... ou par la mort.
[L’once d’or vaut à peu près 1'253,2 dollars. Ce qui met le
kilo du précieux métal jaune à 38'849,2 dollars.]
Eléphants et rhinos sont traqués par des braconniers. Juste
pour leurs cornes. Une fois réduit en poudre, l’ivoire se vend 50'000 euros le
kilo. Plus cher que l’or.
Plus je tue, plus mes proies deviennent rares ou difficiles
d’accès : plus je gagne de l’argent. Je spécule sur la vie.
Pour le plaisir de tuer ceux qui nous sont supérieurs, des
fauves sont élevés en captivité avant d’être relâchés, sans aucuns repères,
dans la savane.
Ils vivront en liberté juste le temps de se faire abattre
par les ‘’clients’’ d’un ‘’Tour operator’’ qui propose et organise des safaris
qui n’ont, comme seul et unique but, de faire croire à une bande d’humains sans
couilles qu’ils sont le prédateur ultime.
Pour le plaisir de tuer dans les montagnes de la région
afghanes de la Suisse – le Valais, il faut patienter trois ans et débourser
20'000 francs suisses, pour obtenir le précieux permis qui permettra de flinguer
un bouquetin.
Pour les étrangers, c’est 20'000 francs. Pour les autochtones des
tribus locales, ce privilège ne vaut guère plus de 400 francs.
Maintenant le tireur débutant, moyennant une rallonge, a le droit de s’y
reprendre à plusieurs fois, si l'animal ne meurt pas tout de suite.
Si, si...: "S'il se révèle incapable
de bien tirer et qu'il faut revenir trois ou quatre fois, on facture un montant
complémentaire." [Peter Scheibler, chef du service de la chasse...]
Ca rapporte, le contrôle démographique des populations animales sauvages…
Dans un registre plus alimentaire la vie animale se vend aux
enchères.
Le thon rouge, le poisson le plus surexploité : 1,38
million d’euros un le cadavre pesant 222 kilos en 2013.
1,31 million en 2014.
Soit 5'695 euros le kilo.
Baleines, requins, dauphins et tant d’autres, vivent sous la
menace constante de l’humain.
Le prix de la mort fluctue au gré de l’offre et de la
demande. 1 dollar la livre de poulet ; plus de 300 francs la carcasse
d’une vache suisse; 100 francs le kilo de steak de bœuf parce qu’il vient
d’argentine et 60 milliards d’animaux assassinés annuellement pour notre
consommation.
Plus je tue, plus je gagne de l’argent. Cette vérité ne
s’applique pas, ou plus, aux paysans, aux agriculteurs.
Nos paysans, et quand je dis : Nos paysans, je parle
des 1'350'000'000 d’exploitations qui travaillent avec la Terre, avec la vie –
et dont les ¾ pratiquent toujours une agriculture manuelle de petites
parcelles.
Tous ceux là sont incomparablement plus utiles à notre
survie que les sociétés de négoces et leurs spéculateurs ; ils sont incontestablement
plus honorables qu’une bande de nescafards qui se voient, emmanchés sur leur
arrogance prétentieuse, faire vivre et nourrir le monde.
Pourtant ce sont eux, les paysans, leurs animaux et leur
labeur, qui sont honteusement sacrifiés sur l’autel de la rentabilité.
« Heureux pays où
les gens n’ont pas faim et où l’agriculture est presque de trop ! »
Disait
André Bugnon, conseiller national UDC/ Vaud, dans un article du 24 Heures, le 20 septembre 2012.
Je sais, ça
date. Mais celle-là, je ne suis pas prêt de l’effacer. Et à l’heure où les
accords du GMT (Grand Marché Transatlantique) se font de plus en plus pressant,
cette phrase prend de plus en plus de sens. Elle veut nous préparer aux poulets
au chlore – KFC fait déjà sa pub, à la viande de porc aux antibiotiques, aux
OGMs et autres saloperies Made in USA.
Mais ne
croyez pas que les Américains sont à l’origine du GMT, du TAFTA ou autres.
Ils n’ont fait
que saisir la perche que leur tendait l’Union européenne. Eh oui ! Cette
belle Union européenne qui rêve de libéralisation à tout va.
Par contre
quand celui qui a la face en ‘’peau de cul’’, le candidat Donald Trump, dit
qu’il faut retirer les politiciens des affaires économiques du pays, pour
laisser la places à « des hommes
d’affaires expérimentés », il y a de quoi s’inquiéter.
Parce qu’en
plus de vouloir faire tomber toutes les barrières sanitaires et d’hygiènes
alimentaire, faire disparaître l’étiquetage obligatoire des aliments et leur
‘’traçabilité’’ le futur GMT vise une libéralisation absolue des règles
de concurrences.
C’est bien la dérégularisation massive des conditions de
travail, qui bouleversera la vie professionnelle et économique de plus d’un
milliard de travailleurs autour de l’Atlantique, qui est en jeu. Et que valent nos vies, dans ce grand marchandage ?
Le paysan a conscience du lien terre-animal-homme qui nous
permet, qui nous a permis d’arriver jusqu’en 2016 après JC. Pour quel
enrichissement, pour quelle gratitude de notre part ?
Le chasseur lui s’enrichit à mesure que ses proies
disparaissent. Tout comme le braconnier. Et j’aurais envie de rajouter :
Tout comme les spéculateurs qui garnissent les rangs de ces sociétés de
négoces.
Sauf que pour ces derniers, leur terrain de chasse est
planétaire. Ils ne se contentent pas de monnayer les vies qu’ils prennent – par
leur vénale complicité. Ils participent activement au plus honteux des rackets
que l’homme ait mis en œuvre : Payer pour sa survie, payer pour de la
nourriture, payer pour de l’eau. Donc, que valent nos vies, là-dedans !?
Je me permet ce sophisme : Le temps c’est de la Vie, le
temps c’est de l’argent ; notre vie c’est de l’argent.
Alors, et parce qu’il est communément accepter que nous ne
pouvons pas vivre sans argent, qu’il faut « gagner sa vie » - après l’avoir perdue je ne sais comment, parce
qu’il faut bien « payer ses factures »
- et remplir le frigo ; parce que nous devons être ‘’honorables’’ face à
nos pairs pour être assimilé dans l’échelle sociale, nous travaillons pour des
sociétés, pour des entreprises, qui, par soucis de rentabilité, doivent
économiser sur les coûts du travail et alléger leurs ‘’charges’’ sociales.
Une rentabilité qui se calcule au détriment de notre salaire
et des cotisations qui nous permettent de subsister quand nous avons un
accident, quand nous sommes malades, quand nous sommes victimes des
restructurations motivées par l’avarice des actionnaires ou que nous profitons
enfin de journées entières de repos après des décennies de travail.
Que des situations que le PLR, pour rester local, n’aime
pas, parce que payer des gens à rien foutre ce n’est pas rentable. Ca coûte des
sous, sans générer de richesses.
Les vrais patrons, soucieux de leurs employés, sont eux
aussi en voie de disparition, laissant leur place aux ‘’hommes d’affaires.’’
Des businessmen qui ne rencontrent plus les chercheurs d’emplois, qui ne
participent plus aux discussions d’embauche, mais qui délèguent ces tâches au
responsable des ‘’ressources humaines.’’
L’embauche faisant trop prolétaire ; le recruteur, trop
militaire ; et le ‘’chasseur de têtes’’ trop pygmée, le patronat a décidé
de comparer son personnel aux autres produits, marchandises, objets… lui
permettant de s’enrichir. L’homme devient ainsi une ressource.
Si « ressources
humaines » renvoie bien dans sa définition, pour des raisons de
politiquement correct, à « l’ensemble
du personnel d’une entreprise » c’est quand même la première
définition de ‘’ressource’’ sur laquelle il faut retenir :
« Ce qu’on
emploie dans une situation fâcheuse pour se tirer d’embarras. »
Les engagements pour une durée indéterminée se font de plus
en plus rares. Prenez le Valais-nistan : champion de Suisse du travail
saisonnier. Quand il y a du taf : je t’engage ; pendant les périodes
creuses : j’te fous au chômage. Privatisation des bénéfices,
démocratisation des pertes.
La travailleuse saisonnière dort dans une caravane ? Parce
qu’elle le veut bien. Et elle devrait nous remercier de lui fournir du travail
quelques mois par année.
Alors dans un monde civilisé où l’argent est devenu plus
important que la vie elle-même, nous faisons dépendre notre bonheur de notre
‘’pouvoir d’achat.’’
Pour y arriver nous usons notre santé pour un boss que nous ne verrons peut-être jamais.
Nous nous privons égocentriquement de notre vie de famille pour enrichir une
personne qui ne nous connaît pas. Et enfin, nous mettons notre vie en location
pour un mec qui n’hésitera pas à se débarrasser de nous pour maintenir sa marge
bénéficiaire.
Du chasseur
au consommateur, en passant par le spéculateur et l’employeur, la vie, dans la
définition moderne et civilisée que nous en avons, se négocie, s’achète et se
vend. Et avec fierté nous appelons cela le progrès.
L’homme
vend avec arrogance son savoir, la prétentieuse ‘’valeur ajoutée’’ qu’il
apporte aux matières premières qu’il transforme. Mais dans l’absolu, il n’a
rien inventé. Il a juste trouvé le moyen de reproduire ce que la Nature avait
déjà créé, ce que la Nature lui a permis de découvrir.
Ni la
terre, ni l’eau, ni le soleil, nous a adressé sa facture pour leur primordiale
contribution au développement du monde végétal. Ni aucune graine, ni aucun
pollen d’ailleurs.
Quelle
colonie d’abeilles s’est syndiquée pour défendre ses conditions de travail ?
Quel
mouton, lama ou alpaga nous a vendu sa laine ?
Quelle
gratitude avons-nous pour ces vaches, ces chèvres, ces bufflonnes, qui
transforment gratuitement de l’herbe
en lait ? En promettant 17'000 vaches à l’abattoir parce qu’il y aurait
« trop de lait. »
Quelle
femelle, quelle espèce animale nous a traîné en justice pour infanticide ?
La Nature
donne, offre généreusement – pour le moment, et nous monnayons ses
cadeaux !?!
Cela me
fait penser au ‘’don d’organe.’’
C’est un
don, anonyme, librement consenti et offert généreusement par un être vivant à
un autre être vivant.
Je n’ai pas
le droit de vendre un de mes organes, même au profit de ma descendance.
Par contre,
il n’est pas interdit au corps médical de rentabiliser mes organes, de faire du
profit sur mon altruisme, de faire du bénéfice sur ma générosité.
La vie
était un merveilleux don qui n’avait pas de valeur, mais qui coûte cher depuis
que l’argent domine le monde. Alors pour parvenir à boucler nos fins de mois,
pour remplir notre frigo, rester en bonne santé, nourrir nos enfants et, s’il
nous reste quelques sous, nous offrir des vacances, nous nous prostituons.
Choquant ?
Pas plus que le fait de savoir et surtout d’accepter que dans ce monde moderne,
civilisé, à la pointe de la technologie, fier de ses libertés individuelles et
de sa démocratie, si tu n’as pas d’argent : Tu meurs.
J.-F.
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