lundi 17 février 2014

Dure, la Suisse...

Voilà c’est fait. La Suisse serait devenue un pays à tendance xénophobe. Merci Christophe, Oskar, Toni & Co, et merci à toutes celles et tous ceux qui les ont suivi.
On a beau essayer de modérer les propos en soulignant que la Suisse est l’un des pays qui, proportionnellement, accueille le plus  d’étranger dans l’Europe géographique, il n’en demeure pas moins que cela faisait des décennies que des projets de loi demandant la régulation du flux migratoire étaient soumises à la décision populaire. Le 9 février dernier, ça a passé. Well done, You d’ici.
D’autant plus que même si l’UDC est la formation politique la plus importante de Suisse, son initiative n’aurait pas dû passer la barre, au vu de l’opposition générale. Ou alors tous les UDC sont sortis voter, tandis que les autres sont restés pèpères à la maison.
Bref dans trois ans Berne pourra en gros décider de qui vient en Suisse, ou pas. Dans trois ans une série d’employés de bureau, payés à tamponner des demandes de visa, pourront décider, selon des critères spécifiques, qui pourra se faire des ‘’amis’’ en Helvétie.
Mais en attendant, y fait pas bon être Suisse par les temps qui courent.
Du coup tous les supports médiatiques y vont de leur scénarios catastrophes pour notre économie et nos chers élus, ceux qui sont sensés diriger le bateau mais qui n’ont pas vu la tempête arriver, vont devoir trouver de nouvelles positions pour lécher les culs bruxelliens et sauver, ce qui peut encore l’être, dans de nouveaux accords bilatéraux.
Et satisfaire ainsi la belle et solidaire Union Européenne qui a quand même mis des barbelés autour de ‘’son’’ territoire, oppose l’armée aux migrations de masses et accorde des faveurs économiques aux Etats limitrophes en échange d’un contrôle interne stricte des populations indigènes.

Donc l’initiative qui, mathématiquement n’aurait pas pu passer, est acceptée et les médias nous effraient.
J’ai dû rester trop longtemps devant la télévision durant ma tendre jeunesse, ce qui fait que j’ai tendance à voir des manip’ un peu partout…
Le vrai pouvoir économique, qui nous gouverne dans la pénombre, a dû anticiper le coup parce que le vrai danger pour le monde économico-financier, qui gère nos existences, n’est pas tant dans le contingentement de l’immigration (Berne pourrait envisager de diminuer le nombre de permis ‘’ familles en détresse extra-européennes demandeuse d’asile’’ pour tenter de garder les quotas de migrants européens intacts), mais dans une prochaine initiative, soumise à décision populaire, qui réclame un salaire minimum de 4'000 francs pour tous les employés.
Vous imaginez la tronche des CEO et des actionnaires si ces grosses entreprises, ces grosses multinationales qui exploitent sans vergogne les crève-la-faim de l’UE et au delà, devaient payer un salaire de 4'000 francs suisse par tête !? Inenvisageable, vous vous en doutez bien.
Alors maintenant que la Suisse est en porte-à-faux avec ses voisins européens, le milieu patronal n’a plus vraiment besoin d’investir dans une campagne pub pour préserver notre économie. Les médias s’en chargent et offre d’eux-mêmes des espaces dans leurs publications pour que des experts en sodomie syndicale viennent exposer leur vision du monde économique suisse de demain matin.
C’est l’édito d’un journaliste du 24 Heures, le lundi suivant, qui a éveillé ma "curiosité". Il prétendait que l’acceptation de l’initiative de l’UDC allait renvoyer la Suisse 30 ans en arrière. Or, en fouinant dans les archives du Seco (le secrétariat à l’économie national) de 1984, on peut y lire que la croissance de l’économie mondiale avait connu une forte accélération et que la Suisse suivait assez bien le mouvement.
On y découvre également que, comme aujourd’hui, la croissance du PIB national était portée par la demande (consommation) domestique, qu’il y avait 1,1% de chômeurs en Suisse (un chiffre qui baissera de moitié les années suivantes) et que le marché du travail helvétique était en mutation.
L’indice de productivité augmentait de ¾ de point, celui de la production industrielle croissait de +4,5 % et « la tendance conjoncturelle pour 1985 [restait] fondamentalement positive. »
1984 ? Pour moi ça me va.
C’est après que cela se gâte un peu, vers 1990 quand la mutation s’accèlère. Le monde du travail s’est pris l’internet dans la gueule et les délocalisations se sont multipliées. Le taux de chômage est passé de 0,6 à 6 % pour redescendre vers les deux, trois pourcent en quoi ? 4 ou 5 ans.
Alors, s’en faire ou pas? Ca dépend pour qui…

Je pense que ceux qui vont aller demander l’absolution à la grande UE ont déjà dans leur mallette les noms des derniers fraudeurs du fisc européen, les clés de toutes nos institutions fédérales, le plan de démantèlement des acquis sociaux helvétiques et les codes de lancement de notre missile nucléaire.
Je l’ai déjà écrit : si le néolibéralisme est incapable de prévoir une crise, il sait parfaitement bien en gérer les effets. Du coup, il n’y a pas trop de soucis à se faire pour les supers sociétés Suisses, auxquelles l’UDC vient de fournir une parfaite excuse pour licencier plus de personnel et, pourquoi pas, délocaliser à tour de bras.
Pour les autres, je pense à celles et ceux qui connaissent des fins de mois difficiles, ils ont du souci à se faire parce que le marché du travail va encore muter. Vers quoi ? No se. Mais peut-être que la suppression des caissières, remplacée par des scanners portables ; peut-être que la surexploitation de nos smartphones ajoutée à la nouvelle ère de la robotique qui s’annonce et un alignement sur les salaires européens peuvent être des indicateurs de tendances. Des tendances qui vont vers une diminution drastique des coûts du travail.
Le pire serait une intégration forcée à l’UE, vendue pour la survie de notre économie (mdr).

Je cogne beaucoup sur l’UDC pour leur fécale initiative. Mais d’un autre côté, on peut aussi s’en prendre à toute la classe politique qui s’est opposée à cette initiative en argumentant, entre autre, que l’économie suisse avait besoin de main d’œuvre qualifiée. Argument pouvant très bien être repris en faveur de l’initiative. En Suisse on manque de tout : manque de personnel dans l’hôtellerie ; manque de personnel dans le domaine de la santé ; manque de balayeurs, de mecs à mettre derrière le camion poubelle, manque de caissières Migros, Coop & Co, manque de CEO qualifié, etc. L’assistante de la dentiste, qui m’a demandé de me taire quand je voulais encourager mon ti Nono pour son premier plombage, venait du pays de Garou.
Quand le socialiste parle de renforcer la sécurité dans les agglomérations, quand ce même personnage s’exprime en tant que « Président du parti s’cialiste suisse » pour limiter, momentanément, le nombre d’arrivants pour préserver les places de travails suisses, il nous fait du socialisme national et le lit de l’UDC. Si ça se trouve c’est peut-être parce qu’ils aiment nous la mettre bien profonde que les socialos défendent ardemment le lobby gay.

« Plus vous triez, plus vous y gagnez » était-ce écrit à flan de camion poubelle lausannois.
L’ouvrier est traité comme un vulgaire objet que l’on utilise à volonté. Demain l’être humain qui devra bosser pour nourrir sa famille sera traité comme une sous-merde.

La gare de triage se rapproche dangereusement et, grâce au chèque que l’on vient de signer pour les CFF, Ils vont nous en construire une belle.

Nemo (pas content!)

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