Tout pour la
musique...
L'autre jour, au détour d’un besoin naturel, qui m'envoya visiter les w.c. d'une aire d'autoroute quelconque, j'ai fait pipi avec Rihanna...
Elle était là. Dans cette pièce légèrement glauque, mal
éclairée, aux phéromones chargées des souvenirs du voisin qui s’est accroupi
sur la turque, Rihanna chantonnait son dernier tube.
Celui du clip dans lequel on devine l’ombre de ses aréoles
sous un top ‘’juste ce qu’il faut’’ transparent ; le clip dans lequel elle
nous montre qu’elle maîtrise avec aisance ses muscles fessiers...
Bref.
C’est que la musique, dès que l’on pose le pied dans un lieu
public, est vraiment partout.
Café, tea-room, resto, boutique, supermarché, centre commercial, taxi –
souvent, et même dans certain transport public.
Metro, boulot,
bistrot, porno, dodo. 24/7, tout peut se faire accompagné d’un rythme saccadé,
ennuyeux ou torride, sur une mélodie douce et lancinante.
MCM Top ou Pop, TVM3, Rouge TV, Deluxe Music, MTV Rock pop how i funk your
mother et les innombrables chaînes musicales qui garnissent les bouquets des
diffuseurs des télévisions par câble ou satellite. De la très commerciale NRJ à
l’ancienne bimbo usée des Balkans, qui chante en play-back debout dans le
studio de la chaîne nationale, il y en a pour tous les goûts.
Comme si cela ne suffisait pas, on nous rajoute des
émissions de variétés à tour de bras.
Il y a, chaque année, une carrière
artistique à encenser, un chanteur mort à célébrer, de nouveaux talents à
dénicher, un air de famille à découvrir, tandis que Patrick Sebastien s’éclate
quasi tous les week-end avec ses chansons semi-paillardes et que le Tribute to
Alain Morisod fait son come-back.
Ajoutez à tout cela les innombrables stations FM, les concerts,
les festivals, les téléchargements mobiles, les partages, I-Tunes, les lecteurs
MP4 et j'en passe...
Musique d'ambiance, Buddha Barr, Incognito, un p'ti jazz-funky ou encore un
piano-bar, en accompagnement d'un apéro, un cocktail, un dîner
sympatico-romantique.
Un fond musical agréable et détendu qui nous accompagne vers
un petit paradis de plaisir, ou nous aide à patienter parce que « tous [leurs] collaborateurs sont occupés… » C'est COOL...
La disco, le "Club" et tous les genres musicaux qui s'y affrontent et
vous traînent vers quelque chose de plus "tribal". Le mélange
"beat’n’light", dancefloor rasta hip-hop et rap qui nique tout,
accompagnés de multiples "shots." Ou comment transformer un Club en
enclos à saillies...
Profond pour la bête, mais superficiel pour l'homme.
Mais tant que la jeunesse aime ça, pourquoi devrions priver les jeunes mâles,
post-acnéens en rut, de leurs boìtes "à culs", "à
chattes", "à salopes" ou encore "à carne"...?
La palme
revient quand même à se Kosovar qui, un soir que nous étions en boîte, est venu
me demander, en pointant Anémone du menton: "C'est à toi, ça?"
Toute la psychologie masculine, résumée en quatre mots...!
« Ouaiiis. Les beaux jours
reviennent. On va faire des grillades et se les bouffer de la barb’o’cul. »
Pauvres chèvres…
Mais les jeunes gazelles doivent apprécier de se faire traiter comme de
vulgaires morceaux de steak que l'on retournent au fil de la cuisson... Sinon
elles ne se vêtiraient pas en "push-up", "string" et autres
moules-fesses, histoire de bien être dans le ‘’vibe’’ et d’allumer les gueux du
coin.
Tout cela pour paraître et mettre en avant ce que l’on n’est
pas, ou que l’on n’a pas.
"Dès qu'ils n'eurent plus aucun
soutient, ses seins tombèrent, tel le corps d'un pendu...", avait dit
Reuben (dans un film, soit).
Le mix Music and Lights, encore et toujours... Dans nos voitures, en
station-service, au centre commercial, dans les boutiques de fringues.
Un bon
"rythme" pour encourager à traîner dans les rayons, à squatter les
cabines d'essayage et à dépenser votre fric.
Il est surprenant de voir le nombre de vêtements qui s'achètent avec Justin
Minaj and Co dans les oreilles et qui ne seront portés qu'une seule fois (voire
deux), et qui deviendront ringards, trop petits, mal ajustés, dans le silence
du miroir de votre chambre...
Mais le Top de l'embrouille schizo revient à ceux qui ont eut la délicieuse
idée d'installer des écrans plats sur les murs de leur boutique.
Schizo ?
Parce que la musique entendue n’étant jamais celle du clip qui projeté.
Ce qui me fait penser que la vie moderne que l’on nous
propose c’est du Mac Donald.
Assis au milieu d'une foule en mouvement perpétuel, vous
avez du Keisha et le brouhaha ambiant dans l'oreille droite versus Foofighters
de l'I-pod dans l'oreille gauche.
Votre attention visuelle alterne entre Kung-Fu Panda 2, le
morceau de salade coincé dans les dents de votre pote d’en-face et les
rembourrages adipeux des meufs qui passent.
Mais c'est vrai que pour réussir à bouffer une merde ruminée, compactée, réfrigérée,
passée aux micro-ondes, et qui ne ressemblera jamais au produit affiché en
photo, il faut être vachement distrait...
Le tout en répondant à la copine blonde qui n’a pas encore compris qu’elle n’a pas
besoin de 14 messages pour écrire une phrase.
Do, ré, mi, ré, do, si, la, sol… C’est fou ce que l’on peut
faire avec quelques notes de musiques.
Sans vouloir dénigrer le travail de nombreux artistes
musiciens qui se donnent de la peine pour nous proposer des créations musicales
intéressantes, écoutons-nous encore de la musique ?
Les œuvres de Haydn, Mozart ou Beethoven ne se résumaient pas à trois couplets,
10 refrains, une beat-box et quelques touches de synthé, le tout concentré en
trois minutes quinze.
Ce qui fait qu’à notre moderne époque, nous devons entendre
plus de "musique" en une journée, qu'un bourgeois du XIXe siècle ne
pouvait en écouter en une année.
Ben oui. Salieri, Paganini, Verdi ou Brahms n'avaient pas le
même rendement que Lady Gaga, Maître Gims ou Kendji.
Bon. Du coup, je vais voir si je trouve le dernier d’Anastacia
et le premier d’Anne Sila…
Ji Ef, pour les intimes.
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