jeudi 21 mars 2013

L'Oeil de... de qui, au fait?

Il y a eu plusieurs petits scandales qui ont outré une population bien pensante de consommatrices et consommateurs. Les Suisses-ses ont découvert un lointain matin qu’ils étaient, comme le reste de la planète, fiché-e-s. Les politiciens ont crié au loup, quelques responsables ont nié leur implication, d’autres firent de plates excuses et tout le monde a oublié.
Les fiches furent, soi-disant, détruites et on passe à l’heure de l’informatisation des données…
Après il y a eu quelques écoutes téléphoniques un peu louches. On s’en est accommodé.

Est ensuite venu l’iPhone avec son mouchard de GPS intégré qui transmettait le moindre de nos déplacement vers un obscur programme qui les répertoriaient.
Le fabricant, surpris par ce programme qui fonctionnait à l’insu de son plein gré, a promis de le désactiver. Enfin, de désactivé l’enregistrement systématique de nos déplacements. Les commerciaux se chargeant ensuite, avec le soutien des politiciens, de nous vendre tous les biens faits d’un système de géolocalisation en surfant sur les événements du moment.
Un GPS portable permet de retrouver le freerider sous l’avalanche qu’il aurait lui-même provoqué, ou le freerider innocent pris sous une coulée que son pote a provoqué plus haut ; le portable permet aux parents inquiets de savoir où se trouve leur rejeton à chaque instant de la journée ; le système permet de surveiller les dangereux prisonniers remis en liberté conditionnelle, de savoir en temps réel où se trouvent les autres membres de sa communauté ou ses potes, de profiter de la meilleure offre dans les boutiques du coin, et de suivre en douce sa copine du moment. Il est également possible, avec les bons outils informatiques et si l’iPhone n’est plus en notre possession, d’en prendre le contrôle à distance, faire quelques clichés souvenirs, ou enclencher le micro pour savoir qui parle avec qui derrière ton dos.
Finalement, tant que c’est le locataire de l’appareil qui utilise tout les petits gadgets d’espionnage, ou que l’Etat s’en sert pour assurer notre sécurité (lol) ça gène personne. Ou presque.

Il y a aussi eu toute une polémique autour des prises de vue de la Google car.
Ensuite, ce fut la révélation sur le transfert des données de la police Suisse vers Europol et surtout les Etats-Unis. Ca a jasé quelques jours sous la coupole Fédérale, puis le soufflé est retombé. L’arrangement entre les ministres respectifs de la Justice ayant été signé deux ou trois ans auparavant en Espagne.
Puis est arrivé la petite mésaventure d’un futur-ex touriste Suisse qui s’est vu refusé l’accès à bord d’un avion en partance pour les Etats-Unis. L’infortunée victime suppose que l’oncle Sam aurait lu ses derniers mails, et auraient décidé au dernier moment d’interdire à ce monsieur de pénétrer sur le territoire Américain. Refoulé à l’embarquement alors qu’il avait obtenu sans problèmes son visa quelques semaines plus tôt.

Devant le manque de réactions vives de la part de l’opinion publique Berne se dit peut-être qu’elle peut en profiter pour demander de pouvoir espionner ses ressortissants. Dans des cas extrêmes, bien sur. C’était dans le 24 Heures du 9 mars 2013.
Ueli Maurer, l’actuel président de la Confédération pour les affaires internes (parce qu’on a un autre président qui s’occupe des affaires étrangères) a assuré qu’une dizaine de citoyens par année seraient soumis préventivement aux grandes oreilles de la Confédération, et a répété que « la nouvelle loi préserve les droits fondamentaux et la liberté des citoyens suisses ». Et que ces mesures sont prises pour lutter contre les graves menaces, à savoir le terrorisme, la prolifération nucléaire et l’espionnage.
Maintenant, à moins de devenir violent et de représenter une menace pour la sécurité nationale, vous échapperez à la fouille de votre appartement et la pose de micros, la mise sur écoute, le hackage de votre ordinateur, la lecture de vos mails, de vous faire serrer de près par des agents sous couverture, la fouille de vos poubelles, ou encore d’être constamment localisé.
La Confédération demande, la bouche en croix, au bon Peuple de se laisser officiellement surveiller. Ueli Maurer, qui est aussi le chef de la plus belle armée du monde, demande que le financement de sa caisse noire soit officialisé. Pour une dizaine de citoyens susceptibles de causer des soucis sécuritaires à la Confédération !

Dernièrement on apprenait, sur les ondes radios, que tous les skieurs détenant un abonnement pour les remontées mécaniques de Nendaz (VS) étaient systématiquement photographiés dès qu’ils présentaient leur passe. Et ce, à leur insu.
On apprenait également que d’autres stations des neiges pratiquaient le même contrôle sur leur domaine, et que cette démarche se justifiait pour combattre la fraude à l’abonnement. Mais que le client se rassure : aucune des stations mentionnées dans le reportage ne possède de programme de reconnaissance faciale. De plus tout un chacun peut à tout moment demander que les données le concernant soit effacées du système…
Nous donnons notre portrait pour chaque abonnement que nous concluons. Les caméras de "sécurité" fleurissent un peu partout. Centres commerciaux, Postes, banques, gares, trains, bus, partout où la foule se regroupe massivement il y a une caméra de surveillance. Toutes les agglomérations de grandes et moyennes importances sont truffées d’antennes pour le wifi, et les opérateurs de téléphonie multiplient le nombre de leurs relais.

En acceptant un filtre anti-spam, vous acceptez que le contenu de vos mails soit disséqué, et bien plus haut, au-dessus de nos têtes, des satellites écoutent nos conversations. Chaque application téléchargée sur un iPhone, chaque paiement effectué via votre iPhone, chaque mail et message envoyé ou reçu, chaque photo est une porte d’entrée dans votre vie pour un système informatisé dont vous ignorez tout de sa véritable fonction. A cause de ce foutu gadget électronisé, l’expression "Avoir sa vie entre ses mains" prend un sens nouveau. Et qu’une fois mémorisée, cette vie ne vous appartient plus.

Le plus inquiétant peut-être, c’est qu’une bonne partie des citoyens de ce pays accepte cette surveillance sans rechigner, adoptant une pensée de droite qui dit, en gros, que : "Celui qui n’a rien à se reprocher ne craint pas d’être surveillé."

La Suisse a toujours été un état policier. Ouvertement jusque dans les années 1980, dans l’ombre depuis.

NEMo.

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