mercredi 25 janvier 2012

La Firme.

Un directeur de Novartis avouait, du bout des lèvres, aux journalistes que si sa Société envisageait de fermer une usine en Allemagne (Novartis voudrait fermer une quinzaine de sites sur 80 dans le monde), ils auraient la "Deutscher Jagdterrier", Anguela "Pinscher" Merkel, sur le dos…
Il est possible que la boîte à Vasela ce soit rabattue sur le site de Prangins, en pensant que les p'tis Suisses se laisseraient plus facilement boulotter… Mal leur en a pris!

Tout le tissu socio-économico-politique de la région est monté au front, avec l'approbation de la Confédération, pour sauver emplois et employés menacés et par là-même maintenir l'usine opérationnelle.
Une usine qui, bien que sous utilisée, est encore rentable et venait d'annoncer une augmentation de bénef net de + 7%.
De quoi déconcerter la majorité des observateurs s'y connaissant en économie, ainsi que dans le monde des pharmas…

Après un rude combat, de l'aveu même des différents acteurs, qui aura duré près de trois mois, Novartis cède, plie, revient sur sa décision initiale de fermer l'usine de Prangins en 2016.
Plus de trois cent emplois sont donc sauvés!
Liesse générale, félicitations, congratulations, champagne petits-fours et cotillons…
Certains diront même, à 50 ans, vivre le "plus beau jour de leur vie", d'autres verront la Vierge et les médias parleront de "Miracle à Prangins"…

Cette victoire, celle de la solidarité humaine sur le côté le plus vénal du néolibéralisme, n'a pas été obtenue sans concessions (Fô pas trop rêver non plus):
*Augmentation du temps de travail hebdomadaire, et baisse des salaires.
Le grand patronat helvétique en rêve et le réclame depuis des mois, les employés Novartis l'offre à Vasela. Monsieur Brenneisen, le nouveau directeur de Novartis Suisse dira: "Le personnel nous a apporté des solutions créatives"
* Une sorte de sésame donnant accès à la multinationale, en tant que collaborateur, à certains projets en phase de développement dans les Hautes Ecoles lémaniques.
*Avantages fiscaux accordés aux entreprises innovantes, créatrices d'emplois et qui investissent dans le canton…
*Et le déclassement d'un petit terrain de 21'000 mètres carrés de zone industrielle à zone constructible. Avec la promesse de ne pas faire de logements subventionnés…

Sur les deux derniers points, qui pouvaient prêter à controverse, les élus ayant participé au sauvetage préciseront de concert que l'allègement fiscal n'est que la mise en application d'une loi déjà existante; quand au terrain réaffecté: "Il se trouve sur une zone que de toute façon commune et canton veulent développer".  Que l'opération rapporte, au passage, quelques 20 millions de francs au groupe Bâlois, est en sorte un petit bonus de remerciements.
Les membres actionnaires de la Fondation "Ethos", qui en avaient marre de voire l'action "Novartis" stagner en bourse, ne doivent certainement plus savoir avec quelle main essuyer la dernière goutte…

Bref, deux des quatre points qui furent présentés comme essentiels dans les négociations n'ont pas vraiment l'impact stratégique que l'on souhaite nous faire croire s'ils accordent des faveurs auxquelles Novartis aurait pu de toute manière profiter, sans virer 320 personnes.

Si j'ai bien compris, la nouvelle chaîne de production fabriquera des médocs destinés au marché américain. Désolé de poser cette question, mais si c'est bien le cas, pourquoi l'installer ici?
Depuis 2008 la puissante FDA (Food and Drug Administration), en français c'est plus long et cela donne: "Agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux", est sur le dos de Novartis version US. Pour une histoire de sécurité sanitaire (ou d'hygiène) dans des chaînes de production (toujours si j'ai bien compris).

Comme la FDA est bien plus mauvaise que la Pinscher allemande, et qu'elle ne se gêne pas de faire toutes les misères du monde à ce qui n'est pas estampillé "Monsanto", Novartis avait quand même du souci à se faire. Du moins jusqu'à la petite phrase de Monsieur Schneider-Amman: "Le Conseil Fédéral appuiera les mesures qui maintiennent l'attrait de la Suisse pour les pharma (…)", qui mettait un terme à trois mois de tractations.

Au-delà de la sincère satisfaction de voir des grands-parents pouvoir garder leur job, je me dis que sur ce coup-là, Novartis a joué avec quelques coups d'avance, que le PLR en a trop bien profité, et qu'il en tirera profit encore pendant quelques semaines. Au bol, je dirais jusqu'à la mi-mars...

D'ailleurs Monsieur Leuba n'a pas manqué, lors d'un entretien accordé au "24 heures", de souligner que s'il devait "un jour écrire un livre sur sa personne, il commencerait par raconter ces treize semaines de négociations".

Ph. (plus du tout neutre) Leuba en Costner, sauvant le monde économique Suisse d'un conflit chimique mondial; Mister Leuba revendiquant silencieusement le titre de Romand du siècle; Philippe le Bon, dans un clan qui a déjà retrouver sa Brute (Muller) et son Truand (Zweifel).

N'y voyez rien de personnel, je prépare juste quelques "remake", et j'essaie de faire de l'humour cinématographique….

NEMo
Erin, c'est pour la suite...

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