vendredi 25 novembre 2011

Un air de Taxi.

C'est un joli job. On se promène toute la journée avec des clients sympas, parfois jolies, parfois les deux.
Des gens riches, qui ne se la pètent pas (Excepté le Nescafard), des gens d'une toute autre richesse avec lesquels on découvre le Monde au travers de leurs souvenirs (me souviens d'un vieil homme de 80 ans qui parlait de Constantinople...), ceux qui voyagent et qui ramènent parfois des billets, des cartes postales, des bibelots des pays qu'ils ont visité (c'était le dada du pater...).
Vraiment un chouette Job, jusqu'en 2002-2003.

Après, le côté vénal de relation a pris le dessus.

Les vieux chauffeurs sont partis, les nouveaux ont tout foutu en l'air.
La clientèle Russe a remplacé les conférenciers du Mt-Pélerin, les Nescafards se sont encore plus emparés de la ville, les vieux-bons clients sont morts et les nouveaux-vieux sont enfermés en EMS.
Les femmes viennent chercher leur maris à la Gare, ou vice-versa; les jeunes ont de la thune qu'en fin de semaine, et les "ouvriers" sont de moins en moins en retard ou s'achètent leur propre véhicule (inéluctable).
Le volume de travail baisse, les compagnies pleurent pour une augmentation de tarif (pas justifiable) et, aujourd'hui, la méfiance et la "prostitution" l'emportent.

Le taxi est devenu cher en Suisse (à condition qu'il ait été une fois bon marché...)
D'ailleurs il arrive fréquemment que des clients se fassent déposer à quelques dizaines de mètres de leur destination. Pour ne pas montrer qu'ils ont pris le taxi. Comme si le fait de se faire véhiculer par un professionnel était un luxe...
Faut bien reconnaître qu'à quelque part, s'en est un.

Mais pourquoi est-ce cher?
Parce que dans ce job, c'est chacun pour sa pomme. Libre concurrence oblige. Et qu'aucun indépendant n'a jugé bon de se regrouper avec d'autres indépendants pour demander, ne serait-ce que, une baisse des primes d'assurance.
Sous prétexte que le véhicule est continuellement sur les routes, et que cela augmente considérablement les risques d'accident, les assureurs gonflent les primes RC (Responsabilité Civile) de 100% et proposent des "complémentaires" trop souvent "inutiles". Le second argument est que la voiture devient un outil de travail avec lequel nous allons "gagner" du fric.
Ce qui, au final donne une prime de base annuelle qui oscille entre 5'000 et 6'000 francs pour un banal véhicule de 2.4l de cylindrée au prix catalogue d'environ 70 tickets.
A cela s'ajoute (ou se déduit) aucune remise sur les carburants et l'entretien.
Deux trains de pneus l'an et une expertise également annuelle. Et, cerise sur le gâteau, un contrôle médical chez un toubib agrée SAN (le service des autos cantonal) payé 230 balles cash, sans possibilité de remboursement par l'assurance-maladie.
Pour couronner le tout, le TCS rechigne à avoir des "taxis" comme membre...

Soutien étatique ou communal: zéro dans notre partie du pays. La dernière demande d'aide envoyée à la municipalité de Vevey a été descendue en flamme et, toujours dans la même ville, c'est à cause d'un cadre Nescafard coincé dans un taxi, dans les embouteillages, que l'accès à UNE piste de bus fut ouverte aux taxis.
Celle entre Nestlé et la Gare...
Pour les autres "pistes de bus", une vieille querelle entre le commandant de police et un concessionnaire-conseiller communal bloque toutes les discussions. Tandis que Montreux et La Tour-de-Peilz ont accepté sans hésiter.
C'est comme ça sur Vevey: la police a, pour certaines choses, une mémoire d'éléphant et le carnet à PV facile.

Grâce aux nouveaux, le chauffeur de taxi a une mauvaise réputation, la concurrence est devenue autant méchante que malhonnête (quand il y a du fric à la clé, éthique et amitiés sont renvoyées aux catacombes)
et, allez profitons-en..., à cause du franc fort le volume de travail est, jour après jour, à la baisse.
Les clients négocient, les hôtels réclament des "commissions" sur les longs trajets.
Certains chauffeurs n'hésitent plus à utiliser leur propre véhicule privé pour transporter des clients qu'ils connaissent, ou faire des "Genève" parce qu'ils sont des "compatriotes" du concierge... Quand ils ne piquent pas des courses, ou font carrément des prix jusqu'à 30% meilleur marché que le tarif officiel.
Ils s'en foutent, ils font de la "caisse" et ce ne sont pas eux qui payent les charges d'entretien.
Sur le sujet la police du commerce, en charge également des "taxis", répond en trois mots:
"Liberté du travail"
Sauf qu'à ce niveau là, la liberté du travail tue le travail...

A Vevey et à La Tour-de-Peilz les employés chauffeurs sont payés au pourcentage de leur caisse uniquement.
40% brut en général pour un temps de travail hebdomadaire minimum de 53 heures. Je dis minimum parce que c'est plus souvent 55heures, 60 heures quand on ne dépasse pas les 72 heures pour un certain chauffeur...

Les entreprises montreusiennes proposent, de leur côté, un salaire mensuel fixe minimum de 3'600 francs (avec possibilité de bonus), et un salaire horaire-cacahuète pour les auxiliaires.
Une misère compte tenu des singes-gorets qu'ils doivent majoritairement transporter, et des déprédations occasionnées dans les véhicules (vomissures, abandons de bouteilles vides ou de capote usagée...). Sans parler des prises de tête avec une jeune clientèle over-alcoolisée.

Pour la profession il n'existe aucun syndicat, ni aucune Convention collective de travail. Et les communes concernées n'envisagent pas d'en réclamer, de la part des employeurs pour les employés.
Le nouveau règlement de police concernant les taxis effleure juste le sujet des CCT, et au conditionnel encore.

Pour ma part, et j'ai été patron un temps, j'avais espéré, et voté pour, que le "salaire minimum" soit accepté par le peuple. Il s'en est fallu de peu...

C'est vrai que le salaire minimum n'aurait pas soigné les "Picsou" et autres "addictés" du pognon. Mais cela en aurait bien aidé d'autres, qui restent plantés, à se les peler, sur la place de la Gare pendant que son collègue se tapent toutes les bonnes courses. Ou encore ceux qui comptent les fouines et les renards, toujours sur la place de la Gare, entre 0100 et 0500 en semaine...

Un salaire minimum aurait déstressé bon nombre d'employés que l'incertitude salariale mensuelle maintien sous pression.
Bosser comme un con six jours sur sept en augmentant le facteur risque d'accident à mesure que notre capital repos-sommeil s'amenuise, c'est aussi faire partager ce risque avec ceux que nous côtoyons, et du temps perdu avec notre famille.

Savoir au début de chaque mois que nous avons le même pécule en poche, n'empêche pas, de temps à autre, de se taper un petit "extra". Un extra "réfléchi" et librement consenti.

Savoir qu'à la fin de chaque mois nous aurons le même montant "X" permet de "clarifier" le budget ménage, de savoir vers "quoi" on va, et comment nous y allons.

N'est-ce pas ce qu'il y a de mieux pour l'homme et son économie?
Ou alors j'ai rien compris... En tout cas, vivement la prochaine votation...

NEMo

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