mardi 16 juillet 2013

" Si l'eau avait une valeur (...)"

Quand vous affirmez que tout est gratuit sur terre on vous regarde avec une tête de poisson globe comme si vous veniez de descendre d’un vaisseau spatial arrivant de la planète Goan-Aabys. En insistant un peu  tout le monde se met à vous expliquer le pourquoi du comment qui fait que vous devez payer tant le kilo de poulet, de dinde, de poisson, de bœuf, de tout quoi… Ce qui ne change rien à l’affirmation première : « Tout est gratuit sur terre ».
Donc chaque matière qui se retrouve sur Terre et que l’Univers a généreusement créée prend de la valeur grâce à l’homme qui la touche, la prélève et la transforme.
N’ayant dû payer à personne son prélèvement au cœur de la Nature, l’homme monnaie l’une des seules facultés qui le différencie de l’animal : Sa créativité, sa notion du beau et de l’artistique, son inventivité et son ingéniosité. Tandis que d’autres vendent leur force et leur obéissance pour accéder à l’eau et à la nourriture. Des ‘’matières’’ qui se renouvellent d’elles-mêmes sans nous envoyer la moindre facture.
Le seul ‘’deal’’ que nous ayons avec Gaïa étant de comprendre son équilibre et de le respecter.

Cette ‘’gratuité’’ que le monde civilisé, que les économies avancées, se refusent à admettre est pourtant reconnue par ceux-là même qui nous vendent des produits issus de la Terre: En fouinant dans de vieux papiers je suis tombé sur une petite phrase lâchée, lors d’un entretien avec un journaliste, par le chef des chefs d’une grande société multinationale que j’adore.
C’était en août 2012 dans un Matin dimanche et la discussion portait sur l’interdiction des biocarburants issus des produits alimentaires. Le grand maître de la cérémonie se réjouissait de voir le nombre d’opposants aux biocarburants croître alors que la sécheresse, qui sévissait dans le Midwest américain, faisait grimper les cours du maïs et du blé sur les marchés mondiaux. Il prédisait même une évolution durable des prix vers des niveaux élevés. Ce qui pouvait faire miroiter de jolis bénéfices à cette société, déjà numéro Un mondial dans l’alimentation, qui devrait bientôt se lancer dans l’agriculture. Si ce n’est déjà fait.
Vous l’aurez devinez, il s’agit de Nestlé et de son charismatique rapace de président du conseil d’administration, Peter Brabeck le bien nommé. Quant à la phrase vérité, la voici :
« Il faut 9'100 litres d’eau pour produire un litre de biocarburant. Si l’eau avait une valeur, les biocarburants n’auraient jamais été soutenus ».

L’eau n’a donc pas de valeur vénale lorsqu’elle est prélevée et utilisée pour toutes sortes de transformations de produits qui vont de la fragmentation hydraulique à la viande bœuf, en passant par les biocarburants. Que l’on ne puisse utiliser de l’eau de mer (salée) pour ces petits travaux, n’est qu’un détail qui ponctionne nos réserves en eau potable.
Maintenant si l’on change de continent pour se rendre plus au sud de ma position géographique ou dans des régions désertiques de l’Extrême-Orient, la ‘’valeur’’ de l’eau prend d’autres significations. C’est juste un élément primordial pour la survie de nombreuses populations ainsi qu’une multitude de tribus. Ni plus, ni moins.
Deux milliards d’humains avaleraient de l’eau dangereuse ; l’accès au liquide vital se dégrade dans les grandes villes où sévit une urbanisation incontrôlée et la Banque asiatique de développement estime que 65 % de la population de la zone Asie-Pacifique vit sans eau courante. Tandis que notre conseiller fédéral Burkhalter rappelait, en mars de cette année, l’urgence d’améliorer l’approvisionnement en eau dans le monde.

L’accès à l’eau ‘’potable’’ a été décrété comme un droit inaliénable de l’humanité par un organisme onusien. Une décision qui a contrarié les nescafards philanthropes et leur gourou suprême.
Ce qui ne les empêche pas de poursuivre leurs rackets en dérobant un élément vital sans valeur (à leurs yeux), quitte à assécher une nappe phréatique et le puits à laquelle il est rattaché, pour le revendre dans la ville du coin ou dans les marchés de la capitale. Une entourloupe magnifique qui a permis de vendre de l’eau en bouteille aux citadins d’une certaine petite ville, perdue je ne sais plus où aux States, alors que cette même eau coulait directement de leurs robinets.

Il est difficile de concevoir, en habitant un pays comme la Suisse, un quelconque déficit hydraulique tant nos lacs sont bien remplis ; il est également difficile d’imaginer des économies d’eau, tant cet élément, une fois libéré, est vivace. Vous pouvez entraver un cours d’eau par un barrage, une fois plein il faut bien en laisser s’échapper dans les rivières et les fleuves, en récupérer pour la canaliser dans des turbines hydroélectriques, dans les conduites d’eau pour nos sanitaires, nos cuisines, nos fontaines, nos piscines, etc, etc,etc…
Celles et ceux qui ne voient aucune valeur dans l’eau vous dirons : « Qu’on l’utilise ou pas, l’eau coule de la même manière de la montagne à l’océan. Autant s’en servir pendant son chemin… ». Imparable. Mais nous ne sommes pas obliger de la saloper au passage pour qu’elle aille empoisonner nos voisins en aval. Extrait d’un article paru dans Le Matin du 26 mars 2013.

La Suisse accusée de souiller le Rhône.
[Dans son dernier rapport, l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse constate que les cours d’eau de l’Hexagone sont malades. Le Rhône « concentre tous les micropolluants imaginables », peut-on lire dans le Dauphiné Libéré, et une partie de ces produits viendrait de la Confédération.
Selon le rapport, « 40% des cours d’eau et 20% des nappes souterraines sont contaminées par une ou plusieurs substances pesticides (…) Parmi elles figurent de très nombreuses molécules interdites en France ». Mais 49 substances prohibées retrouvées dans les rivières « sont libres à la vente en Suisse et en Espagne ». Les propos sont confirmés par Beat Schmitter un des scientifique de l’Office fédérale de l’agriculture : « La terbuthylazine et le Diuron sont des herbicides qui restent autorisés dans notre pays, contrairement à la France », et aucune loi n’interdit de les vendre à l’étranger. Pour l’Atrazine qui était utilisé par les vignerons, le produit le plus dangereux, il est prohibé en France depuis 2003, mais a été retiré du marché helvétique en 2011 seulement.]

Et cela ne s’arrête pas là : A la fin mai 2013 ont découvrait, à l’aide de chercheurs de l’EPFL, des concentrations de pollution aux microplastiques étonnamment élevées dans le lac Léman, en quantité suffisante pour engendrer une certaine inquiétude pour la faune. Tandis qu’une année plus tôt environ, on apprenait que des organismes vivants, résistant aux antibiotiques connus, avaient été découverts dans le lac Léman. Ce beau lac que les cantons avaient purgé de ses phosphates, le siècle passé, regorge de poissons qui représenteraient un danger alimentaire.
Mais le Léman n’est pas un cas à part : le lac de Neuchâtel est bourré de poissons transsexuels, doit certainement souffrir de la viticulture régionale et des ‘’étourdissements’’ de Philip Morris.
Quant au lac de Bienne, son voisin, il reçoit régulièrement, me permettrais-je de dire, des produits que l’on ne voudrait, pour rien au monde, ingérer.
70 litres de dioxyde de chlore en début mai 2013 ; 3'000 litres de chlorure ferrique à la mi-novembre 2012, avec l’aveu des autorités : « Les dommages pour la Nature ne peuvent pas être estimés ».
Et aujourd’hui, 13 ans après les faits ( !), on découvre que la centrale nucléaire de Mühleberg aurait fait d’importants rejets radioactifs de césium 137 dans l’Aar, avant de finir dans ce même lac de Bienne.
 
Si l’eau avait une valeur, peut-être aurions-nous pris soin de nos sources.
Du coup j’en viendrais presque à remercier monsieur brabeck d’aller puiser de l’eau chez ceux qui n’en ont pas beaucoup ; d’avoir racheté les eaux ‘’Henniez’’, qui ont leur source pas très loin de cette centrale nucléaire Suisse bétonnée en urgence il y a un demi-siècle et dont l’inefficacité de l’étanchéité reste à démontrer. J’déconne. Je ne vais pas lui dire « merci ».
 
Si l’eau n’avait pas de valeur Pékin foutrait une paix royale aux Tibétains, les gouvernements ne s’affronteraient pas (politiquement pour le moment) le long des rivages du Nil, de l’Euphrate ou du Tigre ; les agriculteurs Français ne redouteraient pas des sécheresses prolongées, tout comme se paysan de Puidoux qui s’inquiétait de voir le débit de sa source diminuer de deux-tiers l’an passé.
Si l’eau n’avait pas de valeur, les responsables des diverses forces électromotrices alpines, qui gèrent le fonctionnement des barrages, ne construiraient pas des turbines qui pomperont de l’eau dans les lacs ou dans des bassins de rétentions spécialement aménagés à cet effet en contrebas pour ramener de l’eau dans  le barrage et le remplir pour son service le jour suivant ; aux States, quelque part en Californie, l’eau des égouts ne serait pas traitée, purifiée et réinjectée dans le circuit d’eau potable, et dans les Emirats ont ne désaliniserait pas l’eau de mer pour l’usage de tout les jours.
 
Bref, il semblerait qu'il n'y ait que chez Nestlé où l’eau n’a pas de valeur.

NEMo.

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