Notre gouvernement, et les partis politiques qui le forme, permettent au Peuple, par la voix des urnes, de s’exprimer sur des sujets aussi divers que variés. Et ce, en toute connaissance de cause et sans qu’il n’y ait aucune influence sur le choix de vote. Juste des ‘’recommandations’’ ou des ‘’conseils’’ de vote.
Nous avons
également la possibilité de demander des ‘’référendum’’ ou de proposer des
‘’initiatives’’ pour tenter d’améliorer le cours de nos existences. A condition
que notre ‘’désir’’ de changement ne soit pas anticonstitutionnel et puisse
s’appliquer dans le cadre légal déjà en place.
Le Suisse
est fier de son pouvoir démocratique, tellement fier qu’il s’abstient encore
trop souvent de se déplacer le dimanche pour aller voter, ou de consacrer une
demi heure au bulletin de vote qu’il reçoit à son domicile.
Le Suisse est aussi
fier de son taux de chômage relativement bas (4,4% selon l’OCDE pour 2014), de
ses banques, de ses entreprises exportatrices de produits Suisses, de Nestlé,
de Novartis et des sociétés de négoce de matières premières qui squattent l’arc
lémanique ou un certain canton Suisse allemand.
En Suisse
nous sommes fiers de nos hautes écoles qui entretiennent le manque de personnel
qualifié, et de la qualité de nos employés expatriés.
Le Suisse
aime son fromage d’alpage, ses fondues, ses planchettes de charcuteries
valaisannes, son fendant et Nicolas Hayek, qui a modernisé avec brio le
‘’coucou’’.
Mais
par-dessus tout, le Suisse aime son porte-monnaie, sa liberté individuelle
(bardée d’interdictions en tous genres) et son pays.
Fort de ce
patriotisme qui lui gonfle le poitrail, le Suisse préfèrera sacrifier sa
pérennité pour que l’Etat survive. C’est ce que nous ont expliqué, en d’autres
termes, quelques analystes scientifiques et politologue, à la sortie du
résultat des votations qui se sont déroulées le second week-end de mars de
cette année.
Le sujet,
mal ficelé et soumis à l’opprobre public, voulait défiscaliser les allocations
familiales. Le rejet de cette initiative, à près de ¾ des votants socialistes
inclus, a plombé pour un moment la politique familiale du gouvernement Suisse.
L’explication,
des spécialistes télévisuels susmentionnés, parlait de ‘’problème’’ lié franc
fort, suite à l’abandon du ‘’taux plancher’’ par la BNS, et des difficultés économiques qui pourraient
léser le gouvernement helvétique en cas d’acceptation de l’initiative en
question. Si le Suisse est fier de son porte-monnaie, il l’est encore plus de
payer des impôts. Même si cela entraînerait la ruine de sa famille, ou une
baisse de la natalité en Suisse et, par extension, une inversion prochaine et
programmée (?) de la pyramide des âges chez nous.
Il est
possible que ce sacrifice ne soit pas ‘’volontaire’’. Comprenons par là que
tout ce que l’on nous donne avec la main droite, l’Etat s’empresse de le
récupérer de la main gauche. Je te baisse ton impôt, mais je t’augmente une
taxe (ou j’en invente une nouvelle).
La menace
dissimulée est un truc qui marche du tonnerre de dieu en helvétie. L’insécurité
et le chômage sont des thèmes porteurs auxquels est venu se greffer un
troisième sujet tabou.
Pendant ce
week-end de mars de votations, il y avait une deuxième initiative qui demandait
la suppression de la TVA pour la remplacer par une taxe sur les énergies
non-renouvelables.
L’idée
paraissait séduisante et faussement innovante, dans la lignée des écotaxes qui
ont été proposées chez nos voisins européens.
De plus,
dans un pays qui est fier de compter parmi ses citoyens, détenteurs du
passeport à croix blanche, les membres honorés de la famille Piccard et le
battage médiatique organisé autour de Solar
Impulse, nous aurions pu penser qu’aux milieu de nos vertes vallées,
ceintes par de majestueux sommets enneigés, se dresserait fièrement le
chapiteau de l’écologie moderne.
Eh ben que
nenni, que point !
L’initiative n’a pas été balayée, elle a été
karcherisée par plus de 90 % de voix contre. Nonante deux pourcent. Ce n’est
plus un score soviétique, c’est du Merkellien. A ce niveau là, seul l’Etat
islamique pourrait encore faire mieux.
La raison
de cette fessée publique est à chercher dans une simple petite annonce faite
par l’une de nos conseillère fédérale, Madame Evelyn Widmer-Schlumpf, qui
aurait ‘’annoncé’’ un prix de l’essence à la pompe à 5 francs le litre.
Ce qui, bien
sûr, n’aurait pas été le cas, puisque une autre ministre, Madame Doris
Leuthard, nous avait déjà proféré pareille menace quand on parlait de mettre un terme
au nucléaire Suisse.
Mais seul
le résultat compte, n’est-il pas ?
Là où les
camionneurs français ont lutté pendant une année avant de voir disparaître leur
écotaxe, notre Evelyn nationale l’a fait en trente secondes et quelques
affiches.
Ca c’est de
l’efficacité ! Ca c’est la Suisse !
Pas de
fouet, pas de bombe, pas de guerre, pas de prison. Juste un porte-monnaie et la
menace de venir y prendre un peu plus que ce qui est déjà ponctionné, si l’on ne
se tient pas ‘’sage’’.
Prenez-en
de la graine, dictateurs de pacotilles.
Nemo.
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