mercredi 16 novembre 2011

Que mettons-nous dans nos poubelles?

Selon un article paru dans le "Matin dimanche" du 13.11, qui reprenait une étude faite par l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture, un tiers des produits alimentaire (du producteur au consommateur) finit à la poubelle. Venant de l'ONU, je pense que cette étude est à considérer sur un point de vue mondial.
Une étude allemande, quant à elle, évalue ce même chiffre à 50% dans les pays industrialisés.

Rien qu'en mettant dans un congélo cette "moitié" superflue, et en la faisant parvenir à ceux et celles qui en ont besoin, tous les problèmes liés à la malnutrition pourraient disparaître en une année.

En Suisse, c'est 250'000 tonnes de denrées alimentaires qui finissent à la poubelle chaque année. Soit environ 32 kg de nourriture par tête de suisse.

Grâce à la magie des chiffres et à l'illusion des équivalences, nous pourrions dire que 266 steaks (120gr) ou 160 entrecôtes (200gr), de boeuf naturellement, sont détruits sans être consommés.
Nous pourrions aussi avancer que 7,8 millions de suisses pourraient offrir un steak par jour à 7,8 millions de crèves la faim, pendant 9 mois.
Mais comme de bien entendu, les choses ne marchent pas "comme ça"!

Faire parvenir de la nourriture en Afrique, ou en Asie, est BEAUCOUP plus compliqué que de faire venir des dizaines, si ce n'est des centaines, de tonnes de glace d'eau pure, extraite d'un lac canadien perdu l'on ne sait où, pour en faire une expo de sculptures sur les Champs-Elysées.
Le tout sans briser la fameuse "chaîne du froid".

250 millions de kilos de denrées alimentaire qui finissent dans des sacs poubelle; 250'000 tonnes qui finissent dans des containers "cadenassés" dans l'enceinte des centres-commerciaux et autres "Supermarchés".
Pourquoi...? Pour éviter tous risques de vols de nourriture périmées par soucis de "santé publique"?
Belle hypocrisie! Surtout quand nous savons que certaines enseignes ne se gênent pas de "javeliser" la nourriture qui pourraient, sans problème, encore être consommée.

Rien que la quantité de pains "frais" sortis, le jour même, des fours Manor qui remplissent les sac pavag dès la fermeture, est "écoeurante".  Après tout cela, on ne peut que penser:
"Ils ne nous veulent pas du Bien, ces gens là...!"

Il y a un autre aspect moins "humanitaire", mais tout aussi négatif, de cette destruction massive volontairement recommandée qui est liée au gaspillage de ressources naturelles, d'énergies, de temps, de travail et de "savoir-faire" humain nécessaire à la production de cette nourriture.

Pour revenir sur mes "équivalences" foireuses, continuons d'imaginer que ce faramineux tonnage de déchets alimentaire provienne de notre cheptel national et européens, et reprenons notre chère viande de boeuf.
Un boeuf ça pèse bien dans les 700 kilos au moment de passer par l'abattoir.
250'000 tonnes de déchets représenteraient la mort, comme ça, juste pour le plaisir, de 357'142 bêtes.
Plus fort:
Dans un boeuf, ou même une vache, la "part" de viande commestible qui finit dans les divers présentoirs, ou sur les étals, est le 30 à 40% du poids de l'animal.
Un boeuf de 700 kilos donne, en le faisant à 35%: 245 kilos de steaks, d'entrecôtes, et autres "spécialités" du Chef. Alors en faisant corréler la part "commestible" de l'animal avec la quantité de nos déchets, on sacrifierait inutilement plus d'un million de boeufs.
Cela n'a plus rien à voir avec une "hécatombe"...

Pour aller plus loin dans l'absurde, mais sans vous donnez le détail:
Pour "faire" un kilo de boeuf on utilise 15'340 litres d'eau. Multipliez par 250'000'000 et vous aurez le volume de flotte gaspillé qui finit au container.

Plus sérieusement, le gaspillage est bien réel. Il est quotidien et nous y apportons notre contribution au moins tout autant que nous en sommes les témoins passifs.

Il y a un "fait" tout aussi dramatique que celui de ne pas vouloir nourrir des peuplades qui n'ont pas de quoi se procurer, elles-même, de la nourriture qui est que nous regardons la destruction de notre travail, l'annihilation de notre oeuvre et la négation du temps que nous y avons consacré sans réagir. Tant notre main se satisfait du plaisir que lui procure le "contact" de la liasse de billets, au fond de notre poche.

Alors finalement, quand nous mettons à la poubelle nourriture, ou même autre chose, que jettons-nous vraiment?

NEMo

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