samedi 17 décembre 2011

Notre Avenir chez le psy

La Nature a tout mis en œuvre pour que la famille reste unie, et que cette famille puisse transmettre un message à celle qui suivront.

Frustrations et fantasmes. Pour bien des parents l’enfant doit réussir là où ils ont échoué ; l’enfant a le devoir de perpétuer la réussite des ancêtres ; l’enfant a la lourde tâche de combler l’égocentrisme de ses géniteurs.
Le fils doit réussir à l’école et bien se comporter en société. Il doit apprendre les bonnes manières et dès l’âge de 10 ans, si ce n’est avant, doit être conscient des difficultés de la Vie d’adulte.
Il doit devenir autonome de plus en plus tôt et savoir lacer ses chaussures avant 0630 le matin. Après avoir fait sa toilette matinale, popot et s’être brossé les dents.
Et le petit bout va faire tout ce qu’on lui demande parce qu’il ne veut pas décevoir sa maman ou son papa qui stresse à donf quand les clés sont introuvables ; parce qu’il ne veut pas voir autre chose qu’un sourire sur le visage des deux adultes qu’il aime.

Alors quand il manifestera, d’une façon ou d’une autre, son mécontentement et recherchera un moment d’affection et de calme dans un rush matinal, il n’aura en retour qu’un :
"Dépêche toi ! On est en retard…"
Pas vraiment besoin d’être diplômé en sciences du cerveau pour voir que le stress de la communauté contamine nos enfants.

Bien sur Papa et Maman aiment aussi leur enfant. Généralement. Sauf que pour cet enfant, scratché dans ses baskets Flash McQueen taille 24, l’évidence ne se résume pas dans des : "Je t’aime." Lâchés à la va-vite sur le pas de porte de la maman de jour.

Alors pourquoi continuer à faire des enfants si, une fois qu’ils sont là, c’est une autre personne qui s’occupe de leur éducation ? Pourquoi vouloir être Parents si les enfants apprennent à se laver les mains chez la nounou, manger proprement à la garderie etc… ?
Pour le FUN ?! Pour faire une pause maternité avant de retourner manifester pour plus de salaire ? Pour avoir le plaisir de dire :" J’ai eu des complications pendant ma grossesse" ;" Ah non ! le mien est sorti par voie basse… "; "T’as eu de la chance ! On ne voit plus la cicatrice…" ; "Mon fils a dit son premier mot…!", "Mais bravo…, et bien le mien il a commencé à marcher !", "Cool les filles…, le mien fait sa première dent…"
Oh, les filles...! Après avoir squatté les jardins publics, la "Maison ouverte" et les anniversaires des p'tits copains de Norrin, j'ai trop souvent eu l'impression que l’enfant est une sorte de publicité vivante, vantant toutes vos qualités, dévoilée à la face du monde et dévouée à votre entière, et unique, autosatisfaction.
Mais je me garderais bien de généraliser…
Soit ma fierté mon fils/ ma fille ! En prenant bien soin de ne pas ressembler aux autres, de ne pas choper les défauts de ton père… (Un père qui, d’ailleurs, n’est pratiquement jamais félicité à la naissance de son enfant…)

Pour cela il faudrait d’abord qu’il/elle puisse, dans ce mélange de genres, de culture, de sentiments et de sensations, d’ordres et de contre ordres, d’addictions et de contradictions, de grosses manipulations et petits chantages, de joies partagées et de peurs passées sous silence, développer sa propre personnalité en restant, si possible, dans les courbes graphiques du pédiatre, et les petits papiers du prof.
Ajoutez à cela les humeurs lunaires et les visions divergentes des parents, les hypocrisies flagrantes, les explications abracadabrantes, les divorces et, cerise sur le gâteau, l’omniprésence de la mentore de nos ados, la tutrice virtuelle de nos enfants: la télévision.

Cette télévision à la fois ciment familial et source de conflit dans le salon ; cette télé qui vole chaque jour un peu plus de notre intelligence,  notre créativité et de notre sociabilité.
Transposez tout cela dans le cerveau en formation nos enfants et imaginez les dégâts…

Un article paru dans le quotidien orange révèle que les enfants vont de plus en plus chez le psy.
"Troubles du comportement ou du développement, difficultés relationnelles, situation familiales complexes
Les structures hospitalières sont pleines et les jeunes genevois doivent patienter quelques semaines avant d’avoir un rendez-vous". Rassurez-vous chers parents Helvétiques : en France "la liste d’attente peut aller jusqu’à une année". Un an passe, le problème semble s’être réglé et bien des années plus tard le jeune s’engage à la Police ou chez France Telecom...

Peut-on vraiment encore s’étonner que nos enfants se fassent suivre en sachant à quelles pressions, familiales, scolaires, claniques et sociales, ces jeunes esprits sont confrontés ?
Peut-on en être surpris quand les seuls repères, leurs éléments stabilisateurs sont la plupart du temps absents ?

J’ai appris, par l’intermédiaire d’un bouquin d’éthologie, que l’enfant qui part à la découverte du Monde peut revenir enfouir sa tête, parfois en pleurnichant, dans le creux de l’épaule d’un parent (papa ou maman).
Ce comportement est dû, selon B. Cyrulnik, au besoin qu’à l’enfant de calmer l’excitation et les craintes que lui a procuré son expédition en territoire inconnu. L’odeur apaisante et familière en plus de la régularité des battements du cœur du parent permettent au petit homme de reprendre confiance en lui avant de repartir à l’aventure, et d’élargir le cercle de ses investigations.
A mesure que l’enfant grandit l’expression, la recherche de cette "pause" rassurante change et, à mesure que l’enfant s’éloigne le(s) parent(s) imprègne(nt) leurs peurs dans l’esprit de l’enfant.

L’article révèle aussi un paradoxe lorsque nous lisons :
"Lors de périodes où le chômage a augmenté, une hausse des troubles du sommeil a pu être constatée."
Ce temps qui, soudainement, se retrouve libre de contraintes pourrait être mis au profit d’un resserrement du lien familial. Mais les obligations et le "manque à gagner" liés à la nouvelle situation n’amènent au final que du stress supplémentaire.
Un stress épongé par un enfant qui n’est pas forcément en mesure de le comprendre.

A l’heure actuelle notre société veut absolument protéger nos enfants.
Protéger nos enfants en les exposant sur le devant de la scène des mini-Miss en prétextant que "L’heure est à la précocité" ?
Quel Naturel se cache derrière la mise en scène des défilés de gamines déguisées par "Mattel" ?
Quelle précocité est-elle révélée dans l’apprentissage d’un discours d’ouverture, qui va certainement se réciter comme une poésie ?
Un discours réfléchit, écrit et adapté pour l’oratrice. Le discours d’une jeune fille de 6 ans qui ne sera jamais :
"Moi quand j’serais grande, j’veux faire docteur pour les zanimos, parce que j’veux pas que mon lapin y reste tout seul dans sa cage et pour guérir Rainbow Dash parce que mon p’ti frère lui a arraché une jambe, et il l’a met tout l’temps dans sa bouche. C’est bête un p’ti frère."
Et qui devient spontané une bonne quinzaine d’années plus tard :
"Si on commençait par respecter son chien, ça serait plus facile de respecter son enfant." Commentaire, sans commentaires, de Miss France 2012, en direct chez Ruquier, s’exprimant sur la mort par maltraitance d’un bébé.

Il paraît qu’aux States 220'000 jeunes filles, de moins de 18 ans, ont eu recours à une intervention chirurgicale, essentiellement pour la pause d’implants mammaires.
Tant que les Rihanna, Lady Gaga et autres Keisha seront les modèles féminins de nos fillettes, il y a de quoi s’inquiéter. Malheureusement les aspirations des jeunes mecs sont bien pires !
Si t'as pas 14 bombes sexuelles en bikini autour de ta piscine, ta splendide demeure, et une Aston-Martin, une Porsche et une Lamborghini dans ton garage: T'es un Pédé, doublé d'une tâche, triplé d'un looser.

Débrancher MTV, NRJ, TF1, MCM, tous les programmes Endemol & Co, Tiji, Canal J et consœurs (et j’en oublie des tonnes) serait un excellent début...

Mais le plus important à mes yeux est: Que le monde capitaliste et néolibéral rende leurs parents aux enfants! Et qu'au passage nous arrêtions de conclure leurs comportements enfantins avec nos définitions d’adultes.
Parce que s'il y en a bien un qui doit apprendre de l'autre, c'est l'adulte.

NEMo

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