lundi 9 février 2015

Je t'aime, Moi non plus.

[Les Sourates et versets donnés en références sont extraits de la traduction faite du Coran par Malek Chebel.
Si j’utilise la version de Kasimirski, cela sera mentionné après les versets cités.]

A quelques rares exceptions près, le Coran ne parle pas d’Amour inconditionnel comme nous pourrions éventuellement le concevoir. N’en déplaise à Monsieur Ziegler.
Il y a bien un passage qui parle de l’amour entre l’homme et la femme dans le couple unit légalement devant Allah [Sourate XXX ; 21]; ou la Sourate XXXIII ; 6 : « Le prophète aime les croyants plus qu’ils ne s’aiment eux-mêmes. (…) » [Kasimirski].
Malheureusement ce second exemple, qui faisait un peu trop ‘’Jésus-Christ’’, est devenu, dans la version contemporaine proposée par M. Chebel :
« Le prophète a plus de droits sur les croyants qu’ils n’en ont sur eux-mêmes. (…) »
Ceci étant dit, je pense que d’un point de vue sentimental, le Coran peut se résumer par cette sentence toute catho qui affirme : « Qui aime bien, châtie bien. »

Alors est-ce que Allah aime les hommes, comme Moïse l’affirme à son peuple : « Dieu vous aime, comme Il a aimé vos pères » ?
Moïse va même plus loin en disant que le Dieu grand puissant et redoutable est un Dieu « qui aime l’étranger » [Deut. 10 ; 18]

Il est possible de dire, en lisant le Coran, que « Oui » Allah est un Dieu qui aime. Il aime à pardonner ; Il aime ceux qui aspirent à la pureté, ceux qui agissent noblement, ceux qui font le bien, ceux qui se repentent et qui reviennent à Lui. Il aime ceux qui persévèrent et qui ont mis en Lui leur confiance. Mais par-dessus tout, « Il aime ceux qui le craignent. »
La Sourate XXVII, verset 73 et Sourate X ; 60 annoncent : «  Car ton Seigneur est pétri de bonté pour les gens, mais la plupart d’entre eux ne sont pas reconnaissants. »
Alors dans le Coran, il y a aussi tous ce que Allah n’aime pas. Il n’aime pas les orgueilleux, les prodigues, les transgresseurs, les présomptueux, les avares, le désordre, ceux qui agissent avec perfide et les criminels. Mais par-dessus tout,  « Il hait les infidèles. »
Pour le premier groupe Il sera le Clément, le Miséricordieux et pour les autres Il leur réserve le feu de la géhenne.
L’Amour d’Allah serait-il élitiste,  une récompense pour ‘’bonne conduite’’ lors du passage éphémère des ‘’véritables’’ croyants sur terre ? Vous conviendrez (peut-être) qu’il n’y a pas un fossé énorme entre le Dieu vengeur d’Abraham ou de Moïse qui promet son indéfectible amour à ceux qui respecteront Sa Loi et, même en creusant un peu, on peut considérer que l’humanisme ravageur du charismatique Jésus avait ses limites.
Son fameux « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé » (le souligné est important !) était adressé à ses apôtres et à celles et ceux qui croyaient en sa parole et qui auront, en récompense de leur Foi, la vie éternelle.

Jésus est devenu la pierre angulaire du conflit qui oppose les deux principales religions monothéistes. Divergences conflictuelles que la Sourate VII ; 111, et les versets 4 et 5 de la Sourate XVIII résument assez bien : « Il mettra en garde [le Coran] ceux qui disent : Allah a un fils. [5] Qu’en savent-ils ? Ni eux ni leurs pères qui profèrent des monstruosités, tant est mensonger ce qu’ils disent. »
Avec Jésus l’église a quitté ses murs de pierres pour s’investir dans le cœur de chaque homme. Il est aussi prétendu que Dieu a créé l’homme à son image et que par Jésus nous trouverions une sorte de filiation avec notre Seigneur Dieu. Après tout, n’est-Il pas le Créateur de toutes choses, nous y compris ?

Pour Mahomet, l’homme est une créature parfaite qui doit dominer toutes les autres. D’ailleurs dans la Sourate XIX, dédiée à Marie, le verset 17 décrit que l’Esprit, qui fut envoyé à elle, «  prît devant elle la forme d’un homme, la figure parfaite. » [Kasimirski], ou « la forme harmonieuse d’un être humain. » Pour éviter toutes pinailleries, Allah n’a pas d’enfants et les anges ne sont que « Ses serviteurs honorés », Ses créatures.
Et vous oubliez aussi toutes allusions à une sainte Trinité. « Allah se suffit à Lui-même. »
L’homme est une création parfaite qui ne ressemble pas à Dieu, qui n’a aucune filiation divine et une fâcheuse tendance à l’ingratitude et au mal.
Sourate XVI ; versets 4 : « Il a créé l’Homme d’une goutte de sperme, avant qu’il ne devienne un contestataire évident, un querelleur. »
Mahomet disait d’ailleurs que toutes les bonnes choses qui [nous] arrivent sur terre, nous viennent de Dieu et que le mal provient de nous-même, des hommes [Sourate IV ; 79]. Même pas de Satan, qui pourtant est l’ennemi déclaré des croyants, des hommes.

Les maux de l’humanité étant le fait de ses représentants, et je pense qu’à la période durant laquelle le Coran est né, Mahomet a dû être le témoin de bien des horreurs commises entre les hommes, il devenait presque logique que le Dieu, créateur de cette magnifique sphère terrestre et de tout ce qui l’entoure, ne pouvait avoir engendrer l’homme, en tant que fils à l’image de Son Père.
Avant l’épisode du serpent, d’Eblis (et même du Prométhée grec) Dieu aimait inconditionnellement ses créatures humaines. Après, les choses changent.
Le Créateur distille son Amour au mérite et le sentiment ascendant se mue en une crainte profonde de ‘’déplaire’’. Et ce sentiment de peur va même jusqu’à affaiblir l’amour que l’homme éprouve pour ses semblables.
Les croyants arabes se doivent de se respecter entre eux, mais au moindre faux-pas, les ‘’amitiés’’ se déchirent. Allah étant le seul qui puisse pardonner.
Le Coran édicte les actes à ne pas commettre et les plaisirs dont le musulman doit se tenir éloigner pour ne pas corrompre, salir, sa pratique de la Foi.
Si on peut comprendre le rejet des jeux d’argent et la consommation de l’alcool, les relations familiales, l’amour familial, en prend aussi un coup :
Sourate III ; 14 : « L’amour des réjouissances a été présenté aux hommes de manière trompeuse ; il en est ainsi des femmes, des enfants, des quintaux d’or et d’argent, des chevaux (…). Tout cela est un plaisir éphémère, mais c’est auprès d’Allah que se trouve le lieu du retour bénéfique. »

Peut-on dès lors résumer l’amour que porte un musulman à sa femme par la Sourate II ; 223 : « Vos femmes sont un champ de labour pour vous ; cultivez votre champ de la manière qui vous convient, (…) »?
Pour la relation père-fils terrestre, l’histoire de l’enfance de Mark A. Gabriel, auteur du livre  « Jésus et Mahomet, profondes différences et surprenantes ressemblances », est assez parlante de vérité.
Il raconte comment il a appris ‘’par cœur’’ tous les versets du Coran, comment il devait les réciter chaque matin et comment il a échappé à l’infanticide après avoir annoncé à son père son intérêt sincère pour le christianisme.
Dès le plus jeune âge, l’Amour sincère des enfants est assujettis à la crainte de ne pas faire la fierté de son père, de ne pas être dans les bonnes grâces d’Allah. Sentiment de crainte grandissant à mesure que l'on s'enferme dans la foi coranique.
Cela me fait penser à un film, dont je ne me souviens plus du titre, et dans lequel un Marine quelque peu débile criait : « Dieu ! Patrie ! Famille ! »

Maintenant, et j’ignore si je peux me permettre cette humaine comparaison, combien de parents, aujourd’hui dans notre monde actuel, renient leurs enfants parce qu’ils, ou elles, ne font pas leur fierté ? Combien de parents chassent leurs enfants de leur foyer parce qu’ils commettent des actes de débauche ? Combien de parents promettent l’enfer à leurs enfants ?
En religion, cet Amour de la famille nucléaire est une faiblesse qui rend le croyant vulnérable. Donc, et par extension, Allah n’a pas d’enfants parce qu’il n’a aucune faiblesse dans sa suprême grandeur.
Le sacrifice de la famille, de son enfant, au profit de Dieu n’est pas spécifique à l’Islam, il est tiré de l’Ancien testament.
Le choix entre Dieu et famille se retrouve aussi avec Jésus et, pour l’exemple qui n’a rien à voir, il n’était pas rare que la femme du samouraï se ‘’suicide’’ avant le départ de son époux à la guerre. Afin d’éviter que ce dernier ne soit distrait, ou ne refreine son ardeur quand il combattra sous la bannière de son maître.
Et pour finir d’enfoncer le clou du cercueil des relations socio-familiales en religion, les musulmans affirment qu’au jour du Jugement dernier, il n’y aura plus d’amis, de parents et de fils.
Que le jour où nos actes seront mis sur la balance ; que le jour où notre œil témoignera contre nous, que notre oreille témoignera contre nous, ou encore notre bouche ou notre peau témoigneront contre nous, nous renierons tous nos proches, enfants inclus, afin d’éviter le séjour éternel en compagnie de Satan.

Le croyant doit pratiquer une sorte d’ascèse compliquée pour plaire à son Seigneur et avoir la chance d’être vêtu de soie verte ; de s’allonger sur un lit dans une loge au dessous de laquelle coulent des rivières ; de pouvoir goûter à des fruits incomparablement plus savoureux que ceux qu’il a goûté sur terre et de pouvoir boire du vin qui ne fait pas tourner la tête ; et pour, enfin!, pouvoir profiter de la compagnie de femmes de son âge et aux regards chastes.
Une ascèse compliquée et quelque par hypocrite puisqu’il a droit. Éternellement, à tout ce qu’on lui a (presque) interdit sur terre.
Maintenant savoir si l’homme ira au paradis, indépendamment de son comportement sur terre, c’est une autre histoire…

Une histoire quelque peu déprimante, pour les musulmans.
 
Nemo.

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