mardi 13 janvier 2015

Les "faux" taxis Uber.


Pourquoi "faux"?

D’abord parce qu’Uber n’est pas une compagnie de taxi. Ce n’est qu’une société financière qui propose une simple application téléchargeable servant d’intermédiaire entre de potentiels clients et des chauffeurs qui n’ont rien compris à la ‘’rentabilité’’ d’un véhicule.
Des chauffeurs qui, pour la plupart du temps, n’ont pas trouvé d’employeurs voulant se plier à leurs exigeances ou des employés désavoués, parce que rebelles aux règles communales, quand ce ne sont carrément pas des ‘’Aigles de la route’’.
Donc Uber est fait pour eux ; parce qu’Uber n’est pas un patron consciencieux qui pense au bien-être de ses clients.

Uber se décline en quatre variantes : UberBlack, pour un service de limousine ; uberX, avec chauffeur professionnel (la seule différence entre ces deux applications est la grosseur de la voiture, vu qu’un service limousine requiert également l’obtention d’un permis de conduire professionnel, donc taxi) ; uberVan (des gros véhicules) et enfin uberPop.
Cette dernière déclinaison est purement et simplement illégale en Suisse.
N’ayant aucunes infos sur le service Black & Van, je vais m’arrêter sur uberX. L’appli qui fait le plus parler d’elle en ce moment.

Une connaissance de la profession, qui rentre parfaitement dans le descriptif des ‘’chauffeurs’’ fait plus haut, fanfaronnait fièrement son ‘inféodation’’ à la société californienne.
Il avouait crânement faire ses courses Uber 50% meilleur marché, et que la société se prélevait encore 20% de comm’ ! Faits que confirme, à peu près, le 24 Heures du 8 janvier ’15 : Le tableau comparatif entre les tarifs Uber et ceux des taxis genevois, imprimé dans les colonnes du quotidien, révèle une différence de prix de 42% en faveur de Google,
Et mon gaillard de brailler fièrement qu’Uber lui a payé 360 francs pour une trentaine de courses dans la ville de Genève.

Quand on lui demande combien de kilomètres il a parcouru pour faire cette misère, il hausse les épaules et dit : « La voiture est payée depuis longtemps. » Et on ne sait pas combien de jours ont été nécessaire pour atteindre ce chiffre.
Ce que nous savons par contre, c’est que le bonhomme en question habite à Romont, dans le canton de Fribourg, à bien 100 kilomètres de Genève et qu’il dort chez lui tous les soirs.
Quand je parlais de ‘’rentabilité’’…

Tous les chauffeurs Uber n’habitent pas Fribourg, certes. Mais ils enrichissent tous Goldmann Sachs et Google à coups de 20% par courses effectuées.
20% de remise pour l’utilisation d’une technologie de localisation déjà testée et éprouvée, qui se sert de réseaux déjà existants via des antennes déjà payées et amorties depuis longtemps. C’est franchement bien payé. Ce que j’ignore, c’est si Uber fourni le smartphone et l’abo qui va avec…

Pour en connaître suffisamment sur la profession, je peux dire qu’Uber se comporte tout juste comme le concierge, d’un hôtel de luxe, qui prend sa commission après avoir commandé la lim’ pour ses clients. Et encore… La différence entre Uber et le concierge : le concierge surfacture au client pété de fric le prix d’un trajet hôtel – aéroport, pour avoir sa comm’. Alors qu’Uber n’a aucun lien, si ce n’est électronique avec ses utilisateurs, et se paie sur le dos du chauffeur après lui avoir demandé de sacrifier sa part de revenu qui aurait normalement dû lui servir à payer les charges liées à son véhicule.
Dans article précédent, qui parlait des vrais taxis, je faisais remarqué qu’aucun patron d’entreprise de taxis, indépendant ou non, ne pouvait externaliser le moindre centime lié à ses frais d’exploitation.
Et bien uber l’a fait.

Uber, qui propose un service de taxi avec son uberX, ne possède aucune voiture vu que « le véhicule est toujours celui du conducteur. » Uber peut donc se vanter de « casser les prix ».
Déjà là, les clients potentiels devraient s’interroger sur le fait qu’une société, gérée par Google et financée par Goldmann Sachs, qui n’a absolument rien à voir avec le monde spécifique du taxi, qui n’est qu’un simple intermédiaire,  impose ses tarifs de transports à des personnes qu’ils n’emploient pas.
Quant aux nouveaux indépendants en mal de reconnaissance professionnelle, il faut qu’ils comprennent que, quand ils accordent un prix, ou qu’ils laissent un organisme alien leur imposer des tarifs, c’est leur propre rémunération, leur salaire, qui est revu à la baisse.
Au risque de me répéter, les professionnels du taxis (ou de la limousine) ne peuvent pas externaliser le moindre centime. Donc quand ils acceptent de baisser un prix, c’est la rémunération du travail fourni par l’homme qui conduit qui est sacrifiée.

Autre approche à laquelle les professionnels amateurs devraient réfléchir : C’est que la chance d’obtenir une ‘’bonne main’’ diminue avec le paiement par carte.
Ce qui me permet d’affirmer que le bon, le vrai chauffeur de taxi ne se trouvera pas chez Uber car il exerce déjà la profession et qu’il a déjà une clientèle qu’il a su fidéliser, non pas à coup de smartphone et de prix cassés, mais par un service qui va au-delà de la simple conduite d’un véhicule. Un service qui, malheureusement, a fortement décliné ces dernières années, et que même les nouveaux d’uber ne connaissent pas. Et je ne vous livrerais pas les secrets du bon chauffeur!

Malgré tout il est des ’’personnalités’’ pleines de sous, qui commandent des limousines là où c’est moins cher quand elles sont en déplacement à l’étranger et qui justifient leur pingrerie en affirmant que le service Uber est de meilleure qualité alors que leur ‘’credo’’ helvétique est : Plus c’est cher, de meilleure qualité c’est.
D’ailleurs je me demande comment réagirait Monsieur Delarive, par exemple, si un uberHome proposait des villas clé en main à 50% du prix de vente actuel ?

Bref, vous l’aurez compris, Uber est l’ennemi à ne pas laisser s’installer dans nos contrées. Et comme malheureusement les pouvoirs publics en places sont impuissant et incapables de s’opposer à l’expansion de Google. C’est aux consommateurs, au peuple Suisse, et aussi ceux des pays voisins, à dire « NON ! » à Uber.
Je tire cette ‘’déduction’’ de l’affirmation faite par Mr Vuilleumier, municipal et fervent opposant à Uber, dans le journal 24 Heures : « Si Uber vient exercer à Lausanne sans autorisation, nous considérerons ses voitures comme des taxis sauvages et nous les amenderons. Cela peut aller jusqu’à 1'000 francs. » 1'000 francs qu’Uber n’aura pas à payer. Bien entendu.

Quand un chauffeur d’une entreprise de taxi, ou employé par un indépendant, se fait pincer et dénoncer à l’autorité compétente pour une infraction relevant de l’OTR 2 et 1 (Ordonnace sur le temps de travail et de repos) ou le règlement communal du service des taxis, le conducteur ET SON BOSS doivent payer une amende. Généralement l’amende de l’employeur est plus élevée que celle de l’employé.
La question qui se pose maintenant est donc : L’indépendant qui utilise l’application Uber est-il employé par cette société ? La réponse est non. Vous vous inscrivez sur le site ; vous acceptez les conditions d’utilisation. C’est tout. Il n’y a aucun contrat de travail entre Uber et les chauffeurs occasionnels.
Ensuite, quand M Vuilleumier dit : « (…) nous considérerons ses voitures comme (…) », il ne cherche pas à sanctionner la société en elle-même pour un acte illégal, parce qu’Uber ne possède pas de voiture, mais veut intimider les potentiels chauffeurs à recourir à l’utilisation du service proposé.
L’intention du municipal lausannois est louable mais si un chauffeur indépendant amendé fait recours au Tribunal fédéral, il aura gain de cause.

Je reprends ma connaissance fribourgeoise. Son véhicule est équipé conformément à la législation en vigueur concernant les taxis. J’ai vérifié. Il est inscrit dans sa commune de résidence en tant que chauffeur de taxi indépendant. Il est donc parfaitement en règle.
Maintenant si il décide de se prostituer pour des actionnaires californiens, c’est triste mais c’est son choix. Et M. Vuilleumier ne peut pas, objectivement, amender ce chauffeur qui vient chercher un client qui a commandé un taxi. Même via Uber.

En Suisse nous sommes bourrés de lois, parfois contradictoires, et les règlements communaux des taxis se retrouvent souvent en opposition avec les règles de libre-concurrences édictées par la Confédération. D’où l’affirmation du dessus que le Tribunal fédéral suivra un recourant qui ne fait que son job. Parce qu’en Suisse, contrée du labeur roi, « On ne peut empêcher quelqu’un de travailler. »

Si des élus municipaux veulent empêcher Uber de s’installer dans leur ville, ce n’est pas en infligeant des amendes arbitraires qu’ils vont y parvenir. Cela victimiserait les utilisateurs Uber et créerait de la sympathie pour eux, parce qu’en Suisse on n’aime pas les injustices.
Je ne vais pas donner des pistes à nos élus pour soutenir la profession des chauffeurs de taxis, ils ont été plébiscité et sont rémunérés pour y réfléchir avec toute l’intelligence de leur C.V.
Quant aux éventuels utilisateurs (clients) bien de chez nous ils doivent absolument s’informer sur ce qu’est la société Uber, réellement.
Et à partir de là, décider s’ils vont participer à ce dumping salarial, annoncé chez les professionnels de la route, et orchestré par un organisme financier qui a sa part de responsabilité dans le récent désastre économique, ou soutenir une branche de l’économie helvétique abandonnée par les politiciens et mise à mal par les dommages collatéraux d’une crise qui n’a jamais existé en Suisse.

Nemo.

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