Très tôt
dans l’existence du petit homme, il lui sera appris à réagir et à obéir aux
différentes alertes sonores propres aux lieux qu’il fréquente(ra). Lorsque
retentit la sonnerie de l’école, les petits écoliers doivent se réunir à un
endroit déterminé à l’avance, se mettre en colonne par deux et prendre la main
du voisin ou de la voisine. Le jeu consistant, pour quelques temps encore, à
être le premier sur la bonne case jaune avant la sonnerie.
C’est le
début de l’accaparement de l’esprit libre de ces petites créatures humaines par
l’entité étatique qui impose ses dogmes, qui conditionne les modalités qui
permettront, plus tard, de jouir d’une certaine liberté.
Je ne dis
pas que la ‘’curiosité’’ qui amène la ‘’découverte’’ est une chose
mauvaise ; je ne pense pas que tout l’apprentissage qui se fait en milieu
scolaire soit une mauvaise chose, sauf que l’école ne crée pas de Mac Gyver.
Elle formate des individus qui seront dans l’attente d’un stimulus extérieur
qui leur permettra d’étaler ce qui a été bourré dans leur cerveau. L’énergie
cérébrale et spirituelle se retrouve focalisée sur l’attente et la recherche du
signal salvateur. Idem pour les quelques uns qui seront capables de se sortir
de n’importe quelle situation à l’aide d’un élastique et d’une épingle à
nourrice. A la différence que, pour les ‘’Mc Gyver’’, ils auront en quelque
sorte gardé cet esprit créatif enfantin qui animait leurs jeux dans les préaux,
avec de précieuses connaissances en plus.
Nous
utilisons, paraît-il, entre 15 et 20 % des capacités de notre cerveau. A quoi
sert le solde inutilisé ? Nous n’en savons rien, je n’en sais rien. Mais
avec cette petite vingtaine de pourcent, nous faisons des choses
prodigieuses : Nous nous situons dans l’espace et nous y situons tous les
objets qui nous entourent et qui font notre quotidien ; Nous pouvons,
marcher, courir, sauter, faire le poirier, être sur un pied les yeux fermés,
etc, etc sans perdre notre équilibre ; nous pouvons intercepter des objets
en plein vol et atteindre des cibles en mouvements avec des projectiles lancés
par nos mains ; nous pouvons calculer, écrire, parler, peindre et surtout
créer. Nous pouvons apprendre, mémoriser et enseigner. Les seules limites que
connaît l’énergie cérébrale sont celles du corps, sont celles que les sciences
ont découvertes avant de nous les imposer.
Il y a les
limites physiques de notre corps, résistance, endurance, vitesse, apnée et les
barrières externes à notre corps.
Sur ces
routes qui guident notre existence nous nous enrichissons d’expériences aussi
diverses que variées qui abreuvent notre cerveau en émotions et en sentiments. Peur,
joie, tristesse, amour, déception, courage sont autant de petites drogues
douces qui addictent notre corps, les émotions ‘’négatives’’ encourageant la
recherche des ‘’positives’’. Le contraire aussi, malheureusement.
Mais que
vient faire l’ennui dans tout ça ?
Déjà, quand
l’ennui survient-il? Je pense qu’il apparaît quand notre cerveau, notre
esprit, n’a plus de réponses à chercher, d’énigmes à résoudre, de dangers ou d’épreuves
à surmonter et n’a plus rien à découvrir. L’ennui peut survenir quand le monde
qui nous entoure nous semble d’une déprimante banalité et n’éveille plus en
nous cette saine curiosité. Et pourtant, c’est quand un esprit s’ennuie qu’il y
a le plus à découvrir ; c’est quand un cerveau n’a plus rien à dire que l’esprit
s’exprime le mieux.
Nous
passons la majeure partie de notre existence à chercher, notre cerveau devient
une sorte de radar à curiosité qui sélectionne des informations en fonctions de
critères spécifiques préalablement implantés.
L’ennui demande
à notre cerveau d’élargir le champ de ces critères à mesure qu’il ne trouve
rien pour se satisfaire. Puis, faute d’activité, Descartes s’endort. Faut juste
pas trop le réveiller.
L’ennui, c’est
la porte grande ouverte sur votre cerveau pour de nouvelles sensations ; l’ennui,
si vous lui souhaitez la bienvenue, c’est à la fois une possibilité d’étendre
les barrières externes et d’aller explorer la profondeur de ce centre que vous représentez dans votre propre
existence ; l’ennui vous permet d’enfin entendre qu’il y a des moineaux
qui se cachent dans l’arbre sous votre fenêtre, de percevoir les pulsions de
votre cœur ou de savoir, dès la naissance de son intention, que la personne qui
est assise à côté de vous va se lever.
Et ce n’est
qu’un début. Le reste c’est à vous de le découvrir, avec vos mots, votre impression, votre ressenti et avec modération...
Nemo.
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