jeudi 22 mai 2014

Croyance évolutive.

Je dirais naïvement que depuis l’avènement de notre bipédie, qui a aidé au développement de notre cerveau, notre esprit et notre intelligence, nous avons pris conscience de notre existence dans le ‘’Temps’’.
Les souvenirs de ce que nous avons vécu, la persistance de ce que nous avons bâti ; le souvenir de nos apprentissages d’un quotidiens qui se répètent, qui re-commencent, font partie de toutes ces choses nous qui ont donné la confiance que ‘’demain sera’’.
Les souvenirs de tout ce que nous avons fait et vécu sont devenus notre histoire. Une histoire qui se raconte à celles et ceux qui nous succèderont en même temps que se partagent des émotions qui, elles aussi, s’inscrivent dans la durée.
A notre mort, qui marque la fin de notre existence physique, notre histoire s’arrêterait si nous ne continuions à ‘’vivre’’ au travers des souvenirs qui hantent l’esprit de nos survivants.
Cette capacité à ne pas oublier a peut-être créé le dernier acte d’amour qu’est l’enterrement. On pourrait voir dans le rituel de la mise en Terre la perpétuité d’un geste de ‘’protection’’ pour la dépouille du défunt apprécié, aimé, respecté ou chéri, contre les carnassiers et autres charognards qui menaçaient nos lointains ancêtres.
A mesure que notre intellect se développait, l’humain s’est rendu compte que les corps sans vies se décomposaient, se mêlaient à la Terre, redevenaient ‘’poussière’’. Ce qui forcément finit par induire la question du devenir de cette ‘’parole’’ qui résonne dans toutes les têtes.
Il devenait nécessaire que cette existence immatérielle trouve son refuge, comme le corps qui retourne à la Terre.

Au début, quand nous n’étions que des créatures instinctives, nous étions des créatures craintives. Nous avons domestiqué le feu mais il y avait toujours ces invisibles géants qui provoquaient des séismes, des tsunamis ou de dangereux monstres qui crachaient du feu du fond des entrailles de la Terre. Des divinités qu’il fallait apaiser, craindre et respecter.
Je pense qu’assez vite les créatures de la Terre se sont confrontées aux créatures du ciel et qu’à mesure que nos consciences se développaient les divinités célestes se sont humanisées. Nous leur devions toujours obédience et certaines d’entre elles veillaient sur les Hommes ; nous leurs adressions nos prières pour qu’elles accueillent dans leur royaume l’âme de nos disparus.
Puis les divinités disparurent à leur tour quand l’homme crut comprendre qu’il était aux ‘’commandes’’ de sa destinée.
Subsistait toujours cette magie incompréhensible de la Vie dans son ensemble et le besoin, un besoin humain, d’une récompense éternelle pour une vie de labeur et de servitude, ou d’un châtiment sans fin et douloureux pour les êtres mécréants et cruels.
Car la satisfaction d’une existence remplie d’actes justes et généreux ne suffisait pas à l’homme au moment de rendre son dernier souffle. La pérennité des bienfaits accomplis devait avoir une résonance céleste et divine.
La croyance d’un Dieu unique ayant offert aux Humains tout ce qu’il leur serait nécessaire pour vivre et se protéger, ainsi que la promesse d’une vie éternelle, s’imposa avec comme seules contreparties le respect des Lois divines et l’adoration du Créateur.

L’Homme, dans son infinie arrogance, se plaît à dire que « Dieu a créé l’homme à son image. »
Les divinités étaient terrifiantes, de monstrueuses créatures qui se nourrissaient de chair humaine. Les dieux cannibales furent vaincus par une descendance qui préféra les hommes courageux et guerriers.
Le déicide gréco-romain céda la place au Dieu unique plein d’Amour et de compassion. Une évolution céleste qui suit peut-être le désir humain de vivre en paix ainsi que le développement de son empathie.
Malgré tout l’homme, enfin devenu adulte, ne pouvait s’empêcher de résister à des pulsions ‘’destructrices’’, dangereuses pour lui-même et celles ou ceux qui déclenchaient son ire.
A cela il fallait trouver une réponse.
Les deux livres qui guident, lignes après lignes, le croyant sur le chemin de la Foi ont donc donné au Créateur la ‘’qualité’’ qui permettra à l’Humanité de persévérer dans ses excès : La Miséricorde ; tandis que dans son Amour infini, IL nous laissait notre « libre-arbitre ».
Dieu n’a pas créé l’Homme à son image, mais un groupe d’hommes ont créé un dieu à leur image. Un dieu qui acceptera le repentir, peut-être sincère, d’une créature douée d’intelligence qui se rend compte, au crépuscule de son existence, que ‘’demain ne sera plus’’.

De toutes les créatures qui sillonnent la surface de la Terre, l’Homme est certainement celle à laquelle la Création a promis le plus bel avenir. Et ce grâce à son ‘’esprit’’, son intelligence, qui ne cesse d’emmagasiner de nouvelles ‘’connaissances’’, qui ne cesse d’améliorer les découvertes de ses ancêtres. Par cette incessante ‘’modernisation’’ l’Homme a fini par s’affranchir des Lois de la Nature.
Les maladies, ou blessures, qui furent mortels il y a plusieurs décennies peuvent se soigner ; les dangereuses épidémies sont confinées ou éradiquées et la médecine est capable d’opérer un bébé dans le ventre de sa mère ou de changer un organe interne défaillant.
La modernité, appliquée à l’agriculture et ajoutée aux moyens de transports performants, permet aux populations ‘’civilisées’’ d’avoir quotidiennement de quoi se nourrir en abondance.
Nous voyons de plus en plus loin dans le Cosmos, donnant des dimensions inimaginables à un Univers dans lequel dieu s’est perdu, pendant que certaines sciences travaillent sur les nanotechnologies.
Le revers de cette médaille est la destruction, lente et inexorable, de la biosphère qui a permis à la Vie, telle que nous la connaissons, de se développer.
Ce faisant nous avons oublié qu’il nous était demandé, en échange de toutes ses richesses : De prélever uniquement ce qui nous serait nécessaire pour notre survie, et que nous trouverions « dans les animaux les signes propres à [nous] instruire ».
Le développement de notre intelligence, merveilleux cadeau de la Création, nous a permis de comprendre le vivant dans le moindre de ses détails ; cette intelligence nous a permis également de comprendre et d’expliquer une création qui aurait très bien pu se passer d’une assistance Divine.
A tel point qu'aujourd'hui Dieu ne juge plus nos actes, Il nous pardonne à la fin de notre vie (terrestre); Nous ne devons plus être à l’écoute de notre mère Gaïa, mais nous conformer à la pensée sociétale ; Nous n’avons plus à être responsable de nos actes, nous payons des assurances pour cela et des avocats pour nous justifier.

L’Homme se retrouve confronté à l’homme et doit, après de multiples épreuves qui ont débuté à la première division cellulaire, trouver le moyen de « gagner sa vie ».
Le veau d’or est revenu plus fort que jamais et il dirige nos existences ‘’civilisées’’.
Tout ce que la Création a mis à notre disposition, toutes les matières premières offertes par la Vie prennent des valeurs subjectives qui ne représentent plus la quantité des ressources disponibles et sont devenues des outils d’enrichissement personnel pour les plus cupides d’entre nous.
Les apôtres de l’argent sont parvenus à nous imposer leur racket sur les produits de la Terre servant à notre alimentation. Plus fort : Ils sont parvenus à vendre le travail de l’Homme, à hiérarchiser les aptitudes humaines et à rémunérer l’homme, de manière inversement proportionnelle, à ses connaissances nécessaires à la survie de notre espèce.
Le Veau d’Or a trouvé dans le peuple, soit-disant élu, libérateur de Barrabas, ses cavaliers qui lui a permis d’imposer son ordre sur toute la surface de la Terre et de renvoyer à la misère les infidèles après leur avoir dérobé leurs terres.

Des premiers hominidés, qui sacrifiaient leurs enfants pour assouvir la colère d’une créature imaginaire, au Sapiens qui sacrifie l’Amour de ses enfants pour satisfaire au diktat économique régi par une finance virtuelle, il y a des centaines de milliers d’années et un point commun : Notre besoin d’être sous le joug d’une entité ‘’imaginaire’’.
Pourtant, si la Création nous a permis de nous libérer, en partie, des contraintes de la Vie ainsi que la capacité de modifier notre environnement de manière durable, je doute que cela soit pour que nous détruisions notre biosphère et que notre existence quotidienne ressemble à une relation maître/esclaves.

Nous pouvons voir notre origine dans l’union duale de nos parents, de nos grands-parents, de nos ancêtres ; nous pouvons deviner notre origine dans l’apparition de la première vie sur Terre ; nous pouvons nous imaginer un Père solaire qui ensemence une Mère terrienne et nous pourrions nous prétendre enfants de la Terre et fille ou fils du Soleil. Il est même possible de pousser notre Origine à l’extrême en la recherchant dans un événement qui se serait produit il y a plus de 13 milliards d’années et, pour les plus croyants, d’y voir la volonté d’une Pensée Créatrice.
Sauf que notre croyance évolutive nous a fait oublier d’où nous venons et cette amnésie est entrain de nous enfermer dans des prisons de plus en plus petite. Nous avions la Terre, voire la Cosmos, a découvrir mais notre réalité ce révèle sur un écran de smartphone qui nous donne accès à notre compte bancaire.

Bientôt l’argent disparaîtra et deviendra une entité immatérielle qui régulera nos vies. Non pas parce que nous l’avons banni de nos existences, mais parce que ceux qui nous dirigent nous l’auront retiré grâce au paiement électronique. Quand cela sera fait, nous deviendrons tel des singes qui, enfermés dans une cage, ne vont plus prendre la nourriture qui les attend au milieu de leur prison. Sans qu’aucun ne sache pourquoi.
L’argent sera plus qu’un nombre variable inscrit sur l’écran d’un appareil électronique relié à un super ordinateur caché dans un ‘’cloud’’.
Les plus chanceux, les nantis se soigneront à l’aide de pièces biotechnologiques et leurs esprits seront reliés, par une interface neuronales, au ‘’Grand Ordinateur’’.
Quand aux plus miséreux, parce que notre Terre sera devenue stérile, ils serviront de biomasse, d’engrais, de ressources alimentaires, ou encore de sources d’électricité pour que vive le ‘’Grand Ordinateur’’ et ses apôtres.

Nemo.

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