dimanche 15 mars 2015

Tempus fugit

Il me semble que c’est Albert Einstein qui, pour d’écrire la relation particulière que nous avons avec le Temps, a fait la comparaison suivante :
Posez votre main pendant une minute sur une plaque brûlante, cette minute vous semblera interminable. Alors qui si vous restez une minute en compagnie d’une belle femme, le temps semblera extrêmement court.
Donc nous sommes tous d’accord pour dire que la notion que nous avons du temps varie en fonction de ce que nous en faisons, de l’émotion que nous ressentons, des gosses qui font les crétins dans le train et de l’impatience, née de la modernité, que nous éprouvons. Bref de notre « emploi du temps ».

S’il nous est facile de supposer que nos ancêtres vivaient au rythme de la nature et de l’heure de la traite de Marguerite, aujourd’hui notre vie est réglée par des horaires à respecter.
Des horaires imposés par l’homme à d’autres hommes.
On peut trouver une certaine ‘’logique’’, dans cette régulation chronométrée du vivant qui permet, sur une planète qui fourmille de singes nus, de synchroniser et d’organiser les déplacements massifs et personnels, les temps de travail, les rendez-vous, les congés, les vacances, les sorties, les rentrées, etc., etc…
Ce qui fait que, même si nous ne sommes pas en agréables compagnies, le Temps s’enfuit inexorablement en ne nous laissant pas le ‘’Temps’’ d’être avec les êtres chers. Bref, notre « course contre le temps » nous priverait de notre « temps de vie ».

Je me souviens d'un bref passage chez les militaires. L'adjudant nous avait bien fait comprendre, qu’ici cela sera : « Courir pour attendre et attendre pour courir.»
De grands visionnaires, nos militaires…
En tous cas, dans notre civilisation moderne, où chaque fois que vous interpellez une personne celle-ci vous répond : « En retard, en retard, j’ai rendez-vous kek part… », tout est mis en œuvre afin de faire baisser, voire disparaître, les ‘’temps’’ d’attentes improductifs.
Il n’est donc pas trop difficile d’imaginer que demain, nous courons pour courir. Et le port du casque sera obligatoire pour les piétons.

Mais comment en est-on arrivé là ?!?
Pardon Lucie, mais tes lointains descendants ont complètement disjonctés. Ils sont prisonniers de la plus immatérielle de leurs inventions depuis qu’ils se sont mis en tête que leur « temps leur était compté », sans se rendre compte que « Même en mille ans, ils n'auront pas le temps, pas le temps. » de tout voir, tout découvrir, tout expérimenter, de se marier avec toutes les femmes canons ni même de les... fréquenter.
Mais le plus dingue est à venir. Parce que depuis le jour où un crétin très intelligent a réussi à nous mettre dans le crâne que « le Temps, c’est de l’argent ». Nous courrons deux fois plus vite.

Alors, aujourd’hui, pour être sûr que nous ne rations pas une seule seconde de notre vie et que cette vie soit parfaitement synchrone avec… beuh… la vie des autres, une équipe de chercheur, dirigée par un prof de l’université de Tokyo, Hidetoshi KATORI San, a mis au point, non pas une, mais deux horloges dont l’exactitude "est si parfaite qu’elles ne dérivent que d’une seconde en 16 milliards d’années." [C'était dans un journal orange.]
Grâce à l’horloge parlante de Tokyo, tu ne seras plus jamais en retard de ta vie. A condition d’avoir la connexion directe avec l’université en question. Parce que tu ne porteras jamais ce gadget infaillible à ton poignet.
Déjà 1° : Parce qu’elle est grosse comme un ordi de bureau et que
2° : Elle doit être maintenue à une température de -180° Celsius pour maintenir la précision des appareils.
Nos ancêtres avaient inventé le cadran solaire, nos lointain, mais lointains, descendants liront l’heure dans un cube de glace. A l’abri du réchauffement climatique.

En fait, les japonais peuvent raconter n’importe quoi. De toutes façon, dans 16 milliards d’années, nous ne serons plus là. La terre ne sera plus là. Notre système solaire et notre galaxie auront disparu. Sauf peut-être si ces fameux lointain, lointains, descendants sont parvenus à installer une colonie terrienne dans une toute aussi lointaine galaxie. Et là, Kling-Dâah pourra dire :
Ss-ffrrr-t. Ook no frut d pak ru-it Ochiotte ".
Traduction : " Tiens, il serait 15h 32 à Tokyo. "Les japonais ont donc, d’après leurs dire, fait mieux que les Ricains et leur horloge atomique, qui elle annonçait une précision sur 13,8 milliards d’années. Invérifiable également pour les mêmes raisons.

Histoire de faire moins crétin, j’ai fouiné chez Wikipedia pour avoir un semblant d’explication sur l’origine du mot : ‘’seconde’’.  Alors elle viendrait de l’expression latine écourtée minutum secunda. Qui voulait dire : « Minute de second rang », qui est devenu « seconde division de l’heure ».
J’ai même découvert que la ‘’seconde’’ avait une histoire; qu’avant l’horloge à glaçons des nippons et l’horloge atomique de nos cousins d’Amériques, la seconde fut définie, en 1967, par la durée de 9'192'631'770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre les niveaux hyperfins F-3 et F-4 de l’état fondamental de l’atome de césium 133.

Ca en jette et ça transcende le quotidien, non !? Un type hyper balaise a compté plus de neuf milliards de mouvements d’électrons en une seconde !!!!!
Plus fort que l’autre gus qui, en 1956, s’est dit : « Si je trouvais la seconde du temps des éphémérides ? »
Et comment fait-on ? C’est simple : Vous prenez la durée de l’année tropique 1900 et vous divisez par 31'556'925,9747.
Je déconne un peu. Mais faut quand même reconnaître le talent et l’intelligence de tous ces personnages. Sans oublier le doigté de tous ceux qui ont mis au point le mouvement interne du Coucou et de la "trotteuse" qui se déplace tous les 9,129(...) milliards de transitions F-3 - F-4 (...) de 6° sur sa droite.
 
Mais avant ça, il y eut d’autre méthode de calcul sophistiqué, fait par des personnages non moins doués. Alors quand ils ont décidé de créer une échelle de temps pour définir le « Temps universel », ils ont défini la durée moyenne du jour solaire terrestre et divisé le résultat par 86'400.
La seconde du « Temps universel » correspondait alors à 1/86'400 de ce fameux jour.
Comme l’être humain ne peut s’empêcher de tout ramener à lui, le calcul du dessus était une durée proche de la période moyenne du battement du cœur d’un homme adulte au repos.
 
Aujourd’hui, la statistique donne un chiffre à virgule pour l’espérance de vie de chaque enfant à la naissance. Où qu’il se trouve dans le monde.
En face, certain illuminé holistique avance que notre cœur est ‘’programmé’’ pour battre un certain nombre de fois. Sans virgule.
J’aime assez bien cette seconde hypothèse, que je couple à la dernière comparaison relative à la durée de la seconde - proche de la période moyenne du battement du cœur d’un homme adulte au repos.
Alors, vous voulez vivre vieux ? Eh bien ralentissez et reposez-vous…
 
Cette histoire de "battements de cœur" me rappelle une réflexion, même une affirmation, que m'as faite une dame, d'un âge qui s'avance, et à laquelle je dois le respect.
Cette brave femme m'a donc dit, après une brève introduction sur les appareils médicaux, et le plus sérieusement du monde: "Avec un pacemaker, tu peux pas mourir."
Ca mérite une seconde de réflexion, non?
 
 
Nemo.

vendredi 13 mars 2015

Gentil peuple.

Nous (les Suisses) sommes un peuple libre et libéré de toutes contraintes esclavagistes qui pourraient exister et nous avons un avantage, parfois jalousé par nos voisins, sur le reste du monde : Le droit de vote.
Notre gouvernement, et les partis politiques qui le forme, permettent au Peuple, par la voix des urnes, de s’exprimer sur des sujets aussi divers que variés. Et ce, en toute connaissance de cause et sans qu’il n’y ait aucune influence sur le choix de vote. Juste des ‘’recommandations’’ ou des ‘’conseils’’ de vote.
Nous avons également la possibilité de demander des ‘’référendum’’ ou de proposer des ‘’initiatives’’ pour tenter d’améliorer le cours de nos existences. A condition que notre ‘’désir’’ de changement ne soit pas anticonstitutionnel et puisse s’appliquer dans le cadre légal déjà en place.
 
Le Suisse est fier de son pouvoir démocratique, tellement fier qu’il s’abstient encore trop souvent de se déplacer le dimanche pour aller voter, ou de consacrer une demi heure au bulletin de vote qu’il reçoit à son domicile.
Le Suisse est aussi fier de son taux de chômage relativement bas (4,4% selon l’OCDE pour 2014), de ses banques, de ses entreprises exportatrices de produits Suisses, de Nestlé, de Novartis et des sociétés de négoce de matières premières qui squattent l’arc lémanique ou un certain canton Suisse allemand.
En Suisse nous sommes fiers de nos hautes écoles qui entretiennent le manque de personnel qualifié, et de la qualité de nos employés expatriés.
Le Suisse aime son fromage d’alpage, ses fondues, ses planchettes de charcuteries valaisannes, son fendant et Nicolas Hayek, qui a modernisé avec brio le ‘’coucou’’.
Mais par-dessus tout, le Suisse aime son porte-monnaie, sa liberté individuelle (bardée d’interdictions en tous genres) et son pays.
 
Fort de ce patriotisme qui lui gonfle le poitrail, le Suisse préfèrera sacrifier sa pérennité pour que l’Etat survive. C’est ce que nous ont expliqué, en d’autres termes, quelques analystes scientifiques et politologue, à la sortie du résultat des votations qui se sont déroulées le second week-end de mars de cette année.
Le sujet, mal ficelé et soumis à l’opprobre public, voulait défiscaliser les allocations familiales. Le rejet de cette initiative, à près de ¾ des votants socialistes inclus, a plombé pour un moment la politique familiale du gouvernement Suisse.
L’explication, des spécialistes télévisuels susmentionnés, parlait de ‘’problème’’ lié franc fort, suite à l’abandon du ‘’taux plancher’’ par la BNS,  et des difficultés économiques qui pourraient léser le gouvernement helvétique en cas d’acceptation de l’initiative en question. Si le Suisse est fier de son porte-monnaie, il l’est encore plus de payer des impôts. Même si cela entraînerait la ruine de sa famille, ou une baisse de la natalité en Suisse et, par extension, une inversion prochaine et programmée (?) de la pyramide des âges chez nous.
 
Il est possible que ce sacrifice ne soit pas ‘’volontaire’’. Comprenons par là que tout ce que l’on nous donne avec la main droite, l’Etat s’empresse de le récupérer de la main gauche. Je te baisse ton impôt, mais je t’augmente une taxe (ou j’en invente une nouvelle).
La menace dissimulée est un truc qui marche du tonnerre de dieu en helvétie. L’insécurité et le chômage sont des thèmes porteurs auxquels est venu se greffer un troisième sujet tabou.
Pendant ce week-end de mars de votations, il y avait une deuxième initiative qui demandait la suppression de la TVA pour la remplacer par une taxe sur les énergies non-renouvelables.
L’idée paraissait séduisante et faussement innovante, dans la lignée des écotaxes qui ont été proposées chez nos voisins européens.
De plus, dans un pays qui est fier de compter parmi ses citoyens, détenteurs du passeport à croix blanche, les membres honorés de la famille Piccard et le battage médiatique organisé autour de Solar Impulse, nous aurions pu penser qu’aux milieu de nos vertes vallées, ceintes par de majestueux sommets enneigés, se dresserait fièrement le chapiteau de l’écologie moderne.
Eh ben que nenni, que point !
 
L’initiative n’a pas été balayée, elle a été karcherisée par plus de 90 % de voix contre. Nonante deux pourcent. Ce n’est plus un score soviétique, c’est du Merkellien. A ce niveau là, seul l’Etat islamique pourrait encore faire mieux.
La raison de cette fessée publique est à chercher dans une simple petite annonce faite par l’une de nos conseillère fédérale, Madame Evelyn Widmer-Schlumpf, qui aurait ‘’annoncé’’ un prix de l’essence à la pompe à 5 francs le litre.
Ce qui, bien sûr, n’aurait pas été le cas, puisque une autre ministre, Madame Doris Leuthard, nous avait déjà proféré pareille menace quand on parlait de mettre un terme au nucléaire Suisse.
Mais seul le résultat compte, n’est-il pas ?
Là où les camionneurs français ont lutté pendant une année avant de voir disparaître leur écotaxe, notre Evelyn nationale l’a fait en trente secondes et quelques affiches.
Ca c’est de l’efficacité ! Ca c’est la Suisse !
 
Pas de fouet, pas de bombe, pas de guerre, pas de prison. Juste un porte-monnaie et la menace de venir y prendre un peu plus que ce qui est déjà ponctionné, si l’on ne se tient pas ‘’sage’’.

Prenez-en de la graine, dictateurs de pacotilles.
 
Nemo.