dimanche 23 février 2014

L'ennui, ce doux ami.

Très tôt dans l’existence du petit homme, il lui sera appris à réagir et à obéir aux différentes alertes sonores propres aux lieux qu’il fréquente(ra). Lorsque retentit la sonnerie de l’école, les petits écoliers doivent se réunir à un endroit déterminé à l’avance, se mettre en colonne par deux et prendre la main du voisin ou de la voisine. Le jeu consistant, pour quelques temps encore, à être le premier sur la bonne case jaune avant la sonnerie.
C’est le début de l’accaparement de l’esprit libre de ces petites créatures humaines par l’entité étatique qui impose ses dogmes, qui conditionne les modalités qui permettront, plus tard, de jouir d’une certaine liberté.
Je ne dis pas que la ‘’curiosité’’ qui amène la ‘’découverte’’ est une chose mauvaise ; je ne pense pas que tout l’apprentissage qui se fait en milieu scolaire soit une mauvaise chose, sauf que l’école ne crée pas de Mac Gyver. Elle formate des individus qui seront dans l’attente d’un stimulus extérieur qui leur permettra d’étaler ce qui a été bourré dans leur cerveau. L’énergie cérébrale et spirituelle se retrouve focalisée sur l’attente et la recherche du signal salvateur. Idem pour les quelques uns qui seront capables de se sortir de n’importe quelle situation à l’aide d’un élastique et d’une épingle à nourrice. A la différence que, pour les ‘’Mc Gyver’’, ils auront en quelque sorte gardé cet esprit créatif enfantin qui animait leurs jeux dans les préaux, avec de précieuses connaissances en plus.

Nous utilisons, paraît-il, entre 15 et 20 % des capacités de notre cerveau. A quoi sert le solde inutilisé ? Nous n’en savons rien, je n’en sais rien. Mais avec cette petite vingtaine de pourcent, nous faisons des choses prodigieuses : Nous nous situons dans l’espace et nous y situons tous les objets qui nous entourent et qui font notre quotidien ; Nous pouvons, marcher, courir, sauter, faire le poirier, être sur un pied les yeux fermés, etc, etc sans perdre notre équilibre ; nous pouvons intercepter des objets en plein vol et atteindre des cibles en mouvements avec des projectiles lancés par nos mains ; nous pouvons calculer, écrire, parler, peindre et surtout créer. Nous pouvons apprendre, mémoriser et enseigner. Les seules limites que connaît l’énergie cérébrale sont celles du corps, sont celles que les sciences ont découvertes avant de nous les imposer.
Il y a les limites physiques de notre corps, résistance, endurance, vitesse, apnée et les barrières externes à notre corps.
Sur ces routes qui guident notre existence nous nous enrichissons d’expériences aussi diverses que variées qui abreuvent notre cerveau en émotions et en sentiments. Peur, joie, tristesse, amour, déception, courage sont autant de petites drogues douces qui addictent notre corps, les émotions ‘’négatives’’ encourageant la recherche des ‘’positives’’. Le contraire aussi, malheureusement.
Mais que vient faire l’ennui dans tout ça ?

Déjà, quand l’ennui survient-il? Je pense qu’il apparaît quand notre cerveau, notre esprit, n’a plus de réponses à chercher, d’énigmes à résoudre, de dangers ou d’épreuves à surmonter et n’a plus rien à découvrir. L’ennui peut survenir quand le monde qui nous entoure nous semble d’une déprimante banalité et n’éveille plus en nous cette saine curiosité. Et pourtant, c’est quand un esprit s’ennuie qu’il y a le plus à découvrir ; c’est quand un cerveau n’a plus rien à dire que l’esprit s’exprime le mieux.
Nous passons la majeure partie de notre existence à chercher, notre cerveau devient une sorte de radar à curiosité qui sélectionne des informations en fonctions de critères spécifiques préalablement implantés.
L’ennui demande à notre cerveau d’élargir le champ de ces critères à mesure qu’il ne trouve rien pour se satisfaire. Puis, faute d’activité, Descartes s’endort. Faut juste pas trop le réveiller.

L’ennui, c’est la porte grande ouverte sur votre cerveau pour de nouvelles sensations ; l’ennui, si vous lui souhaitez la bienvenue, c’est à la fois une possibilité d’étendre les barrières externes et d’aller explorer la profondeur  de ce centre que vous représentez dans votre propre existence ; l’ennui vous permet d’enfin entendre qu’il y a des moineaux qui se cachent dans l’arbre sous votre fenêtre, de percevoir les pulsions de votre cœur ou de savoir, dès la naissance de son intention, que la personne qui est assise à côté de vous va se lever.
Et ce n’est qu’un début. Le reste c’est à vous de le découvrir, avec vos mots, votre impression, votre ressenti et avec modération...

Nemo.

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