lundi 26 septembre 2011

Suisside.

Il ya une convergence de petits événements qui m'ont poussé à écrire sur le sujet. Puis, avec du recul, le "soufflé" est retombé, un peu.
Les peines et souffrances que vivent quotidiennement les "survivants" sont intimes et personnelles. Alors, quand l'un d'entre-eux se confie et raconte l'horreur de ce qu'il, ou elle, a vu et vécu, cela ne peut définitivement pas finir sur un "blog", du moins pas par mon intermédiaire.

Donc il n'y aura pas de sang, de coup de feu, de train, de corde dans ces lignes. Quelques oiseaux... Et encore, c'est pas sur sur.
Par contres je partagerai quelques petites pensées persos sur le "comportement" d'une bonne partie de ces "ami(e)s", potes et autres, qui nous entourent quotidiennement, et qui, parfois, se veulent les "Gardiens" de notre "Bonheur"...

Cet entourage "bienveillant" qui balance des : "Ca vâa...?" à tour de bras, qui encourage à: "Tourner la page..."; qui affirme que: "La roue tourne...", qui font l'inventaire de toutes les autres petites phrases préconçues qui accompagnent les merveilleuses photos des cartes postales philosophiques, pourraient éventuellement "penser" que la personne en face d'eux ne vit pas une banale rupture.
Le pire restant quand même: " Pourtant, tout avait l'air de si bien aller...".

Comme si au bout de six mois les cauchemards avaient cessé; Comme si au bout de huit mois la peine avait disparue... Comme si la froide et impassible rigueur des policiers pouvait être facilement oubliée...
Tout le monde est disposé à prendre des nouvelles, envoyer des tis SMS de soutient (qui bien souvent arriveront trop tard pour avoir un quelconque "effet"), de proposer des "sorties" pour "changer d'air"...
Cependant, peu nombreux sont ceux qui viendront aider à vider une chambre ou débarrasser les affaires..., encore moins nombreux sont ceux qui seront près à descendre dans la "caverne", et d'y redescendre encore, avec des allumettes ...

La compassion a ses limites. Des limites que notre mode de vie a restreint à son minimum émotionnel et qui ne doivent pas excéder une certaine limite temporelle. Au delà, c'est à la psychiatrie de prendre le relais et de bourrer ses patients d'antidépresseurs. Cette même psychiatrie qui encourageait, l'un ou l'autre, à ne pas se laisser "intimider" par des menaces de suicides...

Comme si quelques pilules pouvaient effacer l'irréversibilité du geste, et l'oppressant constat d'échec. Parce que, dans ce monde si bien "huilé", dans une irréprochable Société d'irresponsables, il faudra un "coupable". Après nous avoir donné TOUTES les libertés individuelles, offert et garanti à chacun le Libre choix et l'accès à TOUT se qu'il désire, cette chère société cloue au pilori ceux et celles qui ont lamentablement échoués.

Rien ne doit venir entacher la pureté du "cercle vertueux", rien ne doit venir ralentir la quête de "l'Excellence".
"Pauv' c..", comme dirait son modèle.

Il y a une quinzaine de jours, le Matin publiait un article sur le sujet. On pouvait y lire, en résumant vite que: 1'300 personnes se suicident chaque année en Suisse, et que plus de 90 % des cas relevaient de la psychiatrie. C'est ça qui m'a foutu les boules!!!
J'ai même vu passer les termes de "hérédité suicidaire", ou comment halluciner sans fumer...

Même journal, même sujet, une semaine plus tard. Cette fois il est question du suicide chez les jeunes.
Le chiffre: 100 jeunes, de 15 à 24 ans, se suicident chaque année.
C'est trop! Définitivement trop. Alors Pro Juventute lance une campagne nationale de sensibilisation pour faire baisser ce chiffre.
Environ 7,7 % des suicidés sont des jeunes.
Alors est-ce que ces "7,7 %" complètent les "plus de 90 %" du premier article?
Est-ce qu'à partir de sa 25ème année, chaque suicidé est catalogué "cas psychiatrique"?
Est-ce qu'il faut passer par la case "Exit" ou "Dignitas" pour être un suicidé "sain d'esprit"?
Les proches survivants apprécieront...

Pro Juventute veut faire baisser le chiffre de 100 jeunes suicidés par année. C'est une très bonne initiative, mais que fait-on pour les 1'200 autres...? Un pas grand-chose qui frise le "Rien"!
Les pouvoirs publics réhaussent des balustrades par ci, par là; les CFF enferment leurs voies par des parois "anti-bruits"; espérant ainsi décourager les potentiels candidats au suicides à passer à l'acte sur leurs "domaines".
Par contre, pas question d'empêcher papa d'avoir son arme de service à domicile...

Vevey et alentours. Il y a deux ponts qui servaient de tremplin. Le viaduc de Gilamont et le pont de Fenil. Ce dernier offrait une chute libre de 85 mètres avant de finir sur la caillasse du lit de la Veveyse. Les balustrades sont devenues "infranchissables" il y a quoi, deux ou trois ans... A peu près quand "Serono", installé juste à côté, a commencé ses travaux d'agrandissement. Je suppose que des employés regardant, par les fenêtres, des sapeurs-pompiers descendre en rappel, et remonter un sac, ce n'était pas très rentable pour l'industriel.

Le viaduc de Gilamont, qui surplombe un quartier de logements subventionnés, a vu plus d'une centaine de personne faire le saut de l'ange. Il était aussi "classé" au 17ème rang des sites "favoris" suisses pour le suicide.
Une pétition lancée en 2006, après qu'une personne se soit écrasée sur le trottoir en millieu d'après-midi, alors que des enfants revenaient de l'école, aboutit cette année. 5 ans et quelques mois plus tard, le triste pont se verra affublé de deux barrières anti-suicide.

Que les transformations des tours jumelles de Vevey, sises aux pieds du viaduc, soient terminées ces jours-ci, et que les quatres derniers étages soient "promis", après une augmentation des baux de 136%, à une classe supérieur de la population, n'ont certainement rien à voir avec le début des travaux sur le pont.

Dire qu'il faut décourager les "pauvres dérangés" à se suicider dans certains endroits, pour que les "riches" puissent s'y installer, serait une sombre et sinistre affabulation de ma part...

Mais les hasards du calendrier font, quand même, foutrement bien les choses...!

NEMo

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