samedi 21 septembre 2013

Permis de réguler...

…et morts conventionnels.

Ce 17 septembre « On en parle » avait un sujet sur la saison de la chasse qui débute sous peu. On y parlait des risques éventuels pour les randonneurs, des quotas, des cibles inscrites sur le tableau de chasse ; des bouts de vêtement fluos que porteront les chasseurs, que devront porter les amoureux de la Nature et les bouviers bernois. Il a aussi été question du grand professionnalisme de ces tueurs qui identifieront clairement leurs cibles avant d’engager leur arme.
Des pros de la "gâchette responsable" qui réussissent à se flinguer eux-mêmes en trébuchant sur leur fusil.
Aux dernières nouvelles, les chasseurs valaisans se tiraient dessus ( ?!) Certainement une histoire de territoire, vu qu’ils ne peuvent pas pisser sur tous les rochers.
Dans le sous chapitre des quotas, le terme « réguler » fut mentionné en parlant de la population des cerfs qui nuisent à la « diversité des essences » (c’est fou cette manie humaine de vouloir tout réguler). Une surpopulation de cerfs chiffrée à  1'800 bestioles de trop qui, ma foi, se nourrissent aux arbres, en soulignant que les jeunes cerfs bouffent de jeunes arbres, d’où la menace pour la diversité des « essences ».
Le chasseur serait-il un écologiste vert de chez vert qui préserve la vertitude de nos monts… ?
 
Il fut également question du "suivi" de ces gibiers abattus et, fait étonnant, on ne les retrouve pas, emballés sous vide, sur les étals de nos supermarchés. Nos supermarchés préfèrent nous proposer des produits issus de la chasse de l’Europe de l’Est. Sont pas fous les chasseurs de là-bas : Manger de la viande apprêtée aux résidus de Tchernobyl ? Que Niet-niet…
En Suisse on peut trouver de la chasse helvétique chez les bouchers du coin qui sont dans la filière d’approvisionnement « SwissHunters » et dans les cuisines de certains restaurants. Pour le reste, le chasseur dispose de ses victimes, qu’il peut consommer à sa guise.
Le chasseur serait-il aussi l’ennemi des sociétés multinationales qui oeuvrent dans l’alimentaire ?
Il se nourrit local, laisse quelques restes pour les renards errants et enterre ses victimes dans la plus pure tradition des druides celtiques, bref serait-il un altermondialiste qui œuvre dans une communauté autogérée ?
Si c’était le cas pourrions-nous, une fois la saison de la chasse terminée en Suisse, expédier ces protecteurs de la biosphère en Indonésie, en Amazonie ou en Afrique pour qu’ils régulent la population des coupeurs d’arbres locaux et mettre un terme à la déforestation aveugle de notre Terre ?
Du coup nos chasseurs se retrouveraient en confrontation avec les flingueurs locaux qui cartonnent sur les syndicalistes, les néocommunistes, les écologistes… au lieu de se tirer dessus dans les montagnes valaisannes.

Nous avons une sensibilité variable avec le vivant. Les libres cousins des pensionnaires de zoos doivent être réguler, mais on protège la panthère des neiges (je n’ai absolument rien contre) ; Nos animaux de compagnie sont bien mieux nourris que les paysans dans les pays en voie de développement; les bêtes de rentes doivent être préservées psychologiquement lors de leur séjour en abattoirs, l’expérimentation animale est à bannir tout comme le commerce de la fourrure, mais les périodes de chasse demeurent.
Comme s’il y avait un consensus qui tolère et accepte la mise à mort dès qu’elle se ritualise un minimum ou qu’elle se donne de manière "normale". Et là encore il y a des divergences sur la "normalité" de la mise à mort qui dépend de l’endroit dans lequel vous vous trouvez sur la planète, des religions et des "us et coutumes" locales.
 
Ces morts intolérables.
Le pire c’est que cette sensibilité à géométrie variable s’applique également aux humains. Nous, pays civilisés à l’économie avancée, faisons tout pour mettre en place des systèmes qui nous assurent une sécurité sanitaire, une sécurité professionnelle, une sécurité routière, pour que nous mourrions heureux et de vieillesse. Trop de morts sur les routes exige des mesures de préventions ; des morts violentes en banlieue créent des émeutes sur plusieurs jours ; les erreurs médicales et les scandales liés à certains médicaments initient des procès ; des violeurs meurtriers récidivistes deviennent des tragédies nationales.
Mais que deviennent les petits noirs de cinq ans qui meurent de faim au milieu d’un désert ?
Leur sort, ainsi que celui des petits asiatiques, nous importe-t-il ? De savoir qu’ils ont faim va-t-il nous encourager à mieux redistribuer nos "richesses" alimentaires et faire un sorte que nous ne jetions plus, chaque année, près d’un tiers de la production alimentaire mondiale ?
« Même pas en rêve », dirait le Génie.
En Syrie, les belligérants ainsi que les populations civiles peuvent mourir, les enfants peuvent faire partie des dommages collatéraux, des femmes peuvent se faire violer, des crimes de guerres peuvent être commis le plus « conventionnellement » du monde. Mais il est formellement interdit d’utiliser des armes chimiques et non conventionnelles.
On se demande bien pourquoi?!?
Peut-être que les armes conventionnelles demandent moins de travail d'entretien sur les victimes. Des pinces chirurgicales pour retirer des éclats d'obus, du fil et des aiguilles, une bonne scie, de la morphine et des dafalgans coûtent moins cher que la prise en charge des blessés aux neurotoxiques. Et comme l'économie va pas fort en Syrie, faut pas trop endetter les futurs vainqueurs avec des frais médicaux à la con, vu ce qu'ils débourseront déjà pour payer l'achat de matos de guerre aux gentils gouvernements qui œuvrent pour la paix...
[Notez au passage que le départ de Bachar n’est plus une condition mentionnée dans les négociations actuelles…]

NEMo.

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