vendredi 13 mars 2015

Gentil peuple.

Nous (les Suisses) sommes un peuple libre et libéré de toutes contraintes esclavagistes qui pourraient exister et nous avons un avantage, parfois jalousé par nos voisins, sur le reste du monde : Le droit de vote.
Notre gouvernement, et les partis politiques qui le forme, permettent au Peuple, par la voix des urnes, de s’exprimer sur des sujets aussi divers que variés. Et ce, en toute connaissance de cause et sans qu’il n’y ait aucune influence sur le choix de vote. Juste des ‘’recommandations’’ ou des ‘’conseils’’ de vote.
Nous avons également la possibilité de demander des ‘’référendum’’ ou de proposer des ‘’initiatives’’ pour tenter d’améliorer le cours de nos existences. A condition que notre ‘’désir’’ de changement ne soit pas anticonstitutionnel et puisse s’appliquer dans le cadre légal déjà en place.
 
Le Suisse est fier de son pouvoir démocratique, tellement fier qu’il s’abstient encore trop souvent de se déplacer le dimanche pour aller voter, ou de consacrer une demi heure au bulletin de vote qu’il reçoit à son domicile.
Le Suisse est aussi fier de son taux de chômage relativement bas (4,4% selon l’OCDE pour 2014), de ses banques, de ses entreprises exportatrices de produits Suisses, de Nestlé, de Novartis et des sociétés de négoce de matières premières qui squattent l’arc lémanique ou un certain canton Suisse allemand.
En Suisse nous sommes fiers de nos hautes écoles qui entretiennent le manque de personnel qualifié, et de la qualité de nos employés expatriés.
Le Suisse aime son fromage d’alpage, ses fondues, ses planchettes de charcuteries valaisannes, son fendant et Nicolas Hayek, qui a modernisé avec brio le ‘’coucou’’.
Mais par-dessus tout, le Suisse aime son porte-monnaie, sa liberté individuelle (bardée d’interdictions en tous genres) et son pays.
 
Fort de ce patriotisme qui lui gonfle le poitrail, le Suisse préfèrera sacrifier sa pérennité pour que l’Etat survive. C’est ce que nous ont expliqué, en d’autres termes, quelques analystes scientifiques et politologue, à la sortie du résultat des votations qui se sont déroulées le second week-end de mars de cette année.
Le sujet, mal ficelé et soumis à l’opprobre public, voulait défiscaliser les allocations familiales. Le rejet de cette initiative, à près de ¾ des votants socialistes inclus, a plombé pour un moment la politique familiale du gouvernement Suisse.
L’explication, des spécialistes télévisuels susmentionnés, parlait de ‘’problème’’ lié franc fort, suite à l’abandon du ‘’taux plancher’’ par la BNS,  et des difficultés économiques qui pourraient léser le gouvernement helvétique en cas d’acceptation de l’initiative en question. Si le Suisse est fier de son porte-monnaie, il l’est encore plus de payer des impôts. Même si cela entraînerait la ruine de sa famille, ou une baisse de la natalité en Suisse et, par extension, une inversion prochaine et programmée (?) de la pyramide des âges chez nous.
 
Il est possible que ce sacrifice ne soit pas ‘’volontaire’’. Comprenons par là que tout ce que l’on nous donne avec la main droite, l’Etat s’empresse de le récupérer de la main gauche. Je te baisse ton impôt, mais je t’augmente une taxe (ou j’en invente une nouvelle).
La menace dissimulée est un truc qui marche du tonnerre de dieu en helvétie. L’insécurité et le chômage sont des thèmes porteurs auxquels est venu se greffer un troisième sujet tabou.
Pendant ce week-end de mars de votations, il y avait une deuxième initiative qui demandait la suppression de la TVA pour la remplacer par une taxe sur les énergies non-renouvelables.
L’idée paraissait séduisante et faussement innovante, dans la lignée des écotaxes qui ont été proposées chez nos voisins européens.
De plus, dans un pays qui est fier de compter parmi ses citoyens, détenteurs du passeport à croix blanche, les membres honorés de la famille Piccard et le battage médiatique organisé autour de Solar Impulse, nous aurions pu penser qu’aux milieu de nos vertes vallées, ceintes par de majestueux sommets enneigés, se dresserait fièrement le chapiteau de l’écologie moderne.
Eh ben que nenni, que point !
 
L’initiative n’a pas été balayée, elle a été karcherisée par plus de 90 % de voix contre. Nonante deux pourcent. Ce n’est plus un score soviétique, c’est du Merkellien. A ce niveau là, seul l’Etat islamique pourrait encore faire mieux.
La raison de cette fessée publique est à chercher dans une simple petite annonce faite par l’une de nos conseillère fédérale, Madame Evelyn Widmer-Schlumpf, qui aurait ‘’annoncé’’ un prix de l’essence à la pompe à 5 francs le litre.
Ce qui, bien sûr, n’aurait pas été le cas, puisque une autre ministre, Madame Doris Leuthard, nous avait déjà proféré pareille menace quand on parlait de mettre un terme au nucléaire Suisse.
Mais seul le résultat compte, n’est-il pas ?
Là où les camionneurs français ont lutté pendant une année avant de voir disparaître leur écotaxe, notre Evelyn nationale l’a fait en trente secondes et quelques affiches.
Ca c’est de l’efficacité ! Ca c’est la Suisse !
 
Pas de fouet, pas de bombe, pas de guerre, pas de prison. Juste un porte-monnaie et la menace de venir y prendre un peu plus que ce qui est déjà ponctionné, si l’on ne se tient pas ‘’sage’’.

Prenez-en de la graine, dictateurs de pacotilles.
 
Nemo.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire