dimanche 15 février 2015

L'impossible destinée du croyant

[Réf. : « Jésus et Mahomet, profondes différences et surprenantes ressemblances », de Mark A. Gabriel ;
Traduction du Coran faite par Kasimirski et nouvelle traduction du Coran par M. Chebel.
Nota : Quand j’utilise le terme ‘’musulman’’ je parle des croyants arabes et de ceux qui pratiquent l’Islam comme religion.]

Le Coran n’est pas l’histoire romancée de la Création, comme nous pouvons la lire dans la Bible.
Il se lit un peu comme Il a été ‘’raconté’’, au gré des humeurs du narrateur. La seconde Sourate ne parle pas plus de la Création que la dernière ne révèle de secret apocalyptique.
Selon Hani Ramadan, Président Union des organisations musulmanes de Genève, « Le Coran a été écrit sur des pierres plates, sur des pots, sur des feuilles de palmiers. Il était entièrement écrit et le prophète le dictait à des scribes. » Et, ces différentes pièces d’écritures furent réunies pour former le Coran au temps « du Califat d’Abu Bakr, qui est mort deux ans après la mort du Prophète. »
Un Coran dont il n’existe qu’une seule et unique version et qui, de ce fait, se réclame d’une divine authenticité.
Un Livre authentique écrit selon les paroles que l’ange Gabriel a transmises, avec l’autorisation d’Allah, à Mahomet afin que celui-ci avertisse, une dernière fois, ceux qui ont reçu le Pentateuque, l’Evangile ou la Torah et les infidèles, sur le sort qui leur sera réservé s’ils s’écartent de la droite voie d’Allah. Avec comme mot d’ordre : " Craignez-moi ! "

Nous le savons à peu près tous: Dieu a tout créé. Toute la création est soumise à Allah et rien, absolument rien, ne se meut dans l’univers sans l’autorisation d’Allah.
Cette certitude, qui occupe l’esprit des croyants de tous bords, ajoutée à l’omnipotence, à l’omniscience d’Allah, a créé l’Islam.
Si vous demandez à un musulman la signification du terme « Islam », celui-ci vous répondra par : « Soumis », soumis à Allah (Mark Gabriel va plus loin dans son livre en traduisant « Islam » par « esclave. »)
Ainsi le musulman n’hésite pas à se proclamer comme étant un intermédiaire terrestre à la volonté de son Dieu. Pensée que l’on retrouve à la Sourate IX ; 14 : « Combattez-les afin que Dieu les châtie par vos mains et les couvre d’opprobre, (…) » [Kasimirski]
Le verset 17 de la Sourate VIII [Chebel] abonde également dans ce sens : « Vous ne les aurez pas tués, car Allah les a tués. Tu n’as pas décoché de flèche, alors que tu en décochais : c’est Allah qui a décoché, cela pour mettre à l’épreuve, et de manière favorable, les croyants. (…) »

En évitant tous les tracas quant à la responsabilité du croyant dans les actes qu'il accomplit, là je me pose une petite question de lecture au premier degré :
Si tout obéit aux ordres d’Allah ; que le musulman est juste un intermédiaire qui fait acte de Sa volonté ; à quel besoin répond cette mise à l’épreuve ?
Là-dessus une connaissance, avec laquelle je débats souvent du Coran, me parlât du libre-arbitre.
Une notion qui, pour moi, n’a pas sa place dans un monde régit par Dieu et encore moins dans le Coran.
Ou alors, cette ‘’mise à l’épreuve’’ (mon pote parle de mise à l’épreuve de la sincérité dans le cœur du musulman) est juste là pour que le croyant, qui se considérait comme tel, se rende compte qu’en fait il ne l’est pas, qu’il n’est pas sincère dans ses actes et qu’il n’aura pas sa place au paradis.
Ainsi passera-t-il le restant de ses jours à implorer le pardon d’Allah le grand Miséricordieux pour qu’IL ne l’envoie pas rôtir dans la géhenne en se désaltérant d’une eau brûlante.

Le pauvre homme fera tout pour retrouver la grâce de son Dieu, se démènera dans tous les bons sens comme un beau diable, alors que son Destin a peut-être été scellé avant le jour de sa naissance.
Du moment de sa conception au jour de sa mort, la moindre seconde de vie du musulman est, selon eux-mêmes, dirigée par la volonté d’Allah (même si le musulman s’octroie une part de libre-arbitre pour s’opposer au sheitan).
Il est aisé d’en supposer que son séjour, soit en enfer, soit au paradis, est déjà ‘’programmé’’.
Supposition que contesteront fermement tous bons musulmans que vous pourriez côtoyer.

Avant de citer les versets qui permettent de douter (pour mieux croire), je vous livre un passage du livre de Monsieur M. Gabriel, qui a étudié pendant de nombreuses années les Ecritures coraniques. Ce passage est référencé: L’Authentique de Boukhâri, vol.4, livre 55, n° 549. Raconté par Abdullah:

Le messager d’Allah, l’inspiré vrai et sincère dit (par rapport à votre création) :
« Chacun de vous est formé dans le sein de sa mère pendant les quarante premiers jours, puis il devient un caillot et le reste quarante jours durant, avant de se transformer en un morceau de chair pour quarante jours. C’est alors qu’Allah envoie un ange écrire quatre paroles : il écrit ses actions, l’heure de sa mort, ses moyens de subsistances, et s’il sera misérable ou béni (dans sa religion). L’âme est alors soufflée dans son corps. Ainsi un homme peut faire les oeuvres typiques des gens du feu (enfer), pour autant qu’il n’y ait que la distance d’une coudée entre lui et le feu. Mais finalement, ce qui a été écrit (par l’ange) prend le dessus, et il commence à faire les oeuvres typiques des gens du paradis, et entre au paradis. De même un homme peut faire les œuvres typiques des gens du paradis, pour autant qu’il n’y ait que la distance d’une coudée entre lui et le paradis. Mais finalement, ce qui a été écrit (par l’ange) prend le dessus, et il commence à faire les œuvres des gens du feu (enfer) et entre en enfer. »

La marque de l’ange qui défini si il, ou elle, sera béni ou misérable voudrait dire, selon l’auteur (p 127-128 du livre référence), que sa place au paradis, ou en enfer, est définie avant sa naissance.
Ce genre d’allégation serait presque un trésor de révélation pour ceux qui vacillent de la Foi.
Sauf que cette pensée n’étant qu’un haddith, elle n’a aucune valeur de vérité.
Un haddith étant un écrit rapporté par un des nombreux fidèles qui ont côtoyé le Prophète Mahomet et témoignant de paroles prononcées, de pensées partagées, d’actes accomplis ou même sur la manière de faire les ablutions avant de procéder à la prière. Il y en aurait un demi million de ces témoignages sur la vie de Mahomet.

J’écrivais dans le premier article sur le Coran que l’on trouve dans ce genre d’Ecrits ce que l’on y amène. Amenez-y du doute, et vous risquez de finir athée.
Après avoir lu le livre de Mark Gabriel, le doute s’est renforcé quand j’ai simplement retourné le Coran traduit par Kasimirski pour y lire, au dos de la couverture :
« Dieu égare qui IL veut, et guide qui IL veut sur le droit chemin. »
Mais ce simple ‘’avertissement’’, même si il se répète (dans des termes différents) de nombreuse fois dans le Coran, ne suffit pas pour sceller le destin de l’humanité.
Alors on replonge dans le Coran à la recherche de plus de Vérité sur le paradis et l’enfer et sur ceux qui y vivront éternellement.

Pour moi, cela commence avec Adam, quand Allah ordonna aux anges de s’agenouiller devant la créature qu’IL venait de créer à partir de « glaise limoneuse ». [Sourate XV ; versets 26]
Eblis (Satan) refusa de se prosterner devant une créature faite de boue, alors que lui était créé de feu. Allah se fâchât et bannît l’ange rebelle du Royaume céleste en le maudissant jusqu’au jour du jugement.
Eblis demande alors à Dieu de lui accorder un délai jusqu’au jour « où ils seront ressuscités. » [Sourate XV ; 37]
Le délai est accordé et avant de quitter définitivement le paradis, il promet de chercher à induire (l’homme) en erreur et de les égarer tous, « exception faite de [Ses] serviteurs les plus dévoués. » [Sourate XXXVIII ; 83]
Et Dieu acquiesce au versets suivants : Sourate XXXVIII  « [84] Dieu dit : Vérité ! Et la vérité Je dis ! [85] J’emplirai la géhenne de toi et de tous ceux qui te suivront. »
Cette vérité est racontée dans plusieurs Sourates.

Ce qui me chiffonne, dans un premier temps, c’est de comprendre « exception faite de Tes serviteurs les plus dévoués. » Cela signifie-t-il que ces fameux serviteurs auront la Foi nécessaire pour résister aux tentations de Satan, ou parce qu’ils seront ‘’marqués’’ comme tels et qu’il sera interdit à Satan de s’approcher d’eux ?
Deuxième chose, un peu plus ennuyeuse, c’est, qu’en tenant pour Vérité que Allah a tout créé, qu’IL ordonne le moindre des mouvements dans l’univers et que même un grain de sable ne saurait bouger sans Sa permission, comment Eblis aurait-il pu se rebeller autrement que par la volonté de Dieu ?
Et ça s’enchaîne :
Sourate XX, verset 123 : « Il leur dit [à Adam et Eve] : Descendez tous d’ici, dressés les uns contre les autres, jusqu’au moment où une bonne direction vous parviendra de ma part. »
Sourate XXII, verset 24: « Ils ont été orienté pour n’entendre que les bonnes paroles et pour ne prendre que le chemin digne de louanges. »
Sourate XXXII ; 13 : « Car, si Nous l’avions voulu, Nous aurions orienté toutes les âmes dans la bonne direction. Mais la vérité émanant de Nous a voulu peupler l’enfer autant de djinns que d’êtres humains. »
Sourate XI, verset 119 : « (…) Ainsi les a-t-Il créé différents de façon que s’accomplisse la parole de ton Seigneur : Je remplirai la géhenne autant de djinns que d’êtres humains. »
Sourate V, verset 35 : « Ô vous les croyants, craignez Allah et suivez le chemin qui vous mène à Lui. Combattez en Son nom, peut-être serez-vous parmi les bienheureux. »

Comme je l’ai écrit plus haut, le musulman conteste fermement toutes conclusions tirées de ces ‘’vérités’’, qui prédestinent l’homme, soit à l’enfer, soit au paradis.
Déjà parce que ces versets sont noyés au milieu de paroles qui affirment qu’Allah est Celui qui pardonne, le grand Miséricordieux et autres synonymes ; ensuite parce que c’est de l’arrogance que de prétendre comprendre le Coran en ne le lisant qu’une seule fois, alors qu' « il y a des savants qui lisent le Coran depuis des siècles et qui n’ont toujours pas réussi à comprendre le sens profond du texte sacré. »
Il ressort quand même des nombreuses discussions que j’ai eues, qu’aucun des musulman, que j’ai rencontré, ne se permet le moindre ‘’pronostique’’ quant à sa destination finale le jour du jugement dernier.
Il est vrai qu’il serait fortement présomptueux et blasphématoire que d’affirmer que « Moi, j’irai au paradis ».

Par contre, il me semble avoir remarqué une différence à la fois subtile et flagrante entre les croyants et les musulmans. Il émane de celui, ou celle, qui a une Foi véritable en Jésus-Christ, une certaine sérénité, un apaisement dans le cœur qu’il n’est pas aussi évident de retrouver chez les musulmans; tant les ‘’contraintes’’ liées à la pratique de leur religion (Islam) sont ‘’pressantes’’ et que le doute final est quand même entretenu quasiment tout au long du Coran.
Un doute dont pourrait même bénéficier à Eblis, bien qu’il semble condamné à la géhenne.

Je dis ‘’semble’’ parce qu’au fil de mes palabres musulmanes, il ressort que la destinée d’Eblis n’est peut-être pas aussi évidente que ça.
Le jour du jugement dernier nous comparaîtrons tous devant Dieu, Satan y compris. Et la différence entre Eblis et ‘’nous’’, c’est qu’Eblis connaît Allah mieux que nous.
Alors quand ceux qui se seront égarés tenteront d’incriminer Satan, celui-ci se défendra [Sourate XIV ; 22] en affirmant qu’il ne s’est jamais prétendu l’égal de Dieu, qu’il n’a jamais ‘’forcé’’ un homme à faire la mal et qu’il ne peut pas nuire aux hommes. Juste les tenter.
Eblis se permettra même de rappeler aux hommes que « les injustes auront un cruel châtiment. »
La Sourate XXXVII ; 30, confirmera que les démons n’ont aucun pouvoir sur les hommes.
Donc si Eblis finit en enfer cela sera pour s’être opposé à son Créateur et non pas pour nous avoir montrer le chemin du péché.

Pour revenir au musulman, cela n’est pas entre ses mains. Chaque acte, geste, pensée, mot, regard, etc. sera mis dans la balance. Cette certitude va entretenir son incertitude tout au long de son existence terrestre de croyant et permettre à la crainte, de déplaire à son Dieu, de s’installer dans son esprit.

En début d'article Monsieur Hani Ramadan a mentionné Abu Bakr. Je vais laissé au défunt Calife le mot de la fin.
Abu Bakr As- Saddiq (le Véridique), fidèle disciple de Mahomet, était aussi surnommé « le pleureur ».
Une personne lui demandât pourquoi il pleurait continuellement lorsqu’il priait ?
Abu Bakr aurait répondu :
« Chaque fois que je commence à prier, j’imagine Allah à côté de moi et le roi de la mort derrière moi, le paradis à ma droite et l’enfer à ma gauche, et je ne sais pas ce que mon Dieu va faire de moi. » [ Haykyl, Men around the Messenger.]

Jeff.

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