennent les représentants de la République et des valeurs que celle-ci défend.
André-Pierre Gignac disait au micro d’un journaliste de la RTS que « tout le monde veut battre la France. » Et Hollande de rassurer que la France ne sera pas vaincue et qu’il s’emploiera à vaincre les ennemis des libertés.

Vous pourriez me dire que je commence à tout mélanger. Peut-être que oui, peut-être que non.
Si le sport doit rester un moment festif et d’oubli des tracasseries et des drames quotidiens, je dis : OK.
Sauf qu’au vu de ce qui précède, le seul objectif du foot-spectacle et de cet Euro est l’abrutissement des masses d’un côté et une sorte de soumission à la République de l’autre. Tous cela dans une ambiance de guerre.
De guerre contre le terrorisme qui a permis, à la fois, d’instituer l’état d’urgence et aux populations de se familiariser avec la présence de l’armée ; de guerre contre le hooliganisme qui a permis l’extradition manu militari des troubles fêtes Russes et de priver de bières les Anglais ; et d’installer la fans zone parisienne, aux pieds de la Tour Eiffel, dans le Champ de Mars.
Mars ne faisant pas référence à la barre chocolatée.

L’esprit guerrier reste savamment entretenu parmi les visiteurs spectateurs, tout comme la menace qui plane sur nos ‘’libertés.’’ La Tour Eiffel, symbole phallique d’une France qui peine à se relever, doit s’éclairer chaque soir aux couleurs de la nation présente à l’Euro 2016 ayant fait le plus parler d’elle.
Le culte de l’excellence, de la bravoure et de l’héroïsme dans une compétition que la république prétend pacifiée, alors que dans les arènes les hymnes nationaux sont repris en chœur par les foules dont les pulsions nationalistes sont sournoisement entretenues.
Des hymnes nationaux guerriers et vindicatifs qui n’ont rien à voir avec un hymne à l’Amour, qui n’ont pas leur place dans des compétitions sportives.
Une compétition pacifiée mais composées de supporters qui ne se chambrent pas les uns les autres avec des cantiques de Noël.
L’esprit guerrier subsiste, comme la peur d’une menace hypothétique que les ''minute de silence'' et les hommages nationaux à répétitions entretiennent. Mais soyez rassurez frêles moutons, le glaive protecteur de la république s’est déployé au-dessus de vos têtes.
Ainsi l’a voulu Hollande.

Tout a été mis en œuvre pour la France remporte son Euro et que cette victoire soit partagée avec le petit président d’une petite république. Rêve-t-il secrètement de remettre la coupe à Hugo Lloris le 10 juillet prochain, alors que l’écueil Anglais menace à l’horizon ?
Si la France gagne l’Euro 2016, Hollande rééditera-t-il son procédé pour le Tour de France ?
Si la France gagne, les Gauloises et les Gaulois oublieront-ils leur misère tant ils seront occupés à chambrer leurs voisins pendant les deux prochaines années ?
Si la France gagne, le peuple Français remerciera-t-il Hollande pour son évergétisme en lui donnant la possibilité de foutre encore plus la merde pendant un second mandat ?

Au début de cet article, je voulais souligner un parallèle entre ce que nous vivons actuellement et la décadence qui a précédé la chute de l’Empire Romain. J’y ai fait un peu allusion, mais au fil de l’écriture et des mes promenades sur le net je suis tombé sur une page parlant de « sport et politique » sur le site nopassaran.samizdat.net

Finalement il n’est pas nécessaire de rechercher très loin dans le passé pour avoir un aperçu du danger que peut représenter l’instrumentalisation du sport par les gouvernements.
Sur de nombreux points : Présence et intervention du gouvernement dans des choix sportifs, théâtralisation des matches, fans zone et stades permettant le regroupement de foules considérables, chants patriotiques et pulsions nationalistes, pression sur les foules (compte à rebours, lecture des noms…), sécurisation excessive, en plus de ce qui se passe hors compétition comme l’assignation à résidence de certains manifestants, sont des faits qui se rapprochent de la pensée fasciste.

La France fasciste ? Ils n’y sont pas encore. Cependant si, en cas de victoire des Bleus, Hollande ou d’autres membres du gouvernement apparaissent ouvertement sur des représentations imagées de l’équipe de France victorieuse, les premiers intéressés – le peuple Français – se devra d’être sur ses gardes...

En 1934, l’Italie de Benito Mussolini organise et remporte la Coupe du monde de football. Au lendemain de la victoire italienne, Il Messagero écrivait :
« Au lever du drapeau tricolore sur la plus haute hampe du stade, la multitude ressent l’émotion esthétique d’avoir gagné la primauté mondiale dans le plus fascinant des sports.
Et dans cet instant où est consacrée la grande victoire – fruit de tant d’efforts – la foule offre au Duce sa gratitude. C’est au nom de Mussolini que notre équipe s’est battue (…) »

Ca pourrait presque le faire, non?
Bref. Quelques années plus tard, un autre sinistre personnage aurait écrit :
« Des milliers de corps entraînés au sport, imprégnés d’amour pour la patrie et remplis d’esprit offensif pourraient se transformer, en l’espace de deux ans, en une armée. » [Mein kampf]

J.F.

mercredi 27 avril 2016

Sticker or not sticker

Comme à chaque meeting international de fouteballe, Panini envahit les kiosques et autres épiceries de ses petites vignettes autocollantes à l’effigie des stars du ballon rond qui caresseront le cuir, d’ici une petite cinquantaine de jours, en France.
Une France qui a vu son ‘’Etat d’urgence’’ prolongé ; qui commence à en avoir marre des ‘’Nuit debout’’, mais ne s’opposera pas aux regroupements de personnes dans les ‘’fans zones.’’
Question de motivation idéologique certainement. Ou alors, faire sponsoriser les premiers par Heineken ou Coca-Cola

Vous pourrez me trouver toutes les belles explications possibles ou imaginables pour tenter de prouver les belles valeurs sportives, socialisantes, réunificatrices, et parler de paix dans le monde grâce au foot. Vous pourriez aussi parler de ces mercredis après-midi, dans le hall d’un centre commercial, pour échanger les vignettes, alors qu’avant cela se faisait principalement dans la cour d’école…
Il n'empêche que ces réunions sportives internationales ne sont plus motivées que par l’appât du gain, les parts de marché et son cortège de bénéfices. Et elles traînent dans leur sillage une belle bande de rapaces.

Le marchand de bières organise des ‘’Foot-boat’’, le distributeur de soda se la fait ‘’Plus belle la vie’’ pour embellir le futur des diabétiques, les cameramen s’entraînent à faire des gros plans sur les pieds des joueurs pour satisfaire l’ego des équipementiers, la Française des jeux sort sa collection de billets à gratter et Panini remplit nos poubelles à deux balles de ses déchets pas très papier. Mais on s’en fout : Un match de foot avec son fils « ça n’a pas de prix. »

Donc, mon p’tit bonhomme a son official sticker album de l’UEFA Euro 2016 France. La Star Edition s’il vous plaît, comme tout bon businessman qui se respecte…
Et ses parents lui achètent les paquets de vignettes.
A 90 centimes dans quasiment tous les points de vente, Relay – les kiosk, nous les refourgue à 1 franc le paquet. Sans oublier l’album de 94 pages… !

94 pages pour présenter les 24 équipes qui participent à la compétition et tout ce qui gravite autour de cet Euro de football. Sommaire, présentation des six groupes, classement des nations selon leur nombre de victoire dans cette compétition, palmarès récapitulatif des 14 derniers tournois, légende explicative des différents symboles. Le tout en dix langues différentes.
Et l’encart « create your own sticker ! » Only in english… Bref.

Ce qui caractérise les sticker Panini, c’est que très vite les doublons arrivent. En un mois d’achats modérés on atteint un taux de ‘’vignettes à doubles’’ - voire à triple, flirtant avec les 50 %.  Même si l’album est prévu pour recevoir 800 vignettes autocollantes numérotées jusqu’à 680.
Panini aime les ‘’doubles.’’
Il y a donc 24 séries de stickers composés de cinq numéros ‘’lettrés.’’ (38a – 38b, 39a - 39b etc.)
Ces séries de cinq vignettes présentent le onze de base de l’équipe nationale. Plus 1 sticker, en taille normale, pour encenser la vedette du groupe.
Donc dans chaque équipe, il y a 11 joueurs que vous collerez deux fois et qui vous énerveront plusieurs fois quand le numéro de la vignette que vous tenez dans la main ne correspond pas à un emplacement vide.
24 équipes par 11 joueurs, cela fait 264 photos de joueurs à doubles ! Ils sont malins, chez Panini.
Et ce n’est pas tout.

La Migros veut elle aussi surfer sur la vague du foot. Du coup l’éditeur d’autocollants a spécialement conçu un album de trente deux pages pouvant recevoir 120 vignettes. Et depuis le mardi 19 avril dernier, pour chaque achat de 20 francs chez le distributeur orange, la gentille caissière donne un paquet contenant trois vignettes à coller dans l’album Swiss football stars.
Le onze de base helvétique - s’il en existe un, se retrouve dès lors à trois exemplaires.
Comme cela ne suffit pas, l’Euro 2016 se vend aussi en vignettes 3D !

Maintenant, si dans quelques jours vous êtes toujours à la recherche d’un Rooney, Lewandowski, Muller, Pogba, Evra, Buffon, Verratti, Marc Janko, Shkelzen Gashi, de l’équipe d’Espagne ou même de CR 7, piochez dans le 2016 official sticker album, estampillé FIFA 365. La collection autocollante qui regroupe « 500+ Top clubs’ world stars. »

26 grands clubs de football de la planète FIFA réunis dans une seule compilation avec, en promo vente et pour 1 franc de plus, le pack album et l’équipe du FC Bâle au grand complet.
Ce qui fait, pour celles – si, si, il y en a, et ceux qui sont à donf dans le foot, qu’en moins d’une année vous aurez collé presque autant de Breel Embolo que de Cristiano Ronaldo.
Le bon côté avec le FIFA 365, c’est que vous Aurier la photo de Karim, le banni, Benzema.

On peut lire, par endroit, que Panini aurait choisi de ne pas publier l’homme qui ne connaît pas les paroles de la Marseillaise.
A cela près que l’album de l’Euro 2016 a été édité en fonction des informations que le fabricant d’autocollants de Modène détenait fin janvier 2016. Et la dernière information fournie par la FFF et son Noël Le Graet de président à la mi-décembre 2015, était que : « Benzema n’est plus sélectionnable. »

On peut comprendre que Panini souhaite coller au plus près de la réalité footballistique en vendant ses petites vignettes. Ce serait con que l’album Star Edition propose des portraits de joueurs Français qui ne sont pas dans la liste des 23 sélectionnés.
Et là, tout innocemment, je pense à Mammadou Sakho...

Alors en espérant que la Nati fera plus 4 points dans Groepsfase – la phase de groupes, je souhaite un bel Euro à celles et ceux qui suivront la compétition de près ou de loin.
Et plein de courage aux autres qui devront supporter les cortèges débiles de klaxons.

F.V.

dimanche 24 avril 2016

Il y a 30 ans, Tchernobyl.

Enfant d'Ukraine, Olga Kurylenko (ex-James Bond girl) raconte, à qui s’y intéresse, comment sa grand-mère lui avait interdit "pendant des années" de "manger la peau des fruits et des légumes", qu'elle n'avait "pas le droit de se promener sous la pluie, de sentir l'eau sur [ses] cheveux". On lui disait qu'elle allait les perdre.
"La nature reprend ses droits même si le silence est total. On n'entend rien, pas d'oiseaux, puis tout à coup un troupeau de biches détale. Il y a toutes ces traces d'animaux qui habitent les maisons abandonnées. Un jour, je me suis approchée d'un chiot que je voulais ramener à l'hôtel mais on me l'a interdit à cause de la radioactivité. Quand on approche de l'herbe avec l'appareil qui mesure la radioactivité un son strident et terrifiant retentit. Autour du site même, il n'y a rien. Il sert uniquement de base pour les ouvriers qui réparent le sarcophage."
Le 26 avril 1968, au moment de l’accident, elle avait 6 ans.

Après une explosion, non-nucléaire, survenue dans la salle du réacteur N°4 de la centrale de Tchernobyl, le cœur de celui-ci fusionne. L’incendie qui s’en suivit expédia pendant plus d’une semaine des particules radioactives dans l’atmosphère, qu’Eole se chargea de répandre sur l’Europe au gré de ses humeurs.
Rassurons-nous : Aucunes retombées "dangereuses" n'ont pu être mesurées au sol.
Mais c’est quoi une dangereuse retombée radioactive ? Comment ferions-nous pour savoir que nous sommes, ou avons été irradié, que notre organisme a été envahi par un élément radioactif qui détruit nos cellules les unes après les autres ?
Nous n’en savons rien ! Alors nous devons accorder notre confiance à celles et ceux qui disent ‘’savoir’’, qui informent celles et ceux qui nous dirigent, et qui nous abreuvent de chiffres exprimant des valeurs mesurées dont nous ignorons tout. Dans l’air on mesure en Sievert – milli ou micro, et dans nos aliments on compte en Becquerel.
Sans oublier que l’on nous communique rarement le résultat de mesures effectuées région par région. Ils prennent l’ensemble des mesures, divisent le tout par le nombre de cantons ou au kilomètre carré pour nous donner une valeur moyenne qui, forcément, sera rassurante.
Et puis, de toute façon, la Nature nous irradie naturellement d’une certaine quantité. Alors un peu plus ou un peu moins, cela ne fait pas grande différence.

Maintenant, avec toutes les cochonneries que nous mangeons, buvons, fumons ou respirons, comment être sur que notre futur cancer est dû à de quelconques retombées radioactives, ou à la présence de résidus de tritium?
Vous imaginez une info consommateurs sur les bouteilles d'"Henniez" du genre: " Boire de l'eau  entraîne la stérilité, peut causer des troubles intestinaux, des maux de têtes, etc…" une liste d'effets secondaires aussi longue que les recommandations, made in USA, de tout ce qu'il ne faut pas mettre dans un four micro-ondes… Impossible. Par contre nous sommes avertis que: "Fumer, tue".
Mais que sont nos petits bobos potentiels face à la dramatique réalité Ukrainienne.

Depuis trente ans, les alentours de la centrale maudite sont abandonnés. N’entrent dans le périmètre mortel que ceux qui ont pour mission de démanteler le réacteur. Une mission commencée quelques semaines après l’accident et qui durera encore 20 ans. Si l’on trouve où stocker les déchets, matières et matériaux radioactifs ; si l’on trouve le financement nécessaire. Bref, si tout va bien.
Un sarcophage d'acier et de béton fut construit à la hâte (en six mois). Un tombeau qui laissât malgré tout filtrer des radiations, et dont l'intégrité "physique" fut mise à mal, secondes après secondes, par l'intensité de l'énergie qu'il tentait de contenir et les éléments naturels qui le harcelaient.
Si bien qu'il fut décidé de construire un dôme géant qui isolerait les ruines de la centrale du reste du monde (en théorie). Une voûte de 260 mètres de large, 150 de long et 105 mètres en hauteur pesant 20'000 tonnes et calculée pour résister 100 ans aux éléments destructeurs.
Un siècle de protection certainement calculé par les meilleurs scientifiques du moment.
26 ans plus tard, le dôme censé protéger l'Humanité des émissions radioactives n'était toujours pas fini de poser. Mais le sera-t-il un jour..?
http://www.arte.tv/fr/3806900,CmC=3835606.html

Avec le temps, le dôme est devenu une arche : l’arche de confinement de Tchernobyl. C’est beau, c’est poétique, c’est biblique.
Budget : Le coût total initial du projet avait été estimé à 840 millions d’euros. En 2016, il est passé à 2,9 milliards d’euros… En tenant compte de tous les travaux nécessaires à "l'assainissement" du site ?
Mais si cet accident aura encore des répercussions dans le quotidien des résidents de Pripiat dans l’Oblast de Kiev pendant de nombreuses années, il nous faut aussi garder une certaine reconnaissance pour celles et ceux qui ont sacrifié leur vie pour tenter de contenir, de ralentir, la propagation des létales émissions radioactives.

Svetlana Alexievitch a écrit un livre qui donne la parole aux irradiés – ingénieurs, paysans, citadins, soldats, liquidateurs -, les victimes d'un événement qui "n'a jamais existé avant".
["La supplication, Tchernobyl, chronique du monde après l'apocalypse", Jean-Claude Lattès, Paris, 1998]
Histoire de lire que, contrairement à ce que sous-entendaient certains observateurs occidentaux dans les médias, "ils" n'étaient pas forcément tous bourrés à la vodka devant les panneaux de contrôle de la centrale le jour de l'accident.
(En Pennsylvanie, les enquêteurs ont bien mis en cause l'obésité d'un opérateur dans l'accident de la centrale de Three Mile Island. (…) un opérateur particulièrement imposant qui a laissé son proéminent abdomen recouvrir les cadrans où s'affichaient des mesures importantes.")
http://www.dissident-media.org/infonucleaire/SV_n742_juillet1979.pdf

"Personne ne comprend d'où je suis revenu… Et il m'est impossible de le raconter! Je n'ai pas peur de la mort en elle-même, mais je ne sais pas comment je vais mourir. J'ai vu agoniser un ami, il a gonflé. Il est devenu énorme, comme un tonneau…
Et un voisin. Il était là-bas, lui aussi. Opérateur d'une grue, il est devenu noir comme du charbon et a rétréci jusqu'à la taille d'un enfant. (…)
Je conserve une coupure de journal à propos de l'opérateur Leonid Toptounov. Il était de service à la centrale cette nuit-là. C'est lui qui a appuyé sur le bouton de sécurité, quelques minutes avant l'accident. Mais le système n'a pas fonctionné. On l'a soigné à Moscou. Les médecins disaient: "Pour le sauver, il lui faudrait un nouveau corps." Il ne lui restait qu'un petit morceau de peau non irradié dans le dos. (…) L'intérieur du cercueil était bardé de feuilles de métal… Il est couvert d'un mètre et demi de blocs de béton, doublé de plomb. (…)
Nous sommes seuls. Nous sommes des étrangers. On ne nous enterre pas comme tout le monde, mais séparément, comme des visiteurs de l'espace."

800'000. C'est le nombre approximatif de "liquidateurs" qui se sont sacrifiés pour leur Nation, pour l'Europe, pour le Monde. Ceux qui ont refusé d'aller mourir prématurément, préférant rester auprès de leur famille, ont vu la honte s'abattre sur eux, et sont devenus des "traîtres". Mais qui s'en soucie encore, 30 ans plus tard?

F.V.

samedi 16 avril 2016

Tout travail mérite-t-il salaire?

"A force d'évaluer toutes choses et toutes gens à l'aune du rendement monétaire - que rapportez-vous aux actionnaires? -, il était fatal qu'on retournât un jour la question aux évaluateurs, mais posée d'un autre point de vue: que rapportez-vous à la société?

C'est à un tel renversement de perspective qu'invite une étude publiée en décembre 2009 sous l'égide de la New Economic Foundation.
Eilis Lawlor, Helen Kersley et Susan Steed, trois chercheuses britanniques, y abordent non sans malice la question des inégalités, en comparant la rémunération de certains métiers, sélectionnés aux deux extrémités de l'échelle des revenus, à la "valeur sociale" qu'engendre leur exercice.

Dans le cas d'un ouvrier du recyclage, payé 6,10 livres sterling de l'heure (environ 7 euros), les auteures estiment que "chaque livre dépensée en salaire générera 12 livres de valeur" pour l'ensemble de la collectivité. En revanche, "alors qu'ils perçoivent des rétributions comprises entre 500'000 et 10 millions de livres, les grands banquiers d'affaires détruisent 7 livres de valeur sociale pour chaque livre de valeur financière créée". Ainsi le bilan collectif des activités les mieux rétribuées s'avère-t-il parfois négatif, ce que suggérait déjà la tempête financière déchaînée depuis 2008...

Baptisée "retour social sur investissement", la méthode utilisée pour quantifier la valeur générée par un emploi prend la théorie économique standard à son propre piège. Les hauts salaires refléteraient l'apport des cadres supérieurs à l'entreprise. La pensée orthodoxe dit que notre utilité dérive de l'argent, soulignent les chercheuses. Plus on gagne, plus on est utile. Il s'ensuit de maximiser le bien-être collectif, il faut accroître le revenu total.

Pareille vision du monde conduit notamment à n'attribuer aucune valeur au travail domestique, très majoritairement dévolu aux femmes. Et à perdre de vue que le processus économique s'étend en deçà et au delà de l'échange monétaire. Car la production et la consommation de biens et de services provoquent des répercussions involontaires appelées "externalité", tantôt négatives, tantôt positives, immédiates ou différées: une voiture transporte mais pollue, un livre divertit et instruit.

On peut évaluer ces effets secondaires en chiffrant les coûts de la pollution et les bénéfices de l'instruction. Il en va de même pour les professions. Pour déterminer la contribution sociale nette d'un métier, expliquent Lawlor, Kersley et Steed, il faut tenir compte de ses impacts indirects sur l'économie, l'environnement, la société, etc.

Prenons un publicitaire. Son activité vise à accroître la consommation. Il en découle, d'un côté, une création d'emplois (dans le secteur de la publicité, mais aussi des usines, le commerce, les transports, les médias) et, de l'autre, un accroissement de l'endettement, de l'obésité, de la pollution, de l'usage d'énergies non renouvelables. Par une série de calculs ingénieux et parfois acrobatiques, les trois chercheuses évaluent chacun des bénéfices et coûts de la surconsommation imputable à la publicité. Ne reste plus qu'à les mettre en rapport: "Pour chaque livre sterling de valeur positive, 11,50 livres de valeur négatives sont générées."
En d'autres termes, les cadres du secteur publicitaire "détruisent une valeur de 11,50 livres à chaque fois qu'ils engendrent 1 livre de valeur".

La proportion s'inverse si l'on considère le travail d'un agent de nettoyage hospitalier. Pénible, invisible, peu considéré, mal payé et généralement sous-traité, il n'en contribue pas moins à la marche générale du système de santé et minimise le risque d'infections nosocomiales. S'appuyant notamment sur un article du British Medical Journal consacré aux bénéfices sanitaires induits par l'embauche d'un nettoyeur supplémentaire ainsi que sur les coûts des pathologies contractées dans les hôpitaux, les auteures estiment que "pour chaque livre sterling qu'elle absorbe en salaire, cette activité produit plus de 10 livres de valeur sociale". Et encore, précisent-elles, "il s'agit probablement d'une sous-estimation".

La méthode permet également d'établir que les milliers de grands banquiers de la City - "ceux qui touchent des bonus de plus de 1 million de livres" et dont "les opérations extrêmement risquées, opaques et complexes" ont "provoqué la crises financière, puis la récession" - détruisent sept fois plus de valeur qu'ils n'en créent, contrairement à l'employée de crèche qui, par l'éducation prodiguée aux enfants et le temps libéré pour les parents, rend à la société 9,43 fois ce qu'elle perçoit en salaire. Ces décimales comportent à l'évidence quelque chose de saugrenu. " Nous ne visions pas la précision en effectuant ces calculs, expliquent Lawlor, Kersley et Steed, certains aspects de la valeur nous ont probablement échappé. Il s'agissait d'attirer l'attention sur le problème." D'opposer la création de valeur pour la société à la création de valeur pour l'actionnaire; de suggérer le bouleversement d'un mode de rémunération qui valorise en les surpayant certaines des professions les plus nuisibles et, symétriquement, décourage des activités profitables au plus grand nombre. Non sans adresser, en passant, la facture de leurs ravages à trois des six métiers étudiés.

Hier encore justifiées au nom de l'"effet de percolation" ("trickledown theory") selon lequel la richesse des plus cossu profite à tous puisqu'elle finit par ruisseler sur le front des pauvres, les inégalités inquiètent jusqu'aux libéraux à mesure que leur accroissement dissipe les dernières illusions de la "mondialisation heureuse". Au Royaume-Uni, un rapport gouvernemental publié en janvier 2010 détaille l'anatomie d'une société durablement fracturée, où les 10% les plus riches possèdent 97 fois plus que les 10 % les plus pauvres.

Citée dans ce document, une étude de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) relève que, entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 2000, les inégalités de revenus se sont creusées dans dix-neuf des vingt-quatre pays étudiés. Les coûts sanitaires et sociaux de cette dénivellation vertigineuse sont documentés. Mais, en dépit de la concordance des diagnostics, quel gouvernement osera prescrire les deux remèdes connus à ce jour: une fiscalité d'écrêtement des hauts revenus; une restriction du libre-échange pour relâcher la pression sur les bas salaires?
 
F.V.
 
Article écrit par Monsieur Pierre Rimbert ; paru dans Manière de voir N° 119, "Crise bancaire, le casse du siècle."

Trop de musique ?

Tout pour la musique...

L'autre jour, au détour d’un besoin naturel, qui m'envoya visiter les w.c. d'une aire d'autoroute quelconque, j'ai fait pipi avec Rihanna...
Elle était là. Dans cette pièce légèrement glauque, mal éclairée, aux phéromones chargées des souvenirs du voisin qui s’est accroupi sur la turque, Rihanna chantonnait son dernier tube.
Celui du clip dans lequel on devine l’ombre de ses aréoles sous un top ‘’juste ce qu’il faut’’ transparent ; le clip dans lequel elle nous montre qu’elle maîtrise avec aisance ses muscles fessiers...
Bref.

C’est que la musique, dès que l’on pose le pied dans un lieu public, est vraiment partout.
Café, tea-room, resto, boutique, supermarché, centre commercial, taxi – souvent, et même dans certain transport public.
Metro, boulot, bistrot, porno, dodo. 24/7, tout peut se faire accompagné d’un rythme saccadé, ennuyeux ou torride, sur une mélodie douce et lancinante.
MCM Top ou Pop, TVM3, Rouge TV, Deluxe Music, MTV Rock pop how i funk your mother et les innombrables chaînes musicales qui garnissent les bouquets des diffuseurs des télévisions par câble ou satellite. De la très commerciale NRJ à l’ancienne bimbo usée des Balkans, qui chante en play-back debout dans le studio de la chaîne nationale, il y en a pour tous les goûts.

Comme si cela ne suffisait pas, on nous rajoute des émissions de variétés à tour de bras.
Il y a, chaque année, une carrière artistique à encenser, un chanteur mort à célébrer, de nouveaux talents à dénicher, un air de famille à découvrir, tandis que Patrick Sebastien s’éclate quasi tous les week-end avec ses chansons semi-paillardes et que le Tribute to Alain Morisod fait son come-back.
Ajoutez à tout cela les innombrables stations FM, les concerts, les festivals, les téléchargements mobiles, les partages, I-Tunes, les lecteurs MP4 et j'en passe...
Musique d'ambiance, Buddha Barr, Incognito, un p'ti jazz-funky ou encore un piano-bar, en accompagnement d'un apéro, un cocktail, un dîner sympatico-romantique.
Un fond musical agréable et détendu qui nous accompagne vers un petit paradis de plaisir, ou nous aide à patienter parce que « tous [leurs] collaborateurs sont occupés… » C'est COOL...

La disco, le "Club" et tous les genres musicaux qui s'y affrontent et vous traînent vers quelque chose de plus "tribal". Le mélange "beat’n’light", dancefloor rasta hip-hop et rap qui nique tout, accompagnés de multiples "shots." Ou comment transformer un Club en enclos à saillies...
Profond pour la bête, mais superficiel pour l'homme.
Mais tant que la jeunesse aime ça, pourquoi devrions priver les jeunes mâles, post-acnéens en rut, de leurs boìtes "à culs", "à chattes", "à salopes" ou encore "à carne"...?
La palme revient quand même à se Kosovar qui, un soir que nous étions en boîte, est venu me demander, en pointant Anémone du menton: "C'est à toi, ça?"

Toute la psychologie masculine, résumée en quatre mots...!
« Ouaiiis. Les beaux jours reviennent. On va faire des grillades et se les bouffer de la barb’o’cul. »
Pauvres chèvres…
Mais les jeunes gazelles doivent apprécier de se faire traiter comme de vulgaires morceaux de steak que l'on retournent au fil de la cuisson... Sinon elles ne se vêtiraient pas en "push-up", "string" et autres moules-fesses, histoire de bien être dans le ‘’vibe’’ et d’allumer les gueux du coin.
Tout cela pour paraître et mettre en avant ce que l’on n’est pas, ou que l’on n’a pas.
"Dès qu'ils n'eurent plus aucun soutient, ses seins tombèrent, tel le corps d'un pendu...", avait dit Reuben (dans un film, soit).

Le mix Music and Lights, encore et toujours... Dans nos voitures, en station-service, au centre commercial, dans les boutiques de fringues.
Un bon "rythme" pour encourager à traîner dans les rayons, à squatter les cabines d'essayage et à dépenser votre fric.
Il est surprenant de voir le nombre de vêtements qui s'achètent avec Justin Minaj and Co dans les oreilles et qui ne seront portés qu'une seule fois (voire deux), et qui deviendront ringards, trop petits, mal ajustés, dans le silence du miroir de votre chambre...
Mais le Top de l'embrouille schizo revient à ceux qui ont eut la délicieuse idée d'installer des écrans plats sur les murs de leur boutique.
Schizo ? Parce que la musique entendue n’étant jamais celle du clip qui projeté.

Ce qui me fait penser que la vie moderne que l’on nous propose c’est du Mac Donald.
Assis au milieu d'une foule en mouvement perpétuel, vous avez du Keisha et le brouhaha ambiant dans l'oreille droite versus Foofighters de l'I-pod dans l'oreille gauche.
Votre attention visuelle alterne entre Kung-Fu Panda 2, le morceau de salade coincé dans les dents de votre pote d’en-face et les rembourrages adipeux des meufs qui passent.
Mais c'est vrai que pour réussir à bouffer une merde ruminée, compactée, réfrigérée, passée aux micro-ondes, et qui ne ressemblera jamais au produit affiché en photo, il faut être vachement distrait...
Le tout en répondant à la copine blonde qui n’a pas encore compris qu’elle n’a pas besoin de 14 messages pour écrire une phrase.

Do, ré, mi, ré, do, si, la, sol… C’est fou ce que l’on peut faire avec quelques notes de musiques.

Sans vouloir dénigrer le travail de nombreux artistes musiciens qui se donnent de la peine pour nous proposer des créations musicales intéressantes, écoutons-nous encore de la musique ?
Les œuvres de Haydn, Mozart ou Beethoven ne se résumaient pas à trois couplets, 10 refrains, une beat-box et quelques touches de synthé, le tout concentré en trois minutes quinze.
Ce qui fait qu’à notre moderne époque, nous devons entendre plus de "musique" en une journée, qu'un bourgeois du XIXe siècle ne pouvait en écouter en une année.
Ben oui. Salieri, Paganini, Verdi ou Brahms n'avaient pas le même rendement que Lady Gaga, Maître Gims ou Kendji.

Bon. Du coup, je vais voir si je trouve le dernier d’Anastacia et le premier d’Anne Sila…

Ji Ef, pour les intimes.

dimanche 3 avril 2016

Le vivant à notre mesure.

Depuis que la pensée intelligente a renvoyé l’instinct dans sa boue originelle l’homo, devenu ainsi sapiens, a laissé la folie conquérir son esprit.
D'abord par sa curiosité, l’observation des événements et sa volonté à les reproduire.
Puis l'étincelle dans son esprit qui le pousse à améliorer ses inventions.
De nos jours, il n’a plus besoin de taper sur des cailloux pour faire du feu, il contrôle le feu nucléaire.
L’homme, qui a pris le pouvoir sur cette terre, rêve de grandeur, de conquête et malheureusement de domination.
Le gibier est sorti de sa caverne et a découvert le monde qui l’entoure.

En fémur, en coudées, en pouces, en foulées, à dos de chameau, en méridien, en lieues, en lunes ou par satellites ; en fonctions trigonométriques, mathématiques ou autres, il a mesuré son monde.
Il l'a dessiné, cartographié, avant de se le réapproprier.

La superficie de notre planète dépasse les 510 millions de kilomètres carrés, dont 70% est recouverte par de l’eau. Une eau dont le volume est approximativement quantifiée.
Comme les océans distinguent les continents l’homme, qui veut être le vitruvianos, érige des lignes de fronts – l’origine de nos frontières, morcelle la terre en contrées, en régions, en territoires, en pays.

Les 30% de terres émergées à notre disposition sont devenues un vaste enchevêtrement de propriétés "privées." Des Etats nations qui comparent leurs possessions en kilomètres carrés, et qui les divisent en hectares au gré de leurs plans d’affectations.
Selon la base de données de la FAO, l’affectation des terres agricoles mondiales en 2012 ressemblait un peu à cela :
Sur les 4,81 milliards d’hectares disponibles sur la surface de notre globe, 3,4 servent aux pâturage, dont 0,85 sont des sols dégradés.
Les 1.41 milliards d’hectares restants, définis en terres arables, sont à partager entre les sols à fourrage (0.5) et ce qui reste de disponible pour l’alimentation humaine (0.91). Une part que l’humain concède à l’horticulture, aux agrocarburants, etc. Des chiffres qui, pour moi, ne signifient pas grand-chose.
Cependant il reste encore beaucoup de surfaces à utiliser. Une partie de ce solde étant à disposition des génies civils, des architectes, des immoculteurs et leurs bétonnières.
La caverne en loft et devenue un apparte trois pièces qui se mesurent en mètres carrés*. Comme nos balcons, nos terrasses, nos maisons et nos villas.

Tout en dominant la Terre, l’homme lève les yeux vers le ciel.
La peau d’orange qui nous sert d’atmosphère est répartie en diverses couches superposées dont les différentes altitudes sont connues. Les gaz qui constituent notre biosphère ont chacun leur dénomination particulière, et leur densité dans notre atmosphère est également calculée.
Nous savons que la circonférence de notre planète est supérieure à 40'000 kilomètres, et qu’au-delà de 10 kilomètres d’altitude, sans assistance respiratoire, nous mourrons. 10 kil, c’est rien !

L’homme qui a levé les yeux vers le ciel et l’espace se rend compte qu’à mesure que les puissants télescopes scrutent l’espace, plus les limites de celui-ci s’éloignent.
Les 40'000 kilomètres à parcourir pour faire le tour du globe deviennent humble face au 384'000 kilomètres qui nous séparent de notre satellite lunaire, et insignifiant depuis que la distance entre notre étoile solaire et la Terre est connue : Plus de 8,6 milliards de kilomètres, pour un astre 100 fois plus volumineux que notre planète.
Dans le vide de l’espace les distances se mesurent en année-lumière, puis en parsec.
Mais pour ramener  notre environnement stellaire à notre mesure, la lumière du soleil nous parvient en un peu plus de huit minutes.

La Vie se quantifie aussi.
Dès notre naissance nous sommes mesurés, pesés et notre espérance de vie ‘’à la naissance’’ est déjà estimée. Notre croissance est surveillée par un pédiatre qui doit faire en sorte que l’on reste sur ‘’la courbe de croissance’’ idéale. Notre taille se mesure d’abord en centimètres, et les deux premières années de notre existence se comptent en mois. Le nouveau-né devient enfant qui s’efface devant l’adolescent pour finir homme et vivre quelques décennies en découvrant qu’avant lui, il y a des siècles, d’autres hommes ont vécu.

Son espérance de vie se retrouve confrontée aux millénaires d’évolutions de son espèce, aux millions d’années passées depuis la formation de sa biosphère. Des millions qui deviennent  des milliards d’années quand il tente de situer la naissance de l’univers.
A cette échelle, notre temps de vie n’excède pas celui d’une bactérie.
Pourtant, les 365 jours calendaires, répartis en douze mois, qui garnissent nos agendas – aux 52 semaines numérotées, sont là pour nous montrer qu’une année peut être longue, le premier jour de l’an.
Une année qui se divise en saisons**, en mois, en semaines et en jours.

La vie c’est du temps et le temps se mesure également. Grâce à l’horloge qui est surtout là pour s’assurer que nous sommes tous synchronisés sur les événements qui nous sont imposés.
L’apprentissage scolaire se subdivise en périodes de X minutes.
Le milieu professionnel nous impose de mettre notre temps de vie en location selon un temps de travail hebdomadaire – divisé en cinq périodes égales – qui donnent un taux de travail en pourcent, pour une rémunération mensuelle, présentée et déclarée, en revenu annuel.
Un environnement professionnel qui veut de la croissance, de la rentabilité et améliorer un PIB quelconque. Des données capitales qui ne peuvent que s’exprimer par des chiffres. Contrairement au progrès.

Nos jours sont divisés en heures, en minutes et en secondes.
S’il en faut soixante pour faire une minute, la seconde se subdivise en dixièmes, en centièmes, voire en millièmes, lors de compétitions sportives durant lesquelles la vitesse de déplacement du sportif est primordiale.
La seconde a d’abord été définie selon un temps universel, puis par le temps de l’éphéméride de l’année tropique 1900. Elle correspondait aussi, un temps, à la période moyenne du battement du cœur d’un homme au repos. La seconde moderne se défini maintenant par rapport à une propriété de la matière (1).
Une ‘’propriété’’ qui a permis de construire une horloge atomique dont la précision ne la fera dériver que d’une seconde en 16 milliards d’années. Cette horloge atomique continuera d'être précise quand notre soleil aura englouti la Terre...

Notre espace de vie est mesuré. Notre travail, notre repos et nos loisirs sont chronométrés. Tout comme nos déplacements.
Nos achats sont pesés. Nous mangeons en grammes et buvons en décilitres – pour les plus modestes, la mesurette du sirop anti-tussif du petit est graduée en millilitres. Indice de masse corporel, apport journalier, taux de cholestérol - bon ou mauvais, pour bien se nourrir; les pour mille de l'éthylomètre, pour ne pas trop boire au volant et les litres/100 km de nos voitures, pour ne pas trop polluer.
Le bonus/malus de l'assurance, pour le fair-play urbain et les décibels pour ne pas déranger ses voisins.

Après avoir ramené à son échelle la démesure de son environnement et s’être autoproclamé créature supérieure sur la surface du globe, l’homme se mesure à lui-même et aux autres organismes vivants.
Michael Johnson a couru le 400 mètres en 43s18; Usain Bolt le 100 mètres en 9''58 et le 200 en 19''19.
Ce qui fait une pointe de vitesse de 33 km/h pour le premier et 37 km/h pour le second.
Juste assez rapide pour rattraper son chien, son chameau dans le désert, pour choper un mouton, un cochon ou encore un gardon.
Un loup peut courir à 40 km/h (mauvais pour nous) et tenir le rythme sur un marathon. Un lion peut atteindre les 80 km/h. Le Guépard dépasse les 100 km/h, et son accélération le propulse à 90 km/h en 3 secondes!
Pour ressentir cette sensation un bolide de 150'000 francs, avec 450 chevaux minimum, est nécessaire.
Et Michael Phelps n’échappera pas au requin.

Des supers-costauds de balaises s'affrontent dans tous pleins de disciplines sportives (officielles ou pas).
Leonid Taranenko, champion du monde poids lourds en haltérophilie, a soulevé 266 kg. Le gaillard, qui doit facilement peser 100 à 120 kilos, a soulever dans un effort, à se faire péter tous les vaisseaux capillaires, deux fois et demi son poids.
D’autres, au terme d’entraînements intensifs, balancent des pneus de tracteurs, tirent des camions à mains nues, etc.
Un gorille de 300 kilos soulève aisément une tonne, et une fourmi peut porter jusqu’à 50 x son poids.
Le scarabée rhinocéros pèse 0,25 grammes, ce qui ne l’empêche pas de soulever 212,5 gr de matière. 850 fois son poids ! Pour moi, cela ferait 85 tonnes. Captain America peut aller poser son costume.

La femme du coiffeur m'a dit un jour, l’œil humide: "Un bon taureau n'est jamais gros...". Coquine.
Un autre jour, une femme voulait échanger « des œufs contre une nuit d’amour. »
Soit. Ca dure combien de temps une nuit d’amour ?
Un lion peut s'accoupler jusqu'à 50 x en une journée; une simple odeur permet au taureau ou à un étalon de s'acquitter de leurs devoirs, et j'omettrais volontairement les singes Bonobos.
L'orgasme d'un cochon peut durer 30 minutes, et la baleine se soulage de 1'800 litres de spermes pendant l'acte sexuel. Ce qui fait, par une banale règle de trois, un petit peu plus d'un litre de petits têtards, poussés à l’exil par un accro (100 kilos) du fitness...
On est très loin du compte...
Certaines espèces produisent de la lumière, d'autres de l'électricité. L'homme brille par sa médiocrité, et  conscient de son impuissance il passe son temps à faire chier son voisin. Tandis qu’aucun fitness n'a encore branché ses appareils de muscus sur des accumulateurs d'énergie. Quel GÂCHIS...!

Plus terre-à-terre…
Tous nos actes sont chiffrés. Notre consommation d’électricité se mesure en kW ; la qualité de nos appareils de photos se compare en millions de pixels et la capacité de nos ordis en méga octets.
Le commun des mortel n’est pas ‘’conçu’’ pour gérer des informations, des données qui présentent des valeurs s’exprimant en millions de milliards.
Déjà, c’est quoi un milliard ? Un chiffre avec neuf zéros derrière.
Super. Mais qu’est-ce que cela représente pour nous, comment imaginer ce nombre ?

Un milliard pourrait être 1 franc, ou 1 euro, mis dans une boîte chaque seconde, 24/7, pendant 32 ans ; ou un salaire mensuel de 5'000 francs pendant 16'666 ans et 8 mois. En SMIC ? Je vous laisse calculer.
Les 12'095 milliards d’euros de dettes de l’UE ? Une ardoise répartie sur le dos des Européens s’élevant à 28'836.5 euros par tête. Deux Dacia Duster, sauf erreur.

Où nous renvoie la dette américaine de bientôt 20'000 milliards de dollars ?
En dollar/ seconde – à 31'557'000 sec/an, ce n’est pas loin de 640'000 ans. Un voyage qui nous dépose vers la fin du Pléistocène, à l’extinction des grands mammifères dans l’hémisphère nord. Nous serions les heureux témoins de l’éruption de Yellowstone. Impossible voyage.
Pour éponger la dette de leur pays, chaque citoyen américain devrait verser une fois 62'155.5 dollars. Ou 170 dollars par mois pendant une année.

Tous ces chiffres, ces montants, restent dans l’imaginaire, demeurent virtuels et finissent par nous donner le tournis. Alors je propose au Vaudois de la Riviera et du Chablais de visualiser une ‘’consommation.’’
En 2013, selon les chiffres de BP donnés en 2015, la consommation journalière de pétrole était à 91,243 millions de barils/jour.
Un baril contenant 159 litres (arrondi) de pétrole, la conso quotidienne d’or noir est donc de 14'507'637'000 litres – 14.5 milliards de litres !
Je pourrais vous faire le calcul annuel en multipliant par 365. Mais stop ! aux grands chiffres qui de toutes façons ne nous parlent pas. Cette consommation quotidienne de pétrole, ramenée à une dimension plus humaine, équivaut à un débit de liquide de 168 mètres cubes par seconde.

Le débit moyen du Rhône, quand il arrive dans le lac Léman – vers Villeneuve, étant de 165 m3/s, une promenade le long du fleuve, dans le Chablais vaudois, permet d’apprécier ce que cette mesure représente.

Nous pouvons sincèrement remercier ces hommes de sciences qui ont marqué de leur empreinte, et de leurs savoirs, les millénaires de notre développement en nous léguant les étalons nécessaires,  ampère ; volt ; pascal ; kelvin ; Celsius ; mole ; candela ; newton ; joule ; coulomb ; tesla ; becquerel ; sievert et j’en passe, des connaissances cumulées qui nous ont permis de comprendre, en partie, ‘’comment’’ les événements invisibles se produisent autour de nous , ‘’comment’’ notre monde est monde.

L’homme est devenu le ‘’maître’’ de la terre en ramenant la Réalité à une dimension humaine, sa dimension. Un réel que nous pourrions ‘’percevoir.’’
Le dommage pour nous est qu’à force de tout expliquer, notre esprit se ferme à l’impossible, à l’événement qui n’a pas d’explications scientifiques, ni logique.
Pourtant si nous ouvrons notre esprit à cet impossible, ne risquerions-nous pas de découvrir la vérité, ou une partie de celle-ci ?

Pour parler scientifiquement, cette vérité pourrait se trouver derrière le mur de Planck. Un mur infranchissable, érigé une infinitésimale fraction de seconde après la naissance de notre univers.
Une limite au-delà de laquelle toutes les lois universelles qui s’appliquent d’un bout à l’autre de notre immense univers ne fonctionnent plus ; une limite au-delà de laquelle notre science n’a plus cours.

Pour nous, humbles citoyens, c’est encore une information qui, soit ne nous sert à rien, soit nous permet de penser à une puissance supérieure. Une force inaccessible à toutes pensées rationnelles qui réunit toutes les dichotomies. Une Force qui a sorti du néant tout ce qui nous permet d’exister.
Pour les athées, au-delà du mur de Planck, c’est le sac de Mary Poppins.

L’homme peut tout faire pousser, tout transformer, tout construire ; il peut détourner des fleuves ou creuser au travers des montagnes, mais il ne peut que le faire qu’avec, ou à partir, de matériaux déjà à sa disposition.
Son arrogance nourrit son complexe prométhéen qui le rend incapable de créer ce qui n’existe pas et, pour le plus grand malheur de la femme, incapable de donner la vie.

Qu’à cela ne tienne. Ne pouvant matérialiser physiquement à partir du néant, l’homme créera des valeurs subjectives à partir du vide.
L’apparition du chiffre auquel s’ajoute un autre chiffre lui a permis, grâce au concept de nombre ainsi créé, de tout dénombrer, de tout mesurer, de tout quantifier avant d’expliquer, le monde observé, par des formules complexes composées de chiffres, puis de lettres.

Le ‘’chiffre’’, est mot d’origine arabe, qui avait comme définition : le vide.
Le ‘’chiffre’’ Sifr, devient sefero puis un zéfiro que les Italiens nous transmettrons comme : Zéro (2).
« Etre un chifre » au Moyen-âge, présentait une personne inutile et ignorante.
Le vide auquel s’ajoute un autre vide, devient une formule complexe qui veut expliquer la réalité.

Sauf qu’en ramenant tout à une échelle perceptible et compréhensible par une logique, en quelque sorte imposée à notre esprit, nous amputons la Réalité de sa source Divine, de sa ‘’magie’’, pour en faire un réel souvent tristounet.

F.V.

* 70 m2. C’est la surface habitable qu’avait chaque ouvrier égyptien pour y vivre avec sa famille à l’époque des grands chantiers de l’antiquité.

** Il y a trois cycles saisonniers différents : Les saisons calendaires, les saisons astronomiques et les saisons météorologiques. Les deux premiers cycles sont définis selon la date des équinoxes. Les saisons varient également selon notre emplacement sur l’hémisphère terrestre.

(1) La seconde est la durée de 9'192'631'770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre les niveaux hyperfins F=3 et F=4 de l’état fondamental de l’atome de césium 133.

(2) Définition du zéro sur wikipédia.
Pour Alain Rey, dans son ouvrage : Le Voyage des mots, De l’Orient arabe et persan vers la langue française, le ‘Sifr’ arabe devient cifra en langue latine puis le chiffre français. La définition de ce « zéro qui sert à tout compter » sera complétée, ou contredite, par Robert Estienne qui fera venir, au XVIe siècle, le latin cifra de l’hébreu sefer, pour ‘’compter’’.

vendredi 25 mars 2016

Période de fêtes des incidents nucléaires.

« L’énergie nucléaire respecte l’environnement et la ville d’Ookuma est bonne envers ses résidants. »
[Slogan affiché en face de la gare d’Ookuma / Province de Fukushima.]

Le 11 mars 2011, un violent séisme secoue l’archipel du Japon et bouleversera la vie de 315'000 personnes. Victimes directes de la catastrophe naturelle ou de ses conséquences.
Des maisons par milliers, parfois des villes entières, sont détruites. Sans distinctions…
En plus de transformer une partie des habitants de la Province en SDF, le séisme met à mal l’ensemble de la distribution du réseau électrique dans toute la région et particulièrement dans la zone autour des centrales nucléaires de Fukushima.

L’ironie veut, et ce pour des raisons de sécurité, qu’une centrale nucléaire n’utilise pas le courant qu’elle produit pour s’alimenter. Elle dépend donc principalement du réseau électrique externe.
Les centrales sont aussi conçues pour pouvoir fonctionner sans ce courant. Pour cela elles ont des systèmes de secours, des groupes électrogènes notamment.
Ce système de secours donnera un peu de répit à la centrale nucléaire de Fukushima-Daïchi.

Nous le savons tous. Le séisme sera suivit d’un tsunami.
La vague n’a pas besoin d’être spectaculairement haute. La masse d’eau déplacée, en mouvement, suffira à elle seule pour submerger les trois mètres du mur anti-tsunamis, érigé à quelques dizaines de mètres de la côte. L’océan finit ce que la Terre a commencé.
A la centrale nucléaire, l’eau de mer inonde les salles où sont installés les groupes électrogènes.
Ceux-ci cèdent. Les réacteurs sont livrés à eux-mêmes.

« Le cœur du réacteur doit être en permanence refroidi avec de l’eau. Si cette eau vient à manquer, la température de ce cœur augment, passe à plusieurs milliers de degrés – entre deux et trois milles degrés… »
Le soir du 11 mars 2011, un périmètre de sécurité de trois kilomètres est d’abord établi autour de la centrale nucléaire.
«…et quand on atteint ce type de température, les matériaux qui composent le cœur rentrent en fusion et ce mélange avec l’eau qui est présente dans le cœur et créent de l’hydrogène.
Et c’est ce qui amené, avec le contact de l’air humide de l’atmosphère, les déflagrations, les explosions des réacteurs 1 et 3.
Pour le réacteur numéro deux la nature de l’explosion est d’une nature un peu différente, elle s’est passée en partie basse du réacteur, et a endommagé  un certain nombre de systèmes. »
[Olivier Isnard, chercheur à l’Institut radiologique et de sûreté nucléaire (IRSN).]

Le lendemain, le périmètre de sécurité est étendu à 20 kilomètres, et devient désormais la ‘’Zone rouge.’’
Une zone dans laquelle l’accès sera intégralement mis sous contrôle de Tepco et de l’Etat.
Tomioka - à 9 kil de la centrale, est évacuée le 12 mars, 15 heures après le séisme ;
Puis, dans la foulée, Naraha et ses 8'000 habitants, à 17 kilomètres de la centrale, est évacuée. 28 heures après l’accident. Ou encore Namie et Ookuma, ville détruite par le séisme et vidée de ses habitants.
80'000 personnes seront évacuées pour être relogée dans des villages de fortunes installés à 50 kilomètres de la centrale nucléaire.
L’évacuation cela veut dire que l’on quitte sa maison en emportant le strict minimum, qu’on laisse tout ce qui a fait notre vie derrière soi, sans savoir quand est-ce que l’on y reviendra. Tout cela à cause de la radioactivité.

Alors que la zone rouge se vide de ses habitants, à la centrale la situation s’emballe.
Lors des explosions de l’iode 131, du césium 134 et 137 s’échappent des réacteurs. Des particules radioactives se propagent alors dans l’atmosphère et se dépose partout autour de la centrale.
Les rayons alpha, gamma et bêta qu’elles émettent exposent alors les personnes présentent sur les lieux à deux risques potentiels : Une irradiation externes dues aux particules radioactives présentes dans l’environnement, et une irradiation internes causées par celles qui pénètrent à l’intérieur du corps par inhalation ou ingestion. Dans les deux cas, les conséquences peuvent être irréversibles.

Bien sûr, après l’accident de la centrale, la radioactivité ne s’est pas arrêtée aux portes de la ‘’Zone rouge.’’
Les rejets radioactifs ont commencé à se propager en dehors du périmètre des vingt kilomètres. Au gré de la direction et de la force des vents.
Le gouvernement décide alors d’étendre les évacuations, en fonction des taux de contaminations, à un rayon de 40 kilomètres.

Deux mois après l’accident, Kawamata, Katsurao, Minamisoma, Tamura, Itate, toutes les zones ‘’urbaines’’ et d’habitations où la radioactivité dépasse les 20 millisievert par an – 20 fois la dose admise en temps normal, sont vidées de leurs habitants. Ou en partie.
Itate se trouve presque au centre de la nouvelle zone d’évacuation. ‘’Loin’’ de la zone rouge.
Mais déjà 10 jours après l’accident la consigne gouvernementale était de ne plus boire l’eau. Puis se fut la découverte que les sols étaient également contaminés.
Cependant, la petite ville de 7'000 âmes ne fut évacuée qu’à la mi-mai, alors que quelques jours après l’accident les habitants de cette petite ville recevaient, en une journée d’exposition aux radiations, ce qu’un employé du nucléaire français reçoit en une année.

La zone évacuée aurait une surface hybride de 1'000 kilomètres carrés – un tiers du canton de Vaud, et 110'000 personnes auraient vu leur statut de résidants se transformer en celui de réfugiés.
Hybride parce que les retombées radioactives ne sont pas uniformisées, et qu’un seuil d’évacuation a dû être décidé, unilatéralement, afin d’empêcher un exode massif de la Province. Un seuil fixé à 2.3 microsievert/heure.

J’ouvre une parenthèse pour souligner un autre aspect d’une évacuation faite dans l’urgence. On le voit bien dans les reportages récurrents réalisés aux portes de cette hideuse Europe. Tu pars sans rien, ou avec le strict minimum.
Evacuer, c’est tout laisser derrière soi. Souvenirs, maison et les animaux. Dans la province de Fukushima, chiens, chats, poissons rouges, lapins, tortues et que ne sais-je encore ont dû être abandonnés à leur sort ; des centaines d’animaux de rente sont morts de faim ou de soif, encore attachés dans leurs étables.
Quant à ceux qui étaient en liberté dans les enclos, le gouvernement les a abattus avant d'incinérer leur carcasse pour éviter que de la viande contaminée ne se retrouve sur le marché. Fin de la parenthèse.

Si, depuis le temps, la radioactivité ambiante dans les rues de certain village a baissé, elle atteint encore des mesures légèrement supérieures au seuil d’évacuation. Et la neige tombée 4 jours après l’accident a apporté, dans ses beaux flocons, l’invisible menace. Le manteau blanc a laissé en fondant des ‘’hot spot’’ où la radioactivité mesurée dépasse les 100 microsievert/heure…

L’actualité récente nous montre d’autres problèmes bien plus urgents que les tribulations d’un japonais au Japon. C’est vrai.
Cela vous semble bien lointain, c’est tout aussi vrai.
Mais juste à titre de comparaison, si un gros pépin devait se produire à la centrale nucléaire de Muhleberg, et en appliquant les mêmes protocoles d’évacuations, le lendemain de l’accident vous oubliez la course Morat-Fribourg ; le Palais fédéral et la capitale se vident ; Rock’oz arènes est remis à des jours meilleurs tout comme le problème linguistique de Bienne.
Deux mois plus tard c’est Neuchâtel, Estavayer-le-Lac, Soleure, Romont, la Chaux-de-Fonds qui sont vidées ou sous haute surveillance. Un rayon de 40 kilomètres, en Suisse, c’est Muhleberg – Bulle ! Et Broc… Mais comme Nestlé, grâce à Henniez, sait flirter avec les zones ‘’radioactives’’ Cailler nous fera le premier chocolat au lait fluoresçant.
Les Dzots devront patienter avant de regrimper sur le Moléson pour y voir leur maison, et avec un peu de chance et pas trop de bise, c’est le bassin Lémanique qui servira de centre pour réfugiés nucléaires.

Pour revenir au sujet, même si les rejets de Fukushima-Daïchi furent l’équivalent de 10 à 50% de ceux de Tchernobyl en 1986, l’accident japonais est classé au niveau 7 de l’échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques. Soit le niveau le plus élevé.
Une très fort niveau de contamination, mais dont le mode de propagation a été diffèrent d’un pays à l’autre.
A Tchernobyl, l’explosion du réacteur numéro 4 a été suivie d’un incendie. Un feu qui a, pendant dix jours, amené la radioactivité à des hauteurs parfois stratosphériques. Contaminant une zone de 160'000 km carrés dans le nord de l’Ukraine, affectant des millions de personnes, les Etats voisins et le continent européen. 160'000 kilomètres carrés, c’est quatre fois la Suisse.
A Fukushima, le mode de relâchement est différent : Une quantité, qui est peut-être la moitié du rejet de Tchernobyl, a été relâchées à des hauteurs beaucoup moins élevées - de l’ordre de 300 mètres, sur un terrain beaucoup plus restreint. Contaminant les zones proches de façon plus importantes.

5 ans après l’accident, rien n’est réparé. Même si le gouvernement a entrepris une vaste opération de nettoyage pour tenter de retirer la radioactivité des bâtiments, des sols ou encore des terrains à pâturages. Un grand nettoyage budgétisé à 10 milliards d’euros. En 2013.
On peut racler la terre ou la recouvrir de terre ‘’saine.’’
On peut aussi échanger le sable dans le bac à sable des enfants. On peut mettre du sable à zéro becquerel dans les bacs à sable. C’est certainement très efficace.
Mais donner l’idée à la population qu’on va décontaminer des zones entières, d’immeubles, de pâturages, de champs, c’est gravement induire en erreur la population.
La décontamination d’Itate, un bled parmi d’autres, prendra en trois et cinq ans. Les maisons et les champs seront ‘’assainis.’’ Mais la commune d’Itate est composée à 70% de forêts. Et rien ne sera fait dans l’environnement sauvage.

Le Japon a une superficie à peine plus grande que la moitié de l’Ukraine, pour trois fois plus d’habitants, alors que la Province de Fukushima est deux fois plus petite que l’Oblast de Kiev.
Dès lors, le gouvernement japonais, peut difficilement réhabiliter une partie de son territoire en zone morte.
Alors on fait croire aux enfants qu’ils peuvent s’asseoir dans de l’herbe encore radioactive ; on joue avec les mesures et on contrôle le plus possible l’information parce qu'il y aura des zones condamnées à très, très long terme, aux côtés desquelles les populations locales vont devoir vivre.

Si aujourd'hui la population de Tchernobyl se compte en quelques centaines d'âmes en peine, le réacteur demeure toujours dangereux. L'UE, avec l'aide de la Russie vont devoir débourser des dizaines de milliards (la monnaie importe peu) pour remplacer le sarcophage, construit par dessus le réacteur. Installé en 1996 pour protéger l'environnement et les populations, le sarcophage est en fin de vie. 20 ans après sa construction.
Au Japon, la Tepco serait l’heureuse propriétaire de plus de 700'000 tonnes d’eau contaminée, polluée, mortelle.
Une eau qui a été inlassablement injectée vers le combustible radioactif pour le refroidir, puis entreposée dans des piscines plus très étanches et qui lèguent au Pacifique de quoi le rendre un peu plus stérile.
Un cœur qui aurait fondu pour continuer à vivre selon ses propres lois et qui poursuivrait, officieusement, ses émissions de particules radioactives.
www.fukushima-blog.com/2016/01/fission-a-fukushima.html

L’arrivée du printemps est-elle propice aux incidents nucléaires ?
Nous venons de passer les 5 ans de la catastrophe nippone (11 mars 2011), dans un mois nous fêterons les trente ans de Tchernobyl (25-26 avril 1986) et dans 3 jours l’incident niveau 5 (sur 7) de Three Mile Island aura 37 ans (28 mars 1979).
Et presque aussi vieux que moi : Il y a 47 ans – le 21 janvier 1969, la centrale nucléaire expérimentale de Lucens, dans notre beau canton de Vaud, était arrêtée de toute urgence, suite à un accident de niveau 4.
Bref. Depuis que j’ai l’âge de comprendre les choses, j’ai vu plus d’accidents nucléaires que de Fête des Vignerons.

F.V.