jeudi 16 janvier 2014

Le marché aux esclaves.

En début février prochain ça repart pour un tour de votation contre les étrangers, parce qu’à cause d’eux il y a trop de monde sur les routes, pas assez de logements vides, trop de chômage, trop de violences, trop de cas sociaux, trop d’insécurité. Il y a trop de tout... bref.
Alors pour éviter que les jeunes enfants Suisses, qui grandissent entre nos belles montagnes recouvertes d’un doux manteau blanc, ne se retrouvent à la rue sous le joug de ces maudits étrangers une fois l’âge adulte atteint, il faut rationner, contingenter, limiter l’accès de nos vertes contrées à de parfaits inconnus barbus et barbares, ignares et incultes.
Mais où va-t-on ?!?

Donc une fois de plus nous allons voter, en Suisse, contre une immigration, dite massive. Comme si de contingenter l’afflux des Bulgares allait libérer les routes ; comme si de gérer les Roms allait nous pondre des appartements vides (à des loyers abordables) ; comme si de refouler les Polonais pouvait libérer des places assises dans les trains ; parce que comme d’habitude quand les choses vont mal on s’en prend automatiquement aux étrangers.
Mais pas n’importe quel ‘’étranger’’…

Malgré sa philosophie discriminatoire, il y a des ‘’étranger’’ que l’UDC (l'extrême droite nationale)aime à choyer. Ils sont riches, parfois beaux, intelligents et amènent de la valeur ajoutée dans leur fonction professionnelle. Ils habitent généralement dans un apparte trop grand pour eux et leur famille ou une villa ; ils roulent dans des berlines de luxe ou dans un coupé sport qui en jette et leurs bourgeoises font les emplettes dans les boutiques chics au volant d’un SUV allemand ou suédois. Leurs ‘’patrons’’ sont une des multinationales qui rackettent les matières premières à travers le monde ou des organismes financiers qui exproprient les pauvres diables à tout de bras. Leurs enfants vont dans des écoles privées qui appliquent les horaires scolaires anglo-saxon, donnent leurs cours dans la langue de Shakespeare et qui affichent, sur les grands panneaux pub électroniquement lumineux de la ville, les performances scolaires de ces petits prince de demain.
Ceux-là, sont de bons étrangers aux yeux de l’UDC. Mais comme l’UDC n’aime pas les étrangers, on les renomme : Les Expatriés.
Et c’est en grande partie à cause d’eux que nos loyers prennent l’ascenseur, dans certaines régions helvétiques, que les routes sont surchargées (en partie) ou encore que les biens de consommations courants deviennent inabordables dans quelques grandes villes.
L’expatrié est le bienvenu, tandis que le migrant est prié de rester chez lui ou alors, avoir quelques connaissances et aptitudes qui pourraient être utiles à l’économie Helvétique.

Il y a plus de deux millénaires, un homme a voulu abolir l’esclavagisme pour l’argent : Au vu de la démocratisation de l’endettement, il s’est planté ; il y a deux siècles d’autres rois ont trouvé judicieux de mettre l’homme en concurrence avec son prochain pour de l’argent, pardon, du travail : Il semblerait qu’ils aient cartonné.
Nous sommes libres, Youpiiie. Mais sans thunes nous ne pouvons aller nulle part rapidement, nous ne pouvons avoir un toit au-dessus de nos têtes pour dormir, nous ne pouvons nous alimenter correctement et encore moins nous vêtir. Donc si tu veux avoir un minimum de ces choses généreusement offertes par la Nature, tu dois les mériter en travaillant. Et comme nous sommes plusieurs, mais beaucoup de plusieurs à vouloir le même taf, le patron peut se permettre le luxe de choisir et de poser ses conditions.
Alors que, avant-hier, tu ne devais faire que l’étalage de ton passé professionnel pour justifier tes compétences censées te rendre meilleur que l’autre couillon qui attends l’heure de son rendez-vous dans une pièce proche de la sortie ; alors que hier tu devais parler de tes ‘’hobbies’’, de ton compte FB, donner les mots de passes correspondants, et faire le grand déballage de ta vie privée, aujourd’hui tu mets tout ça sur un CV, avec photo, et tu croises les doigts en espérant une réponse favorable.
On juge tes compétences, ta ''belle gueule'' et tes atouts physiques (suivant le sexe du "demandeur") comme autrefois on tâtait du nègre pour savoir s’il ferait un bon bestiau dans les champs.
Ca vous choque !? Le principe n’a pas changé, c’est la manière de faire qui s’est modernisée. Un pile de dossiers de candidature ça demande moins de place pour ‘’étudier’’ les sujets dans un bureau.
Quand l’UDC dit qu’il faut limiter l’afflux d’étranger selon les besoins de l’économie suisse, on réouvre bien les marchés aux esclaves.
La Suisse a besoin de 14'987 femmes de ménages colombiennes, 3'543 camerounaises et 1'452 chiliennes, 245 toubibs généralistes, 23'087 plombiers et autant de maçons… Ah… et vous me mettrez la fausse blonde à l’opulente poitrine en rab, pour remplacer la Bulgare morte aux Pâquis la semaine dernière, en plus de la cargaison de travestis brésiliens.
Bien sûr qu’il n’y aura pas de zones franches du côté de Genève, Bâle ou dans le Tessin, des lieux de honte dans lesquelles seront parqués les candidats à l’assimilation Swiss Made. Il n’y aura pas non plus de pareils endroits aux portes de l’Europe, parce que les recruteurs, les chasseurs de têtes, voyagent, se déplacent et engagent au cœur des pays qui fournissent la main d’œuvre gratuite pas chère, payée au cours de livre de pain local.

Donc quand l’UDC nous proposera des conseils d’administrations 100% Suisse dans les multinationales nationales ou les piliers bancaires et virera à coups de lattes dans le cul ces expatriés, peut-être envisagerais-je de jeter un œil sur leurs initiatives. Un œil distrait.

Autre chose… Sans la rencontre avec des étrangers, sans la découverte de manière de penser différente, pas d’évolution, pas d’enrichissement, pas de développement personnel, pas de routes ni de maisons ou encore de plomberie. Sans l’autre venu nous interpeller sur ce qu’il y a ‘’là-bas’’, les Suisses seraient peut-être encore cloisonnés dans leurs montagnes, pérennisant des familles consanguines carencées en iode.
Ca peut paraître rude de voc, mais sam vénère quand on ‘’illumine’’ les mauvaises ‘’cibles’’.

Nemo.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire