dimanche 3 juin 2012

"Salut chef".

Quel est le secret de cette interpellation Ô combien courante dans nos contrées?
Que cache cette fausse soumission de ces inconnus qui nous accostent en nous accordant un rang que nous n'avons définitivement pas dans les relations sociales quotidiennes?
Pour tenter d'amener un début de réponse à ces questions, je vais partager avec vous la petite histoire qu'un "étranger" m'a racontée sur une des significations de ce "Salut chef".

Elle commence à l'époque quand l'Humain se découvrit être un Homme doté de cinq sens.
La "Vue" inondait l'esprit de l'Homme de centaines de milliers de "choses" aussi différentes que variées qui se déplaçaient, ou se mouvaient sur place, dans un tourbillon de couleurs qui ressemblait, souvent, à une danse hypnotique.
Prenant "conscience" de son importance qui lui permettait, en plus d'offrir des spectacles oniriques à l'Homme, de reconnaître son environnement et d'y localiser de quoi se sustenter, la "Vue" décida qu'elle serait le "Chef".

L'"Ouïe" ne l'entendit pas de cette oreille.
Elle qui permettait à l'Humain de percevoir des vibrations aussi différentes que variées allant du bruissement des feuilles au vacarme de torrents en colère, du chant des oiseaux aux mélopées des muses qui inspiraient les artistes… Tout ce qui vit, qui bouge et se transforme est un instrument du magnifique orchestre qui offre à l'Humain la symphonie permanente du crépitement de la Vie, tout en permettant de localiser ce que la "Vue" ne pourrait percevoir.
Elle décida qu'elle serait le "Chef".

Alors l'"Odorat" se manifesta à son tour. Grâce à lui, l'Humain n'a pas besoin de "voir" ou d'"entendre" pour savoir si, ce qu'il s'apprête à ingérer, est bon ou mauvais; grâce à lui, l'Homme, sait avant de le "voir" ou l'"entendre", qu'il se trouve dans un champ de fleurs, en pleine forêt, à proximité d'un gibier ou encore qu'un ami s'approche.
Le "Nez" décida qu'il serait le "Chef".

Puis ce fut au tour du "Gout" et du "Toucher" de revendiquer la place de "Chef" du corps de l'Homme.
Chacun proposant, bien entendu, des arguments indéniables.

Tandis que les cinq sens se chamaillaient dans une insupportable cacophonie, une voix se fit entendre réclamant, elle aussi, le titre tant convoité.
Bien qu'ils fussent de fort désagréable "humeur", les cinq sens tendirent l'oreille pour voir quels arguments ce nouveau prétendant avait à faire valoir. Ils écoutèrent donc... l'"Anus".
Celui-ci n'ayant aucune qualité à mettre en avant, les cinq sens décidèrent de ne pas parler au "trou du cul".
C'est alors que l'anus leur posa un ultimatum:
"Vous me nommez chef de ce corps, ou je fais la grève…"
Bien sur, personne ne tint compte de cette menace…

Les cinq sens continuèrent donc à rivaliser d'ingéniosité pour faire succomber l'Homme à toutes les tentations. Celui-ci s'empiffrait, s'enivrait, ingurgitait des quantités énormes de denrées alimentaires solides et liquides, tandis que rien ne ressortait du corps.
En très peu de temps, l'Homme tomba malade. Il ne pouvait plus rien avaler, il ne pouvait plus se déplacer.
Les merveilles de toutes sortes qui enjolivaient son quotidien ne l'intéressaient plus.
Une seule chose l'importait: se débarrasser de cette insupportable douleur qui lui déchirait le ventre.
Les cinq sens comprirent qu'il fallait très vite trouver une solution. Ils tinrent donc colloque au rectum.
Mais le "dit-rectum" ne se rétracta pas. Il retirera son piquet de grève dès que sa demande sera acceptée.

Les cinq sens ne mirent pas longtemps à se résigner, la survie de l'Homme en dépendait.
Et voilà comment le "trou du cul" devint le "Chef" du corps de l'Homme.

Alors à vous les mecs virils et bourrés de testostérones, et tous les autres aussi d'ailleurs, la prochaine fois qu'un "étranger", ou un autochtone, vous alpague avec un "Eh… Chef", repensez-y avant de laisser échapper un petit sourire de satisfaction…
A moins que…

NEMo.

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