mercredi 2 novembre 2011

Travailler plus pour... quoi au fait?

Au début de l'avénement "internet" je connaissais un type très sympa qui bossait pour IBM, une callure en informatique, qui nous réglait tous nos petits soucis que nos vieilles gimbardes à puces multitransistorisées nous causaient, au père et à moi.
Il avait beaucoup de choses pour être heureux: le job, une femme adorable et deux bambins mâles...
Petit "hic", il passait son temps en déplacements, de court déplacements de 1 à 3 jours en zone euro, et vivait à fond la "révolution" informatique qui s'annoncait.

De mon côté j'étais plutôt sceptique à l'égard de cet "outil" qui permettrait de "travailler plus vite", "travailler à distance", et surtout de "gagner du temps". Je voyais dans cet appareil la fin du lien "Humain", et l'emprisonnement de l'homme dans le "travailler plusssss".
D'ailleurs je lui ai posé, un jour, la question suivante:
"Si grâce à toute cette informatique tu peux faire en trois jours la même quantité de travail que tu ferais en une semaine, est-ce que les deux jours que tu as "gagné" tu vas les consacrer à ta famille...?"
Sa réponse fut négative.

Il quittât IBM pour signer à LA banque allemande, et l'on s'est perdu de vue. Non pas qu'il ait déménagé, mais ses déplacements professionnels s'allongèrent, tandis que ses fils, sa fierté, grandissaient.
Cela n'a pas raté. Trois ans plus tard, la famille joyeuse se séparait puis, divorçât.

Voilà pour la petite histoire triste.

Travailler plus pour le même salaire, le truc qui fait grimper les murs aux syndicalistes, est une réalité effective pour tous ceux et celles qui ont, comme outil de travail, un ordinateur et tous les "accessoires" qui sont soudés avec.

Sans rentrer dans le détail du "pouquoi du comment", une part sans cesse croissante des employées de commerce et des secrétaires, pour ne parler que d'elles, ramènent au domicile et sur leur compiouteur la part de travail qu'elles n'ont pu achever pendant les heures de bureau.
Ce temps consacré à: "finir les plannings de la semaine", à "une mise jour de la compta", à "finir d'installer de nouveau programme..." ou "écrire la lettre de la dernière minute du boss qui l'avait oublié sur le coin de son bureau", ce temps là est gracieusement offert sans aucunes compensations, ni contre-parties.
Les heures de travail à domicile sont à la gloire de l'entreprise...

L'autre aspect pervers de cette informatisation excessive du monde professionnel se cache derrière la "rapidité" de transfert des données et des courriers.
Pour la plupart d'entre-nous, les consommateurs, le fait de "cliquer" sur "envoyer", et de lire le petit message qui s'affiche sur notre écran d'ordinateur:
"Votre message a bien été envoyé."
signifie pour nous: "Lu", par le destinataire.
Cela demande, à défaut d'une réponse immédiate, un accusé de réception, ou une confirmation de commande assortie d'un "délai de livraison" et, petite kirsch sur la Forêt Noire, un petit "mail" matinal nous informant que l'article sera posté "aujourd'hui".

Cette immédiateté dans la correspondance déborde et influe aussi sur notre vie privée. Si nous acceptons que nous ne puissions tous être "rivé" sur notre boîte à miel, les réponses tardives à nos SMS, textos & co sont assez mal perçus et peuvent parfois provoquer de sacrée crise diplomatique...

Ramené en milieu "commercial", ce "tout, tout de suite" nourrit notre insatiable frustration; transforme un épicurien en ogre vorace, un hédoniste en un irrésponsable inconscient et fait de nous une bande de gamins capricieux.

Et c'est dans cette intenable "impatience" que réside la perversité de ce système:
Parce que sans cesse soumis aux éxigences grandissantes des consommateurs qui souhaitent une satisfaction instantanée, et sachant qu'il est devenu extrêmement facile de faire parvenir des courriels à la "Direction", les employés (travailleurs-consommateurs) n'ont d'autres choix que de tout faire pour combler nos désirs. Ainsi les patrons n'ont plus besoin de "stresser" leurs employés, car les clients (consommateurs-travailleurs) s'en chargent.
Nous nous en chargeons, et parfois même très bien...

NEMo

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