mardi 8 novembre 2011

Autogestation.

Il paraît que l'équivalent de trois terrains de foot de terres cultivables sont déclassés et subissent, chaque jour en Suisse, les outrages des pelles mécaniques et des bétonneuses.
D'un point de vue purement "alimentaire", cela revient à dire:
"Moins de productions, plus de consommations."

S'en inquiète-t-on, hors paysannerie...? Pas trop... Et à ceux qui pourraient s'intéresser au "problème", des experts, qui se veulent rassurants, répondent que: " La Terre peut nourrir jusqu'à 10 milliards d'êtres humains."
O.K.! Mais pendant combien de temps? Combien de temps avant que les terres arables deviennent stériles à force de monocultures intensives, d'OGMs expérimentaux, et autres super-trouvaille-homicides?

Economiquement, c'est la recentralisation des moyens de productions agro-alimentaires, le renforcement des monopoles de distributions et l'absurdité des quotas qui prévalent. Il y a bien la tendance "Bio" qui gagne du terrain dans nos habitudes de consommateurs, mais avec l'apparition des "Bourgeons", un bon nombre de saines petites exploitations "bio-dynamiques" sont passées au tamis financier des "labels" imposés.
Pour les plus "tenaces", elles n'ont peut-être plus les moyens de suivre le matraquage publicitaire des grands distributeurs, qui décident depuis bien longtemps de ce que nous allons manger.
Quant aux médias officiels, ils sont un peu trop souvent les complices de ces grands cartels alimentaires.

Si l'on va plus loin que les risques encourus par nos ressources alimentaires lors de leurs transports, nous pouvons nous interroger sur la "perspicacité" de confier la production, et la gestion, d'une bonne partie de nos denrées alimentaires aux bons soins d'exploitations agro-alimentaires transcontinentales, et/ou localisées dans des Etats parfois instables économiquement et politiquement, et bien souvent soumis à des aléas climatiques devenus bien dévastateurs.

L'encouragement à une production locale confiée à une main-d'oeuvre locale, défendu dans un article précédent, pourrait être les prémices d'une civilisation de l'autogestion, une civilisation qui rendrait à l'homme sa maîtrise de la terre. L'idée n'est ni nouvelle, ni révolutionnaire, et l'expérience fut maintes fois tentées, avec plus ou moins de réussites...
En faisant abstractions des visions utopiques d'un Thomas More, ou d'un Jean-baptiste Godin, nous pouvons trouver, dans un proche passé des expemples que l'"autogestion" fonctionne:
Le Chili et le Pérou dans les années 1970-1980 ont mis en oeuvre la "participation populaire", deux expériences uniques dans le contexte latino-américain, qui disparaîtront avec le coup d'Etat du général Augusto Pinochet en 1973, et la destitution, en 1975, du président péruvien Juan Velasco Alvarado.
Ou encore Longo Maï qui nait, à la même époque en France, de la volonté d'un groupe de jeunes gauchistes au caractère bien trempé.
La communauté connaîtra des débuts difficiles, et sera accusée de bien des maux.
Mais Longo Maï saura résister, s'adapter et se développer: Elle possèdera, fin des années 1990, des coopératives agricoles en France, en Allemagne, en Autriche, en Suisse (le châlet Le Montois, sur les pentes du Jura), une radio, etc... Elles sera reconnue d'utilité publique en 1995 par le canton de Bâle-ville.

Les monts et les campagnes regorgent d'initiatives communautaires et sociales qui, malgré une reconnaissance des pouvoirs publics, doivent se contenter d'agir à l'écart des grandes villes, et surtout de leur "Centre". Un centre dévolu à un tout autre secteur professionnel: le tertiaire, et à la bourgeoisie qui l'accompagne.

Pourtant cette idée d'auto gestion, appliquée dès maintenant pourrait nous offrir une voie alternative, une issue de secours à des population urbaines, régionales, voire nationale; l'autogestion pourrait être l'échappatoire à la situation actuelle qui n'a qu'un seul choix à nous proposer: les crocs des chacals capitalisés néo-libéralistes ou les griffes du Dragon chinois.

Pourtant les emplacements propices au développement de telles initiatives en périphérie de la ville existent. Ne manque que des volontaires. Il y a bon nombre de petites "affaires" familiales qui disparaîssent faute de repreneurs motivés et/ou acceptant de se laver les mains après une journée de travail.
L'épicerie au centre du village de Saint-Légier, sur les hauts de Vevey, est devenue un traiteur thaï...; qu'est devenue la laiterie de Cully qui, aux dernières nouvelles, intéressait plus un bureau de gestion immobilière qu'un laitier-fromager?
Quand un paysan est devenu trop vieux pour exploiter personnellement sa ferme, et sa terre, à la sortie du village de Jongny (toujours sur les hauts de Vevey), les pouvoirs publics en ont vite profiter pour "déclasser" son terrain.
La perpétuation d'une tradition serait-elle devenue un commerce rentable qui doit s'exhiber, ponctuellement au gré d'un calendrier festif, devant les objectifs des touristes russo-sino-japonais?

Selon plusieurs dire, les paysans subissent des pressions pour qu'ils bradent leurs efforts et les prix de leurs produits. Et, en plus de cela, ils doivent bien souvent passer au compost une partie de leurs productions.
Dès lors, pourquoi ne pas mettre en place des vrais programmes de "participation populaire" dans lesquels chacun participerait, en fonction de ses aptitudes, à la vie de la communauté?
La plus grosse part de la production serait pour la consommation endogène; un pourcentage serait réservé pour des échanges avec d'autres communautés, ou pour du commerce avec la ville.
La technologie actuelle permet la captation, la transformation et le stockage de toutes les énergies "naturelles" à des rendements élevés; les connaissances scientifiques nous permettent de conaître "intimement" le vivant sous toutes ses représentations, et de mieux comprendre la biodiversité qui nous entoure ainsi que les principes de "biodynamique" qui la régissent.
Les villes et communes pourraient également prévoir de mettre généreusement à disposition des Hommes de la Terre un bâtiment, genre hangar, pour qu'ils puissent quotidiennement venir y distribuer leurs marchandises, sans devoir se soumettre au racket des grands cartels alimentaire.

Tout est là, à portée de main...
(à suivre...)
NEMo

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