jeudi 28 février 2013

Titre du message? Pas d'inspiration.

Peut-on se dire que l’augmentation des budgets octroyés aux cas dit sociaux aurait pu être modérée si les difficultés rencontrées par les familles modestes avaient été traitées dès leurs apparitions ? Dans la même idée, l’augmentation du nombre d’élèves difficiles, comme il fut remarqué il y a quelques semaines dans les quotidiens locaux, aurait pu être jugulée si ces même familles modestes, qui encaissent et subissent les moindres variations socio-économiques de plein fouet, auraient pu, avec l’aide des pouvoirs publics, offrir à leurs enfants un environnement familial sécurisant.

Cela peut paraître un non-sens de penser que nos enfants ne sont pas sécurisés dans un monde riche et moderne qui, par son évolution technologique, améliore la satisfaction des besoins (alimentation, santé, confort, loisirs). Pourtant, et là aussi l’évidence n’est pas flagrante, toute cette technicité qui entoure nos enfants dès leur plus jeune âge ne favorise plus la solidarité par le corps. Avant ces trente ou quarante dernières années, qui témoignent de l’incroyable essor du tertiaire et des progrès technologiques réalisés, c’était le couple qui était le garant de la protection sociale. De nos jours, le rôle de parents se résume trop souvent par géniteurs/payeurs qui, au bout de quelques dizaines de mois, finissent par considérer l’autre comme un boulet, une entrave à son développement perso et/ou délèguent, faute de volonté et de temps, l’éducation de leurs enfants à une nounou rarement d’enfer, une maman de jour au mieux lusitanienne, au pire Sud-Américaine, ou un système scolaire/municipal auquel la compagnie du gaz a coupé le chauffage émotionnel.
"Dans les années d’après-guerre où tout le monde était pauvre, un enseignant rencontrait un enfant difficile dans une classe de quarante. Aujourd’hui il arrive qu’on trouve sept enfants difficiles dans une classe de 20" ((1)observation faite en France).
A cela il est possible de contre argumenter que la Suisse n’est pas la France, ou que cela dépend des écoles. Pas faux. Sauf que, et encore dans l’ouvrage de référence, on apprend que l’idéation suicidaire est 3,5 fois supérieure à l’université qu’à l’école primaire. Il est peut-être excessif de vouloir mettre un pont entre "désécurisation de nos enfants" et "suicide chez les ados", et que je passe trop facilement d’un extrême à l’autre. Il n’empêche que le chiffre de la statistique de nos jeunes suicidés n’a rien à envier à ceux de nos voisins européens.
Pourquoi ? Des experts pluridisciplinaires se sont penchés sur le sujet pour essayer de comprendre l’incompréhensible et amener un début de réponse qui, de toute manière, ne sera jamais valable pour nous-même.
Il demeure tout de même que si la vie à la mi-siècle passé était, pour notre regard moderne, merdique, que les gosses passaient aux champs pour donner un coup de main avant ou après l’école, et que les journées se comptaient en quinzaine d’heures, il y avait un engagement, un but à atteindre, une raison de se lever le matin et de se retrouver le soir, une raison qui aidait et valorisait l’attachement pour ces vieux qui étaient à l’origine de notre vie terrestre. La Vie avait un but et un chemin parsemé d’embûches que l’on surmontait ensemble.
J’aurais presque envie de dire que, de nos jours, l’avenir de nos enfants est livré clé en main. Jusqu’à la prise de conscience qu’entre le rêve et la réalité il y a bien souvent une muraille (presque) infranchissable.
Le système scolaire n’est qu’une vaste entreprise de formatage dans laquelle le petit doit arriver déjà socialisé par ses séjours en crèche, garderie ou chez les nounous du dessus, afin que la maîtresse puisse suivre le programme sans prendre de retard.
Dans le vaste éventail de technique de socialisation des tout petits il y a l’atelier « Né pour lire », un atelier proposé par la bibliothèque et le Café d’accueil de Lutry à l’intention des enfants de 0 à 6 ans (une animation à laquelle les plus grand-e-s sont aussi  les bienvenu-e-s).
Objectifs annoncés: Stimuler l’éveil et… la socialisation des tout petits. Une socialisation qui peut également profiter aux mamans
Selon l’animatrice des lieux, A.-L. Parisod,  et en suivant le modèle Dolto, la Café d’accueil vise la séparation enfants/parents en douceur : « Les parents restent tout le long, boivent un café et discutent. Les enfants se détachent petit à petit. » Le tout sous la surveillance de professionnelles de l’éducation et de l’enseignement (2).
Je n’ai absolument rien contre la lecture, au contraire. Un parent et un livre seront plus enrichissants pour l’esprit de l’enfant que le frigo et une télé. Seulement je trouve dommage de confier l’exploration du monde de l’imaginaire à une inconnue pendant que maman se fait de nouvelles copines en buvant le café.
Les bibliothèques vendent du rêve à nos enfants, avec notre bénédiction, et nous les laissons croire qu’ils retrouveront ce monde onirique en obéissant à cette sonnerie qui marque le début et la fin de chaque période d’apprentissage, ou de la récréation ; apprentissage qui commence par l’alignement en colonne par deux, en donnant la main à un petit copain, afin que l’institutrice n’ait pas à les chercher, les appeler... And, « Follow the leader » jusqu’à la classe.
Le début de onze années de bourrage de crâne avec comme unique objectif la réussite de l’élève ; onze années d’apprentissages par cœur de règles grammaticales, d’orthographe, de formules mathématiques, d’histoire, de géo et d’autres connaissances générales qui seront récompensées par un bout de papier, premier pas vers une indépendance sociale que représente l’acquisition d’un diplôme.

L’école moderne veut se différencier de sa vieille sœur en mettant en place des passerelles qui permettraient aux élèves de changer d’orientation en cours de formatage, de passer d’une matière trop complexe vers des sujets qui conviendraient mieux aux capacités d’assimilation de l’enfant. En somme de délester les traînards vers des cours plus basiques, et vice versa bien entendu. La sélection naturelle s’effectue avec le plus grand consentement de parents, parfois complètement largués par les multiples remaniements de l’école étatique obligatoire. Mais tant que c’est pour le bien de l’enfant, et que cela fait baisser le taux d’échec du système scolaire...
Pour celles et ceux qui poursuivent leurs études après l’école obligatoire, le rythme change, les matières se spécialisent et le contenu se densifie. Mais le besoin ultime de la réussite que demande la société et le corps enseignant demeure. Une volonté déjà quelque peu critiquée par Paul Valéry il y a presque huit décennies : « Le but de l’enseignement n’étant plus la formation de l’esprit, mais l’acquisition du diplôme, c’est le minimum exigible qui devient l’objet des études » (3).
Pumba, mon neveu qui pète tout les quart d’heure, m’a montré un de ses exercices en je sais plus quoi. Il devait calculer le déplacement d’un cube, subissant une poussée horizontale, posé sur un autre cube, posé sur une surface plane. Le tout avec des coefficients de frottement différents entre le cube et la surface plane. Il a réfléchit un moment, a cherché la réponse en fin de bouquin et fait le calcul à l’envers d’après les formules qu’il avait en tête. Tout se dont nous avons besoin se trouve à notre portée, les réponses à nos problèmes aussi… Cependant j’ignore encore si Mustapha a un lien de parenté avec le Mu statique.
Le jeune adulte obtient ses diplômes, fait la fierté de ses parents sur leur lieu de travail, parvient à franchir la muraille grâce à la persévérance acquise sur un court de tennis, trouve un job et fait appel à un coach en développement perso pour réussir son entretien d’embauche, optimiser son rendement au sein de son entreprise et parvenir à dire « Je t’aime » à sa future concubine…
L’indépendance tant attendue arrive enfin. L’adulte néo-promu peut désormais gagner sa vie et tenter de se faire une place au soleil avec des livres qui ne contiennent plus les bonnes réponses en dernières pages.
« L’enfant n’est pas un vase qu’on emplit, mais un feu qu’on allume », a dit Michel de Montaigne, il y longtemps. Cette citation est reprise dans un article paru dans Le Régional (un hebdomadaire… régional) pour présenter un atelier mis en place par la bibliothèque municipale de Vevey. Au travers des ateliers philosophiques pour enfants, c’est le développement de la pensée critique, créative, de l’estime de soi et, bien entendu, de la socialisation des enfants de 6 – 14 ans qui est visé.
Connue en Suisse Romande grâce aux conférences et formations de Michel Sasseville professeur à la faculté de philo de l’université de Laval au Québec, la philosophie pour les tout petits et née aux States dans les années 1970 sous l’impulsion du philosophe américain Mathieu Lipman (2).
C’est pour quand les ouvrages sur "Le Bushido, ou la voie de Pikachu" ; "L’existence de Mario a-t-elle un sens", "Des femmes et la DS", ou "Comprendre le complexe de Jocaste" ? Les éditeurs seraient dans les starting-block.
"En Occident, il y a 30 ans, les filles étaient pubères vers l’âge de 13 ans. La soudure de leurs cartilages sa faisait vers 14 ans, puis leur croissance s’arrêtait. (…) Actuellement, dans les pays riches, les règles apparaissent vers l’âge de 10 ans et de plus en plus souvent vers l’âge de 7 ou 8 ans !" Le bisphénol aurait joué un rôle de leurre endocrinien causant l’accélération de la maturation des ovaires. "La mixité n’est peut-être pas non plus étrangère à ce phénomène quand les phéromones mâles stimulent le diencéphale des femelles (cerveau précurseur des hormones). Le climat, l’altitude, le stress, le sport, et d’autres causes hétérogènes convergent pour déclencher ce phénomène hormonal." Chez le garçon, la puberté est plus tardive et la soudure des cartilages se fait entre 16 et 18 ans.
"Depuis que l’on considère les enfants comme des petites personnes, on s’adresse à eux plus poliment, on leur demande leur avis, on s’extasie devant leurs réponses, qui témoignent en effet d’une maturité précoce, surtout chez les filles. Les progrès psychologiques des parents ont provoqué une avancée neuropsychologique en accroissant l’autonomie mentale des enfants, aujourd’hui capables et encouragés à exprimer leur monde intime. Cependant, nos progrès technologique ont provoqué un retard d’indépendance, une dissonance entre autonomie et indépendance. Autonome de plus en plus tôt mais indépendant de plus en plus tard (obtention de diplômes oblige), les jeunes éprouvent un sentiment de répression injuste, alors qu’ils n’ont probablement jamais été aussi libres et respectés (1)". Ce qui a pour effet de créer des tensions, voire des conflits, au sein d’un cercle familial déjà passablement mis à mal par la morosité socio-économique qui gangrène une bonne partie de l’économie mondiale.
Pour les enfants qui se retrouvent livrés à eux-mêmes, ils doivent affronter la désapprobation, voire l’incompréhension de leurs parents, supporter les changements neurobiologiques qui surviennent dans leur corps et trouver un espoir dans un monde qui part en couille. Pas étonnant que les plus fragiles voient leur destin les éblouir dans la lueur des phares de la motrice d’un train, ou survivent le temps de flinguer leurs copains dans une salle de classe ou leurs collègues à la cafète de l’entreprise. Ceci est bien sur le cas extrême, parce qu’avant cela il y a la zone dans la rue, la clope, l’alcool, une p’tite beuh et la révolte anarchique.
L’école qui, à juste titre, ne voulait pas jouer les éducateurs de bonnes manières, prétextant que cette tâche incombait aux parents, se voit aujourd’hui indirectement mandatée par l’Etat fédéral pour jouer les nounous. Cette démarche pourrait être intéressante, si elle n’était pas orchestrée par l’Economie qui, pour mieux nous entraîner, a revêtu son beau manteau de la Prospérité.
Suivre le développement de son enfant, c’est que du bonheur.
Sentir ses petits doigts relever votre paupière pour vous réveiller ; entendre ses petits pas discrets le matin, deviner qu’il se cache pour vous surprendre dans la cuisine, jouer la comédie et rire avec lui.
Retrouver une moissonneuse batteuse dans le frigo, Lewis Hamilton et Shu Todoroki sous le duvet ou encore un dromadaire dans votre chaussure.
Le voir discrètement tricher aux cartes, bousiller joyeusement la tour en Lego qu’il vous demande sans cesse de reconstruire, sauter sur le duvet quand vous changer la literie, le laisser croire qu’il est bien caché alors que ses pieds dépassent sous la table du salon.
Etre agréablement surpris de constater qu’à cinq ans il lui manque trois lettres dans l’alphabet ; de l’entendre vous répondre que 458 + 3 font 461 ou encore, après lui avoir dit qu’il était l’heure d’aller au lit, de l’entendre vous répondre qu’il reste encore 6 minutes parce qu’il est 20 deux point 24.
Et en ressentir une bonne fierté parce que vous avez encourager et partager ses progrès et que vous n’êtes pas que le spectateur de son développement.
NEMo.
1 : Boris Cyrulnik « Quand un enfant se donne la « mort ».
2 : Le Régional N° 648
3 : « Le bilan de l’intelligence », Paul Valéry, 1935

dimanche 17 février 2013

Si tu ne peux aller à la campagne...

... c’est la campagne qui viendra à toi.

Partir en campagne à la recherche de nourriture, pour les citadins c’est rigolo et sympa. Le temps d’un week-end… Mais nous avons tellement pris l’habitude d’être servi quasi à domicile, que le jour où il faudra courser de lapin et le dépecer, pour manger, ou même cultiver la terre, la probabilité pour que nous mourrions de honte est grande.
Donc, et par l’intermédiaire des ancestraux marchés hebdomadaires (pour certain), les agriculteurs re-descendent en ville avec leurs productions estampillées : "Cueillette à la main à l’ancienne", "élevage ou ponte au sol" (c’est rassurant vu qu’une poule ça ne vole pas), "culture biodynamique", ensemencé à la pleine lune, ou encore labellisé "Suisse", "Vaudois", "de la Région", "du terroir", ou "local" pour les colons les plus patriotiques.

La plupart des agriculteurs remballent leurs affaires une fois la journée terminée, d’autre s’installe en ville. Pas au centre, vu que le prix du mètre carré est gentiment entrain de se satelliser aux alentours de la barrière d’astéroïdes, mais dans des coins de rues où les gens doivent reprendre l’habitude de s’arrêter, voire marcher.
C’est le cas de la famille Forney, (par la volonté de la fille) qui a trouvé un magaze sur la Rue d’Italie, (presque) sous le clocher de l’Hôtel de Ville, dans la moitié Est de la ville que les autochtones nomment entre eux : "Vevey-Orient". Une moitié de ville délaissée à l’insu de leur plein gré par les autorités locales, et occupée par des petits commerces qui peinent à subsister suite à la fermeture du magasin EPA. Une fermeture forcée et orchestrée par la Coop.

Dans les derniers gros numéros impairs de cette rue d’Italie, "Les Jardins du Closy", domaine situé à Puidoux sur la côte Ouest du Lac de Bret, ont permis de fleurir le "Côté Potager".

Pour le plus grand plaisir des citadins du coin qui veulent soigner leur alimentation, et ce dans un cadre sobre, rustique et chaleureux, d’une épicerie entièrement dédiée à l’agriculture de la région.
90% des fruits et légumes exposés provenant de l’exploitation familiale.
Céleris branche, poireaux, carottes habituelles ou de couleurs, colrave, épinards, topinambour, panais, chioggia, scorsomère ; des salades qui vont de la scarclée au chêne rouge ; des choux voyageurs de Bruxelles ou Chinois ; des pommes, des poires, des pommes de terre et j’en passe. Que des aliments qui respirent la fraîcheur !

Au Côté potager vous trouverez également des produits garantis terroir vaudois :
Confitures (+ de dix saveurs différentes), des miels, des variétés de moutardes que l’on ne trouvera jamais dans les grandes surfaces comme celle agrémentée à "l’absinthe", "au miel et à l’ail des ours" ou encore au "piment espelette" ; et bien sur une petite collection d’huiles végétales et de vinaigres.
Dans le présentoir réfrigéré qui occupe le fond de l’épicerie on trouve un peu de charcuterie, quelques tranches de poissons du Léman, et des fromages qui descendent de l’Etivaz
Il y a bien quelques exceptions mais si Emmanuelle , qui gère l’épicerie,a osé de petites incursions en terres étrangères c’est pour nous en ramener des produits de qualités et délicieusement goûteux. Etrangères de l’intérieur, les terres. Comme le Valais ou le Tessin.
Il y a aussi une gamme de produits "Barbara Demont" qui propose des caramels mous ou croquants, des biscuits, des tartes et de pâte de fruits, des flûtes, etc ;

Au "Côté Potager" c’est, comme je le disais, Emmanuelle qui assure la permanence depuis l’ouverture de l’épicerie, il y a 5 ans. Et s’il y a bien une chose qui n’a pas changé depuis le jour de l’inauguration, en plus  de la qualité des fruits et légumes proposés, c’est son sourire, sa disponibilité, sa connaissance des produits (l’inverse serait inquiétant) et sa vague ressemblance avec une certaine Virginie Hocq. N’essayez pas, pour autant, de lui demander de faire le crapaud, ou d’autres mimes…

En survolant rapidement l’aspect économique de sa situation elle avoue, entre deux clients, que les interminables travaux qu’il y a eu sur la route d’Italie, rendant le stationnement impossible à proxi de l’épicerie, lui ont fait mettre un genou à terre, et qu’elle n’était pas sûre que son affaire redémarre après la deuxième couche de goudron.
Mais les clients sont revenus. Témoignant, si besoin en était, de la demande de la population citadine, de pouvoir accéder à d’autres produits que ceux proposés industriellement en grandes surfaces.
Les affaires sont reparties de plus belle. Offrant une juste récompense pour l’acharnement d’un petit bout de femme qui bosse 80% seule pendant les horaires d’ouvertures, et entre 14 et 15 heures d’affilées. De son propre aveu.

Le "Côté Potager", c’est la meilleure alternative contre les grands distributeurs qui prennent en otage agriculteurs et consommateurs avec leur label maison soit-disant Meilleur ; dans la boutique d’Emma, pas besoin de chercher la provenance des tomates cerises disposées dans le cageot "Je viens d’ici "(Romandie) ; au bout de cette rue d’Italie, fini le contact avec du personnel/étudiant robotisé qui enchaîne les étiquettes sur les sachets plastiques.
Encore mieux: Quand le centre-ville étouffe dans les gaz d’échappement des voitures qui s’entassent à l’entrée des parkings, la Rue d’Italie offre aux regards attentifs une certaine poésie dans les enseignes qui se succèdent. L’architecture végétale qui se déploie en "Grandeur Nature" côtoie, "Ô Pied Des Anges", le "Côté Potager" pour s’achever dans un "Joyeux Jardin".

NEMo.

mardi 12 février 2013

Escapade dans le Chablais.

Dans la partie plate du Chablais Vaudois, pour être précis….
Du côté de Bex, il y a un adepte convaincu du jardinage biodynamique. Pour accéder à son domaine c’est compliqué, pour ceux qui sont pas du coin. Faut viser Lavey (attention : Pas le Lavey panneau bleu qui vous fait passer par-dessus le Rhône et traverser St-Maurice, l’autre) et, à l’entrée du territoire, vers les défenses anti-chars, prendre la petite route qui part à gauche. Puis il faut monter, monter… Quand vous vous inquiéterez de savoir où vous êtes, vous serez à 150 mètres de votre destination. Sauf si vous tombez nez à nez avec une soucoupe volante
Je ne vais pas vous faire le détail de ce qu’il propose. Son site sur le net le fera mieux que moi.
http://leshopbio.ch ou encore: http://www.pays-gourmand.ch
 
Moins loin de Vevey, dans la plaine du Rhône, il y a Aigle. Deux axes routiers principaux pour y accéder qu’il ne faut pas quitter si vous n’êtes pas habitués aux labyrinthes urbains. Les vieux quartiers sont plutôt aux pieds des montagnes, jusqu’à la voie ferrée, tandis que de l’autre côté des lignes CFF la modernité se mêle à la fois aux petites maisons clonées de propriétaires et au quartier cosmopolite évacué le plus à l’Ouest de l’agglomération.

Pour le peu que j’en connais, Aigle c’est une fête annuelle pendant laquelle les gosses sont heureux de se prendre des bonbons sur la tronche dans la cour du château ; c’est une chouette Braderie qui attire la foule ; c’est une Fête des Couleurs, une fête multiculturelle ma fois très réussie et qui remporte un joli succès ; c’est aussi la Rue Jérusalem qui, le temps de l’arpenter sur sa longueur, peut vous emmener dans un voyage temporel ; et c’est également une commune qui semble avoir réussi à mixer l’industriel au tertiaire et à l’agriculture.
Dans Aigle vous trouverez tout ce dont vous pourriez avoir besoin sans même le savoir, et peut-être plus si affinités.

Le premier point de vente de produits locaux que j’ai repéré est situé une centaine de mètres après le "Garden center" de Muller fleurs sur la Route d’Evian. A l’entrée du chemin qui y mène, il y a une big cabane en bois qui doit servir de promotion à une agence de voyage non-identifée (me suis pas arrêté pour voir les détails), qui propose des séjours dans "Ma cabane au Canada".
A quelques dizaines de mètres de là, après une autre petite bifurcation sur votre droite se trouvent "Les vergers d’Aigle et d’Yvorne", labellisé "Marché paysan", où vous pourrez directement acheter des pommes et d’autres fruits. Et pourquoi pas des œufs de "La ferme des trois épis".

L’autre point de rencontre pour les adeptes du "j’veux voir d’où vient c’que j’mange", se trouve un peu plus à l’Est. Pour y parvenir il faut traverser Aigle dans sa longueur en direction du Valais, passer le garage Mercedes, laisser derrière vous l’usine à cornichon et suivre le panneau "Hôpital" dès que vous le verrez. En haut du pont qui enjambe la voie CFF, tournez à gauche sur le chemin des Isles, puis tout droit, en passant devant Monaco et la roulotte à Churros, jusqu’à ce qu’un autre panneau vous signale: "Exploitation agricole autorisé".

Encore une cinquantaine de mètres et à droite. Si vous ne voyez pas une construction en bois genre grange survitaminée avec une annonce pub pour une menuiserie le "Bois 9", ainsi que de grosses affiches "Bourgeon bio suisse", "Le goût du vrai", c’est que vous n’êtes pas au bon endroit.
Comme il n’y avait pas grand monde alentour et que le point de vente était fermé ce mardi, je vous laisse vous rabattre sur le site www.marchepaysan.ch pour de plus amples informations.
Mis à part ça, j’ai pu faire un peu connaissance avec les proprios du coin lors d’une "Fugue Chablaisienne" il y a deux ans de cela. De bons souvenirs. Pour le petit Nono aussi. Il était tout content de pouvoir grimper sur les tracteurs et de pouvoir voir "Franck la Betameuse" en tôle et en boulons.

Bon, c’est pas tout ça. Parler de nourriture, ça ouvre l’appétit. Du coup je vais me faire une blanquette de veau aux champignons et son riz de chez… William Saurin. Vous savez, ces assiettes du jour cuites en deux minutes chrono dans un micro-onde, dont le contenu ressemble à de la bouffe EMS une fois mélangé dans l’assiette et ingurgité en 40 secondes. Niqué le fast-food MacDo!

Non, j’déconne…. Mon truc à moi, c’est les lasagnes industrielles. Pas celles de "Findus" (j’veux pas donner trop de mes sous à Nestlé) et puis je ne veux pas me poser la question de savoir si je mange du bœuf ou du cheval, ou qu’est-ce qui sera le plus nuisible pour ma santé : un bœuf engraissé aux hormones qui se prend pour une vache ou un étalon sauvage de Roumanie intoxiqué par je ne sais quelles substances chimiques radioactives ?

Une raison de plus, si besoin en était, de courir chez les producteurs locaux.

NEMo.

mardi 5 février 2013

Suite de la ballade.

Donc je vous ai planté, quelque part dans la campagne, en pleine discussion avec un des fournisseurs de viande labellisé: "Viandes de nos monts".

Depuis là, après avoir réussi à obtenir que ce gentil couple de paysan vous dise : "Au revoir", vous pouvez vous hasarder à rejoindre Cremières, un petit hameau perdu entre Chardonne et Chexbres, pour essayer de dénicher le producteur local, et/ou poursuivre votre chemin en direction du Mt-Pèlerin. Si vous décidez de grimper jusqu’à l’enclave Russe (ils sont propriétaires des deux seuls hôtels du site), vous passerez forcément par la Buritaz. Ce lieu était une destination appréciée par les familles pour les sorties dominicales : Petite buvette, quelques jeux pour les enfants et tout plein d’animaux de la ferme. Aujourd’hui, l’endroit est complètement refait à neuf et les proprios du lieu ont préféré s’orienter vers les banquets, mariages, anniversaires, etc… pour assurer la rentabilité de l’investissement. Les jeux pour les enfants sont modernisés et la vue demeure imprenable.
Quant au "Self" local, il est caché à quelques encablures de là, derrière le resto.
En continuant votre voyage vers la cime modeste qui surplombe Vevey et ses environs vous passerez, en entamant la descente, devant le centre Tibétain. N’essayez pas de prendre un steak de yak, ils ne vendent que de la sagesse.
Après la halte du funiculaire, à côté du Chalet Suisse (où on y mange bien), vous pouvez prendre, pour les plus téméraires du volant, le Chemin de l’Ecouralaz. Après les multiples virages en épingles d’un petit chemin étroit, le coup d’œil sur le "Haut-Lac" une fois arrivé à Chardonne vaut largement le déplacement.

Par contre si vous avez choisi de poursuivre votre périple au milieu des terres agricoles, vous devriez réussir à trouver le self des Tavernes (en tournant à gauche aux bons endroits), sinon vous arriverez chez les Dzös.
Depuis les Tavernes, on rejoint Forel. Un bled, ma foi accueillant, qui dispose de quoi subsister en autarcie pendant une semaine. A la sortie du village, sur la route qui ramène vers Chexbres, il y a, sur la gauche, l’exploitation d’une bientôt vieille femme anglaise qui élève des alpagas. Non pas pour la viande, mais pour la laine. D’ailleurs, aux alentours des vacances d’été, elle a besoin d’un petit coup de main pour choper ses animaux, les maintenir au sol et les tondre…  Expérience sympa, mais moi, je vous emmène ailleurs…

Revenons au carrefour de la route qui vient des Tavernes, on tourne à gauche puis, après le resto chinois, à droite. Et là on file tout droit, en faisant gaffe au giratoire parce que les gens du coin roulent fort, parfois.
Petit conseil : Si vous aviez un peu de neige sur la route du côté de Forel, n’essayez pas de rejoindre Molliez-Margot. C’est un pays de loups ! Y fait pas aussi froid qu’à la Brévine, mais quand il y a 10 cm de neige à Forel, ou à Savigny suivant d’où vous arrivez, il y en a un mètre à Molliez-Margot.
En plus, si vous vous êtes ennuyé à Puidoux, c’est le suicide assuré dans ce bled. Mais on y trouve de la production maraîchère local produite par du personnel un peu… spécial, je dirais.
Pour la trouver, il ne faut rater le chemin qui tire à droite juste après les arbres à la sortie du mini-village. En venant par Savigny, c’est casse-gueule ! Parce que le chemin en question est à la sortie d’un virage gauche sans visibilité et en léger dos-d’âne.
Ce fameux chemin vous amène sur la vaste propriété de "La Branche". Une propriété appartenant à la fondation de Rudolph Steiner, l’anthroposophe.
Il doit bien y avoir une bonne dizaine de maisons occupée par handicapés mentaux de toutes sortes, mais toutes et tous capable de se déplacer par leur propres moyens. C’est-à-dire : à pied.

La ferme qui nous intéresse est située à l’autre bout de la propriété.
Les produits y sont aussi en self-service, et vous deviez vous inscrire sur une liste clientèle, pour que la fondation sache où envoyer la facture, avant de puiser dans les réserves. On y trouvait des produits maraîchers de saison et des œufs. J’en parle un peu au passé, parce que cela fait un petit bout de temps que je n’y ai pas remis les pieds.
Pour vous rassurer, les résidants handicapés sont entourés par des résidants ayants de bonnes connaissances en agriculture, et seuls ceux qui ne se curent pas le nez avec la fourche, et qui ne font pas caca dans les choux comme le "Zé Augusto", peuvent aller sur le terrain. Les produits étaient un peu chers, mais comme c’était pour la bonne cause…
"La Branche" n’étant pas l’endroit idéal pour une sortie en famille, il faut plutôt adhérer à la philosophie du coin pour traîner sur les chemins du domaine. Vous serez toujours les bienvenus si vous souhaitez visiter les lieux qui, malgré la spontanéité et l’affection des éducateurs (qui doivent résider sur place également), baignent quand même dans une atmosphère de tristesse.

Si tous ces trisomiques, autistes et autres handicapés pourraient s'estimer comme chanceux de ne pas avoir à se soumettre à toute une panoplie de règles protocolaires de bonne conduite, beaucoup d’entre eux se rendent bien compte, à leur manière, de leur différence et de leur isolement.
Je n’en mettrais pas ma main au feu, mais je pense que beaucoup de ces enfants ont souffert d’être abandonnés par leurs parents, mis à l’écart par des parents qui ont trouvé les limites de cet infaillible, indéfectible amour invoqué le jour de la  naissance. Ceci sans en faire une généralité bien sur, parce que pour les plus courageux, la société économique se charge de nous rappeler que la rentabilité ne s’encombre pas des handicapés.

Il est temps de quitter les lieux. En bas, à droite direction Savigny (pas très loin de la propriété d’un célèbre dictateur Africain), le giratoire, direction Vevey. Après quelques kilomètres vous rejoignez la route principale en contrebas de Forel. Re à droite direction Chexbres. Là vous allez traverser un agglomérat de maison qui se nomme "Le Pigeon". A peine le temps de s’étonner du nom, que vous en êtes déjà sorti…
Plus loin sur la route, à peu près où commence le Lac de Bret, il y a la ferme de "Praz-Romond". Produits du terroirs et annonce pub pour défendre un prix du litre de lait équitable pour les fermiers.
Vous continuez en longeant le Lac de Bret, sur quelques centaines de mètres, avant de rejoindre le restaurant éponyme qui doit servir de halte-bières aux Portugais retournant à la campagne.
Le coin est mignon.
Si vous décidez de vous lancer dans le tour du lac à pied, histoire de faire le tour de la source d’eau potable de secours de la ville de Lausanne, il vous en prendra une petite demi-journée. Pique-nique sur la rive inclut. Il paraît aussi que le lac servait de moteur hydraulique au métro lausannois, il y a très longtemps
Plus bas, juste après la construction marquée "Service des eaux Lausanne", il y a sur la gauche le repère des aristos, l’endroit où vous pourrez, en ayant le numéro 48 du magazine "Golf européen" sous le bras, "simplifier votre putting". Bienvenue au Golf de Lavaux.

Si cet endroit vous inspire autant qu’une partie de bilboquet avec le téléphone de votre grand-mère, vous poursuivrez votre route et passerez sous un certain petit pont qui débouchera sur un long tracé rectiligne menant vers Puidoux-Gare…

Les urbanités repointent le bout de leurs murs.
(à suivre…)

NEMo.

lundi 4 février 2013

Conso locale

Il y a tout plein de bonnes raisons écolonomiques de consommer des "Produits du Terroir", comme y disent dans les champs. D’ailleurs les grands distributeurs y vont joyeusement de leur label "bio" perso qu’ils dissimulent au milieu de la production industrialisée et chimiquement boostée.
Donc si nous voulons augmenter nos chances de manger sainement, il faut sortir des centres commerciaux qui font de la distribution massive, et partir à la recherche des petits magasins qui se cachent au coin d’une rue éloignée, ou occupent des locaux dans des quartiers que les élus communaux abandonnent à l’insu de leur plein gré.

Pour les plus téméraires, rien ne vaut la quête sur le terrain. La recherche de l’exploitation agricole qui propose ses produits en self-service. J’ai un voisin qui, de temps en temps, monte une expédition familiale pour traverser la Suisse et aller se perdre dans le Jura. Un voyage qui, en plus de lui faire ramener de la bidoche pour tout le quartier, doit bien lui mettre 200 kil au compteur de sa voiture. Quand on aime, on ne compte pas. Mais c’est quand même un peu couillon, surtout en sachant que dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres autour de Vevey, on trouve absolument tout ce dont nous pourrions avoir besoin. A l’exception des fraises du désert, ou des litchis de Mandchourie.
Bex, Aigle, Roche, La Tour-de-Peilz, St-Légier, Puidoux, pour ne citer que quelques communes/villes aux alentours de Vevey, ont sur leur territoire des exploitations agricoles qui vendent directement leurs produits aux habitués du coin, aux touristes en goguette, à ceux qui se sont perdus dans la campagne.

Prenons Puidoux. En passant par l’autoroute vous sortez à Puidoux-Chexbres, et direction le Nord. Puis tout droit sur un bon kilomètre, jusqu’au pont. Vous avez traversé Puidoux-Gare en longeant sa zone industrielle, son refuge à bourges (le tennis), la station Avia (qui situe le début de la zone dortoirs).
Pour rejoindre Puidoux-Village, il faut tourner à droite avant le pont, avancer sur plusieurs centaines de mètres en laissant derrière vous la menuiserie, la voirie et l’ancien moulin.
Le village a dû faire un lifting il n’y a pas si longtemps que ça. Les maisons ont l’air presque neuves et la route qui traverse le bled laisse la voiture rouler en douceur. A part cela, Puidoux n’a vraiment rien de très excitant. Une auberge communale dans laquelle les seniors du coin se racontent des histoires de vaches qui paissent, précède un bar, qui se la fait genre Vénitien, dans lequel la jeunesse du coin se racontent des histoires de vaches qui baisent.
L’intérêt de visiter Puidoux se révèle donc bien dans son paysage qui se déroule comme une houle légère, et les reliefs qui le borde.

A l’entrée du village, vous tirez sur la droite comme pour aller au parking, et vous suivez la route sur 5 à 600 mètres. Au petit embranchement vous reprenez sur votre droite, sur le chemin de la Crosse, et grimpez sur 250 mètres encore, en faisant gaffe de ne pas rouler sur la miss qui fait son "Nordic walking", avant d’arriver sur une petite exploitation tenue par la famille Etter.
Une modeste pancarte vous annonce la couleur et le label : « Producteur contact fraîcheur ». Encore quelques mètres avant de trouver le "Petit chalet gourmand", un poil plus petit que ceux utilisés au Marché de Noël, qui pourrait être tout droit venu de chez Hornbach. D’ailleurs, tous ceux qui font du Self artisanal dans le coin ont le même chalet…

Dedans : Poulets fermiers, saucisson vaudois, saucisses aux choux et viandes fraîches ; Des sirops, du jus de pommes, 2 bouteilles de liqueur ; Et bien sur des pots de confitures ou de gelées, en veux-tu, en voilà.
Dans le congélateur on trouve même des crèmes glacées d’un producteur de Bossonens, l’enclave Fribourgeoise n’étant pas très loin de là. Des crèmes artisanales saveurs caramel, pistache ou à la vanille de Madagascar…
Si vous désirez du lait de vache fraîchement tiré, il vous faut passer entre 17h20 et 18h30 et laissé FRS 1,10 par litre.

Pas très loin de là, à vol d’oiseau, se trouve une exploitation un peu plus moderne gérée par la famille Martin, et qui fait "Boucherie de campagne". Le paradis des carnivores dans lequel tout le conditionnement est contrôlé par le proprio. De l’insémination au dépeçage, avec possibilité de dire adieu à Marguerite.
Le steak haché de bœuf s’y vend à 18 frs le kilo, et l’émincé de porc à 24 francs.
Pour y arriver, c’est plus simple de passer par Chexbres (si vous montez de la ville). Avant la Poste : à droite ; en haut: à gauche derrière la piscine ; au fond jusqu’au sens interdit puis droite, gauche, droite, par-dessus l’autoroute ; reprendre à droite, puis à gauche derrière la maison "Ixion" et suivre la route jusqu’au carrefour en étoile. Visez Puidoux, 500 mètres, vous êtes arrivés.

La région est propice au tourisme pédestre. De préférence par beau temps, vu que, par forte pluie, l’eau des champs a tendance à recouvrir les routes.
Le truc messieurs: Déposez madame à Puidoux, refilez-lui un sac de congélation, un GPS et allez l'attendre au Tea-Room à Chexbres. Vous êtes tranquille pour l'après-midi.
Même si le paysage n’est pas bluffant, le brin de cosette avec un paysan du coin est sympa. Il vous parlera de ses vaches, de ses veaux, de ses sources d’eaux, vous situera où passe l’eau de la commune, tandis que sa femme vous fera sa citadine généalogie avec un chapitre sur les voleurs qui écument la région.
Petit conseil quand même: Ne vous arrêtez pour discuter seulement si vous avez du temps devant vous. Ils ont pas Facebook là-haut !

Sérieusement. C'est pas aussi concentré qu'un centre comm, mais il y a l'essentiel dans un décor nettement, mais très nettement, plus calme, apaisant, accueillant, déstressant...................... Et c'est du bon!
(à suivre...)

NEMo