vendredi 26 septembre 2014

Les dernières barrières de notre liberté individuelle tombent.

L’Etat moderne, civilisé, démocratique et policier rêve, depuis des années de pouvoir ‘’localiser’’ chaque membre des multiples communautés citoyennes qui recouvrent notre Terre, tout en cherchant à ‘’prédire’’ leurs comportements.
Nous sommes recensés, vaccinés, photographiés, identifiés et, de manière officieuse et virtuelle, nous sommes fichés.
Connaître nos généalogies, nos identités, nos états-civils, nos lieux de travails etc. ne suffisant plus, la suite logique a ouvert la porte des analystes et autres spécialistes du comportement afin de permettre la classification des populations libres dans différentes catégories.
Des ‘’catégories’’ humaines, des couches sociales, qui se justifient par héritage génétique, par la mémoire de nos parents et le milieu sociale dans lequel ces ‘’couches’’ se développent.
Toutes ces informations recueillies ont permis de créer des moyennes statistiques comportementales qui, à leur tour, ont donné, à celles et ceux qui gouvernent, les ‘’outils’’ pour mettre en place les infrastructures, les règles et les lois nécessaire, afin d’obtenir des masses homogènes au sein des populations. Ne reste plus qu’à initier le mouvement de ces ‘’masses’’, de leur donner un objectif virtuel à atteindre, de leur offrir une récompense abrutissante et de s’assurer, malgré la multiplicité des ‘’destinations’’ en mouvement, que tout le monde aille dans la même direction.
Dans un même temps, le politique des libertés démocratiques a conféré aux multiples forces de l’ordre, officielles ou non, le pouvoir de verbaliser, de dénoncer, d’appréhender, de punir, bref d’empêcher que cet ordre établi ne soit ni massivement contesté, ni trop fortement remis en cause.

Le petit souci pour les organismes chargés de nous surveiller, c’est que malgré toutes les données qu’ils possèdent sur ‘’nous’’, informations qui leur permettent d’anticiper un mouvement de ‘’masse’’, ils sont dans l’incapacité de prédire les mouvements de l’individu en lui-même.
Sur la route les gendarmeries ‘’savent’’ que certaines soirées sont plus propices aux ‘’excès’’ routiers, mais ils n’ont aucune idée de où se produira un grave événement, s’il se produit, tout comme ils n’ont aucune idée de qui en sera à l’origine. Donc on contrôle tout le monde.
Idem pour les Festivals, les matches de foot ou de hockey ou tout ce qui rassemble plus de dix personnes.
Rétrospectivement on peut s’autoféliciter d’avoir évité le ‘’pire’’ grâce à une présence policière renforcée, quoique des fois c’est la présence de la Police qui crée l’événement ; on peut justifier la baisse du nombre de tués sur les routes par un renforcement des moyens de contrôles et on peut se vanter d’avoir démantelé une cellule ‘’terroriste’’ grâce à des méthodes de renseignements et de surveillances douteuses, avant qu’elle ne commette un attentat.
C’est le ‘’avant’’ supposé dans les affirmations ci-dessus qui me fait sourire, jaune.

A la mi-août de cette année, une coulée de boue a fait déraillé un train dans les Grisons.
La porte-parole des Chemins de fer rhétiques, Yvonne Dünser, dans le 24 Heures du 14.08.14, disait : « Nous sécurisons l’ensemble de notre réseau là où il est possible. Les trains franchissent les endroits les plus dangereux en tunnel ou dans des galeries. En outre, nous avons dressé une carte des lieux les plus difficiles. L’endroit de l’accident n’y figurait pas. »
Quel rapport ? Pourriez-vous vous demander. A priori aucun, si ce n’est 1° : que quoi que nous fassions, ça n’est pas entre nos mains et 2° : l’humain, seul, n’est pas plus prévisible que la Nature.
Pourtant, ceux qui sont chargés de notre ‘’sécurité’’, nous laissent croire qu’ils sont capables d’empêcher un événement avant qu’il ne se produise.
Ils ne l'affirment pas, d'une part parce qu'ils savent que c'est impossible et parce qu’ils savent très bien que la voix populaire, avec l’aide des médias, se chargera toute seule de transformer une probabilité en certitude. Avalisant, dans la foulée, la surenchère de matériel électronique de surveillance.

Ce matériel électronique, qui devient de plus en plus sophistiqué, est couplé à des superordinateurs qui restreignent nos libertés individuelles à mesure que leur puissance de calcul augmente. En ‘’fouinant’’ dans les messages postés sur les réseaux sociaux, avec l’aide d’un bon algorithme de calcul et quelques mots ‘’clé’’, l’ordinateur peut déduire et situer l’apparition d’une grippe. L’info qu’il en ressort ne va éradiquer le virus avant qu’il apparaisse mais pourrait permettre de contenir sa propagation.
Vous augmentez la puissance de calcul, vous complexifiez votre algorithme et vous mélangez tout ça aux données du début de ce texte et vous obtenez la mise sous surveillance d’un nombre ‘’X’’ de personnes pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le ‘’terrorisme’’, tel que nous l'imaginons.
Cet algorithme qui défini, à votre insu, la probabilité que vous représentiez une menace pour je ne sais quel Etat, existe.
Je dirais, sans trop savoir comment l’exprimer, qu’ils sont parvenus à faire tomber une frontière temporelle. Vos origines, vos paroles et vos pensées passées, vous condamnent aujourd’hui pour un acte que vous n’aurez pas le temps de commettre.
Comme la Justice ne peut vous emprisonnez pour quelque chose qui n’existera donc jamais, comment va-t-elle s’y prendre pour vous empêcher de ‘’nuire’’ ? En vous condamnant pour détention illégale de Camembert périmé ?
Une barrière invisible est tombée et retire à l'être humain sa possibilité d'être imprévisible. C'est maintenant au tour de la dernière barrière de céder.

Les capacités des outils de reconnaissances faciales deviennent de plus en plus performants. Cependant, il est encore possible de ‘’leurrer’’ la technologie soit un créant des ombres supplémentaires sur votre visage (capuchon, casquette, chapeau) ou en le rendant asymétrique (coupe de cheveux ou en incluant, dans le maquillage, des formes géométriques différentes sur les pommettes), ou encore en portant un masque en silicone d’apparence humaine.
Nous avons tous fini par ‘’accepter’’ que notre indispensable outils quotidien, qu’est le smartphone, puisse être localisable à chaque instant. Malgré cela, nous avons encore la ‘’liberté’’ de le laisser à la maison.
Ils ont tenté de nous faire porter un bracelet électronique, en argumentant que cela avait permis de sauver un inconscient pris dans une avalanche alors qu’il faisait du hors-piste. Tant mieux pour lui.
Les problèmes du ‘’bracelet’’, sont 1° : qu’il est assimilé aux criminels qui profitent d’une remise de peine, d’une liberté surveillée : 2° : qu’il n’y a pas beaucoup d’avalanche en plein mois de juillet sur les rives du Léman.
Les malades de la surveillance ont bien essayé de nous faire croire qu’un pervers sexuel pédophile se cachait derrière chaque arbre de nos rues, les parents n’ont pas cédé. D’autant plus que l’enseignement scolaire obligatoire a mis en place un système tentaculaire qui rend difficile toute disparition d’enfant. Pas impossible, mais très difficile.
Les obsédés de l’espionnite aigue se sont donc rabattus sur l’élément le plus faible de la communauté : Le nourrisson.
Du coup le Centre hospitalier universitaire Vaudois (CHUV) de Lausanne aurait équipé sa maternité de bracelet ‘’anti-vol’’ pour les nouveaux-nés.
Idée sournoise qui tente peut-être d’affaiblir l’attention que les mères portent à leurs enfants: Reposez-vous tranquillement, Madame, le GPS veille sur votre bébé. Ou alors le personnel de la maternité du CHUV est tellement ‘’tête en l’air’’ qu’ils perdent les nourrissons ? Bien sûr que non.
Reste quand même, au bout du compte, la possibilité de retirer librement le ‘’bracelet’’ pour le laisser sur la table de la cuisine.
Une ‘’liberté’’ que les paranos de plus haut veulent nous enlever, avec le consentement de nos politiciens.
Le seul moyen d’arriver à une telle extrémité, serait que l’individu ait en permanence, sur lui, un système qui permette à chaque instant de le situer géographiquement, donc de le lui implanter dans sa chair.
Qui va accepter, librement, de porter dans son corps une technologie qui trahit le moindre de ses déplacements ? A part Raymond, personne. Et je pense qu’aucun parent n’approuverait ce procédé sur leurs enfants. Sauf s’ils les considèrent comme des chiens.

Et voilà que surgit l’idée de génie, qui risque d’offrir à la démocratie policière l’une de ses plus belles victoires en matière de surveillance de la communauté des citoyens. Une idée qui permet enfin de franchir la seule frontière que l’humain se refusait à céder : l’épiderme.
La puce électronique n’est plus un ‘’implant’’, elle devient un ‘’piercing’’. Piercing même extrême, comme le définissait la manchette d’un quotidien coloré. En parlant ‘’d’extrême’’, le journaliste n’a pas dû croiser beaucoup de personnes qui se sont fait transpercer les organes génitaux… Mais bon, passons…
L’idée est doublement géniale parce qu’elle ne s’adresse pas aux parents, soucieux de la sécurité de leurs enfants, en contournant je ne sais quel interdit, mais à une autre minorité qui exprime une sorte d’anarchie (dans le vrai sens du terme) en recourant à des artifices de marquages pouvant la dissocier de la masse bêlante dominante.
Même en étant totalement opposé à toutes tentatives, toutes pratiques, de contrôle des populations, je dis : Bravo !

Donc la puce électronique en question est impiercée dans la main.
Et là, autre résultat de leur géniale inventivité, l’information enregistrée dans la puce n'est qu'un simple message qui s’affiche sur l’écran de n’importe quel smartphone qui s’approcherait suffisamment près de la main du porteur. La puce peut donc remplir son rôle de ‘’messagère’’, peut transmettre, pour le plus grand plaisir du détenteur, ces petites informations ludiques. Rien de bien méchant, rien de compromettant, juste des messages d’amour destinés à l’élue de son cœur. Mais lisible par tous ceux qui possèdent un smartphone. Et nous n’en sommes qu’au début…
La mémoire de la puce est de 800 octets. Aucune idée de ce que cela représente.
La source d’alimentation est le smartphone lui-même. Comment ça marche ? Beuh… Induction magnétique ? No sé.
Et le terminal humain peut modifier à volonté la nature du message.

Si l’idée ‘’prend’’ et qu’elle se popularise assez vite, il sera rapidement possible de télécharger dans la main des images, des vidéos, de la musique, des clips…
Très vite, la puce pourrait devenir une mémoire externe dans laquelle seraient contenues toutes vos informations personnelles, des ‘’données’’ que vous ne voudriez pas perdre en vous faisant voler votre smartphone.
Si vous en êtes arrivé à accepter tout ça, pourquoi refuser de payer avec votre ‘’main’’ ? Plus besoin de posséder une carte de crédit, vous êtes la carte de crédit ; vous n’avez plus de dettes, vous êtes la dette. Mais surtout, comme votre ‘’signal’’ serait identifié par tous les logiciels de paiements, comme votre ‘’puce’’ sera reconnue et reconnaîtra les puces ‘’amies’’ qu’elle croise, vous serez localisé en permanence.
Je suis parano ? Peut-être. Mais si, comme je le disais plus haut, l’idée se popularise, je vous donne rendez-vous dans 10 ans pour en rediscuter.

Nemo.

lundi 22 septembre 2014

Mettre une ''croix''...

… dernière expression de notre liberté démocratique?

Nous élisons tout ce qui peut siéger, du conseil communal au conseil des états. Nous donnons notre ‘’voix’’ à ces personnes parce qu’elles partagent nos idéaux ou qu’elles défendent nos intérêts économiques ; nous les choisissons aussi pour leur charisme, leur envolées lyriques, leur air intelligent ou, au pire, parce qu’ils ont une bonne bouille.
Par contre, il ne nous est pas permis de choisir les têtes qui squattent le sommet de la pyramide politique Suisse. Nous faisons donc confiance aux personnes, que nous avons plébiscitées, dans leur choix des Conseillers fédéraux. Des personnalités qui doivent quand même être ‘’sélectionnées’’ en fonction de leur carrière professionnelle, de leur parcours politique et leur amour de la collégialité.
Tout ce beau monde prête naturellement serment et se retrouve dans de grandes et belles salles riches de symboles pour prendre des décisions, pour approuver ou rejeter des projets et des textes de loi en notre nom, sans que le citoyen lambda ne soit vraiment consulté. C’est le contrat de confiance, comme chez Darty.

Quand une ‘’idée’’ ne fait pas l’unanimité parlementaire, que ça ripe dans l’hémicycle ou que ça coince dans l’allée des pas perdus, le brave peuple Suisse est appelé à la rescousse.
Commence alors le grand déballage des ‘’vérités’’ contradictoires, justifiées par de grande études statisticienne qui ‘’confirment’’ les théories de ceux qui les finances, lors de joutes verbales qui animent les débats télévisuels. Discussions orientées qui ne répondent que rarement aux questions que chaque citoyen se pose et je ne parle pas des campagnes d’affichages sournoises qui propagent de malhonnêtes ‘’clichés’’ dont le but est d’effrayer au lieu d’informer.
Ainsi chaque citoyen pourra dire ‘’Oui’’ ou ‘’Non’’ ou ne pas avoir d’avis quand il recevra son matériel de vote. Un choix fait en toute connaissance de cause (lol).
Fièrement, nous appelons cela : La « Démocratie directe.»

Je vois le Suisse comme un fidèle mouton qui ne se trompe jamais. J’aurais envie de dire que son élan partisan est souvent dicté par l’endroit où il aime fourrer ses mains : Dans la terre, sur son cœur ou son porte-monnaie, dans l’arsenal militaire ou domestique ou les culottes des petites filles.
Quand le Suisse a choisit son Parti politique ainsi que l’édile qu’il va soutenir, il n’en change plus, ou très rarement. Quoi que ce dernier dise ou fasse.
A partir de là je laisse mon favori, dont je ne connais que ce qu’il veut bien dévoiler, débattre en mon nom, défendre mon idée et pourquoi pas ma vision du monde, et je suis les consignes de vote. Sans me poser trop de questions, vu que je ne suis pas un ‘’spécialiste’’ du ‘’dossier’’ et que même si je n’approuve pas entièrement le choix de mon ’’poulain’’, sa proposition sera de toute manière meilleure que celle de mes ‘’opposants’’ politiques.
Pour les simples dossiers, il n’y a pas trop de problèmes. Par contre pour les affaires un peu plus ‘’techniques’’, cela se corse. Cela devient compliqué quand celles et ceux qui sont censés défendre la loi et l’intérêt public multiplient les intermédiaires (haut fonctionnaire, groupe de négociation, Task force, groupe d’experts qui recourent à l’avis d’un consultant spécialisé) qui séparent le citoyen de l’autorité qui négocie et décide en son nom.
Le résultat lié à tous ces intermédiaires est que le consultant donne son avis au groupe d’experts, qui rend son expertise au groupe de négociation, qui fait passer le message à l’échelon en dessous, qui transforme cela en ‘’consigne de vote’’ qu’une forte partie des électeurs vont suivre.
Serait-ce faux, dès lors de penser, que ceux que nous désignons pour nous gouverner prennent leurs décisions non pas en fonction d’une volonté issue du Peuple, présenté comme ‘’Souverain’’, mais en tenant compte de ‘’conseils’’ avisés prodigués par des personnes bardées de diplômes en tous genres, que nous ne connaissons pas et qui n’ont pas ‘’besoin’’ du soutien populaire pour se faire de beaux salaires ?
Nous pourrions nous étaler sur les groupes de pressions qui font le forcing pour mener une économie nationale ou transnationale vers les objectifs que se sont fixés des sociétés multinationales apolitiques.
Nous pourrions tout aussi condamner celles et ceux qui sont élus pour nous gouverner et utiliser de grands mots pour parler de ‘’trahison’’.
D’un autre côté, ne devrions-nous pas également nous demander si, au moment précis où nous avons introduit le bulletin électoral dans l’urne, nous n’avons pas abandonné la parcelle de pouvoir politique que nous possédions à d’autres mains, sans autre contrepartie que des promesses entendues pendant une campagne électorale ?
Certains penseront qu’une ‘’consigne’’ n’oblige personne à suivre et que l’électeur est libre de son choix dans la solitude de l’isoloir.
Soit. Mais si nous associons le fait que nous avons renoncé à notre volonté d’expression politique, en la déléguant à un candidat, à la solitude de l’isoloir qui rend notre vote secret, cela ressemble-t-il encore à la démocratie telle que l’ont conçue les penseurs grecs d’antan ?

Dernièrement Monsieur Alain Berset, Conseiller fédéral au département de l’Intérieur qui est en ‘’charge’’, entre autres, de l’Office fédéral de la Santé Publique (OFSP), disait dans débat télévisé que : « (…) Pour qu’une loi soit acceptée, il faut la majorité. » Le principe même de la Démocratie. Sauf que chez nous, la Démocratie ne doit pas faire trop d’ombre à la sainte collégialité.
Les grands partis en place depuis des lustres n’ont pas trop de peine pour faire passer des lois dans les hémicycles. Pour les petites formations, en manque de visibilité et d’écoute, c’est plus compliqué. Elles doivent trop souvent passer par les ‘’grands soeurs’’ pour être entendues. Même si les ‘’idées’’ sont bonnes. Comme les bonnes idées de référendum, ou initiatives, doivent avoir le soutien d’un parti politique pour augmenter leurs chances d’aboutir. La démocratie des Lumières…
Ce qui fait qu’au final si un texte de loi veut ‘’obliger’’ certains représentants de l’économie nationale ou de la santé privée publique  à (…) , il ne sera pas accepter.
Par contre si le texte devient moins ‘’contraignant’’ et laisse la possibilité aux mêmes acteurs de (…), le texte voit augmenter ses chances d’être voté.
L’obligation devient une ‘’probabilité’’ (excepté en circulation routière) ; une ‘’volonté’’ un ‘’pourquoi pas’’ et une opposition un ‘’peut-être’’.
La politique deviendrait-elle une libre entreprise qui organise ses scrutins comme des transactions commerciales durant lesquels les électeurs ‘’achètent’’ l’article susceptible de préserver au mieux l’ordre social, la compétitivité régionale ou national, de punir les ‘’criminels’’, etc ?
Cette interrogation peut paraître exagérée mais souvent l’harmonie collégiale du Palais fédéral semble renvoyer, après marchandages, à la communauté de citoyens sa ‘’volonté’’ transformée de telle manière que cette dernière ne doive plus se prononcer sur sa volonté initiale, mais se retrouve à choisir la proposition qui la dérangera le moins.

Le Peuple souverain, qui est pris en otage dans la justification de ce qu’est la démocratie occidentale, ne prend plus part plus aux débats, il en est le témoin passif qui remplit les siéges des ‘’studio’’ des chaînes télé nationales. Le Peuple devenu spectateur de sa liberté démocratique peut applaudir les discours de ses élus et rire des pitreries sarcastiques de ces mêmes acteurs, mais il ne peut prendre la parole pour intervenir dans le débat.
En contrepartie le vrai pouvoir met à disposition de la population citoyenne, pour qu’elle puisse exprimer son soutien ou son opposition à tel ou tel projet, des réseaux, dit sociaux, dans lesquels l’homme du peuple se contente de participer à des forums ou de s’inscrire dans la multitude florissante des ‘’groupes’’ de soutien ;  ou alors il peut exprimer son opinion en intervenant dans la rubrique ‘’Courrier du lecteur’’ que les quotidiens mettent encore à disposition de la communauté citoyenne.
Cette liberté d’expression qui nous est consentie nous donne l’illusion de participer à un quelconque débat démocratique. Pourtant, les ‘’groupes’’ qui se forment sur les réseaux virtuels partagent majoritairement les mêmes opinions politiques et les mêmes idéaux socio-économiques. Je ne vais pas m’inscrire, ou faire une demande ‘‘d’ami’’ FB à un extrémiste si mes convictions sont communistes. Au pire posterai-je un message insultant sur son ‘‘mur’’, au mieux l’ignorerai-je.
On nous le répète assez : « Le fruit ne tombe jamais loin de l’arbre » ; « Les chats ne font pas des chiens. » Chez le musulman, les océans ne se mélangent pas.
Ensuite, la virtualité d’un débat ne permet pas vraiment à chaque intervenant de s’exprimer librement et d’aller au bout de sa pensée, de son idée, de la critique constructive. Sauf si une personne parvient à capter l’intérêt du lanceur de discussion par la pertinence de ses remarques. Remarques qui seront toujours, ou presque, agrémentées de références reconnues, incontournables et avérées.
La démocratie des Lumières, disais-je plus haut.

Même si cela permet de créer une multitude de groupuscules aussi variés que différents les uns des autres, dans lesquels chaque individu aurait la chance de se retrouver à la place de ‘’leader’’, cela ne forme pas une agora qui discute, qui délibère, qui prend ce qu’il y a de mieux de chaque côté pour créer une idée re-formatrice.
Il est possible d’avancer l’idée, par cette ouverture virtuelle, d’une volonté multiculturelle d’un pays, d’une région ou d’une ville, sauf que cette multiculturalité ne dépassera presque jamais les limites géographiques et territoriales dans laquelle elle est contenue.

Pour finir, parce qu’il faudra bien un jour mettre un terme à la démocratie moderne, il nous faut mettre un terme à la seule crise qui détruit l’humanité et son environnement. Et cette crise, que j’ai envie de qualifier de mondiale, n’est autre que politique.
Qui a permis, à coup de dizaines de milliers de milliards le sauvetage des différentes grandes banques mondiales en endettant les générations futures ?
Qui autorise la construction et l’utilisation des centrales nucléaires, l’épuisement de nos ressources énergétiques et la destruction de notre biosphère ?
Qui permet le cloisonnement des populations et met en place leur surveillance ?
Qui nous fait du ‘’chantage’’ au chômage, à la sécurité nationale et met nos retraites futures en danger ?

Quoi que nous répondions (le Politique ou l’ultralibéraliste) nous avons un problème démocratique. Parce que je doute que nous ayons été assez ‘’con’’ pour choisir la solution ‘’chômage’’, l’austérité, la destruction de notre environnement et le surendettement de nos enfants dans un monde en guerre.
Il y a bien quelques corpuscules d’extrémistes qui veulent éradiquer leurs voisins ; il y a bien quelques sociétés financières qui veulent absolument faire du profit à n’importe quel prix ; il y a bien quelques personnalités super riches qui en veulent toujours plus ; mais en quoi sont-ils supérieurs au reste du monde ?
En nombre ? Certainement pas.
Une observation qui a mené José Saramago, écrivain portugais (1922-2010) a écrire :« Le système appelé démocratique ressemble de plus en plus à un gouvernement des riches et de moins en moins à un gouvernement du peuple. Impossible de nier l’évidence : la masse des pauvres appelée à voter n’est jamais appelée à gouverner. »
Ce qui pourrait aussi signifier que ces hommes et ces femmes qui s’affichent tout sourire au dessus de beaux slogans et qui descendent dans la rue pour nous demander notre soutien sont au pire : des menteurs ; au mieux : faibles et corruptibles. Des qualités, sommes toutes humaines, à en écouter l’ensemble de nos congénères.

Alors je ne sais pas où situer ma pensée qui me répète que celui qui est choisi pour nous diriger doit être meilleur que celui qui l’a élu. Je ne dirais pas : infaillible, mais il doit mériter ma confiance, la confiance des citoyens qui l’ont soutenu et œuvrer pour eux.
Si nous voulons continuer à parler de la Démocratie, le politicien doit se rappeler que la voix des citoyens vaut plus que n’importe quel financement d’un groupe d’influence, quel qu’il soit.
Qu’il n’y a pas deux applications distinctes de la volonté du Peuple ; que les décisions du gouvernement ne doivent pas s’imposer à la population, mais bien refléter la Volonté du Peuple.
Pour y arriver, le Politique doit rendre aux peuples la Démocratie qu’il lui a réclamé lorsqu’il est descendu dans la rue et le citoyen ne doit plus sa satisfaire d’une petite croix sur un bulletin de vote. Il doit participer volontairement, activement, démocratiquement aux projets, à la mise en application des lois, qui devront être Humaines, et qui accompagneront les générations futures.

Ramener la Démocratie à une ‘’lutte des classes’’ est une erreur, un gâchis de temps, dont profite la minorité, qui régit l’aspect économique de notre monde, pour étendre son emprise sur le politique.
Je ne crois pas trop à la lutte des classes, mais je vois deux extrêmes qui s’affrontent et qui veulent nous entraîner, coûte que coûte, dans le sillage de leur conflit.
Les ‘’bons’’ patrons sont plus nombreux que les mauvais et ils savent qu’ils ont besoin d’employés, d’ouvriers. Le ‘’pauvre’’ a besoin du ‘’riche’’ tout comme le ‘’riche’’ a besoin du ‘’pauvre’’.
Il ne peut y avoir que des ‘’chefs’’, que des ‘’investisseurs’’, que des ‘’banquiers’’, que des ‘’ouvriers’’ ou des ‘’caissières’’ Denner.
Quand l’ordre naturel des choses, des relations, est respecté dans la dignité, il n’y a pas de conflits. L’humain serait respecté pour ce qu’il est, et non pas condamné pour ce qu’il représente.

Pour conclure je reprendrais Saramago qui lui-même cite Aristote : « Dans l’hypothèse d’un gouvernement formé par les pauvres, où ceux-ci représenteraient la majorité, comme Aristote l’a imaginé dans sa Politique, ils ne disposeraient pas des moyens pour modifier l’organisation de l’univers des riches qui les dominent, les surveillent et les étouffent. »

Alors, rendez-nous notre Démocratie.

Nemo.

samedi 20 septembre 2014

Merci les petiots...

Ya des jours où tout va bien. Donc y’en a d’autres où ça va moins bien et où tous les abrutis de la région se donnent rendez-vous devant votre capot. Comme ce jeudi …
Ca commence avec celui qui s’enfile dans la place de parc sur laquelle vous attendiez.
Zen, je viens de sortir et il y en a une plus loin.
Ensuite se sont les deux mamans, donneuses de leçons de conduite, qui viennent chercher leur gosse cul-de-jatte pile poil devant l’école : parcage trottoir sur ligne jaune, dans une petite courbe précédent une intersection et devant un chemin d’accès ‘’privé’’ qui plus est.
Cela ne me regarde pas, silence.
Puis ya le ‘’Police assistant’’, 150 mètres plus haut qui gronde les jeunes écoliers qui traversent hors des ‘’clous’’ et qui est prêt à bondir sur le capot d’une voiture qui ne s’arrêterait pas au passage pour piétons. Là je me dis qu’il ferait mieux de faire son job en gérant la traversée de la chaussée. Pensée que je garderais pour moi, sinon on y passe la fin de l’après-midi. Et comme je suis un peu ‘’aux pièces’’ : Roule Raoul.

Du coup je ‘’tombe’’ sur ce vieux couple de centenaires qui pensent que 40km/h c’est encore trop rapide sur une route principale : Respire et dépasse…
Sur l’autoroute ya le crétin qui veut absolument vous dépasser et profiter de la ‘’distance de sécurité’’ pour  prendre sa ‘’sortie’’. Cet andouille précède la file de poids lourds qui ralentissent tout le monde et les deux abrutis qui, ayant peur du radar qui flashe à ‘’61’’ à la sortie du tunnel de Glion (‘cause interminable chantier), roulent à 50 km/h !
Après, toujours on ze highway, c’est l’enchaînement de celles et ceux qui seront 15 – 20 en dessous. Médaille d’argent à la miss dans sa mini cabrio, les cheveux au vent, qui refait sa frange tous les 152 mètres et demi et la palme d’or revient au duo de Portugais en grande discussion, à 80 au lieu de 120, dans leur break Mazda vert.

De la ‘’sortie’’ Aigle à la proximité du centre du bled, no problemo. Jusqu’au Suv blanc qui se déplaçait au gré des vents pendant que sa blonde de conductrice essayait de faire correspondre les panneaux de rues qu’elle croisait avec les notes inscrites sur la feuille qu’elle tenait devant elle.
Jeudi, Thursday, Jour de Thor. Y serait bien utile celui-là pour y foutre un coup de maillet divin, Rhôogntudiou !

Le retour de Aigle vers Vevey ? Guère mieux. Mais on time pour retrouver le ti Nono.
Maison, ballon et direction Credeilles. Ca rime pas, c’est con.
Passage à piétons. On traverse à moitié jusqu’au ‘’refuge’’. Nono avance. J’le retiens par l’épaule. Une Mercos noire en bruyante accélération et son jeune conducteur balkanisé le nez sur l’autoradio. Mon ti Norrin :
- « Pourquoi y s’est pas arrêté !? »
- « … On dira qu’il avait le soleil dans les yeux… »
Plus loin. Crédeilles, son terrain de foot mal plat, les p’tits copains, foot, détente et les rires des gosses qui s’amusent loin des crétins.

« How wonderful life is », c’est permis d’inscrire Coca sur l’une de ses étiquettes rouge d’une bouteille Pet de 0,5 litre. C’est ça…
Sauf que le « wonderful » de la « Life » n’est pas dans les petites bulles de cette sensation qu’on appelle Coke. Il est là sous mes yeux.
Une bande de gosses jouant au même endroit en s’en foutant de la teinte des épidermes, du sexe ou du chéquier des parents.
Un coup perdu dans le tibia ? Ca tombe, ça pleure même pas et ça se relève sans histoire ni rancune. Un ballon dans la tronche ? « Excuse-moi », sourire, le jeu continue.

Une belle leçon qui, chose surprenante, me renvoie quelques heures en arrière et à toutes ces personnes qui m’ont pourri mon trajet aller-retour à Aigle. Des personnes que je n’aurais jamais rencontré si je n’avais pas pris 10 minutes de retard au départ de Vevey. Un temps que j’ai laissé volontairement filer…

Merci les petiots de nous rappeler que malgré tout, la Vie est belle.

Nemo.

dimanche 14 septembre 2014

Tout gratuit, une idée farfelue?

Je pourrais imaginer que le 20 minutes qui traîne sur une banquette de train, ou un siège de bus, soit feuilleté par le passager qui vient et tous les suivants, et qu’ainsi il jouerait un rôle d'informateur ‘’social’’ au lieu de ne s’adresser qu’à un seul individu.
Sauf que j’en doute, vu que tout le monde, ou presque, a son journal gratuit.
Prenez bêtement les taxis présents devant une gare. Il y a encore quelques années, un ou deux chauffeurs achetaient les journaux, et les quotidiens remontaient tranquillement la file. Le "hic" de l’histoire, c’est qu’en fin de journée, les sports étaient chez le rital, la nécrologie chez le plus âgé de la bande qui recherche ses potes perdus de vue et les nouvelles locales chez le seul Suisse de l’équipe.
Soucis disparu avec la venue du gratuit.

Le gratuit est présent partout, de la salle d’attente du docteur à la banquette arrière du taxi en passant par la cafète, à côté de la machine à café ou au restaurant d’entreprise ou encore chez le revendeur de pneus. Ce qui fait que tous les lecteurs et lectrices du 20 minutes reçoivent les mêmes infos météo, lisent les mêmes prévisions astrologiques et discutent des mêmes sujets. Informations qui sont trop souvent les mêmes que celles fournies par votre opérateur de téléphonie mobile via Google et compagnie.
De ce point de vue là, le lavage de cerveau de la population est bien ordonné.
Le ‘’gratuit’’ peut aussi être créateur d’emploi, dans le sens où il y a toujours une bonne poire, dans chaque entreprise ou département, qui va piocher un bonne dizaine de journaux avant de se rendre à son travail. Mister Twenty. Que l’on ne remercie plus à la longue et qui n’aurait jamais investi entre 20 et 30 francs quotidiennement pour plaire à la galerie.

Si je prends un 20 minutes et un 24 Heures, les deux journaux ne seront pas traités de la même manière.
Au café, le 20 minutes est celui que l’on lit rapidement et que l’on met en bout de table. Le lecteur suivant passe et demande si : « Il peut ? ». Pour un autre quotidien, on demande plus facilement si : « Vous avez fini avec… ? », le journal que vous avez près du coude.
Le 20 minutes fini le plus souvent sa vie de journal comme un vulgaire chien abandonné par un ‘’maître’’ peu scrupuleux, sur la route des vacances. Tandis que le 24 Heures est trié dans la corbeille à papier de la maison. Même si c’est celui que l’un de vos collègues vous a donné.
Serions-nous moins attachés à ce qui est gratuit?
Un comportement similaire peut s’observer avec les téléphones portables. Chaque 18 mois, sauf erreur, tout abonné peut refaire son abonnement auprès de son opérateur de cœur et profiter d’un téléphone gratuit tout neuf. Et celui qui ‘’perd’’ son précieux portable ne pleurera pas la perte de son appareil (au pire il fait un nouvel abonnement avec un nouveau téléphone tout neuf), il se plaindra de la perte des infos contenues dans son smartphone.

Autre question : Est-ce que le fait de donner de l’argent pour un objet, rend cet objet ‘’important’’ ?
J’aurais tendance à dire que oui. D’abord parce que les parents ont l’habitude de dire à leurs marmots que les jouets, ou objets, qu’ils ont entre les mains « coûtent chers » et que cette ‘’cherté’’ est parfois assimilée à la dureté d'un travail. Ensuite, et pour aller un peu plus loin dans la ‘’valorisation’’ du travail et/ou de l’objet, il y a l’explication que m’avait donné un pote, il y a quelques temps déjà : Depuis qu’il avait augmenté les tarifs de son cours de voile, après que sa ‘’business woman’’ de compagne ait tout calculé, il avait plus de clients qu’avant. Argument avancé supposé : Plus c’est cher, de meilleure qualité cela doit être.
Ta fille laisse tomber sa bague achetée chez Claire’s dans le lavabo : tu t’en fous. Ta meuf perd sa bague sertie d’un microdiamant, que tu lui a offert pour je ne sais quelle raison, au même endroit : Tu deviens plombier.
Sauf que nous ne paierons jamais un objet, une marchandise, ou un service à sa valeur réelle, qui est de zéro, mais pour rémunérer la seule valeur subjective qui se monnaie sur Terre. C’est-à-dire : Le travail de l’homme, de la femme ou de l’enfant ; ainsi que la supervision du chef, du patron, du directeur et ses bonus en passant par les dividendes des actionnaires.

Prenez les avocats, les notaires, les médecins et tout ceux qui ont fait de hautes écoles supérieures. Leurs ‘’honoraires’’ se justifient par le nombres d’années supplémentaires passées dans les salles, pardon, les auditoires de cours. Tandis que l’employé d’usine ou la vendeuse Denner,  qui n’ont pas plus d’intérêt aux yeux de leur direction respective qu’en a Amazon pour leurs chèvres qui ‘’tondent’’ la pelouse autour d’une usine au Japon, reçoivent un salaire. Le premier, qui vous facture 250 balles un courrier dans lequel la moitié des écrits sont d’incompréhensibles politesses, est-il plus important que les simples employé-e-s transformé-e-s en maillons organiques d’une chaîne d’assemblage robotisée ou d’un système de distribution déshumanisé ?
Bref…

Si je m’insurge contre la vente de tous produits animaliers ou issus de l’agriculture, parce que c’est la Nature qui fait tout le boulot, jusqu’à la récolte, je vais concéder, du bout de lèvres, une ‘’valeur’’ minime aux objets que l’humain (hommes et femmes) a inventé par assemblages ou transformations ainsi qu’au ‘’Savoir faire’’ qui l’accompagne.
Quand j’achète un objet neuf dans un magasin, je paie pour toute une série de ‘’petites mains’’ qui ont façonné et amené le dit objet du lieu de l’extraction de la matière première à la boutique dans laquelle il est exposé ; quand je donne de l’argent à un brocanteur, je le récompense pour ses heures de recherches et le travail d’entretien/restauration qu’il a effectué. Idem chez un antiquaire, un magasin de ‘’deuxième main’’, le Galetas du Centre Social Protestant, etc.
Mais quand un particulier vend un objet à un autre particulier, quel lien, autre que sentimental ou utilitaire, peut-il avoir avec la marchandise vendue ?
Quel ‘’prix’’ peut-il demander pour un objet, quel qu’il soit, qu’il a usé et utilisé jusqu’à ce qu’il ne lui plaise plus, et dont il veut se débarrasser ?
Va-t-il définir la valeur de l’objet indésirable en faisant un savant calcul qui va tenir compte de l’utilisation potentielle qu’en fera son nouvel acquéreur, ou va-t-il simplement chercher à se faire le plus de fric possible avant d’acheter l’objet qui le remplacera ?

Du coup, ne serait-il pas plus simple et plus juste de le donner ?
La santé financière vacillante d’une frange grandissante de la population fait que nous ne nous posons pas la question, et le besoin ‘’pressant’’ d’argent de cette même population peut la pousser vers les ‘’Vides greniers’’, les ‘’Marchés coffres ouverts’’ ou autres ‘’Marché aux puces’’. Tout se vend et tout s’achète. Peut-être…
Il y a un peu plus d’une année, un Monsieur plein d’idées politiquement incorrectes, a inauguré le ‘’Marché gratuit’’ veveysan, dont la dernière édition en date s’est déroulée, sous un beau soleil, le dimanche 7 septembre 2014. La concurrence était rude ce jour-là : « Air 14 » polluait une dernière fois le ciel de Payerne, et environs ; la « Braderie » à Aigle attiraient les jeunes en quête de ‘’sensations’’ et les bourges des environs exposaient leur Ferrari au Grand Prix de Montreux.
Quelques sonores raisons pour ne pas aller sous la Grenette (en haut de la Place du Marché de Vevey), histoire de voir et de profiter du calme de ce fameux ‘’Marché gratuit’’.
Les consignes pour y être exposant sont simples :
1° - Vous amenez ce dont vous n’avez plus l’utilité et vous l’exposez sur une ‘’table’’ mise à disposition ;
2° - En fin de journée, vous ramenez chez vous tout ce qui n’a pas trouvé ‘’preneur’’.
3° - Si vous trouvez sur une ‘’table’’ voisine quelque chose qui vous intéresse, vous faites comme les rares badauds : Vous le prenez. Comme ça, sans autre… Quoique…

Les fouineurs qui viennent pour la première fois sont amusants. Ils passent timidement les colonnes de la Grenette. Ils farfouillent. Et quand ils ont déniché un objet qui leur plaît, ils cherchent quelqu’un à qui demander : « Ca coûte combien ? »
Je me dis que si quelqu’un que tu ne connais pas, vient te demander un renseignement, c’est que tu as quand même l’air un peu sérieux. Non ?
Alors tu réponds, le plus sérieusement du monde : « C’est gratuit.»
Dès cet instant, tu perds beaucoup de ta crédibilité. Tu deviens certainement un badaud lambda qui incite au vol. Donc tu expliques à ton interlocuteur le principe altruiste de ce Marché gratuit et tu l’orientes vers Yvan, l’organisateur, pour de plus amples informations. Même si tout a déjà été dit.
Et là, il se passe une chose incroyable : L’homme repose l’objet qui l’intéressait et sans va. Par contre la touriste Russe qui m’a posé la même question, quelques minutes plus tard (je rappelle que je n’ai rien à voir avec l’organisation de l’événement), est repartie tout sourire avec une jolie peinture représentant un cheval au galop. Ouf.
Ce qui m’a peiné ce jour-là, fut d’entendre une mère de famille refuser à sa fille ‘’Desigual’’ de prendre un porte vêtements mural. Un joli objet en bois qui formait une ‘’vague’’ de deux collines verdoyantes, sur lesquelles avaient poussé trois champignons géants rouges.
Motif du refus: « Il est cassé ! »
Comprenez : Il manquait deux suspends horizontaux en bois, sur cinq.

Cela m’a renvoyé à notre rapport à l’argent qui nous permet de tout acheter et à la ‘’vision’’ que nous pourrions avoir des choses ‘’gratuites’’.
D’abord, nous savons pertinemment que rien ne sort gratuitement du système économico-financier actuel. Tu vas dans n’importe quelle manifestation qui a fait sa pub dans le 20 minutes ou tu recours à je ne sais quel service qui a utilisé le même média, tu participes financièrement, par le billet d'entrée que tu paies ou la facture du prestataire de service, à la pub qui t’a convaincu de faire ceci ou d’aller à tel endroit, via le journal que tu as gratuitement pris dans la caissette.
Ton téléphone est gratuit avec ton nouvel abonnement ? Ben non. Tu le paies mensuellement via la facture de ton opérateur. On t’offre une quantité infinie de services gratuits, mais n’accepte JAMAIS « d’être mis en relation directe » avec le numéro que t’as demandé au 118 218. Il y a d’autres trucs que le généreux opérateur pratique pour récupérer de la thune. Le fameux ‘’Roaming’’, ou le transfert de données depuis l’étranger (pour les Suisses). Faut se gaffer parce que ça douille !
Les cartes fidélités, que tu remplis joyeusement en achetant tout ou n’importe quoi et qui te permet de ramener chez toi un linge de bain ou un lot de casseroles inox garanties à vie, ou la ‘’Super card’’ Coop qui te permets d’accéder à un catalogue qui te montre tout ce que tu pourrais avoir, à condition d’avoir assez de ‘’Super points’’. Et tu dis « Merciiiiii » quand on t’offre quelque chose que tu as patiemment payé.
Là ce sont objets et marchandises, que nous avons indirectement payé, qui nous sont offertes. Nous jouons le jeu parce que nous sommes habitués à ces retours de cadeaux qui récompensent notre soumission au système économique actuel.
En règle générale, quand un inconnu vous donne un objet, sans rien demander en échange, sans relation commerciale, notre premier réflexe est la prudence. L’individu doit, en quelque sorte, gagner notre confiance pour que nous acceptions de prendre ce qu’il nous offre. Alors que nous accordons une confiance immédiate aux représentants et vendeurs, parce que leurs supérieurs leur font confiance. Même si la nuit tombée ils deviennent des ‘’Serials killers’’ ou des narcotrafiquants. Ca c’était pour l’individu.

Maintenant… Comme nous avons pris l’habitude, en léchant les vitrines, de voir que plus c’est cher, plus c’est beau ou de qualité, si quelqu’un nous donne un objet, gratuitement, qu’est-ce qui me dit que cet objet n’est pas foutu, que c’est une m….. que son ancien proprio veut se débarrasser ? Rien.
Ca me rappelle l'histoire de cet homme, qui n'était pas tout seul dans sa tête, et qui avait décidé d'offrir du chocolat à chaque personne qu'il croiserait dans les allées du centre Migros/ Midi-Coindet, à Vevey. Beaucoup de personnes se sont demandées si les chocolats ne contenaient pas de la drogue?
Ben non, les petits chocolats emballés dans leur joli papier argenté étaient "clean".

Avec la gratuité comme modèle de relation humaine s’en serait fini de tous échanges commerciaux boostés à l’hypocrisie. Fini de demander aux passants comment ils vont pour leur soutirer une signature au bas d’un contrat. Fini de supporter les exigences à la con des clients qui se croient supérieurs simplement parce qu’ils paient. Fini d’emmerder les vendeuses avec des vannes stupides et des allusions mal placées simplement parce qu’elles sont obligées de sourire. Fini d’acheter pour ‘’paraître’’. Fini les spéculations meurtrières.
Ok. Dit comme ça, cela ressemble à une envolée utopique d’un ultra communiste à gauche de la Gauche qui sera, de toutes manières, combattue par nous savons qui.
Par contre, dans le ‘’monde’’ des marchés de l’occasion, la ‘’gratuité’’ se pratique déjà à une grande échelle. Vous en doutez ? Demandez à toutes ces femmes qui donnent les vêtements, de leurs enfants devenus trop grands, ce qu’elles en pensent. Et les chaussures. Et les jouets. Et les sièges autos. Et tous les accessoires encore en état de marche qui entourent bébé.
Alors… Farfelue, la gratuité ?

Nemo.

mardi 9 septembre 2014

Sonneries et sirènes.

Donc une bonne partie de notre temps est régulé par des impulsions ou des alertes sonores qui attirent notre attention, indiquent que c’est notre ‘’tour’’ ou marquent le début d’un événement.
Et par conséquent elle indique tout aussi la fin d’une période ou que c’est au ‘’suivant’’.

Les deux premières sonneries dans les préaux de l’enseignement public et supérieur marquent l’heure du rassemblement, puis le début du travail scolaire. Pendant le reste de la matinée et ensuite de l’après-midi, la sonnerie, tributaire d’un programme qui impose son horaire, va réguler les périodes d’apprentissages. Indiquant, alternativement, le début et la fin de ces périodes, jusqu’au moment où la sonnerie ‘’libère’’ et va offrir un moment de répit, une pause, une ‘’récréation’’, la fin de la matinée ou de la journée.
C’est alors une impressionnante masse de pensées différentes et divergentes, d’esprits se battant pour conserver le peu de liberté qui leur reste qui se réunit pratiquement au même endroit.
Les amants se retrouvent, s’exposent ou se cachent maladroitement ; les amis se réunissent ; les clans se regroupent ; des agoras se forment ; une sorte de contre-pouvoir à l’ordre établi naît, prend forme.

Apparaît alors un petit problème pour l’Etat qui pourrait considérer comme dangereux tout regroupement de personnes alors que la démocratie et la liberté individuelle font partie des fondamentaux de l’institution politique : Comment contrôler et minimiser les effets des regroupements ?
Simplement en créant du mouvement, en canalisant cette masse d’énergie qui veut s’émanciper vers différents lieux d’enseignements. Passages au casier pour prendre les bonnes affaires; changement de classe, d’étage ou de bâtiment ; piaffer d’impatience dans la colonne qui mène au micro-ondes ; trouver une place à la cafèt’, courir à la sandwicherie ou au Mc Do, etc.
Les étudiant-e-s n’ont plus trop le temps de s’arrêter pour poser leurs pensées loin des oreilles indiscrètes, alors ils/elles causent du dernier match, de « The Voice kid », du dernier clip d’untel, du string de l’autre, de shoes, de paillettes et je ne sais quoi d’autre…

L’enseignement moderne qui favorise ponts et passerelles a aussi cet effet, en plus d’une re-socialisation discriminante. L’élève qui apprend moins vite que les autres sera vite réorienté vers une classe différente. Pour son ‘’bien’’. Idem pour celui qui fait preuve de facilité, à condition qu’il ou elle fasse des heures sup’ le samedi matin en classe de rattrapage.
Et puis, les classes s’organisent et se réorganisent en fonction des choix ‘’options’’ multiples que propose l’enseignement public et supérieur.
Une gymnasienne me confiait dernièrement qu’elle changeait plusieurs fois de classes par jour et par semaine ; que sa classe ‘’générale’’, n’était pas la même que celle des maths, qui n’avait rien à voir avec la classe d’italien, etc.
Les ami-e-s qui seraient désuni-e-s par les programmes scolaires trouvent toujours un point de ralliement, si les différents horaires auxquels ils/elles sont soumis le permettent. Autrement il y a les transports publics bondés qui restreignent l’intimité aux écouteurs du smartphone vissé dans les oreilles ou les réseaux sociaux, qui eux, sont sous contrôles.

Un autre secteur de l’enseignement qui peut diviser et réorganiser les groupes tout en renvoyant la solidarité sur les bancs de touches, c’est le sport et l’esprit de compétition qui lui est intimement lié. Vous faites courir un groupe d’enfants entre 4 et 6 ans, ou vous les faites jouer au ballon. Sitôt qu’il y en a un qui tombe ou se fait mal, tout le groupe s’arrête et entoure le petit copain blessé. Chose impensable en compétition une fois l’âge ‘’adulte’’ atteint. Si nos petites têtes blondes veulent rapidement s’inscrire dans un club sportif, l’école n’est pas en reste avec ses ‘’cross’’, pour les tous petits, et les ‘‘joutes sportives’’ qui clôturent les années scolaires.
A l’uni, le neveu a été chronométré sur une course d’endurance. Son prof a fait un savant calcul sur le temps (indicatif) qu’il devrait réaliser lors des prochains 10 km de Lausanne. Et il sera noté sur sa performance.
Les sportifs de haut niveau se côtoient régulièrement le plus sympathiquement du monde, mais une fois sur le terrain, il n’y a plus de cadeaux. Le peloton ne s’arrête pas pour une chute, même collective ; le sport automobile va au bout de l’épreuve avant que les pilotes ne retrouvent un semblant de solidarité. Dans les sports d’équipes le rôle de régulateur social revient à l’arbitre et le sommet du blues de la compassion est à accréditer à l’UFC ou MMA : Tant que l’arbitre n’intervient pas les adversaires peuvent joyeusement se massacrer. On est loin des franches parties de rigolades qui animaient les « Jeux sans frontières » ou les « Intervilles ».

Revenons à nos sonneries, plus précisément aux sirènes qui retentissaient pour indiquer aux ouvriers que le travail d’usine ou de chantier allait commencer. Ou se terminait.
Comme les étudiants se retrouvent en fin de matinée ou de journée, les ouvriers se regroupaient lors des moments de répit que la sirène leur octroyait. La solidarité s’affichait et s’exprimait du début à la fin de la journée et pouvait continuer de vivre autour d’une bière dans le bistroquet du coin. L’ouvrier qui quittait son lieu de travail exténué pouvait trouver, au milieu de ses collègues qui partagent les mêmes efforts quotidiens, une énergie qui rendait la fatigue plus ‘’légère’’. Sans oublier que toutes ces pensées communes, ces vies de travail, de blessures et de fatigues en commun est un terreau dans lequel le syndicalisme pousse bien.
La question qui s’est peut-être posée en son temps, était de savoir commun restreindre les regroupements, donc les risques de voir des mouvements sociaux se former, en empêchant qu’ils se créent ?
Tout simplement en supprimant la sirène de chantier et en la remplaçant par une timbreuse. A ce changement radical, qui a fait du bien à de nombreuses oreilles dans les villes et villages concernés et renvoyé toutes les compagnes à leurs horloges, est venu s’ajouter l’horaire libre.

Du coup, de l’ouvrier à l’employé, tous ont eu l’impression qu’ils reprenaient le contrôle de leur ‘’temps’’, qu’ils contrôlaient l’horaire de leur vie au quotidien, qu’ils leur semblaient que le temps était libéré. L’imposante masse ouvrière se dissout pour se reformer par petits groupes : Les ‘’lève-tôt’’, les ‘’couche-tard’’ et ceux qui ne changent rien à leurs habitudes professionnelles. La solidarité entre collègues ne se soude plus dans l’effort de l’atelier ou l’entraide au bureau mais tisse ses liens, en grande partie, dans la multiplicité des distractions qu’a mise en place la société des loisirs. Etonnament les loisirs, sportifs ou de divertissements, sont liés au statut social de l’individu, à son intégration professionnelle ou à sa volonté de lécher le cul de ses supérieurs.

En suis-je à me demander si le monde se porterait mieux si des sirènes régulaient notre temps de travail ? Que nenni, que point. J’ai juste écrit cet article suite à une longue discussion avec de vieux bonhommes qui ont remarqué des changements sociaux avec la disparition de la ‘’sirène’’. Et aussi quelques étudiants des hautes écoles. Et franchement, en parlant ‘’Sirène’’, celle des forces de l’ordre, des pompiers ou encore les essais annuels de la Protection civile, qui n’interpellent que les réfugiés fraîchement débarqués, me suffisent.

Nemo.