On parle
beaucoup d’Uber ces derniers temps [le dernier article sur le sujet est paru dans les quotidien romands le 11 juin 2015, titré: Uber lâche du lest pour rester, dans Le Matin.]
Uber: Une big société californienne qui veut
imposer un modèle économique dans le marché des taxis, quitte à mettre sur le
carreau une partie des exploitants indépendants de la profession.
De ces pauvres
diables on n’en parle pas du tout. Peut-être parce que quelques personnalités,
bien pensantes et imbues de leur personne, affirment que la profession des
transporteurs professionnels de personnes est tenue par des corporations
archaïques, rétrogrades et allergiques à toutes formes de progrès.
Sur la
Riviera Vaudoise, le monde du taxi regroupe une trentaine d’entreprises de
taxis.
Sur ces 30
compagnies, seulement trois peuvent être considérées comme entreprises
collectives. C-à-d qu’elles possèdent au minimum 5 véhicules et les chauffeurs
qui vont avec.
Rajoutez
deux entreprises qui bossent en mode familial + 3 employé-e-s et il nous reste
25 micro entreprises gérées par des indépendants qui galèrent. On est loin de
la corporation.
Et ce sont
justement ces micros entreprises qui sont menacées par Uber et ses amateurs.
Mais, comme le dit si bien Monsieur Comtesse, ex-directeur d’Avenir Suisse : « Si l’innovation détruit des secteurs, ce n’est pas grave. »
Envoyer des
pères de familles dans le caniveau, s’inscrire au chômage ou dépendre de l’aide
sociale, « ce n’est pas grave. »
Au pire ils pourront toujours s’inscrire chez Uber vu que le même personnage
qui ne sait pas, ou ne sait plus, ce que c’est de devoir se serrer la ceinture
toutes les fins de mois, invite tous les chauffeurs de taxis « à devenir des Uber. »
Le job de
chauffeur de taxi est déjà la profession la plus mal encadrée, protégée et
rémunérée dans le tissu économique Suisse.
Sur la
Riviera Vaudoise un chauffeur peut gagner maximum 18 francs de l’heure brut, si
son boss lui fait un contrat. Autrement il est rémunéré au pourcentage de la
caisse mensuelle. Un pourcentage qui varie entre 35% et 50%. 35% si il est
auxiliaire ; 50% s’il travaille avec un indépendant.
Dans l’ex
compagnie de taxis veveysanne, le pourcentage est de 40%.
Le tout
pour un temps de travail max de 53 heures par semaine.
Malgré le
fait qu’un patron indépendants lâche 50% de la caisse en salaire pour son
employé (par exemple les chauffeurs devant la gare de Vevey), le salaire
horaire de ce dernier excède rarement les 15 francs de l’heure brut, et tourne
trop souvent autour des 12 francs de l’heure.
En gros, Roro doit bosser deux
heures pour payer une heure à sa femme de ménage.
Alors, et
en reprenant l’idée géniale de Monsieur Comtesse, quitte à être mal payé,
autant aller bosser pour Uber qui, en plus d’extorquer 20% sur le ‘’chiffre
d’affaire’’ des chauffeurs, veut imposer des prix plus bas.
Mais cet
esprit nauséabond qui veut favoriser le grand en éliminant le petit ne se
manifeste pas seulement dans les paroles ou les pensées d’un X. Comtesse ou
d’un F. Derder.
Selon les
dires de quelques petits indépendants, qui gèrent tant bien que mal leur micro
entreprise sur la Riviera Vaudoise, Uber, et sa déloyale concurrence, n’est pas
leur unique souci.
L’indépendant
veveysan, par exemple, doit se battre contre la tentative de colonisation qu’a
initié une entreprise montreusienne qui peut, grâce à un nouveau règlement sur
le service des taxis, certainement et partiellement dicté par une autre
compagnie de Montreux, faire travailler ses voitures dans la ville voisine.
Un
règlement qui, après une lecture approfondie, favorise clairement trois
entreprises sur les 30 dont il est fait allusion plus haut.
Le
chauffeur de taxi est l’élément le plus faible dans le milieu économique Suisse
mais on ne cesse de lui taper dessus. La Police avec ses amendes arbitraires de
plusieurs centaines de francs ; l’ASR et ses lobbies ; les parvenus
qui défendent Uber.
Pourtant,
quand les trains sont en panne, que les transports publics ne roulent pas à
cause du mauvais temps, c’est bien le chauffeur de taxi qui prend la relève.
C’est bien lui qui fait les sorties de discothèques, qui supporte les crétins
alcoolisés et balaie sa place de travail quand la voirie dort encore ;
c’est bien lui qui intervient quand une demoiselle demande de l’aide au milieu
de la nuit sur la Place de la Gare ; c’est bien lui qui indique le bon
chemin aux touristes égarés ; c’est encore à lui que font appel les
automobilistes en panne de batterie.
Des
prestations gratuites qui rendent beaucoup plus services aux ‘’consommateurs’’
que le beau verbiage d’un Fathi Derder qui ose affirmer que le « grand oublié » dans le débat sur la
réglementation des ‘’taxis’’ Uber est… le consommateur.
Sauf que c’est
justement pour protéger le consommateur que des exigences techniques sur les
véhicules qui servent au transport professionnel de personnes existent ;
qu’un OTR 2 inadapté est appliqué pour réguler le temps de travail et de
repos ; que l’on demande à tous les professionnels de se soumettre à un
examen médical et d’obtenir un carnet conducteur après un examen qui porte,
entre autre, sur les connaissances topographique de la région dans laquelle le
chauffeur exerce.
C’est
justement pour rassurer le consommateur que toutes les données nécessaires à l’identification
du véhicule ainsi que du chauffeur sont disposées, de manière visible, dans le
taxi. Même si bien souvent les différentes Police du commerce exagère, c’est
bien l’intérêt du consommateur qui est, en premier lieu, défendu.
Quant à l’aspect
innovateur de l’application Uber, laissez-moi rire… Cela fait des années que
tout le monde se localise parmi. Que les boutiques ‘’savent’’ par satellite
quand un de leur client passe à proximité pour lui envoyer une offre
promotionnel irrésistible ; que les potes et potesses savent se
géolocaliser et se retrouver, Cela fait des années que nous savons que le
simple quidam peut être suivi, à chaque instant, à la trace. Le caractère
novateur dans tout cela ? C’est que l’on nous l’avoue. L’innovation ?
C’est qu’une société rackette 20% d’un chiffre d’affaire pour le faire.
Et que des
voix se dressent pour s’opposer à cette société, eh bien ça c’est considéré
comme grave.
Alors moi
je propose que tous les chauffeurs de taxis laissent Monsieur Comtesse se
démerder avec Uber un soir de pluie ou à la prochaine panne des CFF. Idem pour
Monsieur Derder.
Nemo
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