samedi 3 mars 2012

Le béton, c'est du solide.

Est-ce vraiment le souhait de tout un chacun, de chaque citoyen Suisse, que de devenir propriétaire de son logement? Laissons à "chacun" le choix de répondre.

Cela doit bien faire une quarantaine d'années que nos sociétés immobilières et nos banquiers rêvent de nous vendre des murs. En vain.
A en croire les dernières estimations, seulement 38% des ménages suisses seraient propriétaires de leur logement. Chiffre un peu faiblard, comparé aux 88% qu'affiche l'Estonie. Ce qui nous a d'ailleurs valu une mauvaise note dans une enquête de l'OCDE, l'an dernier. Une enquête européenne qui avait pour but d'obtenir le classement des pays dans lesquels il faisait "Bon vivre". La Suisse se classait huitième seulement, la faute à trop de locataires…

"La Côte", le journal, comparait dernièrement notre petit 38% au taux de locataire dans l'UE, et au 82% de…l'Espagne (choix judicieux). Le journal parlait également des 73% de proprios que recèle la France, alors que Sarkozy himself se lamentait, en 2007, de ne compter que 53% de propriétaires en terre continentale; et qu'aujourd'hui, cinq ans plus tard, il se morfondrait de tristesse en constatant que ce chiffre n'a progressé que de 1 point. Cherchez l'erreur…

Je dirais que l'erreur d'appréciation pourrait venir du fait que l'on nous balance en première ligne des chiffres de l'an 2000 au pire, et au mieux 2006. Les variations des chiffres sont en gros de 1 à 3 %.
Pour les pays qui font régulièrement la "Une" des rubriques économiques nous pouvons dire qu'ils ont, en moyenne, deux fois plus de proprios que nous:
Espagne: 82%; Irlande: 77%; Grèce et Portugal: 73%; Italie: 72%; G.-B.: 68,5%; moyenne U.E.: 62,7% (certains vont même jusqu'à 67%).
Nous connaissons plus ou moins bien les déboires économico-financiers auxquels les Etats-nation ci-dessus ont été confrontés, à force de "vendre" du crédit hypothécaire comme des petits pains dans une cours de récré.

Il est vrai que la Suisse ce n'est pas l'UE. Il y a plus de lois qui protègent les consommateurs, tout comme le surendettement est surveillé par la législation. Ce qui fait que le citoyen Suisse réussi à avoir un petit peu de recul par rapport à la situation économique globale. Ajoutez à cela une administration d'une lenteur parfois déprimante, et vous obtenez une sorte de système de protection qui, jusqu'à présent semble assez bien fonctionner. Il n'empêche que les entités bancaires majeures du pays font tout pour importer la crise dans nos foyers…

On aime bien corréler la "bien portance" de la construction dans le bâtiment à l'état de santé économique d'une région, voire d'un pays: "Quand le bâtiment va, tout va."
Avec l'épargne logement, certains orateurs veulent associer le choix du 11 mars 2012 au développement économique helvétique de la prochaine décennie. Comme si les villas et les PPE(s) pouvaient en être les seules garantes dès 2025.
Sauf qu'avant d'en arriver là, il faudrait peut-être en finir avec les problèmes financiers qui secouent l'Europe, et la Monde, depuis quelques années déjà. Parce que les prix de l'immobilier poursuivent leur baisse (ce sont des chiffres pour 2010): en Irlande (-17,9%); en Grèce (-3,3%); Pays-Bas (- 3,2%); Espagne (-1,9%).
[L'Espagne avait connu un boom de la construction sans précédent, avec jusqu'à 720'500 logements construits en 2006, avant que le secteur ne s'effondre en 2009 avec 137'000 logements mis en chantier. En septembre 2010 le chiffre plafonnait à 140'000 logements.]

Histoire d'en finir avec les chiffres, parlons un peu de l'Allemagne:
Certainement LA première industrie de l'U.E.; certainement le poumon financier du vieux-continent, elle est le pilier central du marché intérieur/extérieur de l'Europe.
La particularité de cette grande puissance économique, industrielle et financière, c'est qu'elle est à la dernière place du classement de la statistique "Proportion de ménages propriétaires de leur logement" avec un taux de 44% de proprios. A réfléchir…

Bref. Beaucoup de ménage doivent faire le mois avec un budget "serré", et n'auront pas les moyens de dégager quelques centaines de francs pour les placer sur un compte "Epargne-logement". A moins de refuser la sixième semaine de vacance, et de multiplier les heures sup en conséquence, peut-être que certains d'entre-nous parviendront à se saigner pour être propriétaire dans une dizaine d'années. Sauf que le clan des "Swiss Patrons" veut augmenter la cadence de travail de leurs employés, sans adapter leur salaire.
La petite maisonnette avec la petite fontaine, sous la chambre à coucher, qui empêche de dormir et le jardin autour, reste une joyeuse utopie pour une bonne majorité de la population Suisse.

Finalement, l'exonération fiscale sur laquelle le peuple devra se prononcer, et se rapportant au compte "Epargne-logement", ne sera qu'un cadeau supplémentaire fait aux riches.

Au moment de prendre votre bulletin de vote et de mettre la petite croix dans la petite case correspondant à votre réponse sur l'"Epargne logement", ayez une petite pensée pour Ester et Angel et tous les autres.

NEMo

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