lundi 25 juin 2012

Demain, on bosse gratis...

C'est possible grâce à l'Externalisation.

Pour faire simple cela revient, pour n'importe quelle entreprise, à refiler aux autres (en sous-traitance) ses activités les moins rentables et les moins stratégiques; Ou encore à reporter certains frais vers d'autres payeurs.

Parmi de multiples raisons, une externalisation est généralement motivée par:
Un contrôle et une réduction des coûts opérationnels de l'entreprise et, grâce à la saine concurrence prônée par le néolibéralisme, la possibilité de faire baisser les tarifs chez le "sous-traitant";
Un investissement dans les secteurs clé de l'entreprise, spécialisation, etc…;
Une augmentation de la compétitivité et bénéficiant des compétences humaines et technologiques récentes;
L'anticipation des changements structurels afin de pouvoir les accélérer.
Sans oublier la pression que cela met sur les épaules du personnel restant, qui peut légitimement se demander "Quand" le travail, qu'il accomplit au sein de son entreprise, sera confié à une équipe "externalisée", avant que l'on ne parle de "délocalisation"?

La Poste est un bon exemple d'externalisation à l'Helvétique.
Un taxi de la région a obtenu quelques "contrats" avec la Régie: Il a commencé par les colis en super-express (un taxi va chercher le "paquet" chez l'expéditeur, l'amène à la Poste principale de la région, qui met le colis dans un train direct; Le colis est récupéré à la gare suivante et refilé à un autre taxi qui l'amène chez le destinataire).
Aucune idée de combien coûte un tel envoi, mais le transport du colis entre Vevey et Villeneuve, par exemple, est facturé une petite vingtaine de francs, tandis qu'un vrai trajet taxi revient à une bonne cinquantaine de francs. Cela serait malhonnête de ma part de ne pas préciser qu'il y a possibilité de cumuler les colis (à condition de rester dans les délais horaire fixés), et qu'il y a une surtaxe de poids pour les envois dépassant une limite pondérale prédéfinie;
Il fait également la levée du courrier dans la région pendant les week-ends et les jours fériés.
D'un autre côté, la Poste refile quelques unes de ses tâches basiques au groupe pharmaceutique "Capitole". Ce qui va prochainement se produire à Vevey avec la fermeture de la petite Poste de Vevey-Orient.

Quand nous achetons un produit en magasin, nous pouvons supposer que son prix de vente est calculé en fonction de:
L'extraction des matières premières;
La transformation en produit fini (avec le salaire des travailleurs);
Le transport, marge des entreprises incluse;
La publicité;
L'amortissement- location des locaux de ventes, électricité, salaire du personnel, marge du racketteur, dividende de l'actionnaire, et j'en oublie certainement…
Tout ça tient aussi bien dans un œuf "Kinder" à 1 francs, petit jouet en plastique avec mode d'emploi inclus, qu'un "Jean's" à 100 balles (équivalent au salaire mensuel d'une ouvrière d'usine textile dans le Maghreb), ou la dernière Béhème vue dans M.I. 4.

Sous couvert de "Création d'emplois", de "Recherche", "Innovation", d'"Aide au développement", ou je ne sais quelle définition anesthésiante; Cachés derrière des labels "AOC", "Bio" ou encore d'"Entreprises formatrices", etc… une certaine droite ultra capitaliste, qui exècre l'idée même d'un Etat social, est la première à réclamer, auprès du même Etat, exonérations, aides et subsides diverses et divers. Externalisant ainsi une part des frais de production, de transport ou autres dans le porte-monnaie des contribuables faisant, au passage, un beau pied-de-nez à leur doctrine néolibérale.

Un des défis qui a occupé l'esprit de nos brillants stratèges en économie ces dernières décennies fut de faire baisser au max les coûts liés secteurs cités précédemment, en gardant la plus grande marge bénéficiaire possible, et le "défi" va devenir un véritable casse-tête avec la pénurie des matières premières qui pointe à l'horizon.

Un autre souci récurant du patronat, et des élites du monde économico-financier, est de faire baisser les charges, et tous les frais, liés à la seule et unique "ressource" qui ne soit pas gratuite sur Terre: le travail humain.
Malgré tous les discours des Sociétés multinationales, des Directeurs des divers regroupements professionnels, des Ministères de l'économie, les chantages au chômage et à la délocalisation des industriels pour obtenir des employés-ouvriers plus d'heures de travail sans adaptations salariales, il me semble que nous nous rapprochons d'une limite verticale plancher, au-dessous de laquelle il devient difficile d'aller sans déclencher la colère des syndicats et de l'opinion publique.
Donc, comment externaliser le travail vers le bénévolat, comment obtenir des femmes et des hommes un travail sans rémunérations?
Et comment faire pour "légaliser" ce qui est déjà "toléré" par une bonne partie d'entre nous, c'est-à-dire faire travailler officiellement ceux qui ignorent jusqu'à l'existence du mot: "Syndicat"?  Je veux parler des enfants.

Je ne m'arrêterais que sur la première question. Pour le moment.
Dans notre monde actuel où l'argent est la principale préoccupation des êtres vivants doués d'une intelligence, soit disant, supérieure, bosser gratos: c'est impossible. Du moins totalement.
Par contre, si les prestataires de services, hôtellerie, restaurants, magasins de distributions, etc, ne peuvent demander le bénévolat à leurs employés, rien ne les empêche de faire bosser gratuitement… les clients.
Chez "Manor", le consommateur a la possibilité (en étant titulaire de la carte Manor) de scanner directement ses achats à l'aide d'un lecteur de codes barres portatif. Une fois le caddie rempli, vous redonnez le petit appareil à la caissière de la "caisse rapide" du supermarché, vous enfilez votre petite carte de crédit "Manor", et hop le tour et joué.
Chez "Cora", de l'autre côté du lac, le système est un peu différent.
Sur une surface équivalente à deux caisses "normales", les clients trouvent à leur disposition 4 caisses automatisées. Les clients déposent, scannent et payent directement leurs achats. Les caisses ne rendent pas la monnaie, et les cartes sont acceptées avec le plus grand plaisir. Et tout cela se déroule sous le regard scrutateur d'une seule "caissière" qui contrôle visuellement, et à l'aide de 4 écrans informatiques, que personne n'oublie de "passer" le tube de dentifrice…
Alors le client peut se dire, sourire en coin, que c'est une bonne idée et qu'il a "gagné du temps", sauf que les seuls à en retirer un véritable bénéfice sont bel et bien les grands distributeurs:
Le client s'acquitte de ses achats en faisant gratuitement le travail de la caissière;
Les files d'attentes sont réduites, donc augmentation du débit horaire clients/encaissements;
Possibilité pour le distributeur de réduire, par la suite, ses frais en personnel.

Nous touchons, palpons, humons, tous les produits agroalimentaires avec nos petites mains pleines de microbes et autres bactéries avant de les emballer, de les peser, de les étiqueter; Chez "Starbuck" nous faisons les trois-quarts du boulot de serveur en payant un café bourgeoisement trop cher. Idem dans tous les restaurants style "Manora".
Plus fort: Aux heures de pointe dans les restos des centres commerciaux, ce sont les clients eux-mêmes qui induisent la rotation aux tables. Ben oui. Difficile de rester à table après le repas quand vous voyez des gens, plateau dans les mains, qui cherchent un endroit libre pour poser les fesses, ou quand on vous demande gentiment si vous avez fini.
Mais le champion de l'externalisation du travail vers ses clients dans le domaine de la restauration est, vous vous en doutez bien: Mac Donald.
A part cuire la bouffe et la vaisselle, nous faisons tout nous même. Et (pratiquement) tous les ados débarrassent la table une fois le repas terminé….

Dans un autre secteur, "Inter Discount", dans un premier temps, puis "Fust" par la suite, ont sonné le glas pour tous les petits ateliers de réparation d'appareils audio-visuels, en demandant simplement à leurs clients de ramener les appareils défectueux au magasin. Sans que cela n'influe en notre faveur sur le devis de réparation de notre vieille télé.
Le Service Après Vente de "Conforama" en fait de même pour tous ses articles, et s'il manque des vis dans le sachet plastique qui va avec l'armoire que vous "montez" vous-même, c'est de votre temps et de votre essence que vous donnerez pour vous les procurer, sur place, auprès du SAV en question…

Plus dramatique: Lorsqu'un pétrolier sombre dans les flots ou s'échoue, les assureurs remboursent et les collectivités publiques, aidées par les ONGs et autres associations de défense de la Nature, enfilent les tenues de protections pour aller nettoyer le merdier. Bénévolement neuf fois sur dix.

L'avènement de l'internet, et sa mondialisation, a donné un grand bol d'air frais à tous les nostalgiques de l'esclavagisme. Grâce aux "tablettes", aux "iPhone" et à l'extension sans fin des réseaux, les "bureaux" suivent les secrétaires et les employées concernées dans leurs moindres déplacements.
Libre à elles d'ouvrir leurs "mails" et d'y répondre dans le train qui la ramène à la maison, dans les embouteillages, en attendant que le bain finisse de se remplir, ou bêtement devant la télé. Ou pas.
Sauf que tout devenant tellement "Urgent", le choix n'est plus vraiment en option.
Ajoutez à cela, cette petite phrase assassine: "Ce qui est fait, n'est plus à faire", et vous dégagez depuis chez vous du temps libre, au bureau, pour accomplir d'autres tâches de… bureau.
A coup de dix minutes, prises quotidiennement du lundi au vendredi pendant une année, c'est, au bout du compte, une semaine de travail externalisée offerte à l'employeur.

Le "E Finance" de notre très chère Poste fait de plus en plus d'adeptes.
N'est-ce pas "cool" de pouvoir faire ses paiements et ses versements dans le confort de votre salon?
Bien sur que si. Mais c'est de votre temps libre que vous y consacrez; C'est votre électricité que vous utilisez; Et c'est Votre papier, dans votre imprimante, qui vide vos cartouches d'encre que vous utilisez pour transférer sur un support physique (une feuille blanche), le relevé de compte qui finira dans vos classeurs. Tout ça en continuant de payer les frais de tenue de compte… Idem pour les banques.

Une double-page centrale dans le "20 minutes", le "24 Heures" ou tout autre quotidien pour faire passer un message doit bien coûter un rein; Les affichages publicitaires visibles lors de manifestations culturelles, dépassent allègrement la "Fourmi" pour quelques jours de visibilité; Un petit rectangle rikiki dans les "Pages Jaunes" est facturé annuellement plusieurs centaine de francs pour une efficacité qui est loin d'être prouvée.
Bref, vous voulez faire de la Pub? Eh bien payez! Mais qui vous récompense lorsque vous affichez les logos des produits que vous achetez? Combien vous donne le garagiste pour installer les cadres de plaques avec nom et adresse dessus? Quelle ristourne vous fait "Migros", "Coop", "Denner" ou "Manor" pour vous baladez dans les rues, cornets éponymes à la main" Quelle récompense obtenez-vous pour tous ces "conseils", toutes ces "éloges" que vous faites sur tel restaurant, telle marque de cosmétique, ou que sais-je?
Rien, zéro, nada…!

Au risque de me répéter, les employés ça coûte cher. Alors nous pourrions tout automatiser, et faire assembler les "robots" par nos enfants, gratuitement bien sur.
Comme ça, les comptables n'auraient plus de salaires à faire; Les employés n'auraient dès lors plus d'argent et ne pourraient plus rien acheter, l'argent finirait par disparaître et tout (re)deviendrait gratuit.
Les produits ayant perdu leurs valeurs vénales, il ne serait plus "nécessaire" de posséder plus que le voisin… L'ego reprendrait des dimensions humainement acceptables, et l'homme irait faire le travail qui lui convient, qui lui plaît, avec plaisir.
Le plaisir non pas de générer mensuellement un chiffre virtuel sur un bout de papier estampiller "banque" qui disparaît en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, mais pour le Plaisir d'accomplir une fonction utile et durable pour ses pairs.

NEMo.

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