lundi 12 mai 2014

Un Griffon contre un Tigre (1 Gripen contre 1 Tiger)

Avant chaque votation, celle et celui qui peut voter reçoit, avec son matériel de vote permettant l’expression de son choix par correspondance, un petit fascicule rouge expliquant les ‘’objets’’ soumis à la décision populaire.
L’objet ‘’4’’ de la prochaine votation, nous  demande : « Acceptez-vous la loi fédérale du 27 septembre 2013 sur le fonds d’acquisition de l’avion de combat Gripen (Loi sur le fonds Gripen) ?

Dans ce petit fascicule rouge il est donné comme début d’explication que : « Les Forces aériennes suisses ont pour mission de surveiller en permanence l’espace aérien de notre pays et de le protéger, voire de le défendre, en cas de crise ou de conflit. »
En permanence, voilà un terme qui me fait sourire et me rappelle le cas de cet avion de ligne détourné qui s’était posé à l’aéroport de Cointrin (Genève) le 17 février dernier. Ledit appareil a d’abord été pris en charge par l’Armée de l’air italienne qui a refilé le ‘’bébé’’ à ses homologues Français qui ont assuré la livraison et la sécurité aérienne jusqu’au bout. Parce que les avions de l’armée de l’air suisse ne décollent pas avant 0800 GMT heure de Berne. Pourtant, sous permanence, le dico me dit : « Caractère de ce qui est permanent. En permanence : sans interruption ; continûment. »
On peut supposer, vu que l’aéroport de Cointrin est quasiment à cheval sur la frontière Franco-Suisse, et que les chasseurs français avaient le manche bien en main, que les Helvètes aient laissé faire. Mais que ce serait-il passé si l’apprenti pirate de l’air n’avait pas été un ‘’requérant d’asile’’ et avait décidé de posé  l’appareil à la Place des Nations, sur le Parc des Bastions ou sur la Rue du Rhône ? La réponse demeurera à jamais dans notre imaginaire.
Donc, l’armée de l’air suisse assure notre sécurité pendant les heures de bureau et le reste du temps, ce sont nos voisins qui se chargent de la permanence. Sauf pendant le WEF (World Economic Forum) de Davos où là les centaines d’invités sont plus importants que les millions de Suisses, femmes et enfants inclus, qui dorment paisiblement en croyant que leur armée veille sur eux.

Alors, et afin de renforcer cette permanence, que les souteneurs pro-scandinaves prennent en otage, il nous est demandé, à nous Peuple Suisse, de dire « Oui »  pour l’achat de 22 avions de combat Saab Gripen E, pour la modique somme de 3,126 milliards de nos francs.
22 Saab Gripen E pour 3'126'000'000 de francs. Ce qui fait à l’unité : un poil plus de 142 millions de francs, pour la meilleure offre en rapport qualité/prix.
Je vous le dit franchement : Avant de fouiner sur le net, je n’avais AUCUNE idée de ce que pouvait coûter un avion de chasse.
En 2007, au Bourget, un avion de chasse américain classique F-16 ou F-18 se négociait au dessous de 20 millions d’euros ; le Rafale B se vendait à 50 millions d’euros pièces.
Un Gripen coûterait quasi cinq fois plus qu’un Rafale ?!? Bien sûr que non.

Quand vous achetez une voiture, le concessionnaire ne vous vend pas le mécanicien, le lift, les outils nécessaires à l’entretien de la voiture et le moniteur de conduite qui vous apprend à faire joujou avec les gadgets électroniques; pour les avions de chasse, oui.
Donc quand on nous dit : « Acheter les Gripen », il faut comprendre « Acheter le concessionnaire ».
Ce qui ne nous dit toujours pas combien coûte cet avion !? Je pense que nous ne le saurons jamais.
Alors on va supposer. Les défenseurs pro-actifs favorable au Griffon nous disent que des entreprises européennes, liées de je ne sais quelle manière au deal helvético-suédois, vont faire du business avec certaines entreprises de nos contrées pour un montant avancé de 2,5 milliards de francs. Un montant qui devrait rééquilibrer (c’est un bien grand mot) la ‘’balance commerciale’’ entre le pays acheteur et ceux qui nous vendent quelque chose (le concessionnaire et ses amis) se rapportant au Gripen.
Du coup, je déduis ces 2,5 milliards de francs aux 3,126 milliards annoncés par notre Berne Fédérale et j’obtiens une différence de 626 millions de francs. On divise tout ça par 22 (le nombre de Gripen en volonté d’achat) pour trouver le « Juste prix » de 28'454'545 virgule blabla.
Le Gripen E coûte presque 28,5 millions de nos francs l’unité. Il possible de critiquer la méthode de calcul plus qu’abracadabrante. Néanmoins, pour les plus fute-futes du net, en cherchant « Combien coûte un Gripen ? » sur la toile, on peut trouver une page en français du site de Saab, qui nous apprend que le « prix de base d’un Gripen » est de 27 millions d’euros.

3,126 milliards (pour commencer…)
Allons-y ! Soyons fous ! Nous venons déjà de donner un chèque en blanc aux CFF pour la modernisation de leur réseau et Mme Leuthard n’attend que le bon moment pour nous enfiler ses augmentations d’essence et de taxe sur les huiles minérales.
Vous pourrez me dire que ce sont des domaines biens différents, que les pro-Gripen assurent qu’il ne sera pas demandé un sou aux contribuables, et j’en conviendrais. Sauf que je ne remplis pas une déclaration d’impôts pour la ‘’Défense’’, une autre pour ‘’l’environnement’’, une autre encore pour les routes, une quatrième pour les CFF, etc. En plus de toutes les taxes qui lèsent notre porte-monnaie.
Mais le ‘’Hic’’ avec ces Gripen, c’est que l’avion n’existe pas. Il n’existe pas dans le sens où il ne s’agit pas d’un modèle existant, testé, « simulationné » dans tous les sens et devant sortir de la chaîne d’assemblage, mais bien d’un nouvel appareil dont « des dizaines de composants doivent encore être développés », selon le comité référendaire opposé à l’acquisition de cet avion.
Donc pour que l’esquisse papier, les plans, deviennent une réalité matérielle le Peuple Suisse devra donner son ‘’Feu vert’’ pour le crédit d’achat qui avalisera le versement d’une avance de 40%, soit quelques 1,250 milliards de francs, permettant la construction du futur avion de chasse Helvétique. Ou pas.

Quand je repense à l’annonce pub, en faveur des Gripen, qui tournait sur les panneaux lumineux situés aux sorties des giratoires veveysans : « 73% des Suisses veulent une armée crédible », je ne peux m’empêcher de sourire. C’est vrai que le Café du Centre, l’Auberge communale ou la Pinte à Lucette sont surprotégé quand l’armée fait ses exercices de guèguerre, mais question crédibilité, on est loin du compte.
Actuellement l’armée Suisse dispose de 86 avions de combat, dont 54 F-5 Tiger, qui ont plus de trente ans, et qui « seront retirés du service d’ici 2016 et remplacé par 22 avions de combat modernes et performants de type Gripen E. Ces derniers seront livrés à partir de novembre 2018 ».
Jusqu’à ce que la livraison des nouveaux appareils soit menée à son terme, la sécurité dans le ciel helvétique sera assurée par les 32 F/A-18 restants et onze Gripen C/D « qui seront loués aux Forces aériennes suédoises pour combler les lacunes au cours de la période transitoire. »
Il faut payer maintenant pour que nous puissions garantir notre sécurité aérienne, tout seul, comme des grands, 24/24 à partir de… 2018. D’ici là, les menaces éventuelles qui sont listées par les défenseurs pro-Suédois, seront en ‘’Stand-by’’ ; le méchant terroriste pensera enfin à la Suisse dans trois ans et  Poutine expliquera à la Douma : « Nous devoir attendre que Armée Suisse avoir Gripen E avant d’envahir Est de Ukraine. » Crédible, avez-vous dit ?!

Mais ce n’est pas cela qui me chiffonne le plus. Ce qui me dérange le plus, c’est le fait que nous achetions, avec de l’argent que nous n’avons pas, quelque chose qui n’existe pas. Parce que si le débat se fait autour de l’acquisition de ces nouveaux avions, le texte que nous devons approuver porte bien sur le fonds devant financer l’achat de ces avions  (Loi sur le fonds Gripen). Un fonds créé par le Parlement en septembre 2013, après que le chef des armées se soit fait imposé, par d’influents lobbies, ses nouveaux joujoux.
Et si le Peuple accepte cette loi, Berne versera une avance de 40% du prix d’achat à Stockholm, soit 1,250 milliards de nos francs. Pourquoi, en gage de la bonne foi du Peuple Helvétique ? Pour que Saab puisse fabriquer ce nouvel avion et que l’esquisse sur le papier devienne une réalité physique et matérielle ?
Mais c’est dans l’air du temps. Il y a bien longtemps tu faisais des économies avant de t’acheter l’objet convoité, et c’est ce que nous répétons inlassablement à nos enfants : pas de sous, pas de cadeaux ; après tu as commencé à t’offrir de trucs hors de prix avec de l’argent que tu n’avais pas sur ton compte, et tu trimais comme un con (on rame toujours d’ailleurs) pour rembourser ta dette ; aujourd’hui tu t’endettes à l’avance pour un joli dessin, une belle esquisse ou des plans sur papier.
Sauf que c’est plus facile pour le gouvernement vu qu’il y aura toujours de pauvres diables pour payer  des impôts derrière.

Nemo.

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