jeudi 12 septembre 2013

Ils bombardent ou pas?

Trois récents sondages (deux en France et un en Suisse) ont révélé que les citoyens des pays cités étaient contre une intervention en Syrie ; le gouvernement british a dû faire marche arrière face à la réticence du peuple anglais, tout comme l’opinion publique américaine est réticente à une intervention en Syrie.
Alors pourquoi tous ces élus présidentiels, mandatés par leur peuple respectif pour appliquer les volontés des leurs électeurs font-ils le contraire de ce que la rue exprime ?
Ils font le contraire en intégrant, dans leurs discours expliquant ‘’pourquoi’’ il faut le faire, les valeurs que les nations puissantes ont le devoir de faire respecter tout autour du globe, valeurs incluant la démocratie.
L’UE (plus particulièrement la France) et les States sont d’une certitude sans faille alors que le rapport des enquêteurs de l’ONU n’apporte pas de réelles preuves, et ils se préparent à punir Bachar pour un acte qu’il n’a peut-être pas commis.

C’est en tout cas ce que pensent des amis originaires de Syrie, Carla del Ponte et le journaliste Pierre Piccinin qui au retour de Syrie, où il fut retenu en otage, a déclaré au micro de RTL :
« Ce n’est pas Bachar al Assad qui a utilisé la gaz sarin ou autre gaz de combat (…) nous en sommes certain suite à une conversation que nous avons surprise. » Le présentateur du 13 Heures du lundi 9 septembre 2013 qualifiera cette déclaration de « surprenante et invérifiable ».
Et tout notre problème de conscience est là : C’est invérifiable. Donc nous devons faire confiance à nos journalistes ainsi qu’à nos politiciens tout en sachant pertinemment que les deux peuvent nous mentir en nous regardant droit dans les yeux.

Madame del Ponte disait dernièrement avoir eu connaissance d’horreurs commises en Syrie pires que celles qu’elle avait vu dans les Balkans ; que ces horreurs étaient perpétrées par les deux camps et que dans le conflit syrien il n’y avait pas de bons ou de méchants.
On nous annonce des victimes en centaine de millier. Des victimes civiles pour la plus grande majorité.
Mr Assad fait des victimes civiles avec ses hélicoptères tandis que Mr Obama cause des dommages collatéraux avec ses drones. Tout est dans la manière de le présenter à l’opinion publique.
Le militaire perd son statut de civil dès qu’il enfile son uniforme. Qu’en est-il pour les membres de cette armée libre syrienne ? Sont-ils des militaires, des combattants ou des civils armés ? Idem pour les rebelles ou les membres d’un réseau terroriste.
L’armée syrienne libre recrute sur le tas. Elle investit un bâtiment, enrôle de force les résidents et exécute celles et ceux qui ne veulent pas participer au conflit.
Les troupes du méchant Bachar se pointent : Echange de coups de feu et autres trucs explosifs, et pour finir le bâtiment part en fumée.
Quelqu’un filme dans les décombres et nous montre des cadavres qui ne portent pas d’uniformes. Pour Bachar ses troupes ont dégommé ses adversaires, pour nous il a flingué des victimes civiles.
Mais dans une guerre civile, rien n’est aussi simple et les conflits dans cette région du monde sont très « hallal ».

Aujourd’hui beaucoup de personnalités réclament une solution politique pour résoudre ce conflit. Une solution politique qui satisferait chaque partie en présence dans les négociations, une partie d’échec qui ne léserait personne géostratégiquement parlant, une solution politique qui se fout de l’humanitaire parce que les intérêts des américains, des anglais, des français, ou encore des russes prévalent sur la vie humaine.
Faut pas se leurrer, le peuple syrien, celui qui ne combat pas, celui qui veut préserver sa famille et ses enfants, ce peuple là n’a pas fini de souffrir, parce que, comme l’a dit Mme Carla del Ponte :
« Il y a des méchants des deux côtés ».
Le souci étant dès lors de ne pas se tromper de "méchant".

Supposition de salon pendant un jour de pluie:
Il y aurait, quelque part autour de nous, des personnalités qui rêveraient d'une "Nouvelle gouvernance mondiale". Que ce projet nécessite un grand coup de balai dans les gouvernements du nord de l'Afrique, du Proche et du Moyen-Orient. Une sorte de remaniement ministériel dans les Etats ne voulant céder le contrôle de leurs ressources naturelles à des puissances étrangères.
Bachar aurait pu être très gourmand lors des négociations sur "Desertech", ou simplement le refuser; comme il a pu s'opposer au survol de son territoire pour un hypothétique bombardement de Téhéran.
Ou alors c'est juste pour faire chier Poutine, on n'en sait rien.
Mais on connaît tous ce dicton: "Si tu n'es pas avec nous, c'est que tu es contre nous" et Assad se retrouve avec une révolution sur les bras, devenant ainsi un grand méchant dictateur excité par la vue du sang de ses opposants, témoignages poignants à la clé.
Le monde entier lui demande de débarrasser le marbre de son palais présidentiel, pour laisser place net à la démocratie.
En bon dictateur, il refuse.
Le temps passe, les images de carnage s'enchaînent au rythme des victimes qui se multiplie.
Mais pendant se temps, ça négocie toujours.
Un beau matin, ce sont les rebelles qui se retrouvent accusés d'exactions pas jolies-jolies. Ils se font gentiment remettre à l'ordre par les gouvernements du monde libre, et on commence à parler de la présence d'activistes terroristes dans leurs rangs.
Bachar aurait-il revu ses "ambitions" à la baisse? On n'en saura jamais rien.
Mais en bon dictateur, il propose d'attendre les prochaines élections et de se plier à la décision des urnes. Ce que ses opposants, en bon révolutionnaires, refusent.
Les morts continuent à se multiplier, les gouvernance continuent à négocier, Téhéran hérite d'un leader politique plus "modéré" et la révolution Turc ne fait pas long feu (mais durera quelques jours de plus que la Marocaine).
On menace Bachar d'une ligne rouge infranchissable qui devient une jolie ligne blanche discontinue au moment des faits. Était-ce pour lui laisser un peu de temps pour régler son problème en "interne"?
Il y a tellement d'"ethnies" et de forces différentes présentes en Syrie que cela doit être un véritable casse-tête pour réussir à sortir de cette guerre en évitant le plus possible les représailles futures.
Si l'homme de Damas a fini par accepter les propositions (dont nous ignorons tout) du "Nouvel ordre mondial", il accueillera les observateurs onusiens venant contrôler et surveiller son stock d'armes chimiques. Du coup, les force rebelles doivent être démantelée. Comment le faire sans froisser l'opinion publique? Al Qaïda, peut aider. Le décès, lors d'une attaque isolée, d'un observateur Russe résoudrait le problème.
Ensuite il faudra plus ou moins satisfaire les demandes des vrais combattants qui espéraient une Syrie un poil plus démocratique. Un découpage Nord-Sud avec accès sur la mer pour la partie la plus à l'Est? Au même conditions imposées à Bachar al Assad, bien entendu.
Au final nous connaissons que dalle des tenants et des aboutissants du drame humain qui se déroule quotidiennement en Syrie. Sauf que l'humain, au risque de me répéter, n'est pas au centre des préoccupations de ces beaux gouvernements du monde libre qui dissertent sur le droit d'ingérence.

Comme je vous l'ai dit en seconde intro, ce ne sont que des suppositions de salon faites par une matinée de pluie, et il a cesser de pleuvoir.

NEMo.

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